Paul VI : pape universellement accepté

Démontre que le Pape Paul VI a été accepté comme Pape légitime par tous les évêques légitimes, même après le Concile Vatican II, et donc qu’il n’a donc pas pu promulguer d’hérésie lors du Concile Vatican II.

Voir aussi:
Acceptation Pacifique Universelle d’un Pape
Acceptation Pacifique Universelle : réponse aux objections
François, pape universellement accepté

Introduction

Nous avons vu précédemment qu’il est impossible que tous les évêques acceptent un antipape comme Pape légitime (cf. cet article) et nous avons rédigé un article visant à répondre aux objections contre cette doctrine.

Nous avons aussi vu qu’il est impossible de répandre un obscurcissement général sur les vérités de foi définies, donc qu’il est impossible que tous les évêques puissent croire et enseigner des doctrines hérétiques (cf. cet article). Nous allons donc démontrer que même les évêques utilisés par les sédévacantistes ont signé les documents du Concile Vatican II, et ont considéré saint Paul VI comme Pape légitime, même des années après son élection.

« Votre Petite Église ne peut donc en aucune manière appartenir à l’Église Catholique. De l’aveu même de vos maîtres, ou plutôt de ceux qui vous trompent, il ne reste plus aucun des évêques français qui soutienne et qui défende le parti que vous suivez. Bien plus, tous les évêques de l’Univers Catholique, auxquels eux-mêmes en ont appelé, et à qui ils ont adressé leurs réclamations schismatiques imprimées sont reconnus comme approuvant les conventions de Pie VII et les actes qui se sont ensuivis, et toute l’Église catholique leur est désormais entièrement favorable. Quoi donc ? ne faut-il pas un gouvernement à l’Église catholique même, et n’établissent-ils pas qu’elle est déjà tombée ceux qui osent l’accuser ou de diminution, ou d’ignorance, ou d’erreur ? »

– Pape Léon XII, Pastoris Aeterni

« Absolument aucun évêque ne les considère et ne les gouverne comme ses brebis. Ils doivent conclure de là, avec certitude et évidence, qu’ils sont des transfuges du bercail du Christ. »

– Pape Léon XIII, Eximia Nos Laetitia

« 1. La proposition qui affirme : « Dans ces derniers siècles un obscurcissement général a été répandu sur des vérités de grande importance relatives à la religion et qui sont la base de la foi et de la doctrine morale de Jésus Christ » (est) hérétique. »

– PAPE PIE VI, CONSTITUTION AUCTOREM FIDEI, 1794

« Mais puisqu’il est certain, pour nous servir des paroles des Pères de Trente, que  » l’Église a été instruite par Jésus-Christ et par ses Apôtres, et que l’Esprit Saint, par une assistance de tous les jours, ne manque jamais de lui enseigner toute vérité  » (Conc. Trid. sess. XIII, decr. de Eucharist in prœm.), c’est le comble de l’absurdité et de l’outrage envers elle de prétendre qu’une restauration et qu’une régénération lui sont devenues nécessaires pour assurer son existence et ses progrès, comme si l’on pouvait croire qu’elle aussi fût sujette, soit à la défaillance, soit à l’obscurcissement, soit à toute autre altération de ce genre. »

– Pape Grégoire XVI, Encyclique Mirari Vos

Si saint Paul VI avait promulgué des hérésies lors du concile Vatican II, comme le prétendent les schismatiques, alors il aurait obligatoirement fallu que des évêques, ayant charge de leur troupeau, dénoncent publiquement ces hérésies, ainsi que saint Paul VI comme antipape, et adhèrent au sédévacantisme ; sinon, les laïcs ne recevraient plus d’enseignement catholique par leurs évêques, et, puisqu’un laïc n’a pas de gouvernement sur des fidèles, mais que seul un évêque peut enseigner la foi à son troupeau, alors un obscurcissement général sur les vérités de foi définies se serait répandu, puisque tous les évêques auraient adhéré à des erreurs et les auraient professé, contraignant tous les fidèles à l’erreur ; et l’Eglise aurait failli à sa mission de préserver le dépôt de la Foi (ce qu’elle a toujours fait depuis presque 2000 ans sans interruption). En effet, jamais dans l’histoire de l’Eglise, tous les évêques sont tous tombés dans l’hérésie : même durant les pires crises que l’Eglise ait pu subir, il y avait toujours des évêques légitimes pour enseigner la foi catholique et transmettre le dépôt de la foi.

Ainsi, l’Eglise ne peut pas subsister seulement dans un groupe de laïcs et de prêtres dépourvus d’évêques. Ajoutons aussi qu’il ne suffit pas que des évêques, tout en reconnaissant le pape voire l’autorité du Concile, aient de bonnes relations avec eux, mais il faut que ces évêques tiennent la même position qu’eux : à savoir le refus du Concile et la légitimité des Papes. En effet, la seule façon de conserver le dépôt de la foi intact, face à un antipape hérétique, aurait été de rejeter sa légitimité.

Les sédévacantistes s’imaginant que le Concile Vatican II serait hérétique, alors ils s’imaginent aussi que tous les Papes n’auraient jamais bénéficié de l’acceptation de tous les évêques depuis le 8 décembre 1965 tout au plus, puisque c’est la date à partir de laquelle tous les documents du Concile étaient promulgués, et dont l’assentiment obligeait de soi (le fait que le Concile soit encore en cours ne signifie pas que les documents précédemment promulgués, comme Lumen Gentium, ne demanderaient pas l’assentiment).

Or, nous verrons que même après 1965, tous les évêques ont continué à reconnaître la légitimité de saint Paul VI et ses successeurs, ainsi que la légitimité de tout ou partie de ses enseignements et/ou de ses promulgations de nouveaux rites, ce qui nous donne la certitude que saint Paul VI fût un véritable pape et que le Concile ne contient aucune hérésie, contrairement à ce que pensent tous les évêques sédévacantistes, ce qui implique la fausseté de la position sédévacantiste.

Par ailleurs nous pouvons aussi noter que le rejet de la légitimité de saint Jean XXIII est tardif : en effet, même les premiers sédévacantistes ne remettaient pas en cause sa légitimité avant les années 70.

A propos des documents promulgués lors du concile Vatican II

Dans cet article, nous évoquerons le fait que la plupart des évêques mentionnés ci-dessous ont signé des documents du Concile Vatican II à la suite de leur promulgation par le pape saint Paul VI au cours de plusieurs sessions publiques, retrouvables dans les Actes du Concile (Acta Synodalia, ou A. S.). Cela démontre qu’ils se joignaient au Pape saint Paul VI promulguant les documents, preuve de leur soumission au Pape ainsi qu’aux documents promulgués.


Session publique III, durant laquelle furent promulgués la constitution Sacrosanctum Concilium et le décret Inter Mirifica, le 4 décembre 1963
A. S. II, 6, p. 573

Session publique VIII, durant laquelle furent promulgués la constitution dogmatique Dei Verbum et le décret Apostolicam actuositam, le 18 novembre 1965
A. S. IV, 6, p. 817

Session publique V, durant laquelle furent promulgués la constitution dogmatique Lumen Gentium, le décret Orientalium Ecclesiarum et le décret Unitatis Redintegratio, le 21 novembre 1964
A. S. III, 8, p. 1187

Session publique IX, durant laquelle furent promulgués la déclaration Dignitatis humanae, le décret Ad gentes, le décret Presbyterorum ordinis et la constitution Gaudium et spes, le 7 décembre 1965
A. S. IV, 7, pp. 889-890

Réponse à l’objection selon laquelle ces signatures ne seraient qu’une simple attestation de présence :

Comme nous le verrons plus tard, Mgr Lefebvre a signé la déclaration Dignitatis Humanae. Lorsque cela a été découvert à la fin des années 80, et suite à la publication d’une page où l’on pouvait voir la signature manuscrite de Mgr Lefebvre, ce dernier a toujours affirmé que cette signature de Dignitatis Humanae n’était qu’une simple attestation de sa présence durant le vote, qui était secret.

Or, dans les documents manuscrits, on observe qu’une signature par procuration est faite, indiquant par là que la signature signifie l’assentiment donné aux documents conciliaires et non pas une attestation de présence. Le père Brian W. Harrison explique cela plus en détail et réfute notamment certaines objections de Mgr Lefebvre sur la question.

Signature manuscrite de Mgr Lefebvre de Digntatis humanae et d’autres documents conciliaires, et signature par procuration d’un père conciliaire absent, Mgr Auguste Grimault

On objectera peut-être qu’il a vigoureusement critiqué cette déclaration pendant le Concile, mais elle n’était à ce stade qu’une ébauche, qui a été modifiée de nombreuses fois avant sa promulgation officielle et définitive. Il est normal durant un concile que les ébauches, qui ne font nullement partie du Magistère, soient encore débattues et disputées sans remettre en cause la légitimité du Pontife actuel.

« En insistant sur le fait qu’il n’a jamais voté pour Dignitatis Humanae, et ridiculisant l’idée que son « vote » est ce qui apparaît sur une page faisant référence à quatre documents réunis, l’archevêque frappait un homme de paille. le P. de Blignières n’a jamais prétendu que Mgr Lefebvre aurait «voté» en faveur de DH, ni que la page qu’il publiait était une liste de «votes». Ce qui s’est passé, c’est qu’après le vote individuel sur ces quatre derniers documents, ils ont été promulgués ensemble et signés ensemble, par le pape et plus de 2000 pères conciliaires. Les nombreuses pages nécessaires à toutes les signatures portaient les titres des quatre documents (les trois autres étant la Constitution sur l’Église dans le monde moderne (également fréquemment dénoncée les années suivantes par Lefebvre), le décret sur l’activité missionnaire et le décret sur le ministère et la vie des prêtres). C’est parmi ces pages que se trouvent les signatures de Mgr Lefebvre et de Mgr de Castro Mayer, et pas seulement sur la feuille de présence relativement peu importante que Lefebvre a rappelée dans son entretien.

[…]

Comme le P. de Blignières le montre à partir de sources d’archives originales, il y avait en effet d’autres feuilles que les pères ont signées simplement pour enregistrer leur présence ce jour-là lors de la séance de vote. Mais ce n’était pas les feuilles photocopiées et publiées par le P. de Blignières ! Sur cette dernière […], il y a sous la ligne sous la signature de Mgr Lefebvre, dans sa propre écriture identique, l’expression Ego procurator pro […] Augustinus Grimault. Mgr Lefebvre signait également le document final par procuration, au nom d’un ami absent, Mgr Auguste Grimault – preuve que ces signatures photocopiées n’appartiennent pas à une liste de ceux qui étaient présents ce jour-là pour le vote. En effet, les règles du Concile interdisaient tout vote par procuration ou délégation : elles ne permettaient que la signature par procuration du document officiel final après que le pape l’ait approuvé et signé (voir A.S. Vol. III, Partie VIII, p. 184) »

– Père Brian W. Harrison, Marcel Lefebvre: Signatory to Dignitatis Humanae

Dans les sommaires des A. S. II, 6 et A. S. III, 8 ci-dessus, nous pouvons voir que figurent non seulement les signatures des Pères du Concile (Patrum subsignatones), mais aussi les signatures par procuration (Procuratorum subsignatones). Ces dernières seront incluses avec les signatures des Pères dans le Concile et n’apparaîtront donc plus dans les sommaires ultérieurs.

On retrouve d’ailleurs la signature par procuration de Mgr Grimault :

Par ailleurs, dans le sommaire des A. S. II, 6, on constate qu’après la promulgation des deux documents, deux fois le même jour, il y a des signatures pour chaque document ; et des évêques n’ont signé qu’une seule fois sur deux (Mgr Thuc par exemple).

Mgr Tissiers de Mallerais, biographe autorisé de Mgr Lefebvre, explique dans la biographie de Mgr Lefebvre que ce dernier s’est trompé et a donné le sens de ses signatures comme s’il s’agissait du vote final, au lieu des signatures de promulgation du document en union avec le pape :

« Si, par la suite, Mgr Lefebvre affirma à plusieurs reprises n’avoir pas signé la liberté religieuse, tout comme Gaudium et spes, c’est poussé par la logique de son opposition antérieure et postérieure à la promulgation de la liberté religieuse et abusé par sa mémoire ou par une erreur.

Il semble avoir confondu les votes finaux négatifs concernant Gaudium et spes et Dignitatis humanae. Cette confusion appert des dénégations que le prélat apportait en 1976 et en 1990. »

– Mgr Tissiers de Mallerais, Marcel Lefebvre, une vie, p. 333.

Les signatures dans les Actes du Concile concernent donc la promulgation finale des documents conciliaires concernés. Elle ne concernent pas les évêques ayant voté pour tel document, puisque le vote est secret, et encore moins des attestations de présence.

Ce que signifient ces signatures

L’abbé Lucien explique dans son ouvrage Les degrés d’autorité du Magistère que le « vote est encore l’expression de la pensée individuelle de chaque Père, avant la décision du Souverain Pontife, décision de promulguer la Déclaration [Dignitatis humanae] (en même temps que trois autres textes) », tandis que la promulgation des documents conciliaires « constitue l’acte dans lequel l’ensemble des évêques avec le Pape exprime sa pensée commune. »

Le Père Harrison réfute une objection supplémentaire de Mgr Lefebvre :

« Il n’est pas vrai que si un certain nombre de pères (pas seulement Mgr Lefebvre) ont voté contre le texte final, mais l’ont ensuite signé une demi-heure plus tard, ils étaient ainsi coupables d’ « être des girouettes ». J’ai fait cette remarque parce que L’Angélus de janvier 1991 soutenait que les deux prélats n’étaient certainement pas des hommes qui « changeaient au gré du vent », et qu’il était invraisemblable « de faire croire qu’ils auraient approuvé ce qu’ils ont refusé une demi-heure auparavant »… Il faut se rappeler que jusqu’au vote final inclus, le schéma conciliaire sur la liberté religieuse n’avait aucune autorité magistérielle – c’était juste une proposition soumise à la libre évaluation des évêques. Une fois que le pape a apposé sa signature sur le texte, cependant (maintenant avec le nouveau titre Declaratio de Libertate Religiosa, le document publié par le Père de Blignières), il était devenu un document formellement et solennellement approuvé par le Vicaire du Christ. Le fait qu’un évêque le signe alors, alors qu’il vient de voter contre, n’implique pas une faiblesse de caractère. Cela montre simplement que (au moins à ce moment-là) il a estimé que la loyauté envers le magistère exigeait qu’il subordonne son jugement personnel à celui du Pontife Romain. »

Ainsi, non seulement cela implique de reconnaître la légitimité du Pape ainsi que celle du Concile Œcuménique, mais en plus cela signifie que cet évêque, ayant signé le texte, se joint en fait aux autres évêques unis au Pape pour le promulguer de manière commune.

A propos des évêques consécrateurs et consacrés après la mort de Pie XII

Nous traiterons ci-dessous d’évêques consacrés après la mort de Pie XII le 9 octobre 1958, ou qui ont eux-mêmes consacré d’autres évêques. Le Concile de Trente déclare infailliblement que les évêques ni légitimement consacrés ni envoyés par une autorité canonique ne sont pas des ministres légitimes de la Parole et des sacrements. Cela concerne non seulement les évêques sédévacantistes mais cela concerneraient également les évêques consacrés dans les années 60 dont les sédévacantistes se servent, car selon eux, ils n’ont pas été envoyés par un pape mais par un soi-disant « antipape », donc une autorité non canonique :

« 1777 7. Si quelqu’un dit que les évêques ne sont pas supérieurs aux prêtres ; ou qu’ils n’ont pas le pouvoir de confirmer et d’ordonner ; ou que le pouvoir qu’ils ont leur est commun avec les prêtres ; ou que les ordres conférés par eux sans l’accord ou l’appel du peuple ou de quelque puissance civile sont nuls ; ou que ceux qui n’ont pas été légitimement ordonnés ni envoyés par une autorité ecclésiastique et canonique, mais viennent d’ailleurs, sont des ministres légitimes de la Parole et des sacrements : qu’il soit anathème »

– Concile de Trente, Canon 7, Sur le sacrement de l’Ordre

En 1951, la Congrégation du Saint-Office publia un décret approuvé par le pape Pie XII, disposant que « tout évêque […] qui sacre un évêque sans que celui-ci ait été nommé par le Siège apostolique, ni confirmé expressément par celui-ci, ou s’il reçoit la consécration, même sous une contrainte grave (can. 2229, § 3 n. 3), encourt par le fait même, l’excommunication réservée tout spécialement au Siège apostolique. » (cf. AAS 43, pp. 217-218). Or, les évêques dont nous traiterons n’ont même pas été consacrés sous une contrainte grave, ils ont simplement consacré ou été consacrés par mandat de saint Jean XXIII.

