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Léon XII, exhortation « Pastoris æterni », 26 juillet 1826

Exhortation aux dissidents de France, principalement du diocèse de Poitiers, appelés communément anticoncordatistes.

            La Charité du Pasteur éternel… nous pressant… le devoir de notre charge… demande… que nous portions toute notre sollicitude sur ceux qui sont détenus en séparation, non par une imprudente opiniâtreté d’un esprit rebelle, mais par les mensonges et l’ascendant de maîtres trompeurs, qui se vantent d’être catholiques orthodoxes…

            C’est à vous particulièrement que nous nous adressons ici, à vous qui croyez, à la vérité, communiquer avec la véritable Église, mais qui, séduits par les artifices d’un criminel schisme, sous la dénomination de Petite Église, rejetez notre communion et celle de la Sainte Église Romaine, sous le prétexte de conventions passées dans les années 1801 et 1817, entre Pie VII notre prédécesseur et le gouvernement français ; c’est à vous que nous faisons entendre en ce moment des paroles de paix, à vous que presque tout l’Univers a célébrés autrefois comme forts et courageux dans les combats du Seigneur contre les furieux qui ont renversé l’autel et le trône, mais que l’Univers catholique, par un changement des choses, contemple maintenant avec étonnement et indignation comme armés et combattant contre l’Église catholique, et nous croyons devoir vous ouvrir, dans toute l’affection de notre cœur, le sein de notre charité paternelle. Car, quoi que désobéissants et égarés, nous ne vous regardons et embrassons pas moins comme des enfants très chers dans le Seigneur, et d’autant plus que nous savons très bien et avec douleur que vous n’êtes pas rebelles par dépravation de cœur, mais que vous êtes trompés par les perverses persuasions et par les mensonges de vos faux maîtres en délire, qui abusent du nom et de l’autorité de l’Église catholique elle-même.

            Gardez-vous donc, N.T.C.F. de ces coupables guides ; fuyez leurs conseils, résistez à leurs suggestions empestées. Car ils font tous leurs efforts pour vous arracher du giron de l’Église et, par là, vous perdre entièrement quand ils s’efforcent de vous détourner de notre communion, et de celle du Saint-Siège, et des évêques qui communiquent avec lui. Car c’est faussement qu’ils se flattent d’une prétendue communion avec le Saint-Siège Apostolique, tandis qu’ils ne communiquent, ni avec le Pontife Romain, ni avec les évêques qui communiquent avec lui. Ne souffrez pas qu’on vous fasse illusion ; mais au contraire, réfléchissez soigneusement et souvenez-vous que : « là est l’Église où est Pierre » (Saint Ambroise in Ps 4°), que ceux-là n’ont pas l’héritage de Pierre qui ne tiennent pas au siège de Pierre, qu’ils déchirent par une impie division, et que quiconque ne veut pas être lié au Saint-Siège de Pierre appartient à l’Antéchrist et non à Jésus-Christ.

            …Car, comment l’Église sera-t-elle pour vous une mère, si vous n’avez pas pour pères les Pasteurs de l’Église, c’est-à-dire les évêques ? et d’où pouvez-vous vous glorifier du nom de catholiques, si, séparés du centre de la catholicité, c’est-à-dire du Saint-Siège Apostolique et du Souverain Pontife, en qui Dieu a mis la source de l’unité, vous rompez l’unité catholique ? L’Église catholique est une ; elle n’est point déchirée, ni divisée. Votre Petite Église ne peut donc en aucune manière appartenir à l’Église Catholique. Car, de l’aveu même de vos maîtres, ou plutôt de ceux qui vous trompent, il ne reste plus aucun des évêques français qui soutienne et qui défende le parti que vous suivez. Bien plus, tous les évêques de l’Univers Catholique, auxquels eux-mêmes en ont appelé, et à qui ils ont adressé leurs réclamations schismatiques imprimées sont reconnus comme approuvant les conventions de Pie VII et les actes qui se sont ensuivis, et toute l’Église catholique leur est désormais entièrement favorable. Quoi donc ? ne faut-il pas un gouvernement à l’Église catholique même, et n’établissent-ils pas qu’elle est déjà tombée ceux qui osent l’accuser ou de diminution, ou d’ignorance, ou d’erreur ? Or, les auteurs des Réclamations en sont venus à ce point de délire qu’ils osent affirmer cela même. Car ils crient que l’Église qui est contre eux et qui conserve la communion de ce Saint-Siège, doit être regardée comme dissimulant, ou comme trompée et dans l’erreur, et, pour cela, ils s’élèvent contre elle avec fureur comme schismatique.