En 1958, le pape Pie XII enseigna que de tels évêques n’ont aucun magistère ni juridiction. Ils n’ont donc pas le pouvoir d’enseigner et de gouverner des personnes :

« Ceci établi, il s’ensuit que les évêques qui n’ont été ni nommés ni confirmés par le Saint-Siège, qui ont même été choisis et consacrés contre ses dispositions explicites, ne peuvent jouir d’aucun pouvoir de magistère ni de juridiction »

– Pape Pie XII, Encyclique Ad Apostolarum Principis, point 26

Les sédévacantistes ne peuvent donc pas utiliser ces évêques, car leur doctrine impliquerait qu’ils soient illégitimes, et donc ne pouvant pas enseigner ni gouverner. Ainsi, même s’ils étaient devenus sédévacantistes par la suite, ils n’auraient pas eu l’autorité pour gouverner et enseigner les sédévacantistes, or ce gouvernement et ce Magistère sont de droit divin et par conséquent l’Eglise ne peut jamais les perdre par manque d’évêques légitimes enseignant la foi catholique.

Toutefois, nous voulons prouver que leur utilisation est toujours non-avenue.

Evêques proches du sédévacantisme ?

Card. Ottaviani

Cardinal Alfredo Ottaviani

Le Cardinal Alfredo Ottaviani (1890 – 1979) a été nommé cardinal par Pie XII en 1953 et consacré évêque par saint Jean XXIII en 1962 (voir ici). Il est décédé le 3 août 1979, soit moins d’un an avant le schisme sédévacantiste.

En 1959, il est nommé secrétaire du Saint-Office ; il restera à la tête de ce dicastère jusqu’en 1968. Il s’opposait avec zèle contre les erreurs modernistes. Pourtant, cela ne lui empêchait nullement de signer plusieurs documents lors du concile Vatican II, d’être en communion avec les saints papes Jean XXIII et Paul VI et même de se plaindre des détracteurs détournant ses propos.

Cardinal Ottaviani signataire des documents de la session V
A. S. III, 8, p. 861

Cardinal Ottaviani signataire des documents de la session VIII
A. S. IV, 6, p. 635

Cardinal Ottaviani signataire des documents de la session III
A. S. II, 6, p. 441 et p. 506

Cardinal Ottaviani signataire des documents de la session IX
A. S. IV, 7 p. 807

Il dénonçait les fausses interprétations du Concile dans une lettre du 24 juillet 1966, destinée aux présidents des Conférences épiscopales.

« Puisque le Concile œcuménique Vatican II, qui vient de prendre une fin heureuse, a promulgué des documents très sages, soit en matière doctrinale, soit en matière disciplinaire, pour promouvoir efficacement la vie de l’Église, le grave devoir incombe au peuple de Dieu tout entier de s’appliquer, de tout son effort, à conduire à sa réalisation tout ce qui, sous l’influence du Saint-Esprit, a été solennellement proposé ou déclaré par cette très vaste Assemblée des évêques, sous la présidence du Souverain Pontife.

À la hiérarchie appartiennent le droit et le devoir de veiller, de diriger et de promouvoir le mouvement de rénovation commencé par le Concile, de telle sorte que les documents et décrets de ce Concile reçoivent une interprétation correcte et soient amenés à leur effet, selon leur force propre et selon leur esprit observé avec le plus grand soin. Cette doctrine, en effet, doit être protégée par les évêques qui, sous Pierre comme Chef, ont la charge d’enseigner avec autorité. C’est d’une manière louable que beaucoup de pasteurs ont entrepris déjà d’expliquer comme il convient la doctrine du Concile.

Cependant, on doit regretter que, de divers côtés, soient parvenues des nouvelles alarmantes au sujet d’abus grandissants dans l’interprétation de la doctrine du Concile, ainsi que d’opinions étranges et audacieuses apparaissant ici et là et qui troublent grandement l’esprit d’un grand nombre de fidèles. »

– Cardinal Ottaviani, Lettre aux Présidents des Conférences épiscopales au sujet de certains abus et d’opinions erronées dans l’interprétation de la doctrine du Concile Vatican II

Il est vrai qu’il a rédigé un examen critique contre le Novus Ordo Missae en 1969. Néanmoins, cela ne prouve nullement qu’il niait la légitimité du pape saint Paul VI, bien au contraire : pourquoi demander des explications à un pape, s’il le considérait comme un imposteur ? Bien plus, Mgr Arêas Rifan, après avoir expliqué que l’examen critique ne concernait pas la version finale du rite, explique :

« Pour prendre en compte la lettre du cardinal Ottaviani et y répondre, le pape Paul VI consacra deux audiences générales au nouveau rite de la Messe. Après celles-ci, le cardinal Ottaviani écrivit :

« Je me suis profondément réjoui à la lecture des Discours du Saint-Père sur les questions du Nouvel Ordo Missae, et surtout de ses précisions doctrinales contenues dans les Discours aux audiences publiques du 19 et du 26 novembre : après quoi, je crois, personne ne peut plus sincèrement se scandaliser. Pour le reste il faudra faire une œuvre prudente et intelligente de catéchèse afin d’enlever quelques perplexités légitimes que le texte peut susciter. »

Et, dans la même lettre, il se plaint :

« De ma part [= pour ma part], je regrette seulement que l’on ait abusé de mon nom dans un sens que je ne désirais pas, par la publication d’une lettre que j’avais adressée au Saint-Père sans autoriser personne à la publier ».[91] »

– Mgr Fernando Arêas Rifan, Le Magistère vivant de l’Eglise

En 1976, le journal catholique américain Catholic News Service – Newsfeeds réfutait une fausse nouvelle selon laquelle le cardinal Ottaviani aurait été détracteur du pape :

Le cardinal Ottaviani corrige cette fausse nouvelle en disant qu’il tient le Pape Paul VI « en haute estime », malgré leurs désaccords sur des affaires d’opinion et non sur le dogme :

Ainsi, les sédévacantistes ne peuvent pas prétendre que le cardinal Ottaviani aurait soutenu leur position.

Mgr Lefebvre

Mgr Marcel Lefebvre (avec saint Jean XXIII)

Mgr Marcel Lefebvre (1905 – 1991) a été consacré en 1947. Le Pape Pie XII l’a nommé premier archevêque de Dakar en 1955. Il est resté dans cette fonction jusqu’au 9 juillet 1959, où il demanda au pape sa résignation. Le 23 janvier 1962, il a été nommé évêque de Tulle, en France, par le pape saint Jean XXIII. Il renonce à sa charge le 7 août 1962 (pour devenir le supérieur général des Pères du Saint-Esprit), ce qui implique nécessairement de demander la permission au pape, pour être nommé le même jour au siège titulaire de Synnada. Enfin, il renonce à sa charge de supérieur général des Pères du Saint-Esprit en 1968 ; de plus, le 10 décembre 1970, il demanda au Pape saint Paul VI de renoncer à son son siège titulaire.

Il a participé aux quatre sessions du Concile Vatican II (voir ici).

En début 1964, après la clôture de la seconde session du Concile, il démontrait clairement et explicitement qu’il reconnaissait l’autorité du Pape saint Paul VI ainsi que du Concile œcuménique, dont il était jusque là très satisfait. En effet, dans sa lettre aux spiritains, il écrivait :

« Que Dieu soit loué qui a fondé son Église sur Pierre. Nous vivons des moments où le surnaturel, où l’action de l’Esprit Saint est visible, tangible. Qu’on interroge les observateurs du Concile ; ils n’auront pas de termes assez expressifs pour nous féliciter et nous envier d’avoir un évêque à qui a été donné le pouvoir suprême sur l’Église, un évêque vers qui nous tourner lorsque le doute ou les ténèbres nous accablent et en qui nous sommes assurés d’avoir la lumière. « Simon, Simon, voici que Satan va vous passer au crible comme le froment, cependant j’ai demandé pour toi que ta foi ne défaille pas, et toi quand tu seras converti, affermis tes frères » (Lc 22, 32)

C’est ce que le pape Paul VI, le successeur de Pierre, vient de faire par ce mémorable discours de clôture de la deuxième session du concile Vatican II. »

– Mgr Lefebvre, Lettre aux spiritains du 21 janvier 1964, repris dans son livre Un évêque parle (1976).

En juin 1965, entre la troisième et la quatrième session, il écrit dans un article dans Itinéraires que le Concile Vatican II est bénéfique, qu’elle est unie à Pierre (Paul VI), puis expliquant ce qu’enseigne Lumen Gentium concernant la collégialité, prouvant que la structure monarchique de l’Eglise a été sauvegardée :

« Que le concile de Vatican II soit en définitive un bienfait pour l’Église, il semble difficile de ne pas l’affirmer au moins par principe. Il est une chose certaine dont il est impossible de douter sans attendre la fin du Concile, c’est qu’il aura manifesté, avec une évidence incontestable, combien l’Église, en certains de ses membres les plus élevés, peut être influencée par le magistère des temps nouveaux : l’opinion publique.
[…]
Nombreux sont les prêtres, plus nombreux encore les fidèles qui sont bouleversés par ce qu’ils lisent ou entendent et qui le plus souvent n’est que l’écho de ce nouveau magistère. Non, l’Église en la personne du successeur de Pierre, ne l’a pas encore substitué au magistère traditionnel ; l’Église romaine non plus, et ceci est d’une importance majeure ; en effet l’Église de Rome est, par l’union à son évêque mater et caput omnium ecclesiarum. Or la majorité des cardinaux et spécialement les cardinaux de Curie, la majorité des archevêques de la Curie et donc de l’Église de Rome, les théologiens romains dans l’ensemble ne sont pas de ce nouveau magistère. Et c’est là ce qui fait la force de cette minorité, dont l’opinion publique parle avec une certaine commisération. Jusqu’à présent elle se trouve avec Pierre et l’Église romaine, c’est une bonne garantie.
[…]
Il paraît indéniable que l’un des premiers objectifs que proposaient ceux qui se faisaient les porte-parole de l’opinion publique était le remplacement du pouvoir personnel du pape par un pouvoir collégial. Les temps modernes, soi-disant, ne permettant plus une autorité personnelle comme celle du pape, exercée par des services entièrement à sa discrétion, il fallait donc supprimer la Curie et donner au pape un conseil d’évêques avec lequel il gouvernerait l’Église, les évêques ayant eux aussi une réelle participation au gouvernement de l’Église universelle.
Cette affirmation atteindrait à la fois le pouvoir personnel du pape et le pouvoir personnel de l’évêque.
[…]
Mais l’Esprit Saint veillait et il faut lire attentivement la Note explicative pour se rendre compte que ce message est vraiment descendu du Ciel. Car premièrement elle élimine la collégialité juridique et en conséquence supprime tout droit des évêques au gouvernement de l’Église universelle [Note de l’auteur : phrase ambigüe, voir cet article à propos de la doctrine catholique sur les deux sujets (inadéquatement distincts) du Pouvoir Suprême], deuxièmement elle soumet la juridiction personnelle des évêques à l’entière disposition du successeur de Pierre, troisièmement elle réaffirme que le rôle de pasteur de l’Église universelle appartient au pape seul, quatrièmement elle notifie avec clarté que les évêques ne peuvent agir collégialement que selon la volonté explicite du pape…
La structure traditionnelle de l’Église est donc parfaitement sauvegardée, comme le pape lui-même l’affirma dans son discours de clôture.
II faut avouer qu’après les angoisses que nous avons connues au cours de la deuxième session et au début de la troisième, cette lumière divine projetée à nouveau sur l’immuable constitution de l’Église nous a paru comme un signe éclatant de la divinité de l’Église. »

– Mgr Lefebvre, Article du 6 juin 1965, repris dans son livre Un évêque parle (1976).

Dans la seconde partie de cet article, il critique le schéma sur la liberté religieuse, néanmoins, ce dernier n’étant pas magistériel et ayant considérablement changé entre cette date et la date de sa promulgation, et n’enseignant pas un soi-disant « droit à l’erreur » que Mgr Lefebvre critique à juste titre, cela ne remet pas en cause son obéissance à saint Paul VI ainsi que son obéissance (jusque-là) aux documents conciliaires promulgués par lui.

Il a signé la Déclaration conciliaire Dignitatis humanae, ainsi que d’autres documents conciliaires.

Mgr Lefebvre signataire des documents de la session III
A. S. II, 6, p. 443 et p. 509

Mgr Lefebvre signataire des documents de la session VIII
A. S. IV, 6, p. 637

Mgr Lefebvre signataire des documents de la session V
A. S. III, 8, p. 863

Mgr Lefebvre signataire des documents de la session IX
A. S. IV, 6, p. 809

Comme nous l’avons vu plus tôt, lorsque ces signatures ont été révélées, Mgr Lefebvre a contestées celles portant sur Gaudium et spes et Dignitatis humanae. Mgr Tissiers de Mallerais expliquera qu’il a été trompé par sa mémoire ou une erreur, ayant confondu les signatures de la promulgation avec les signatures lors du vote, et en déduiera que Mgr Lefebvre vota placet à tous les textes conciliaires, sauf ces deux-là :

« Il accorda son placet final à tous les schémas conciliaires sauf ces deux-là »

– Mgr Tissiers de Mallerais, Mgr Lefebvre, une vie, p. 333

En janvier 1966, aux lendemains de la clôture du Concile Vatican II, il écrira aux spiritains :

« Pour bien profiter de l’œuvre réelle du Concile, du résultat de ses travaux, qui seul compte en définitive, nous devons nous mettre à l’étude des textes, avec une réelle dévotion, c’est-à-dire un désir sincère de recevoir la lumière qui s’y trouve pour nos intelligences et la grâce de sanctification pour nos âmes en même temps que les directives nécessaires à l’orientation de notre activité personnelle et pastorale.
[…]
C’est pourquoi, au retour du Concile, nous nous sommes entretenus au Conseil général des moyens de donner à la Congrégation la possibilité de goûter et de profiter des fruits spirituels du Concile conformément à la Constitutions [sic] n° 77.
[…]
Demandons à l’Esprit Saint par l’intercession du Cœur Immaculé de Marie de nous aider à profiter largement des grâces du Concile et à nous soumettre parfaitement à la Sainte Volonté de Dieu qui se manifeste dans tous les documents qui en émanent. »

– Mgr Lefebvre, Lettre aux spiritains sur la rénovation de la congrégation, 6 janvier 1966

Dans son livre Un évêque parle, publié en 1976, Mgr Lefebvre fait référence à une lettre écrite en 1969. Dans cette lettre, il reconnait le caractère œcuménique du Concile Vatican II :

« Les Conciles ont toujours été des Conciles dogmatiques. Certes, Vatican II est un Concile œcuménique par le nombre des évêques, par sa convocation par le Saint-Père, mais ce n’est pas un Concile comme les autres. Le Pape Jean XXIII l’a clairement exprimé. Il est évident que son objet fut différent de celui des autres Conciles. »

– Mgr Lefebvre, lettre de 1969, publiée dans Un évêque parle (1976)

En outre, et c’est le plus important, il a reconnu la Profession de foi de saint Paul VI comme étant dogmatique et comme engageant la foi de toute l’Eglise. Par conséquent, il reconnaissait que l’Eglise devait s’y soumettre, ce que ne font pas les sédévacantistes :

« Le Saint-Père a proclamé sa profession de Foi. Or, c’est un acte qui, du point de vue dogmatique, est plus important que tout le Concile ! Je dis bien : du point de vue dogmatique. Ce Credo qui a été rédigé pour affirmer la foi de Pierre, et par le successeur de Pierre, a revêtu une solennité absolument extraordinaire. Car le Pape a manifesté son intention de le faire comme successeur de Pierre et seul, en tant que vicaire du Christ. Quand il s’est levé pour proclamer le Credo, les cardinaux se sont levés aussi, et toute la foule a voulu faire de même. Le Pape a fait asseoir tout le monde, voulant bien montrer par là qu’il était seul à proclamer en tant que Vicaire du Christ, en tant que successeur de Pierre, son Credo — et il l’a proclamé avec les paroles les plus solennelles, au nom de la Sainte-Trinité, devant les Saints Anges, devant toute l’Eglise. Par conséquent, il a fait là un acte qui engage la foi de l’Eglise. Ainsi, nous avons cette consolation et cette confiance de sentir que le Saint-Esprit n’abandonne pas son Eglise !
En conséquence, étant donné que les autres Conciles ont été des Conciles dogmatiques, et que cette profession de Foi est une profession de Foi dogmatique, on peut dire en vérité que l’arche de la Foi, prenant son point d’appui sur le Concile Vatican Ier, retrouve un nouveau point d’appui sur la profession de Foi de Paul VI ! Et le Pape vient de confirmer son Credo par l’acte qu’il vient de faire au sujet du catéchisme hollandais. »

– Mgr Lefebvre, lettre de 1969, publiée dans Un évêque parle (1976)

Or, dans cette Profession de foi, saint Paul VI fait référence aux documents du Concile Vatican II : une fois Orientalium Ecclesiae, une fois Sacrosanctum Concilium et surtout Lumen Gentium, plus d’une dizaine de fois. En outre, faisant référence à Lumen Gentium, il enseigne plusieurs soi-disant « hérésies » que les sédévacantistes condamnent :

  • Premièrement, la collégialité :

« Nous croyons à l’infaillibilité dont jouit le successeur de Pierre quand il enseigne ex cathedra comme pasteur et docteur de tous les fidèles (DZ 3074), et dont est assuré aussi le corps des évêques lorsqu’il exerce avec lui le magistère suprême (LG 25). »

– Pape saint Paul VI, Profession de foi (audience générale du 30 juin 1968)

« Reconnaissant aussi l’existence, en dehors de l’organisme de l’Église du Christ, de nombreux éléments de vérité et de sanctification qui lui appartiennent en propre et tendent à l’unité catholique (LG 8), et croyant à l’action du Saint-Esprit qui suscite au cœur des disciples du Christ l’amour de cette unité (LG 15), nous avons l’espérance que les chrétiens qui ne sont pas encore dans la pleine communion de l’unique Église se réuniront un jour en un seul troupeau avec un seul pasteur. »

– Pape saint Paul VI, Profession de foi (audience générale du 30 juin 1968)

Le fait que tous les évêques ont reconnu l’autorité de cette Profession de foi irait donc à l’encontre de l’indéfectibilité de l’Eglise, si la Profession de foi pouvait contenir des hérésies.

Enfin, Mgr Lefebvre reconnaît, d’une certaine façon, l’Autorité des textes conciliaires. Néanmoins, mentionnant Gaudium et Spes et Dignitatis humanae, sur la liberté religieuse (mais pas Lumen Gentium, Nostra Aetate ni Orientalium Ecclesiae, tous considérés comme hérétiques par les évêques sédévacantistes), il n’arrive pas à trouver d’interprétation correcte :

« Les textes du Concile, et particulièrement celui de « Gaudium et Spes » et celui sur la liberté religieuse, ont été signés par le Pape et par les évêques, donc nous ne pouvons pas douter de leur contenu. Ce serait faire fi de ce qui nous a été constamment répété concernant la fin et donc la nature de Vatican II. Et pourtant, comment interpréter, par exemple, le texte sur la liberté religieuse qui porte en lui une certaine contradiction interne ? On y affirme, au début, qu’on ne change rien à la tradition et, en fait, rien dans le texte ne correspond à la tradition ! »

– Mgr Lefebvre, lettre de 1969, publiée dans Un évêque parle (1976)

En 1970, il fonda la FSSPX avec approbation canonique du pape. Il était en communion avec Rome jusqu’en novembre 1974. Avant d’être hostile au nouveau rite de la Messe en lui-même, selon Mgr Bernard Tissier de Mallerais, il aurait dit en 1972 que l’on pouvait remplir le précepte dominical en participant à une Messe célébrée avec le nouveau rite, si elle était « aussi traditionnelle que possible » :

« Mgr Lefebvre insistera sur ce point en 1972 auprès de ses séminaristes : « S’il se trouve un prêtre pieux qui dise la messe nouvelle en la rendant aussi traditionnelle que possible, il est bon que vous y assistiez pour satisfaire au précepte dominical. » »

– Mgr Bernard Tissier de Mallerais, Marcel Lefebvre, une vie (2002)

Avant son schisme, il écrira dans la revue Seminari e Teologia que :

« Dans une allocution publique d’octobre 1966 [disponible ici], le Saint-Père Pape Paul VI a mis en garde contre l’interprétation erronée de certaines déclarations du Concile concernant la dignité de la personne humaine, interprétation qui conduirait au rejet de l’autorité et au mépris de l’obéissance.

Les faits qui manifestent les conséquences de ces fausses interprétations sont si nombreux dans cette période postconciliaire qu’ils justifient amplement les craintes du Saint-Père. »

– Mgr Lefebvre, Cristianità, 3 (1974)

Le 18 mai 1975, Mgr Lefebvre donnait le sens exact de sa déclaration du 21 novembre 1974. En effet, il réaffirma l’autorité du Concile Vatican II :

« Jamais il n’a été dans mon intention ni dans celle de mes collaborateurs, de rompre en quoi que ce soit l’unité avec l’Eglise catholique et avec son chef légitime, le pape Paul VI. Aussi, solennellement, je renouvelle mon attachement au Souverain Pontife et à la hiérarchie catholique dont, par la grâce de Dieu et l’autorité du siège apostolique, je fais partie depuis près de 30 ans. Interpréter ma déclaration du 21 novembre, dans un sens schismatique est une chose impossible et je l’ai rappelé à M. l’abbé de Nantes, dans ma lettre du 19 mars 1975 dans laquelle j’écrivais : “Sachez que si un évêque rompt avec Rome ce ne sera pas moi”. Ma déclaration le dit explicitement et fortement.

Cependant nier l’influence moderniste et libérale qui s’exerce dans l’Eglise, spécialement depuis le concile Vatican II, dans des réformes qui prétendent être inspirées du concile, équivaudrait à nier l’évidence qui se fait chaque jour plus pressante et douloureuse au cœur des fidèles.

Nous respectons en toute sincérité les textes de ce concile pastoral dans la ligne de toute la Tradition, ainsi que le précisait le Souverain Pontife Jean XXIII, dans son allocution qui clôturait la messe d’ouverture du 11 octobre 1962. C’est pourquoi nous réprouvons avec vigueur toute ambiguïté et toute interprétation abusive des textes de Vatican II et, nous professons l’autorité de ce concile dans le respect des différentes notes théologiques, applicables à tous les textes conciliaires. Foi en l’Eglise, foi dans le primat du Pontife romain, le refus de tout ce qui contribue à l’autodestruction de l’Eglise, telle est la ligne que nous suivons dans et malgré l’épreuve présente. »

Néanmoins, dès 1976, il qualifiait l’« Eglise conciliaire » comme « Eglise schismatique », il qualifiait la déclaration Dignitatis humanae comme hérétique (voir ici pour réfutation) bien qu’elle fasse partie du Magistère Ordinaire suprême, d’un autre côté, il reconnaissait toujours saint Paul VI comme étant le Pape légitime.

Depuis 1976, il oscillait entre une position potentiellement sédévacantiste, une position de ralliement avec Rome et une position d’entre-deux (cf. Comprendre la FSSPX). En effet, en 1976 il a plusieurs fois publiquement douté de la légitimité de saint Paul VI à la suite de sa suspense a divinis. Néanmoins, selon Mgr Tissier, ordonné par Mgr Lefebvre, il a préféré ne pas se prononcer, ne pas émettre de jugement. Il a plutôt préféré les considérer comme des Papes légitimes :

« Il a préféré les considérer comme des papes. Cela suppose qu’il n’a pas le sentiment de posséder une connaissance suffisante des faits pertinents ni le pouvoir nécessaire pour porter un tel jugement. Il est essentiel de garder cela à l’esprit. »

– Mgr Tissier, Fideliter, 1988

Cependant, à la fin des années 70, peu après l’élection de saint Jean-Paul II, Mgr Lefebvre se rapprochait à nouveau de Rome. En effet, désirant de retrouver l’unité, il voulait rester en communion avec le pape et les autres évêques. Pour cela, il voulait obtenir la reconnaissance du pape. Dans une lettre du 24 décembre 1978, volontairement rendue publique en Mars 1979, Mgr Lefebvre réclamait le droit de célébrer la Messe, selon la décision de l’évêque du lieu. Bien plus, il pense qu’avec cette autorisation, « les vocations seraient encore beaucoup plus abondantes », et que cela procurerait beaucoup d’avantages à l’Eglise (nous soulignons) :

« Chers Amis et Bienfaiteurs,
Afin de répondre à votre attente au sujet des relations de la Fraternité avec Rome, je pense bien faire en vous communicant ci-dessous la lettre que j’ai adressée au Pape en la vigile de Noël.

« Très Saint Père,
Comment douter que l’audience que vous m’avez accordée n’ait été voulue de Dieu. Ce fut pour moi une grande consolation de pouvoir en toute franchise exposer les circonstances et les motifs de l’existence de la Fraternité Sacerdotale Saint-Pie X, de ses séminaires, et les raisons qui m’ont amené à continuer l’Œuvre, malgré les décisions venues de Fribourg et de Rome.
Le flot des nouveautés dans l’Eglise accepté et encouragé par l’Episcopat, flot ravageant tout sur son passage : la foi, la morale, les institutions de l’Eglise, ne pouvait pas admettre la présence d’un obstacle, d’une résistance.
Nous avions donc le choix ou de nous laisser emporter par le courant dévastateur et d’accroître le désastre, ou de résister contre vents et marées pour sauvegarder notre foi catholique et le sacerdoce catholique. Nous ne pouvions pas hésiter.
Depuis le 5 mai 1975, date de notre décision de tenir coûte que coûte, trois années et demie ont passé et nous donnent raison. Les ruines de l’Eglise s’accumulent : l’athéisme, l’immoralité, l’abandon des églises, la disparition des vocations religieuses et sacerdotales sont tels que les Evêques commencent à s’émouvoir et que le fait d’Ecône est constamment évoqué. Les sondages d’opinion manifestent qu’une grande partie des fidèles, parfois une majorité sont en faveur de l’attitude d’Ecône.
Il est évident pour tout observateur impartial que notre Œuvre est une pépinière de prêtres comme l’Eglise les a toujours souhaités et comme les vrais fidèles les désirent. Et on est en droit de penser que si Rome voulait bien admettre le fait et lui donner la légalité à laquelle il a droit, les vocations seraient encore beaucoup plus abondantes.
Très Saint Père, pour l’honneur de Jésus-Christ, pour le bien de l’Eglise, pour le salut des âmes, nous vous conjurons de dire un seul mot, une seule parole, comme Successeur de Pierre, comme Pasteur de l’Eglise universelle, aux Evêques du monde entier : Laissez faire ; Nous autorisons le libre exercice de ce que la Tradition multiséculaire a utilisé pour la sanctification des âmes.
Quelle difficulté présente une pareille attitude ? aucune. Les Evêques décideraient des lieux, des heures réservés à cette Tradition. L’unité se retrouverait immédiatement au niveau de l’Evêque du lieu. Par contre que d’avantages pour l’Eglise : le renouveau des Séminaires, des monastères ; une grande ferveur dans les paroisses, les Evêques seraient stupéfaits de retrouver en quelques années un élan de dévotion et de sanctification qu’ils croyaient disparu à tout jamais.
Pour Ecône, ses séminaires, ses prieurés, tout se normaliserait comme pour les Congrégations de Lazaristes, Rédemptoristes… Les prieurés rendraient service aux diocèses par des prédications de Missions paroissiales, retraites selon St. Ignace, et service des paroisses, en pleine soumission aux Ordinaires des lieux.
Combien la situation de l’Eglise serait améliorée par ce moyen très simple et si conforme à l’Esprit maternel de l’Eglise, ne refusant pas ce qui vient au secours des âmes, n’éteignant pas la mèche qui fume encore, se réjouissant de constater que la sève de la Tradition est pleine de vie et d’espoir !
Voilà ce que j’ai cru devoir écrire à Votre Sainteté, avant de me rendre auprès de S.E. le Cardinal Seper. Je crains que des discussions prolongées et subtiles n’aboutissent pas à un résultat satisfaisant et fassent traîner une solution qui, j’en suis persuadé, doit vous apparaître urgente.
La solution ne peut, en effet, se trouver dans un compromis qui pratiquement ferait disparaître notre Œuvre, ajoutant à la destruction une contribution de plus.

Demeurant à l’entière disposition de Votre Sainteté, je La prie d’agréer mon profond et filial respect en Jésus et Marie.

† Marcel Lefebvre »

Cette lettre et les réponses aux entretiens Romains constituent un dossier qui appelle une prise de position de la part du Saint Siège. Prions avec ferveur qu’elle soit conforme au bien de l’Eglise et au salut des âmes. »

– Mgr Lefebvre, Lettres aux Amis et Bienfaiteurs N° 16, Mars 1979.

Cette lettre a beaucoup scandalisé le père Des Lauriers, sédéprivationniste, et d’autres prêtres sédévacantistes présents à la FSSPX. Elle contribuera à sa séparation définitive d’avec Mgr Lefebvre en 1979.

En 1979 ou 1980, il voulait même obliger les séminaristes de la FSSPX à tenir sa position schismatique (c’est-à-dire, d’être en communion avec le Pape tout en refusant ses soi-disant « erreurs »), qu’il qualifiait de « position de la FSSPX ». En effet, en 1983, dans un discours à ses séminaristes, il réfutait encore une fois le sédévacantisme, et se plaignait même des prêtres sédévacantistes qui l’utilisaient et qui utilisait la FSSPX pour propager leurs positions. Il est également important de noter qu’il considère que ceux qui rejettent le Missel de saint Jean XXIII (1962) et sa légitimité sont schismatiques :

« Beaucoup de nos confrères aux États-Unis avaient cet esprit, cet esprit sédévacantiste et je leur ai même fait signer une lettre, il y a de cela trois ou quatre ans [vers 1980]. Je leur ai fait signer un engagement comme quoi ils ne parleraient plus ouvertement, de manière publique, contre le pape, d’une manière continuelle, pour dire qu’il n’y avait pas de pape, que ce pape est hérétique, et puis qu’ils donneraient la solution aux gens qui demandent : « Est-ce qu’il y a un pape ou est-ce qu’il n’y a pas de pape ? » ils accepteraient de donner la solution que donne la Fraternité. Alors ils ont réfléchi pendant une nuit pour savoir s’ils acceptaient ou s’ils n’acceptaient pas. Alors je leur ai dit : « Si vous n’acceptez pas, demain vous n’êtes plus dans la Fraternité ! Vous êtes hors de la Fraternité ! J’en ai assez des réclamations des fidèles, tous les fidèles me réclamant, m’envoyant des lettres : “Est-ce que c’est la position de la Fraternité qui dit qu’il n’y a pas de pape, qu’il n’y a plus de sacrements ?” Alors que ce n’est pas notre position, qu’elle était prêchée par ces confrères. J’ai dit : J’en ai assez. “C’est fini, je veux que ça cesse ! ” Alors le lendemain ils ont signé le papier. Ils s’y sont tenus plus ou moins, du moins apparemment, mais dans le privé leur position était toujours la même, leurs sentiments étaient toujours les mêmes. Ils n’ont pas changé de sentiments. Non seulement ils n’ont pas changé de sentiments, mais au séminaire – je l’ai appris ces derniers temps –l’abbé Sanborn, directeur du séminaire, à qui je confie mes séminaristes qui sont des séminaristes qui viennent vers la Fraternité, qui ont confiance en moi, qui viennent dans notre séminaire de la Fraternité, je les confie à l’abbé Sanborn qui fait des conférences contre la liturgie qu’on fait à Ecône, pour prouver que la liturgie qu’on fait à Ecône est mauvaise ! Écoutez, alors, cela ne va plus comme cela ! J’ai été un peu tolérant, j’ai toléré un peu et je m’aperçois qu’au fond j’ai eu tort de tolérer […].