            Ce qui est comme s’ils prétendaient de leur faction… qu’en elle seule se trouve la véritable Église. Mais, comme leur prétendue Petite Église, loin d’avoir aucune note de l’Église catholique, porte au contraire tous les caractères d’une secte schismatique, il ne leur reste plus qu’à dire – que l’Église catholique n’est plus… Et voilà donc la Religion que vous donnent, ou plutôt le gouffre où vous précipitent ceux qui dominent votre religion et auxquels vous confiez si imprudemment vous âmes. Ils vous arrachent à l’Église votre mère, et par là ils vous enlèvent, en quelque sorte, Dieu le Père ; car, dit saint Cyprien : « Celui-là ne peut avoir Dieu pour Père, qui n’a pas l’Église pour mère ».

            Certes, nous sommes plongés dans l’amertume la plus profonde… en pensant que ceux qui vous enseignent présentement de pareilles doctrines sont eux-mêmes prêtres… chute sans doute lamentable… et qui nous oblige de vous écrire : quoi ! faut-il que ceux qu’un ennemi déclaré n’a pu vaincre pour les entraîner dans un schisme qui lui a été propre… soient descendus de la belle élévation de leur esprit, au point de devenir eux-mêmes les auteurs d’un schisme particulier ?

            Et dans le vrai, qui peut supporter leur audace téméraire et détestable, par laquelle, en voulant être les seuls éclairés, les seuls orthodoxes parmi les prêtres français, les seuls dans l’Église, et les seuls défenseurs de l’Église, ils osent s’ériger en tribunal, d’où ils prononcent dans tout l’univers et sur tout l’univers et condamnent l’Église catholique ?

            Quel est en outre le catholique qui ne voie pas et ne déteste pas l’opiniâtreté de ces mêmes hommes, par laquelle après la solennelle condamnation et proscription de leurs ouvrages imprimés à Londres au soutien de leur cause, publiée le 6 septembre 1822 ; après tant de paternelles prières et avertissements de leur évêque ; après l’interdit des saints mystères prononcé contre eux, tant par le vicaire apostolique de Londres pour ceux qui sont en Angleterre, que par les propres évêques, pour ceux qui sont dans les autres pays ; après enfin et contre le jugement de l’Église, osent encore, avec la dernière insolence et même avec plus d’acharnement défendre leur erreur et leur schisme… et s’aviser, pour comble de maux, sans mission, et en foulant aux pieds tous les saints canons de l’Église, d’exercer en toute nullité pour la perte de tant de milliers d’âmes un ministère qui leur est interdit ? Où trouvera-t-on parmi les plus orgueilleux hérétiques et schismatiques, qui ait poussé plus loin l’enflure au sujet de sa secte et de soi-même ?…

            [Le Pape met sous les yeux des dissidents l’exemple des évêques qui se sont ralliés au Saint-Siège et l’exemple des dissidents eux-mêmes qui se sont réunis. Il continue :]

            Pie VII n’a rien fait ni rien accordé contre la Religion catholique… La Foi de Pie VI et de Pie VII est la même ; et on ne peut rien trouver dans les conventions passées qui excède la puissance du Souverain Pontife et qu’on puisse regarder comme nul et de nulle valeur par défaut d’autorité.

            [Léon XII explique ensuite comment Pie VII fut amené à tempérer les rigueurs de Pie VI contre les assermentés] « …pour le rétablissement de la Religion en France et celui des Églises ».

            Pourquoi donc vos prêtres calomnient-ils ce très saint pontife, qui s’est concilié pour toujours l’admiration de tout l’univers ? Pourquoi le blasphèment-ils d’une manière sacrilège et hérétique, en le donnant comme destructeur des saints canons, usurpateur des droits des évêques, et comme ennemi et persécuteur de la Religion catholique ? Jusque-là qu’ils n’ont pas honte (chose absolument inouïe et qui renverse la foi de tous les siècles) d’avancer : la séparation d’avec Pie VII est le caractère nécessaire de la catholicité…

            Nous vous exhortons donc, N.T.C.F. et nous vous en conjurons… abandonnez avec un grand courage un schisme détestable, qui est pour vous une voie assurée de perdition, et revenez sans plus de délai à l’Église, hors de laquelle vous vous égarez… quiconque est séparé de l’Église catholique, quelque louable que lui paraisse par ailleurs sa vie, par le crime seul de la séparation de l’unité de Jésus-Christ, n’aura point la vie, mais que la colère de Dieu demeure sur lui…

            [Le retour des dissidents leur permettra de participer aux fruits abondants du jubilé. Alors], les sacrements de Jésus-Christ, que vous avez, dans le sacrilège du schisme, pour votre condamnation, vous seront utiles et salutaires, puisque vous aurez Jésus-Christ pour Chef dans la paix catholique, dans laquelle la charité couvre la multitude des péchés.

Léon XII, Pape

2 juillet 1826.


Source: Billaud, A. (1982). La petite église dans la Vendée et les Deux-Sèvres: 1800-1830. Nouvelles éditions latines. pp. 615-618 (Archives particulières du château de Clisson, paroisse de Boismé, Deux-Sèvres)

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