Je ne veux pas être schismatique. Or ils sont pratiquement schismatiques puisqu’ils ne reconnaissent pas le pape et ne prient pas pour le pape, qu’il n’y a aucun sacrement qui soit valide, pratiquement, et ils ne veulent pas reconnaître la liturgie de Jean XXIII qui est la liturgie tridentine. Alors ils font qu’ils disent aussi que le Pape Jean XXIII n’était pas pape. Alors où est-ce qu’on va ? Alors Pie XII, puisqu’ils n’acceptent pas non plus la liturgie de Pie XII pour la Semaine Sainte, donc Pie XII n’est pas pape non plus ? Alors où est-ce qu’on va avec tout cela ? Il n’y a plus moyen, c’est de la folie, on ne raisonne plus… Alors c’est vraiment le schisme.

Moi, je ne veux pas, d’une part, qu’ils entraînent tous les fidèles dans le schisme, en mon nom, au nom de la Fraternité, au nom de Monseigneur Lefebvre. Ça je ne peux pas accepter une affaire pareille. Je ne veux pas que les gens deviennent hérétiques, mais je ne veux pas non plus qu’ils deviennent schismatiques. On veut rester dans l’Eglise catholique. Et les gens le comprennent très bien. Si on avait là-bas dix prêtres pour remettre tout de suite là-bas en place, tous les gens voudraient rester avec nous, la plupart, 90%… Les gens saisissent très bien ces choses-là. Ils ne veulent pas devenir schismatiques non plus. Ils ne veulent pas se séparer du pape. Ils ne veulent pas dire qu’il n’y a pas de pape. Ils veulent bien que l’on ne soit pas d’accord avec le pape, comme nous le sommes, mais ils ne veulent pas qu’il n’y ait pas de pape. Ils n’acceptent pas cela. »

– Mgr Marcel Lefebvre, Conférence aux séminaristes, le 20 mai 1983

Cela démontre également qu’il y avait des tensions internes entre la FSSPX et les sédévacantistes, puisque ne tenant pas la même doctrine concernant la vacance du Saint-Siège, et donc sur la validité des nouveaux rites ainsi que sur la liturgie faite à Ecône, étant en communion (una cum) avec le Pape, que les abbés sédévacantistes qualifieront parfois de blasphématoire.

Dans une déclaration publiée par la FSSPX en 1980, Mgr Lefebvre a clairement démontré qu’à cette période, il croyait en la légitimité de saint Jean-Paul II et à la validité en soi du nouveau rite de la Messe, que les sédévacantistes nient. Bien plus, dans sa même déclaration, il réfute le sédévacantisme et dit que les tenants de cette position ne sont pas tolérés au sein de la FSSPX :

« L’éloignement des cardinaux de plus de 80 ans et les conventicules qui ont préparé les deux derniers Conclaves ne rendent-ils pas invalide l’élection de ces Papes ? Invalide, c’est trop affirmer, mais éventuellement douteux. Toutefois l’acceptation de fait postérieure à l’élection et unanime de la part des Cardinaux et du clergé romain suffit à valider l’élection. C’est l’opinion des théologiens.

La question de la visibilité de l’Eglise est trop nécessaire à son existence pour que Dieu puisse l’omettre durant des décades.

Le raisonnement de ceux qui affirment l’inexistence du Pape met l’Eglise dans une situation inextricable. Qui nous dira où est le futur Pape ? Comment pourra-t-il être désigné puisqu’il n’y a plus de cardinaux? Cet esprit est un esprit schismatique du moins pour la plupart des fidèles qui s’attacheront à des sectes vraiment schismatiques comme : celle de Palmar de Troya, de l’Eglise Latine de Toulouse, etc…

Notre Fraternité se refuse absolument à entrer dans de pareils raisonnements. NOUS VOULONS DEMEURER ATTACHÉS À ROME, AU SUCCESSEUR DE PIERRE, MAIS NOUS REFUSONS SON LIBÉRALISME PAR FIDÉLITÉ À SES PRÉDÉCESSEURS. [sic !] Nous ne craignons pas de le lui dire respectueusement mais fermement, comme St Paul le fit vis-à-vis de St Pierre.

C’est pourquoi loin de refuser de prier pour le Pape, nous redoublons nos prières et nos supplications pour que l’Esprit Saint lui donne lumière et force dans l’affirmation et la défense de la foi. C’est pourquoi je n’ai jamais refusé de me rendre à Rome à sa demande ou à la demande ses représentants. La Vérité doit s’affirmer à Rome plus qu’en importe quel lieu. Elle appartient à Dieu qui la fera triompher.

En conséquence la Fraternité Sacerdotale Saint-Pie X des Pères, des Frères, des Sœurs, des Oblates ne peut pas tolérer dans son sein des membres qui refusent de prier pour le Pape et qui affirment que toutes les messes du Novus Ordo Missae sont invalides. »

– Mgr Lefebvre, Fideliter n° 13 de février 1980, d’après Cor unum de novembre 1979

Durant cette période, il ne considérait donc pas le sédévacantisme comme une solution possible. Ainsi, il refusait de gouverner les sédévacantistes, et il refusait d’être en communion avec eux. Il voulait appartenir au gouvernement du Pape (tout en refusant son autorité, ce qui est une attitude schismatique), et Pie XII enseignait que « ceux qui sont divisés pour des raisons de foi ou de gouvernement ne peuvent vivre dans ce même Corps ni par conséquent de ce même Esprit divin. » (Mystici Corporis Christi).

Le 16 octobre 1980, il déclarera à saint Jean-Paul II être prêt à signer la déclaration suivante :

« Je déclare également adhérer aux paroles prononcées par Sa Sainteté Jean-Paul II au sujet du concile pastoral [sic !] Vatican II, le 6 novembre 1979 : « qu’il faut l’interpréter à la lumière de toute la Sainte Tradition et sur la base du magistère constant de l’Église ».

Quant à la messe du Novus Ordo je n’ai jamais affirmé que dans son édition latine originale, elle était de soi invalide. »

Projet d’accord proposé par Mgr Lefebvre, 16 octobre 1980

Le 8 mars 1980, il écrira à saint Jean-Paul II qu’il ne doute pas de la validité de son élection, et qu’il est disposé à accepter le Concile à la lumière de la Tradition :

« Très Saint-Père,

Afin de mettre fin à des doutes qui se répandent actuellement soit à Rome, soit dans certains milieux traditionalistes d’Europe et même d’Amérique concernant mon attitude et ma pensée vis-à-vis du Pape, du Concile et de la Messe du Novus Ordo, et craignant que ces doutes ne parviennent jusqu’à Votre Sainteté, je me permets d’affirmer à nouveau ce que j’ai toujours exprimé :

1°) Que je n’ai aucune hésitation sur la légitimité et la validité de Votre élection et qu’en conséquence je ne puis tolérer que l’on n’adresse pas à Dieu les prières prescrites par la Sainte Église pour Votre Sainteté. J’ai dû déjà sévir et continue de le faire vis-à-vis de quelques séminaristes et quelques prêtres qui se sont laissés influencer par quelques ecclésiastiques étrangers à la Fraternité.
2°) Que je suis pleinement d’accord avec le jugement que Votre Sainteté a porté sur le Concile Vatican II, le 6 novembre 1978 à la réunion du Sacré Collège : « Que le Concile doit être compris à la lumière de toute la Tradition et sur la base du Magistère constant de la Sainte Église ».
3°) Quant à la Messe du Novus Ordo, malgré toutes les réserves qu’on doit faire à son égard, je n’ai jamais affirmé qu’elle soit de soi invalide ou hérétique.

Je rends grâce à Dieu et à Votre Sainteté, si ces claires déclarations pouvaient hâter le libre usage de la liturgie traditionnelle et la reconnaissance par l’Église de la Fraternité Sacerdotale Saint-Pie X ainsi que de tous ceux qui, souscrivant à ces déclarations, se sont efforcés de sauver l’Église en perpétuant la Tradition.

Que Votre Sainteté daigne agréer mes sentiments de profond et filial respect in Xto et Maria. »

30 jours, année II, n°7, juillet 1988, p.16

Le 4 avril 1981, soit un mois avant le schisme de Mgr Thuc, il écrira au Cardinal Seper qu’il a lui-même signé le décret sur la Réforme liturgique (Sacrosanctum Concilium, proclamé par saint Paul VI le 4 décembre 1963 au cours du Concile Vatican II), et qu’il n’a jamais affirmé que les applications étaient de soi invalides et hérétiques :

« Éminence,
Monsieur l’Abbé du Chalard m’a bien remis votre lettre du 19 février 1981, dont j’ai pris connaissance.

1°) Si certaines de mes paroles ou certains de mes actes ont déplu au Saint-Siège, je le regrette vivement.
2°) Je réaffirme au sujet du Concile que je souscris à la parole du Saint-Père demandant qu’on le reçoive « à la lumière de la Tradition et du Magistère constant de l’Église ».
3°) Quant à la Réforme liturgique, j’ai signé moi-même le décret conciliaire et je n’ai jamais affirmé que les applications étaient de soi invalides et hérétiques.
4°) L’envoi du Délégué Pontifical facilitera la solution des problèmes et en même temps la normalisation de nos activités.

Espérant qu’on voudra bien ne pas mettre en doute notre attachement à l’Église catholique et romaine, et au successeur de Pierre ; souhaitant que nos réponses soient jugées suffisantes pour l’envoi du Délégué Pontifical qui sera le bienvenu dans nos maisons, je vous prie, Éminence, d’agréer mes sentiments respectueux et cordialement dévoués in Xto et Maria.

Marcel Lefebvre.

Si le Saint-Père désire me recevoir, je demeure toujours à son entière disposition. »

30 jours, année II, n°7, juillet 1988, p.16

30 jours, année II, n°7, juillet 1988, p.16

Puisqu’il a préféré considérer les Papes précédents comme des papes légitimes, alors il se rend coupable d’une attitude clairement schismatique en persistant à défier le Pape et à lui désobéir ; bien plus, en pensant que Vatican II ait pu promulguer des erreurs et des hérésies, il s’oppose directement à l’enseignement de l’Eglise sur l’infaillibilité du Concile œcuménique, sur l’infaillibilité du pape ainsi que sur l’infaillibilité du Magistère Ordinaire et Universel et l’indéfectibilité de l’Eglise (cf. cet article) :

« Donnant un démenti au Saint-Esprit dont le Christ avait promis à l’Eglise l’assistance éternelle, par une audace incroyable, ils soutiennent que le Pontife romain, aussi bien que tous les évêques ensemble, les prêtres associés à eux dans l’unité de foi et de communion, sont tombés dans l’hérésie en acquiesçant aux définitions du concile œcuménique du Vatican et en les professant. C’est pourquoi ils nient aussi l’indéfectibilité de l’Eglise, disant avec blasphème qu’elle a péri dans l’univers entier, et que par conséquent son Chef visible et les évêques ont fait défection. »

– Pape Pie IX, Etsi Multa Luctuosa, 21 novembre 1873

« S’ils croyaient fermement, avec les autres catholiques, que le Concile œcuménique est gouverné par le Saint-Esprit, que c’est uniquement par le souffle de cet Esprit divin qu’il définit et propose ce qui doit être cru, il ne leur serait jamais venu en pensée que des choses non révélées ou nuisibles à l’Église pourraient y être définies, et ils ne s’imagineraient pas que des manœuvres humaines pourront arrêter la puissance du Saint-Esprit et empêcher la définition de choses révélées et utiles à l’Église. »

– Pape Pie IX, bref « Dolendum profecto », le 12 mars 1870

« Ajoutons qu’on doit croire de foi divine et catholique tout ce qui est contenu dans la Parole de Dieu, écrite ou transmise par la Tradition, et que l’Eglise propose à croire comme divinement révélé, soit par un jugement solennel, soit par son magistère ordinaire et universel. »

– Concile Vatican I, Constitution Dei Filius, Denz. 3011, 1870

Enfin, même si des doutes s’installèrent au milieu des années 80, il n’a jamais soutenu l’entreprise schismatique de Mgr Thuc, mais a continué à entretenir des relations avec la hiérarchie légitime, par exemple : signer des accords avec le Saint-Siège en 1988. Même à la suite de son excommunication, il voyait les sédévacantistes d’un mauvais œil, les comparant parfois avec les anciens prélats de la FSSPX étant retourné en pleine communion avec Rome, qualifiés péjorativement comme « ralliés ».

On ne peut donc pas dire que le fait que Mgr Lefebvre et les évêques qui l’ont suivi ont désobéi au Saint-Siège prouverait la légitimité du sédévacantisme, puisque ces évêques tenaient des positions hérétiques et schismatiques concernant l’infaillibilité du Concile ainsi que sur la nécessité de soumission au Pontife romain, comme vu précédemment, sans oublier le fait qu’ils considéraient le Novus Ordo Missae comme de soi valide, qu’ils utilisaient le Missel promulgué par saint Jean XXIII en 1962, et qu’il est impossible que tous les évêques errent dans la foi ; et donc que l’Eglise subsiste en eux en attendant qu’un évêque embrasse publiquement et pleinement le sédévacantisme.

Mgr Castro Mayer

Mgr Castro Mayer et saint Jean-Paul II

Mgr Antônio de Castro Mayer (1904 – 1991) a été consacré en 1947. Il était l’évêque de Campos jusqu’au 29 août 1981, date à laquelle il a renoncé à sa charge en demandant l’autorisation pontificale : soit quelques mois avant que le premier évêque sédévacantiste ne se manifeste, comme nous le verrons. Il a participé aux quatre sessions du Concile Vatican II (voir ici) , a expliqué la collégialité selon le concile, où non seulement il expliquait pourquoi le document n’était pas hérétique, mais en plus disait que seuls 5 évêques ont voté contre ce document (il ne parle même pas de la promulgation mais seulement du vote), et il en tire la conclusion que le document doit être accepté par l’Eglise :

« Dans sa rédaction finale, avec la note explicative qui dissipait tout doute, le schéma obtint une unanimité impressionnante : seulement cinq Pères Conciliaires votèrent contre lui dans la session conclusive. Nous étions donc devant un document de l’Église enseignante qui devait être respecté avec une acceptation pleine et cordiale par toute l’Église. »

– Dom Antônio de Castro Mayer, Instruction pastorale sur l’Église, du 2 mars 1965, p. 51-52 ; cité par Mgr Fernando Arêas Rifan.

Il a aussi signé Dignitatis humanae, Dei Verbum, ainsi que d’autres documents conciliaires :

Mgr Castro Mayer signataire des documents de la session III
A. S. II, 6, p. 460 et p. 525

Mgr Castro Mayer signataire des documents de la session VIII
A. S. IV, 6, p. 651

Mgr Castro Mayer signataire des documents de la session V
A. S. III, 8, p. 876

Mgr Castro Mayer signataire des documents de la session IX
A. S. IV, 7, p. 823

Dans son ouvrage, Mgr Arêas Rifan, ancien de la FSSPX et proche de Mgr Castro Mayer, décrit l’attitude filiale de ce dernier à la suite du Concile Vatican II :

« Il écrivit, comme évêque diocésain, trois lettres pastorales sur l’application du concile Vatican II dans son diocèse, essayant d’y donner aux prêtres et aux fidèles la légitime interprétation de l’aggiornamento désiré par le pape Jean XXIII, mettant en garde contre ceux qui, profitant du concile, essayaient de faire revivre dans l’Église le modernisme et son ensemble d’hérésies. Il montrait ainsi comment le concile peut et doit être interprété selon la Tradition, c’est-à-dire que ses documents « doivent être compris à la lumière de la doctrine traditionnelle de l’Église ».[108]
Dans sa lettre pastorale du 19 mars 1966 intitulée « Considérations à propos de l’application des documents promulgués par le concile œcuménique Vatican II », Dom Antônio cite l’avertissement du « Saint-Père glorieusement régnant », Paul VI, en date du 18 novembre 1965, contre l’interprétation moderniste des textes conciliaires. Dom Antônio déclare :

« Voici ses paroles : “C’est le moment [dit Paul VI] du véritable aggiornamento, préconisé par Notre vénéré prédécesseur Jean XXIII. Celui-ci, en employant ce mot programme, n’y mettait certainement pas la signification que d’aucuns tentent de lui donner, et qui permettrait de ‘relativiser’, selon la mentalité du monde, tout ce qui touche à l’Église, dogme, lois structures, traditions, alors qu’il y a dans ce mot un sens si vif et si ferme de la permanence de la doctrine et des structures de l’Église, que celle-ci en fait l’idée maîtresse de sa pensée et de son action.” […]
[Dom Antônio poursuivait alors :] Notons, chers fils, […] que le Saint-Père […] attire l’attention sur l’existence d’une fausse interprétation du concile, comme si l’Église avait renoncé à l’immutabilité de sa doctrine, de sa structure fondamentale, de la valeur salvifique de ses traditions, pour se lancer dans la mer houleuse de l’évolution qui fait délirer les hommes d’aujourd’hui, et leur fait croire que rien, absolument rien de pérenne et d’éternel ne s’impose à l’esprit humain ».[109]

[…]

Dom Antônio de Castro Mayer, dans l’instruction pastorale où il commentait, à la lumière de la Tradition, les documents du concile, spécialement sur l’Église (Lumen gentium) et sur l’œcuménisme (Unitatis redintegratio) donnait exactement cette interprétation correcte du Magistère, différente de l’interprétation moderniste :

« La Tradition considère comme préparation à l’Évangile les restes de vérité et de bien qui survivent dans les religions païennes. L’Esprit Saint s’en sert pour réveiller dans les cœurs de ces peuples des désirs de possession intégrale de la vérité et du bien, que seule la Révélation procure. De même dans les religions appelées chrétiennes, et qui se sont constituées comme effet d’un abandon de la Maison paternelle. En elles aussi la miséricorde de Dieu maintient des richesses éparses — tels que les Sacrements, la succession apostolique, les Saintes Écritures — lesquelles appartiennent à la vraie Église de Dieu, et doivent servir de point de départ pour un retour au sein de la famille ».[117] »

Il écrivait également à propos de son attitude vis-à-vis de la Nouvelle Messe :

« Dom Antônio, avant que le Nouvel Ordo entrât en vigueur, écrivit au pape Paul VI, « suppliant humblement et respectueusement Votre Sainteté de daigner nous autoriser à continuer d’user de l’Ordo Missae de saint Pie V ».[94]
Mais, quand il présenta à nouveau au Souverain Pontife sa pensée concernant le nouveau rite de la Messe, sa fidélité et son respect — caractéristiques de sa vie — pour la personne du Saint-Père le pape et pour le Magistère de l’Église, lui firent préciser :

« Il sera superflu d’ajouter que, dans cette circonstance, comme déjà en d’autres situations de ma vie, j’accomplirai, dans toute la mesure prescrite par les lois de l’Église, le devoir sacré de l’obéissance. Et, dans cet esprit, avec un cœur ardemment filial et tout dévoué envers le pape et la Sainte Église, j’accueillerai toute parole de Votre Sainteté sur cette question ».[95]

[…]

Après la promulgation de la nouvelle messe (3 avril 1969), Dom Antônio écrivit une lettre pastorale sur le Sacrifice de la Messe (12 septembre 1969), sans toucher à la question de la nouvelle messe ; il interdit de critiquer celle-ci publiquement et de traiter de cette question en public et ne voulut pas qu’on publiât ses lettres au pape sur la Nouvelle Messe. Dom Antônio préférait le combat positif, la conservation de le Messe traditionnelle, et l’exaltation de ses valeurs, aux attaques envers la nouvelle Messe, qui pouvaient atteindre l’autorité suprême de l’Église.

D’esprit droit et de conscience délicate, Dom Antônio n’aurait pas fait ou permis tout cela, s’il avait considéré la nouvelle liturgie de la Messe, en elle-même, comme offensante envers Dieu et telle qu’on ne pouvait en aucun cas y assister ou la célébrer.[96] »

– Mgr Fernando Arêas Rifan, Le Magistère vivant de l’Eglise

De plus, dans sa lettre pastorale, Mgr Castro Mayer cite Sacrosanctum Concilium à plusieurs reprises :

« Le Concile Vatican II ordonne aux curés des âmes d’instruire le peuple à répondre et à dire en latin les parties de l’Ordinaire de la Messe qui le concernent (Sacrosanctum Concilium, 54). »
[…]
« Rappelons, à ce stade, que le Concile Vatican II, en étendant les cas de concélébration, n’obligeait, sauf le Jeudi Saint, tous les prêtres qui voulaient célébrer, à participer à la concélébration ; mais il réservait à tout prêtre le droit de célébrer en privé, non en même temps dans la même église (Const. « Sacrosanctum Concilium« , n. 57). »

– Mgr Castro Mayer, Lettre pastorale sur le Sacrifice de la Messe, Catolicismo n°227 pp. 4-5.

En juillet 1966, dans la revue brésilienne Catolicismo, on apprend que Mgr de Castro Mayer en écrivant à propos de la Société brésilienne pour la défense de la tradition, de la famille et de la propriété (TFP), reconnaissait publiquement l’Autorité du texte Lumen Gentium et surtout le caractère œcuménique du Concile Vatican II (nous soulignons) :

« – La Curie de ce Diocèse a publié le 18 juin, par ordre de Mgr. Antonio de Castro Mayer, la note suivante :

« […] Il convient de préciser qu’en fait cette entité [la TFP] constitue une société civile qui agit dans le domaine civique conformément à la liberté d’action que la Constitution « Lumen Gentium« , du Concile œcuménique Vatican II, reconnaît aux catholiques dans ce domaine. […] » »

Catolicismo, n°187, pp. 2-3

Dans sa Lettre pastorale sur la conservation de la foi et des bonnes coutumes parue en avril 1967, il fait référence aux Papes saints Jean XXIII et Paul VI :

« Nous ne comprenons donc pas comment on peut former des catholiques en ignorant totalement la source la plus proche de la vérité révélée, qui est le Magistère vivant. Ce n’est qu’à cause d’une telle attitude que les promoteurs d’un nouveau christianisme sont suspects. Ce n’est certainement pas ainsi que se déroulera l’« aggiornamento » dont Jean XXIII a si souvent parlé. Comment ce Pape et son successeur glorieusement régnant, Paul VI, comprennent l' »aggiornamento », nous vous l’avons déjà expliqué dans Notre Lettre Pastorale sur l’application des Documents promulgués par le Concile œcuménique Vatican II, en date du 19 mars de l’année dernière. Il n’y a donc aucune raison pour que nous revenions sur le même sujet. »

– Mgr de Castro Mayer, Lettre pastorale sur la conservation de la foi et des bonnes coutumes, 2 février 1967, Catolicismo n°196, pp. 6-7.

Dans un document intitulé Brèves considérations sur les bons conseils, paru en avril-mai 1968, il fait référence au Pape saint Paul VI et de son Exhortation, déplorant le faux esprit postconciliaire :

« Aujourd’hui, dans la tourmente doctrinale qui a envahi l’Église depuis le Concile Vatican II, le conseil surnaturel, si on peut l’appeler ainsi, est devenu d’autant plus indispensable pour les fidèles. Le Saint-Père déclare qu’un faux esprit postconciliaire tente de révolutionner toute l’Église (cf. Exhortation apostolique « Petrum et Paulum », 22 février 1967), un esprit de vertige qui ébranle les vérités les plus fondamentales de la Foi et de la morale révélée (cf.). Le précieux témoignage du Vicaire du Christ est corroboré par des faits que chacun peut constater. »

– Mgr de Castro Mayer, Brèves considérations sur les bons conseils, Catolicismo n°208, p.3.

Néanmoins, dans les années 70, Mgr Castro Mayer se liera à Mgr Lefebvre ainsi qu’aux positions de la FSSPX.

Dans sa Lettre pastorale « Aggiornamento » et Tradition, datant de 1971, Mgr de Castro Mayer déplore l’état de l’Eglise causé par les progressistes au nom de l' »aggiornamento ». Il commence par citer une Exhortation Apostolique du Pape saint Paul VI :

« Le 8 décembre de la même année, à l’occasion du cinquième anniversaire de la clôture du Concile Vatican II, le Saint-Père Paul VI, dans une exhortation mémorable, a exhorté les évêques catholiques du monde entier à veiller à l’orthodoxie dans le enseignement de la doctrine catholique.
Voyez donc, enfants bien-aimés, que nos craintes n’étaient pas vaines. Les maux que nous craignons dans Notre Diocèse menacent en effet les fidèles du monde entier. En fait, l’Exhortation pontificale adressée à tous les évêques catholiques du pays n’aurait aucun sens.
Étant donné l’importance primordiale de la question — la pureté de la Foi — et l’obligation qui Nous incombe de bien nourrir les brebis du Christ qui Nous ont été confiées, Nous estimons qu’Il est de Notre devoir de revenir sur le sujet, en communiquant à Notre troupeau les appréhensions et remontrances. Le même Pontife nous y invite, en rappelant [dans son Exhortation Quinque Iam Anni] qu’à tous ceux qui ont reçu « par l’imposition des mains, la responsabilité de garder pur et intact le dépôt de la Foi et la mission d’annoncer l’Évangile sans négligence » (AAS, 63, p.99), il faut témoigner de leur fidélité au Seigneur, dans la prédication, l’enseignement, dans le contenu de la vie.
D’autre part, au droit inattaquable des fidèles de recevoir l’enseignement sacré correspond aux évêques « le devoir grave et urgent de proclamer inlassablement la Parole de Dieu, afin que le peuple grandisse dans la foi et la compréhension du Message chrétien » p. 100). »

– Mgr de Castro Mayer, « Aggiornamento » et Tradition, Catolicismo n°246 pp. 2-3.

Mgr de Castro Mayer continue son étude, citant saint Paul VI et saint Jean XXIII :

« Paul VI a fait deux observations à ce sujet.

La première concerne la finalité particulière que le Pape Jean XXIII a proposée pour le Concile Vatican II, comme cela apparaît clairement dans l’Allocution par laquelle il a ouvert la première session du Concile : « Il faut que cette doctrine certaine et immuable, qui doit être respectée fidèlement, soit approfondie et présentée de la façon qui répond aux exigences de notre époque. ». Le Pape Roncalli poursuit en précisant sa pensée : « En effet, autre est le dépôt lui-même de la foi, c’est-à-dire les vérités contenues dans notre vénérable doctrine, et autre est la forme sous laquelle ces vérités sont énoncées, en leur conservant toutefois le même sens et la même portée. » (p. 101).

Le Concile, et par conséquent le Magistère ecclésiastique, avec l’aide des théologiens, devaient s’efforcer de combiner deux choses : transmettre, sans déception ni diminution, la doctrine révélée ; et s’efforcer de la présenter de telle sorte qu’elle puisse être reçue, entière et pure, par les hommes de notre temps. Par hommes de droite, nous entendons « tous ceux qui sont sincèrement attachés à tout ce qui est chrétien, catholique et apostolique », comme le dit Jean XXIII. Pour ceux qui préfèrent les maximes de ce monde et qui, par conséquent, rejettent la croix du Christ, les paroles de saint Paul s’appliquent : l’union est impossible entre la lumière et les ténèbres, entre la justice et l’injustice, entre le Christ et Bélial (cf. 2 Cor. 6, 14).

Voici en quoi consistait l' »aggiornamento » du pape Roncalli, dans sa meilleure interprétation : une adaptation, dans la manière de présenter la doctrine catholique, pour qu’elle puisse attirer l’homme moderne à l’esprit droit.

Un tel engagement, notait Paul VI, et c’est sa deuxième observation, n’est pas facile. Il dit : « Le magistère épiscopal était relativement aisé à une époque où l’Église vivait en étroite symbiose avec la société de son temps, s’inspirait de sa culture et adoptait ses modes d’expression. »

– Mgr de Castro Mayer, « Aggiornamento » et Tradition, Catolicismo n°246 pp. 2-3.

Déplorant la façon dont le Concile a été implémenté par les évêques dans l’Eglise, Mgr de Castro Mayer propose la solution : la fidélité à la Tradition. Il le démontre en citant le pape saint Paul VI :

« Paul VI indique que l’abandon de la Tradition est la cause de la confusion dont souffrent les fidèles, angoissés parce qu’ils ne sont plus certains de ce qu’ils doivent croire et de la manière dont ils doivent agir. Ainsi, l’antidote à une crise aussi profonde du langage, de la pensée et de l’action ne peut être trouvé que dans la fidélité à la Tradition.

Le Document de Paul VI insiste sur ce point. Les circonstances actuelles, dit le Pape, exigent de nous un plus grand effort, afin que « la parole de Dieu parvienne à nos contemporains dans sa PLENITUDE, et que les œuvres accomplies par Dieu leur soient présentées SANS ADULTERATION, et avec l’intensité de l’amour pour la vérité qui les sauvera » (p. 98 – nous soulignons). Une tâche aussi noble n’est réalisable que par la fidélité à la « Tradition ininterrompue qui lie [notre christianisme] à la Foi des Apôtres » (p. 99). Par conséquent, chaque évêque dans son diocèse doit veiller à ce que les nouvelles études « ne trahissent jamais la vérité et la CONTINUITÉ de la doctrine de la Foi » (p. 101, c’est nous qui soulignons). En outre, tout le travail des théologiens doit se faire dans le sens de la  » fidélité au grand courant de la Tradition chrétienne  » (p. 102), car  » la vraie Théologie repose sur la parole de Dieu, inséparable de la Tradition sacrée, comme sur un fondement pérenne  » (p. 103).

En résumé, Paul VI résume (p. 18) la norme du Magistère ecclésiastique dans les paroles de saint Paul : « Si quelqu’un – que ce soit nous ou un ange du ciel – vous annonce un autre évangile que celui que nous avons prêché, qu’il soit maudit » (Ga 1, 8), et le Pape poursuit : « Ce n’est pas nous qui jugeons la parole de Dieu : c’est la parole qui nous juge et met en évidence notre conformisme mondain. La faiblesse des chrétiens, même de ceux qui ont la tâche de prêcher, ne sera jamais, dans l’Eglise, une raison de flatter le caractère absolu de la parole. Il ne sera jamais licite d’aveugler le tranchant de son épée (cf. He 4,12 ; Ap 1,16 ; 2,16). L’Église ne sera jamais autorisée à parler autrement que du Christ, de la sainteté, de la virginité, de la pauvreté et de l’obéissance » (p. 101). »

– Mgr de Castro Mayer, « Aggiornamento » et Tradition, Catolicismo n°246 pp. 2-3.

Mgr de Castro Mayer cite également l’Encyclique Humanae Vitae (1968) comme un document autoritaire et déplore que des personnes et même des évêques n’obéissent pas :

« On peut contribuer à la destruction de la Tradition de diverses manières. Il existe même une échelle entre eux, de l’opposition ouverte à la déviation presque imperceptible. Un exemple d’opposition claire est constitué par les diverses attitudes adoptées par les théologiens et même les autorités ecclésiastiques pour rejeter la décision de l’encyclique « Humanae Vitae« . En effet, l’acte de Paul VI, qui déclare illicite l’usage des contraceptifs, s’inscrit dans une Tradition ininterrompue du Magistère ecclésiastique. Ne pas l’accepter, enseigner le contraire de ce qu’il prescrit, ou conseiller des pratiques qu’il condamne, constitue un exemple typique de la négation d’un enseignement traditionnel.
[…]
Dans l’exhortation apostolique qui suggère ces considérations, le Pape insiste sur l’action des faux enseignants qui, vivant au sein du peuple de Dieu, corrompent la foi et la religion. Ainsi, dit-il, c’est « pour nous, évêques », que se trouve l’avertissement de saint Paul : « Un temps viendra où les gens ne supporteront plus l’enseignement de la saine doctrine ; mais, au gré de leurs caprices, ils iront se chercher une foule de maîtres pour calmer leur démangeaison d’entendre du nouveau. Ils refuseront d’entendre la vérité pour se tourner vers des récits mythologiques. » (2 Tm 4, 3-4), et plus loin Paul VI lance le même avertissement, toujours avec les mots de l’Apôtre : « Parmi nous, comme c’était déjà le cas du temps de saint Paul, des hommes se lèveront et enseigneront des choses perverses pour prendre des disciples après eux (Ac 20, 30) » (p. 105).
[…]
Dans son exhortation apostolique, Paul VI exhorte les évêques à veiller à ce que la doctrine soit transmise de manière pure, non seulement dans l’enseignement mais aussi dans l’exemple qui doit vivifier les paroles.
Le Pape fait référence aux assistants des évêques dans la diffusion de la saine doctrine. Son affirmation, cependant, peut être interprétée de manière plus large, puisque dans les actes pieux nous faisons une profession vivante de notre foi. En d’autres termes : ce que nous croyons avec notre esprit, nous le mettons en pratique dans notre vie catholique, en particulier dans nos pratiques religieuses. Inversement, c’est par nos actes quotidiens que nous nourrissons notre foi ou que nous l’altérons, selon que notre comportement est conforme à ce que nous croyons ou s’en écarte. »

– Mgr de Castro Mayer, « Aggiornamento » et Tradition, Catolicismo n°246 pp. 4-5.

En décembre 1972, dans sa Lettre pastorale Sobre os Cursilhos, il mentionne l’encyclique de saint Jean XXIII, Mater et Magistra, avec les encycliques de ses prédécesseurs, condamnant le socialisme et le communisme :

« Pour sa part, Jean XXIII, dans l’encyclique Mater et Magistra, défend explicitement et vigoureusement la propriété privée, même des moyens de production (AAS, 53, 427). Le pape vise naturellement les communistes, puisqu’une telle thèse est diamétralement opposée au point de vue marxiste. »

– Mgr de Castro Mayer, Pastoral Sobre os Cursilhos, Catolicismo n°264, pp.8-9.

En mai 1975, il commence sa Lettre pastorale Pour un mariage indissoluble par une mention de saint Paul VI :

« Dans son exhortation aux évêques du monde entier à l’occasion du premier centenaire du récent Concile du Vatican, le Saint-Père Paul VI leur rappelle qu’ils ont le devoir et le droit inaliénable de conduire leurs ouailles sur le chemin de la foi orthodoxe (AAS 43, p. 103). »

– Mgr de Castro Mayer, Lettre pastorale Pour un mariage indissoluble, Catolico n°293, pp. 2-3.

Il a en outre commandé que cette lettre, rappelant la doctrine catholique sur le Mariage, « soit lue au peuple au moment de la messe dominicale, qu’une copie en soit conservée dans les archives de l’Église, et que les pieux exercices qui y sont prescrits soient mis en pratique ».

En août 1978, dans sa Lettre pastorale sur la médiation universelle de la Bienheureuse Vierge Marie, il explique que toutes les grâces de Dieu passent par la sainte Vierge, en mentionnant le Magistère de saint Jean XXIII et saint Paul VI :

« Enfants bien-aimés, les documents du Magistère pontifical qui garantissent la foi enracinée dans le cœur du peuple chrétien ne manquent pas. Pie XII, en de nombreuses occasions, a donné aux fidèles l’exemple d’une confiance inébranlable dans la protection de la Vierge Mère. Dans l’encyclique sur le Corps mystique, il a souligné la place de Marie dans l’économie de la grâce. Il fit de même dans l’encyclique sur la sainte liturgie, dans laquelle il souscrivait à la phrase de saint Bernard selon laquelle Dieu « a voulu que nous ayons tout par Marie ». Jean XXIII (1959 [sic]-1963) a utilisé cette même phrase lorsqu’il a exhorté les congrégations mariales à la confiance et à la dévotion envers la Bienheureuse Vierge Marie.
Paul VI déclare que la mission exercée au ciel par la Bienheureuse Vierge Marie, dans la génération et l’accroissement de la vie divine en tout être humain, est, par la libre volonté du Dieu Très Sage, une partie explicative du mystère du salut humain, et doit donc être acceptée par les fidèles comme une vérité de foi. »

– Mgr de Castro Mayer, Lettre pastorale sur la médiation universelle de la Bienheureuse Vierge Marie, Catolico 332, pp. 4-5

Enfin, il publia dans la revue Itinéraires en 1981, en réponse à une enquête de la sacré congrégation des rites, en mentionnant la constitution conciliaire Sacrosanctum Concilium :

« 1) que conformément à la constitution conciliaire de Vatican II sur la liturgie, n° 54 et n° 36, les prêtres de son diocèse « maintiennent la coutume de célébrer la sainte messe en latin ;

2) que conformément au n° 4 de la même constitution conciliaire, qui veut que « tous les rites légitimement reconnus soient conservés et favorisés de toutes les manières », la messe traditionnelle, dite « tridentine », est « célébrée d’une manière générale dans les paroisses du diocèse. »

– Mgr Antônio de Castro Mayer, Itinéraires n°246, novembre 1981.

On ne peut donc pas dire que Mgr de Castro Mayer prouverait la légitimité du sédévacantisme puisqu’il ne l’était pas lui-même, et que même dans les années 70, il continuera à considérer saint Paul VI comme pape tout en étant hostile à ses réformes.

Evêques sédévacantistes ?

Mgr Thuc

Mgr Pierre Martin Ngô Đình Thục ; AnonimoUnknown author • CC BY-SA 4.0

Le premier évêque sédévacantiste est Mgr Thuc, depuis mai 1981. En effet, il a consacré des évêques sédévacantistes à partir du 7 mai 1981, c’est pourquoi l’on peut dater son schisme à partir de là. Néanmoins, il n’a publiquement déclaré reconnaître le sédévacantisme que quelques mois plus tard, le 25 février 1982 (cf. notification du Vatican). Avant cela, les faits n’étaient pas encore publiés, et le concile Vatican II n’était pas nié par Mgr Thuc.

Mgr Thuc a été consacré évêque en 1938 et nommé au siège de Huê en 1960 par le pape saint Jean XXIII.

Durant le règne de ce dernier, en 1961 il consacra 4 évêques : Mgr Philippe Nguyễn Kim Ðiễn, Mgr Michel Nguyễn Khắ Ngữ, Mgr Antoine Nguyễn Văn Thiện et Mgr Joseph Trần Văn Thiện. De même, en 1962, il co-consacrera Mgr Salvatore Asta. Ces consécrations ont toutes nécessité le mandat de saint Jean XXIII.

En février 1968, il soumet sa résignation au pape et est nommé le même jour archevêque titulaire de Bulla Regia (voir ici).

Il a participé au Concile Vatican II (cf. Acta Synodalia de Vatican 2 , vol. 2, partie 1, p. 358-359 et Acta Synodalia de Vatican 2, vol. 2, partie 3, p. 513).

Il a également signé plusieurs documents conciliaires :

Mgr Thuc signant le décret Inter Mirifica
A. S. II, 6, p. 514

Mgr Thuc signataire des documents de la session VIII
A. S. IV, 6, p. 641

Mgr Thuc signataire des documents de la session V
A. S. III, 8, p. 867

Mgr Thuc signataire des documents de la session IX
A. S. IV, 7, p. 812

Sa concélébration avec Mgr Barthe du Jeudi saint le 16 avril 1981 est de notoriété publique : il l’a même regrettée par la suite. La biographie de Mgr Barthe, du diocèse de Toulon, nous rappelle ce fait, qui n’est nié par personne.

De plus, en septembre 1976 il a réclamé la levée de son excommunication pour ses sacres illégitimes de Palmar (devenue la secte palmarienne, avec un antipape à sa tête) :

« Au mois de janvier 1976, S. Exc. Mgr Pierre Martin Ngo Dinh-Thuc, archevêque titulaire de Bulla Regia, avait procédé d’une manière tout à fait illégitime à plusieurs ordinations presbytérales et épiscopales dans la ville de Palmar de Troya (Espagne). Pour cette raison, la S. Congrégation pour la Doctrine de la Foi publia, en date du 17 septembre de la même année, un décret rappelant les peines canoniques encourues par lui-même et les personnes ordonnées par lui. Dans la suite, le prélat demanda et obtint la levée de l’excommunication spécialement réservée au Saint-Siège qui le frappait. »

– Congrégation pour la Doctrine de la Foi, Notification de 12 mars 1983.

Pour toutes ces consécrations, il subira l’excommunication ipso facto, c’est également une raison pour laquelle les clercs sédévacantistes sont illégitimes, car il n’est pas permis d’être sacré évêque sans mandat pontifical, et encore moins par un excommunié.

Bien plus, si Mgr Thuc était non-seulement soumis à Paul VI et à Vatican II, mais qu’il était encore lié à des hérétiques et consacré des évêques hérétiques sans mandat, alors Mgr Thuc était schismatique notoire en 1976. Il demanda lui-même la levée de son excommunication à saint Paul VI.

Enfin, Mgr Thuc se considérait encore comme « archevêque de Bulla Regia », alors que c’est saint Paul VI qui l’a nommé ici en 1968, non seulement avant les sacres sédévacantistes, mais même après :

Mgr Thuc, décret de consécration illégitime de l’évêque sédévacantiste Moises Carmona, 18 octobre 1981.

Mgr Thuc, lettre à Mgr Lefebvre, date indéterminée.

Mgr Thuc, déclaration sédévacantiste, 25 février 1981.

Cependant, pour éviter d’avouer malgré eux que tous les évêques ont tous ensemble reconnu la légitimité de saint Paul VI et celle de ses successeurs, ainsi que le Concile, et donc qu’ils auraient tous  »erré », ce qui démontre qu’il est impossible de présenter le sédévacantisme comme une conclusion obligatoire à tenir puisque toute l’Eglise a reconnu la conclusion contraire, ils attribuent à certains évêques peu connus leurs propres positions. Cependant, ces attributions sont infondées et/ou mensongères, comme nous le verrons.

Mgr Kurz

Mgr Kurz (1894 – 1973) a été consacré en 1939 par Pie XII. De 1962 à 1965 il a participé aux quatre sessions du Concile Vatican II (voir ici).

« Mgr Kurz et le P. De Pauw au Concile »
Catholic Traditionalist Movement, Inc.

En novembre 1962, il assista à une audience du pape saint Jean XXIII, parmi des dizaines d’autres évêques chassés de Chine :

Chassé de la Chine Rouge
L’évêque Mgr Kurz (cinquième au premier rang à gauche du trône) est représenté ici, le 25 novembre 1962, avec d’autres évêques, tous exilés de Chine, lors de la dernière « audience du concile du Vatican » accordée par le pape Jean XXIII. Le lendemain, le pape Jean tomba gravement malade.
Catholic Traditionalist Movement

Il signa Dignitatis Humanae ainsi que d’autres documents conciliaires, comme Mgr Lefebvre et la quasi-unanimité des pères conciliaires :

Mgr Kurz signataire des documents de la session V
A. S. III, 8, p. 872

Mgr Kurz signataire des documents de la session VIII
A. S. IV, 6, p. 818

Mgr Kurz signataire des documents de la session IX
A. S. IV, 7, p. 646

Il n’a pas critiqué le Concile Vatican II après sa promulgation, et encore moins n’a renié la légitimité du Pape, mais il a plutôt reconnu le groupe controversé du Révérend Père Gommar A. DePauw. Selon Mgr Kurz, ce groupe a pour but : l’implémentation de toutes les décisions du dernier concile œcuménique, et permettre aux gens de choisir entre le Rite latin et le nouveau Rite vernaculaire de la Messe de Saint-Pie-V.

The Catholic Advocate, datant du 26 mai 1966.

L’association que Mgr Kurz a soutenue, du nom de Catholic Traditionalist Movement, Inc., existe toujours. Dans son article à propos de Mgr Kurz, il n’est nulle dit part que ce dernier aurait embrassé le sédévacantisme, au contraire, elle fournit également la déclaration signée rapportée par le journal, prouvant son authenticité :

Déclaration du 22 mai 1966 signée par Mgr Kurz

« Mgr Kurz et le P. De Pauw examinant la déclaration du 22 mai annonçant qu’il deviendrait évêque modérateur du C. T. M. »
Catholic Traditionalist Movement, Inc.

« 4) Bien plus, puisqu’il devrait désormais être clair pour tous les catholiques sincères que le but du Catholic Traditionalist Movement est simplement la PLEINE implémentation de TOUTES les décisions du récent Concile œcuménique, incluant celle permettant aux personnes de choisir entre l’ancienne liturgie latine, et la nouvelle, vernacularisée. Je fais mien le message envoyé au Père De Pauw par le Cardinal Alfredo Ottaviani, […] et par la suite solennisé à deux reprises par la bénédiction du Saint-Père lui-même : « Mes bénédictions et meilleurs vœux, Père De Pauw, et aux hommes et femmes dont vous parlez ».

5) Dans le plein exercice de ma responsabilité d’évêque de l’Église une, sainte, catholique et apostolique, exprimée solennellement dans l’enseignement du Concile Vatican II sur la collégialité épiscopale sous la suprématie de notre Saint-Père, le Pape Paul VI, je recommande le Catholic Traditionalist Movement à tous les catholiques désireux de défendre notre Église. Alors que la direction active du Catholic Traditionalist Movement restera avec le père De Pauw, j’ai accepté aujourd’hui le poste que m’a offert le conseil d’administration de ce mouvement, et je travaillerai désormais publiquement comme évêque modérateur du mouvement traditionaliste catholique. »

– Mgr Kurz, Déclaration du 22 mai 1966, point 5, traduction française

L’association note bien que « peu importe à quel point certaines personnes tentent de réécrire l’histoire, le fait demeure que dès le 22 mai 1966, Mgr Kurz était le premier et le seul évêque catholique à lever PUBLIQUEMENT le drapeau de la résistance. Résistance, non pas au Concile Vatican II en lui-même, mais aux interprétations et mises en œuvre délibérées et fausses des décrets de ce Concile qui ont été utilisés pour détruire la Foi et l’Église de nos ancêtres. ».

En 1965, Mgr Kurz écrira à l’évêque de Tivoli, Mgr Aloysius Faveri, que le P. Gommar de Pauw était « correctement incardiné » et « directement soumis au Saint-Siège » :

– Mgr Kurz, Lettre du 18 novembre 1965, original en latin

– Mgr Kurz, Lettre du 18 novembre 1965, traduction en anglais

Enfin, le fondateur de ce mouvement, le père Gommar A. De Pauw, deviendra par la suite hostile au Concile en lui imputant des abus dont il n’est pas responsable, ainsi que des soi-disant hérésies, et hostile à la Messe de rite ordinaire ; tout en reconnaissant Paul VI et tous ses successeurs comme souverains pontifes : une position qui ne peut pas être tenue pour un catholique.

En 1967 il a écrit une lettre au pape Paul VI dans laquelle la légitimité du Pape en elle-même n’est pas rejetée, mais plutôt les soi-disant « hérésies » (surtout la « collégialité« ) du Concile Vatican II ( »pastoral » selon lui) :

The Voice, page 3 (8 septembre 1967)

Bien plus, Mgr Kurz n’avait même pas été informé de cette lettre et a confirmé son désaccord en de nombreux points :

Catholic News Service – Newsfeeds, page 5 (14 octobre 1967)

The Clarion Herald, page 5 (26 octobre 1967)

The Clarion Herald, page 10 (9 novembre 1967)

On peut lire que le père De Pauw a dit que le mouvement « en union avec les Catholiques Romains du monde entier […] pleure la mort du Pape Paul VI », ce qui prouve qu’il n’a pas rejeté sa légitimité :

Catholic News Service – Newsfeeds, page 3 (8 août 1978)

Il est possible d’admettre que Mgr Kurz aurait, par la suite, également été hostile au Concile, mais il est fort peu probable qu’il soit devenu sédévacantiste tout en étant, jusqu’à sa mort, le modérateur d’un mouvement dont le directeur (P. Gommar A. De Pauw) reconnaît la légitimité des papes.

Cela ne peut donc pas être utilisé en tant que preuve en faveur du sédévacantisme.

Mgr Pintonello

Mgr Arrigo Pintonello

Mgr Pintonello (1908 – 2001) a été ordonné évêque en 1953 et nommé archevêque titulaire du diocèse de Theodosiopolis d’Arménie. A l’instar de Mgr Kurz il participa aux quatre sessions du Concile Vatican II (voir ici). En 1964, il était en communion avec saint Paul VI puisque ce dernier le salua en ces termes :

« Nous adressons nos salutations à Monseigneur Pintonello, Ordinaire militaire, et à tous les aumôniers. »

– Pape Paul VI, Discours du 4 juillet 1964

Il signa également les documents du Concile Vatican II :

Mgr Pintonello signataire des documents de la session III
– A. S. II, 6, p. 445 et p. 511

Mgr Pintonello signataire des documents de la session V
A. S. III, 8, p. 865


Mgr Pintonello signataire des documents de la session V
A. S. III, 8, p. 865

Le 1er mai 1965 il a été appointé par sa hiérarchie en tant qu’administrateur apostolique de Velletri, et le 12 septembre 1967, il a été nommé Archevêque de Terracina-Latina, ce qui démontre qu’à cette date il était toujours en communion avec le pape, puisqu’il lui obéissait, et allait où le Pape lui ordonnait d’aller. Il n’a renoncé à sa charge que le 25 juin 1971, qu’il a dû soumettre à Paul VI, donc cela ne signifiait nullement un schisme avec Paul VI ; cette renonciation ne prouve pas le sédévacantisme mais au contraire le réfute puisque cela signifie qu’il ne gouverne plus un groupe de fidèles déterminé comme dans un diocèse ordinaire.

Le 25 mai 1969, fête de la Pentecôte, Mgr Pintonello, à la fin de la Dédicace de la nouvelle église de S. Felice Martire, a couronné la statue de la Madonna della Sorresca sur la place de la ville avec les couronnes bénies quelques jours plus tôt, le 21 mai, par le Pape Paul VI.

Paul VI bénissant les couronnes lors de l’audience générale du 21 mai 1969 (source : Santuario Della Sorresca)

Mgr Pintonello durant le couronnement de la statue de la Madone (source : Santuario Della Sorresca)

« Un souvenir émouvant :
– en premier lieu pour le pape saint Paul VI, qui a béni les couronnes d’or, obtenues des ex-voto qui se trouvaient dans le sanctuaire, avec l’ajout d’autres dons des habitants de San Felice Circeo
– pour l’évêque diocésain Mgr Arrigo PINTONELLO, qui a procédé au couronnement et promu l’initiative […] »

Santuario di Santa Maria della sorresca

En septembre 1969, avec Mgr Pignedoli, il co-consacra Mgr Calabresi. Son consécrateur principal était Mgr Villot (cardinal depuis 1965, et à la tête de la Secrétairerie d’État depuis mai 1969). Cette consécration a bien sûr été autorisée par saint Paul VI via un mandat pontifical. Mgr Pintonello était donc en communion avec deux évêques en communion avec saint Paul VI, dont un à la tête du plus important dicastère de la Curie Romaine. Bien plus, en 1968, le nouveau rite de consécrations des évêques a été promulgué par saint Paul VI. Ainsi, cette consécration a eu lieu suivant le rite promulgué par ce dernier. Il serait donc absurde que Mgr Pintonello ait soutenu le sédévacantisme durant cette période.

Presque dix ans plus tard, en 1978, il a envoyé une supplication au pape Paul VI, espérant de lui qu’il dénonce le communisme et le marxisme (déjà dénoncés dans sa lettre Apostolique Octogesima Adveniens (point 26)), les crimes des dictateurs communistes ; ainsi que divers abus gravissimes s’étant répandus dans des séminaires :

The Salina Journal, 25 janvier 1978, page 2 (Newspapers.com)

St. Joseph Gazette, 25 janvier 1978 (Newspapers.com)

La lettre adressée à Paul VI, datant du 13 janvier 1978, est trouvable sur le site recensant des extraits de la revue Seminari e Teologia dont Mgr Pintonello était le directeur à cette période. Dans cette lettre, il implore le Pape, en l’appelant « Saint-Père » (« Beatissimo Padre », « Padre Santo »), dénonçant le silence de la « hiérarchie ecclésiastique » (« Gerarchia ecclesiastica »). Ce n’est pas parce qu’un évêque dénonce les problèmes dans l’Eglise avec des supplications voire même une correction fraternelle, qu’il doute de la légitimité du Pape actuel. Bien plus, il affirme que Paul VI possède « la Parole qui peut « renouveler la face de la terre » » (« la Parola che può « rinnovare la faccia della terra » »).

« Cette Parole que vous seul possédez, dites-la avec toute la fermeté nécessaire, avec toute l’autorité que la Parole elle-même vous donne. S’il est vrai que le monde entier, même les non-croyants, vous regarde aujourd’hui comme jamais auparavant, ce n’est pas parce qu’ils attendent de vous ce que vous n’avez pas. Unique est l’attente et catholique est l’anxiété pour cette Parole, qui, prononcée par vous, est sacramentellement la Parole de Dieu et du salut.

Le monde entier a absolument besoin de lumière et d’espérance: il a absolument besoin d’être guidé. Il éprouve ce besoin au quotidien, dans le déchirement de la communion et l’altération du depositum fidei. Reconstituez la communion avec cette seule Parole: sauvegardez la vérité, afin qu’en vous regardant, nous puissions vérifier l’accomplissement du mandat divin : « confirma fratres tuos » (Lc 22, 32) »

– Mgr Pintonello, lettre du 13/01/78 (traduction en français)

« Quella Parola che Voi solo possedete, ditela con tutta la necessaria fermezza, con tutta l’autorità che la Parola stessa Vi dona. Se è vero che il mondo intero, anche non credente, guarda a Voi oggi come non mai, non è perché aspetti da Voi ciò che non avete. Unica è l’attesa e cattolica l’ansia per quella Parola che, detta da Voi, è sacramentalmente la Parola di Dio e della salvezza.


Il mondo intero ha assoluto bisogno di luce e di speranza: ha bisogno assoluto di guida. Tale bisogno sperimentano ogni giorno, nella lacerazione della comunione e nella manomissione del depositum fidei, i Vostri figli a Voi più vicini. Ricostituite, con quella sola Parola, la comunione: salvaguardate la verità, affinché, guardando a Voi, in Voi possiamo verificare il compimento del divino mandato: «confirma fratres tuos» (Lc. 22, 32) »


– Mgr Pintonello, lettre du 13/01/1978 (original en italien)

Puisqu’il n’a jamais remis en cause le Concile Vatican II ni le Pape saint Paul VI et ses successeurs, les sédévacantistes ne peuvent donc pas prétendre qu’il fût sédévacantiste depuis la promulgation du Concile Vatican II.

Mgr Chang Tso-huan (張作恆)

Mgr Vitus Zhang Zuo-heng (Chang Tsohuan)

Mgr Chang Tso-huan (1903 – 1982) a été consacré en 1941. Comme les évêques susmentionnés, il a participé aux quatre sessions du Concile Vatican II (voir ici). Durant le concile, il a signé plusieurs documents conciliaires :

Mgr Vitus Chang signataire des documents de la session III
A. S. II, 6, p. 455 et p. 520

Mgr Vitus Chang Tso-Huan signataire des documents de la session VIII
A. S. IV, 6, p. 819

Mgr Vitus Chang signataire des documents de la session V
A. S. III, 8, p. 872

Mgr Vitus Chang Tso-Huan signataire des documents de la session IX
A. S. IV, 7, p. 647

Le 18 août 1970, il a reçu la visite du cardinal Höffner. Ce dernier a été consacré évêque sous saint Jean XXIII et nommé cardinal en 1969 sous saint Paul VI. Jusqu’à cette date, il avait également consacré 4 évêques sous leurs pontificats.

– Mgr Vitus Chang recevant la visite du Cardinal Joseph Höffner
Das Vorgebirge vom Rhein zur Swist, page 79.

Le 18 octobre 1970, il a consacré un autel servant à célébrer la Messe de rite ordinaire, preuve qu’il reconnaissait la validité du nouveau rite :

« Le 18 octobre 1970, le dimanche précédant l’octave, l’autel a été consacré dans l’église de Königswinter-Heisterbacherrott. L’acte solennel a été exécuté par l’évêque Vitus Chang. »
Siebengebirgs-Zeitung n° 42 (23/10/1970)

Eglise Saint Jude Apôtre, Königswinter-Heisterbacherrott, Allemangne (source)

Il a également reconnu la légitimité de saint Jean-Paul II, comme le démontre cette photographie de lui assistant à une audience.

Mgr Vitus Chang Tso-huan durant une audience privée avec saint Jean-Paul II

Il ne peut donc pas être cité comme l’un des évêques ayant reconnu la position sédévacantiste.

Mgr Méndez-Gonzalez

Mgr Alfredo José Isaac Cecilio Francesco Méndez-Gonzalez

Mgr Alfredo José Isaac Cecilio Francesco Méndez-Gonzalez (1907 – 1995) a été consacré en 1960. A cause de son état de santé, il n’a pu participer qu’à deux sessions du Concile Vatican II : la première et la quatrième (voir ici). Aucun sédévacantiste n’a prétendu qu’il fût sédévacantiste avant la fin des années 80 ou le début des années 90, cependant nous voulons prouver qu’avant cette date, il fut bel et bien en communion avec le Pape saint Paul VI.

En 1964, il co-consacra évêque Mgr Juan Fremiot Torres Oliver, le principal consécrateur étant le cardinal Spellman. De même, bien après la promulgation des documents des sessions III et V du Concile Vatican II, le 2 mars 1965, il co-consacra Mgr Rafael Grovas Felix, le principal consécrateur étant un autre cardinal, le cardinal Quintero Parra. Il co-consacra Mgr Miguel Rodriguez Rodriguez en 1974, le principal consécrateur étant le cardinal Aponte Martínez, lui-même consacré en 1960. Enfin, en 1978, il co-consacrera deux autres évêques, Mgr Paul Edward Waldschmidt et Mgr Kenneth Donald Steiner, dont le consécrateur principal était l’archevêque de Portland, Mgr Cornelius Michael Power, lui-même ordonné le 1er mai 1969, soit après la promulgation du nouveau rite de consécration par saint Paul VI en juin 1968 ; de même, l’autre co-consécrateur, l’archevêque Elden Francis Curtiss, consacré en 1976. Toutes ces consécrations ont nécessité le mandat apostolique, cela implique nécessairement que Mgr Mendez-Gonzales était en communion avec le pape en plus d’être en communion avec d’éminents évêques et cardinaux, eux-mêmes en communion avec saint Paul VI ; cela implique également qu’il tenait les nouveaux rites d’ordination et de consécration comme étant valides.

Ainsi, bien que n’ayant pas signé les documents du Concile Vatican II, il ne les a nullement condamnés, mais a continué à être en pleine communion avec saint Paul VI, notamment lors de ses consécrations où le nom du Pape y est cité. En 1966, Mgr Mendez-Gonzalez et d’autres évêques ont exhorté les jeunes à étudier et méditer le message du Concile Vatican II qui leur est adressé :

« La déclaration a été signée par l’archevêque Luis Aponte ; les évêques Alfred F. Mendez, C. S. C., d’Arecibo ; Fremiot Torres de Ponce ; Rafael Grovas de Caguas, et les évêques auxiliaires Juan de Dios Lopez de San Juan et Antulio Parrilla de Caguas »
Catholic News Service – Newsfeeds, 12 Octobre 1966, page 8

La même année, il rendait hommage aux policiers pour leur protection de la cathédrale de Puerto Rico, expliquant qu’il suivait les conseils de Paul VI consistant à fournir une meilleure sécurité policière et ainsi augmenter la protection.

The Catholic Transcript, Volume LXIX, Number 28, 4 Novembre 1966, page 2

En 1968, le diocèse de Miami était élevé en province métropolitaine par saint Paul VI, et son évêque, Mgr Coleman Francis Carroll, était élevé au rang d’archevêque. Des dizaines d’évêques et d’archevêques ont été à la cérémonie, dont Mgr Mendez, impliquant sa communion avec d’autres évêques, eux-mêmes en communion avec saint Paul VI.

« Province métropolitaine de Miami établie ; archevêque [Coleman Francis Carroll] élevé »
The Voice, 14 juin 1968, p. 1

« Cérémonie historique à la Cathédrale (Suite de la page 1) pour l’établissement du trentième archidiocèse des Etats-Unis. Ont été […] également [présents] […] Mgr Alfred Mendez, C.S.C., d’Arecibo […] »
The Voice, 14 juin 1968, p. 3

Mgr Mendez renonça à sa charge le 21 janvier 1974, ce qui implique de demander l’autorisation au pape, et ce qui implique la perte du gouvernement vis-à-vis des fidèles du diocèse de Porto Rico. La même année, il célébra le centenaire de la Congrégation de la Sainte Croix, qui rassembla des évêques du pays, avec une Messe pontificale. La messe a été co-célébrée par Mgr Vincent Harris, consacré en 1966 (voir ici).

Grâce à un moteur de recherche d’archives journalistiques, en cherchant les mots-clés surlignés, il est possible de retrouver des fragments de journaux relatant ce fait. Les articles ont été en partie reconstitués grâce à du photomontage :

Austin American-Statesman, 10 octobre 1974, page 23 [reconstitution]

Austin American-Statesman, 12 octobre 1974, page 32 [reconstitution]

Ce n’est que dans les années 90 qu’il il ordonna illégitimement deux prêtres sédévacantistes de la FSSPV et qu’il consacra évêque Clarence Kelly (FSSPV) en 1993. Ces faits eurent lieu en secret et les preuves ne furent révélées qu’après la mort de Mgr Mendez-Gonzalez, c’est pourquoi il n’a pas subi de sanctions de Rome. D’ailleurs, les évêques de la FSSPV ne sont pas en communion avec les évêques issus des consécrations de Mgr Thuc, puisque les uns remettent en doute la validité des consécrations des autres, et vice versa.

Malgré cela, Mgr Mendez n’a jamais embrassé le sédévacantisme, même dans les années 1990 : en fait, l’évêque Clarence Kelly avoue lui-même dans The Sacred and the Profane que Mgr Mendez reconnaissait toujours saint Jean-Paul II comme légitime, et transmet des documents nous prouvant qu’il reconnaissait toujours saint Jean XXIII comme légitime également, car il reconnaissait sa nomination en 1960 :

Source : The Sacred and the Profane, page 266 (1997)

« J’ai consenti à être consacré par Mgr Mendez parce qu’il était un évêque catholique valide qui avait la foi catholique et était en pleine possession de ses facultés mentales. Il avait également une bonne réputation, du moins jusqu’à ce que les pères Sanborn et Cekada entreprennent de la détruire. Si Mgr Mendez considérait Jean-Paul II comme un pape valide, il en vint de plus en plus à le considérer comme un mauvais pape. S’il utilisait son nom dans le Canon de la Messe, ce n’était pas pour rester dans les bonnes grâces de ses supérieurs ou pour garder une position d’importance, comme c’était le cas avec le Père Sanborn. Mgr Mendez l’a fait parce qu’il pensait que c’était la bonne chose à faire. Il ne l’a pas fait par opportunisme. »

– Clarence Kelly, The Sacred and the Profane, page 230, 1997.

Cardinal Siri

Cardinal Guiseppe Siri

Le Cardinal Guiseppe Siri (1906 – 1989) a été consacré évêque en 1944 et nommé Cardinal en 1953. Lors de l’élection de saint Jean XXIII en 1958, il déclara le 1er novembre :

« Eh bien, en ce jour lumineux et serein lié à notre vie, à notre famille, à nos espérances, je vous ai appelé à remercier Dieu pour l’élection de notre Saint-Père JEAN XXIII. La grande paternité de Dieu dans la famille éternelle des saints est représentée par lui dès le soir du 28 octobre: ​​en lui, nous croyants, avons trouvé le Père, dont la figure visible s’est éteinte avec la sainte mort de Pie XII ; en lui tous les autres hommes qui ont des souverains, des dirigeants, mais qui n’ont pas de père, puisque le battement de cœur du deuil d’abord et l’angoisse d’attendre plus tard révélés, ils reconnaissent au fond – quoique de manières et à des degrés différents – même raison de confiance humaine.

Alors remerciez Dieu parce que nous avons à nouveau un Pape. »

– Cardinal Siri, Discours du 1er novembre 1958, sur l’élection de Jean XXIII

Il a participé aux quatre conclaves de 1958 à 1978 et a participé aux quatre sessions du Concile Vatican II (voir ici) et a signé les documents promulgués par saint Paul VI :

Cardinal Siri signataire des documents de la session III
A. S. II, 6, p. 439 et p. 505

Cardinal Siri signataire des documents de la session VIII
A. S. IV, 6, p. 633

Cardinal Siri signataire des documents de la session IX
A. S. IV, 7, p. 805

Après la promulgation du Concile, il expliquait en 1969 en quoi consistait la collégialité enseignée dans Lumen Gentium :

Le 31 mai 1962, le 2 juin 1963, le 24 juin 1965 et le 11 juin 1967, il consacrera avec mandat pontifical quatre évêques.

Il n’a jamais remis en doute les nouveaux rites des sacrements promulgués par saint Paul VI. En effet, après la promulgation des nouveaux rites des sacrements en 1968, il a ordonné sept prêtres (entre 1969 et 1987), et consacré Mgr Giacomo Barabino avec mandat pontifical en 1974. Mgr Secondo Chiocca et l’archevêque Giovanni Mariani ont été ses co-consécrateurs. De même, le Cardinal Siri a plusieurs fois été photographié, célébrant la Messe selon le rite promulgué par saint Paul VI :

Le Cardinal Siri célébrant la Messe Paul VI dans une paroisse d’Udine

Le Cardinal Siri célébrant à Lourdes

Autres célébrations de la Messe Paul VI :

Son attitude filiale envers les papes saint Paul VI et saint Jean-Paul II ne peut pas nous laisser penser qu’il pût avoir soutenu le sédévacantisme :

Le Cardinal Siri se prosternant devant saint Paul VI

Cardinal Siri avec saint Jean-Paul II durant sa visite pontificale à Gênes en 1985

Le Cardinal Siri se prosternant devant saint Jean-Paul II

Le Cardinal Siri avec saint Jean-Paul II

Ce petit album photo contient davantage de photos du Cardinal Siri avec le pape saint Jean-Paul II, notamment à la page 5.

Les sédévacantistes ne peuvent donc pas nier que le Cardinal Siri était bien en communion avec saint Jean XXIII, saint Paul VI, et ses successeurs.

Mgr Hnilica

Mgr Pavel Mária Hnilica (1998)

Mgr Pavel Mária Hnilica (1921 – 2006) a été consacré évêque en 1951. Il a participé aux deux dernières sessions du Concile Vatican II (sessions 3 et 4) (voir ici). A l’instar de Mgr Mendez-Gonzalez, aucun sédévacantiste ne prétend qu’il fût sédévacantiste dès les années 60. Nous voulons toutefois montrer qu’il était en communion avec saint Paul VI et ses successeurs.

Il a signé Dignitatis humanae et d’autres documents conciliaires :

Mgr Hnilica signataire des documents de la session V
A. S. III, 8, p. 901

Mgr Hnilica signataire des documents de la session VIII
A. S. IV, 6, p. 677

Mgr Hnilica signataire des documents de la session IX
A. S. IV, 7, p. 849

Il a rendu visite à saint Paul VI à plusieurs reprises :

« Mgr Hnilica avec des pèlerins de Tchécoslovaquie lors de l’audience générale avec le pape Paul VI. »
Pamäť národa 2/2019, p. 6

« Mgr Hnilica en compagnie du pape Paul VI et de l’évêque Jána Ch. Korca »
Pamäť národa 2/2019, p. 13

« Mgr Hnilica et Mons. Anton Botek ont remis au Pape Paul VI une lettre dans laquelle les prières et les sacrifices des croyants slovaques en exil sont enregistrés pour la conversion des communistes et pour le soutien des chrétiens persécutés dans leur patrie. (13 juin 1966) »
Pamäť národa 2/2019, p. 15

Selon l’article de Christianitas du 2 janvier 2021, il a également confié à saint Paul VI une prière des catholiques slovaques en 1966, en postant une photo d’eux.

Mgr Hnilica visitait aussi souvent le pape saint Jean-Paul II :

Mgr Pavel Mária Hnilica offrant une statue de la Vierge Marie à saint Jean-Paul II

Mgr Hnilica avec saint Jean-Paul II

Mgr Hnilica avec saint Jean-Paul II

Selon une autre branche sédévacantiste marginale, il serait à l’origine de cette branche, puisqu’il aurait consacré illégitimement un évêque sédévacantiste à la fin des années 90. Cette rumeur est infondée, puisqu’il n’existe aucune photographie des soi-disant consécrations, ce qui rend d’ailleurs très douteuse la validité même de cette lignée marginale. De plus, Mgr Hnilica n’a jamais remis en cause ni le Concile Vatican II, ni le pape saint Jean-Paul II. Enfin, il n’a jamais été condamné par sa hiérarchie pour consécration illégitime.

Les sédévacantistes ne peuvent donc pas prétendre que Mgr Hnilica aurait été sédévacantiste.

Mgr Da Rocha

Mgr José Maurício da Rocha

Mgr José Maurício da Rocha (1885 – 1969) a été consacré en 1919. Il était évêque de Bragança Paulista au Brésil de 1927 jusqu’à sa mort en novembre 1969. Evêque très conservateur, il a participé à la première session du Concile Vatican II (voir ici), mais a signé des documents conciliaires par voie de procuration, par l’intermédiaire de Mgr Proença Sigaud :

Mgr Da Rocha signataire des documents de la session III
– A. S. II, 6, p. 496 et p. 560

Mgr Da Rocha signataire des documents de la session VIII
– A. S. IV, 6, p. 683

Mgr Da Rocha signataire des documents de la session V
– A. S. III, 8, p. 906

Mgr Da Rocha signataire des documents de la session IX
– A. S. IV, 7, p. 855

En août 1964, il participa avec d’autres évêques à un rassemblement extérieur dans la ville de São Paulo, comme en atteste le document suivant ; traitant, entre autres, de problèmes sociétaux. Les participants y ont récité des chapelets et écouté des extraits d’encycliques papales (notamment de Pie XII). Mgr Sebastiano Baggio, Nonce Apostolique représentant le pape Paul VI, conclut l’événement par le message du Pape Paul VI adressé aux participants de l’événement :

« O texto está subdividido em tópicos que abordam a chegada dos participantes ao Vale do Anhangabaú, no centro da citade de São Paolo, a chegada do Padre Patrick Peyton, sua pregação e a recitação do rosário, o pronunciamento do Núncio Apostólico, a transcrição da mensagem do Papa Paulo VI aos participantes de evento, os corais e bandas que animaram a cerimônia religiosa e as questões logisticas como transportes, atendimentos médicos e crianças que se perderam dos pais. Segue o texto :

« As 15 horas e 30, hora marcada para o iníci da concentração, o Anhangabaú apresentava-se inteirmente tornado pela multidão. Nos lugares de honra viam-se o da República, marechal Castelo Branco; o governador do Estado; secretários de Estado e outras altas autoridades civis e militares, todos acompanhados de suas esposas e filhos. O episcopade paulista fez-se representar por […] dom José Maurício da Rocha, bispo de Bragança Paulista […]. Dos hinos religiosos incumbio-se o Coral Arquidiocesano, sob a regência do padre João Lírio Talarico. »

[…] Encerrou seu pronunciamento com a leitura do telegrama do Vaticano, com as bênçãos do Papa Paulo VI aos presentes na concentração. O Padre Patrick Peyton esteve em audiência com o Papa Paulo VI alguns meses antes e, obteve a bênção apostólica para as Cruzadas. »


– Anderson José Guisolphi, As Cruzados do Rosário em Familia e astução anticommunista do Padre Patrick Peyton no Brasil (1962-1964), p. 115-118, original en portugais.

« Le texte est subdivisé en thèmes concernant l’arrivée des participants à Vale do Anhangabau, au centre de la ville de São Paolo, l’arrivée du Père Patrick Peyton, sa prédication et la récitation du rosaire, la prononciation du Nonce Apostolique, la transcription du message du Pape Paul VI aux participants, les chœurs et les groupes qui ont animé la cérémonie religieuse et les questions logistiques telles que le transport, les soins médicaux et les enfants qui ont perdu leurs parents. Voici le texte :

« A 15h30, l’heure fixée pour le début du rassemblement, Anhangabaú était pleine de monde. Aux places d’honneur figuraient le président de la République, le maréchal Castelo Branco, le gouverneur de l’État, les secrétaires d’État et d’autres hautes autorités civiles et militaires, tous accompagnés de leurs épouses et de leurs enfants. L’épiscopat de São Paulo était représenté par […] Dom José Maurício da Rocha, évêque de Bragança Paulista […]. Le chœur de l’archidiocèse était chargé des hymnes religieux, sous la régence du père João Lírio Talarico. »

[…] [Le Nonce Apostolique] a terminé son discours en lisant le télégramme du Vatican, avec les bénédictions du Pape Paul VI aux personnes présentes à la réunion. Le père Patrick Peyton avait été en audience avec le pape Paul VI quelques mois plus tôt et avait obtenu la bénédiction apostolique pour les Cruzadas. »

– Anderson José Guisolphi, As Cruzados do Rosário em Familia e astução anticommunista do Padre Patrick Peyton no Brasil (1962-1964), p. 115-118, traduction française.

En 1967, un journal nous informe qu’il a écrit une lettre publique dans laquelle il veut lutter contre le communisme, en y affirmant son ralliement aux vues d’un prêtre voulant aider le pape saint Paul VI :

« Examinant la phase actuelle de l’Eglise, y compris aux Etats-Unis et en Europe, il souligne que « les prêtres qui affrontent la société se passent pour des adeptes du Concile ». Il retranscrit une longue lettre d’un prêtre américain à Paul VI, dans laquelle il propose d’aider le pape à « sortir de l’impasse dans laquelle vos ennemis vous ont acculé », et se rallie à ses vues. »

Matutina, Geral, 23 décembre 1967, page 9 (trouvable sur acervo.oglobo.globo.com).

Pour des raisons de praticité, nous avons réassemblé l’article grâce à du photomontage :

Matutina, Geral, 23 décembre 1967, page 9

Au milieu de l’année 1968, le magazine Católico nous informe dans ses revues n°212-214 que l’association Tradition, Famille, Propriété (TFP) avait publié une pétition au Pape saint Paul VI, lui suppliant d’agir contre le communisme :

« Message filial à Sa Sainteté le Pape Paul VI :

AYANT À L’ESPRIT qu’au mois d’août prochain aura lieu l’événement historique de la première visite d’un Successeur de Saint Pierre en Amérique latine, ayant choisi, à l’occasion du 39ème Congrès eucharistique international, la nation de la Colombie, notre sœur et voisine,

AYANT À L’ESPRIT qu’au cours de cette visite, honorable pour toute la famille des pays ibéro-américains, le Souverain Pontife sera plus proche de corps et d’âme des Brésiliens,

LES SOUSSIGNÉS, MEMBRES DU CONSEIL NATIONAL DE LA SOCIÉTÉ BRÉSILIENNE POUR LA DÉFENSE DE LA TRADITION, DE LA FAMILLE ET DE LA PROPRIÉTÉ, DÉCIDENT DE PROFITER DE L’HEUREUSE PRÉSENCE DE SA SAINTETÉ SUR NOTRE CONTINENT POUR

1° OFFRIR au Vicaire de Jésus-Christ l’hommage de leur respect et de leur amour filial, ainsi que le but de tout faire – dans le domaine civique qui est propre à cette Société – pour que la Terre de la Sainte Croix, Royaume béni de la Vierge Mère Aparecida, persévère et progresse dans la fidélité aux principes de l’ordre naturel enseignés par l’Église avec une profonde sagesse ;
2° PROCLAMER cette fidélité, surtout face aux manœuvres continues, tantôt claires, tantôt voilées, que le communisme développe pour s’emparer du Brésil, transformant la plus grande nation catholique de la terre en une vile colonie de Moscou, Pékin ou La Havane ;
3° MANIFESTEZ donc, avec toute l’énergie que l’on peut rassembler, sa répulsion du communisme,
[…]
5° DE FAIRE PAR LA SUITE à Sa Sainteté le Pape Paul VI le cri d’angoisse qui monte du fond de leur âme, en voyant que le danger communiste grandit grâce à l’agitation continue d’une minorité d’ecclésiastiques et de laïcs qui se proclament catholiques.
[…]
6° Par conséquent, pour implorer filialement Sa Sainteté le Pape Paul VI d’adopter d’urgence des mesures pour que L’ACTION DES ECCLESIASTIQUES PROGRESSIFS ET DES LAÏCS, FAVORABLE AU COMMUNISME, SOIT ENTIÈREMENT ÉLIMINÉE;
7° ET ENCOURAGER les Brésiliens de toutes les classes sociales à faire preuve de solidarité avec ce message, compte tenu de l’accueil chaleureux qu’ils ont déjà réservé à la lettre que le Prof. Plinio Corrêa de Oliveira, Président du Conseil National de la Société Brésilienne pour la Défense de la Tradition, de la Famille et de la Propriété, le soussigné, a écrit à M. Dom Helder Câmara, concernant le document du P. Joseph Comblin.

São Paulo, 10 juillet 1968″

– Pétition publiée par la TFP, Catolicismo, revues n°212-214, p. 2-3.

Plus loin, la même revue nous informe que ce message a été signé par quinze évêques, parmi lesquels se trouvent Mgr de Proença Sigaud, Mgr de Castro Mayer ainsi que Mgr Da Rocha (nous soulignons) :

« L’enquête auprès de toutes les personnalités qui ont donné leur signature au message de la TFP n’a pas encore pu être achevée. Les principales qui ont été relevées au cours de la campagne sont les suivantes :

■ Autorités ecclésiastiques : Mgr Geraldo de Proença Sigaud, archevêque de Diamantina ; Mgr Antonio de Almeida Moraes, archevêque de Niterói ; Mgr Orlando Chaves, archevêque de Cuiabá ; Mgr Antonio Ferreira de Macedo, archevêque coadjuteur d’Aparecida ; Mgr Antonio de Castro Mayer, évêque de Campos ; Mgr Antonio Mazzarotto, évêque titulaire d’Ottabia ; Mgr. Jerônimo Mazzarotto, évêque auxiliaire de Curitiba ; Mgr José Martenetz, évêque-exarque apostolique pour les Ukrainiens au Brésil ; Mgr José Maurício da Rocha, évêque de Bragança Paulista ; Mgr Rodolfo das Mercês de Oliveira Penna, évêque titulaire d’Apolonide ; Mgr Vitor Tielbeek, évêque-prélat de Formosa ; Mgr Biagio Musto, évêque d’Aquino (Italie) ; Mgr Costantino Trappani, évêque de Nicosie (Italie). »

Catolicismo, revues n°212-214, p. 8-9.

Ce fait est relaté en août 1968 par un journal brésilien :

Par conséquent, les sédévacantistes ne peuvent pas utiliser Mgr Da Rocha pour prouver leur position.

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