Introduction
« Entre les membres qui composent l’Église, il y a une distinction très importante, car il y a ceux qui commandent et ceux qui obéissent, ceux qui enseignent et ceux qui sont enseignés. »
Saint Pie X, Catéchisme, 2.10.3 § 3.
« Cette distinction dans l’Église a été établie par Jésus-Christ lui-même. » enseigne encore Saint Pie X.
L’Eglise enseignante
Elle est définie par saint Pie X dans son Catéchisme comme « composée de tous les Évêques, soit dispersés dans l’univers, soit réunis en concile, avec, à leur tête, le Pontife Romain. »
L’Eglise enseignée
Elle est définie par saint Pie X dans son Catéchisme comme « composée de tous les fidèles. »
I – Indéfectibilité de l’Eglise enseignante
« Mon Dieu, je crois fermement toutes les vérités que vous m’avez révélées et que vous nous enseignez par votre sainte Église, parce que vous ne pouvez ni vous tromper, ni nous tromper. »
ACTE DE FOI
L’Eglise enseignante, étant quotidiennement guidée par l’Esprit Saint, ne peut pas se tromper unanimement et donc croire et enseigner unanimement des hérésies.
Pie IX condamne la secte des vieux-catholiques, très similaire à la FSSPX, en ce qu’elles enseignent (ou du moins impliquent) toutes les deux que tous les évêques avec le Pape à leur tête pourraient tomber dans l’erreur durant un Concile Œcuménique :
« Tout en reniant et en renversant la véritable autorité de juridiction dans la personne du Pontife romain, et des évêques successeurs de saint Pierre et des Apôtres, et en la transférant au peuple, ou pour user de leur langage, à la communauté, ils rejettent avec opiniâtreté et attaquent le magistère infaillible et du Pontife romain et de toute l’Eglise enseignante, et, donnant un démenti au Saint-Esprit dont le Christ avait promis à l’Eglise l’assistance éternelle, par une audace incroyable, ils soutiennent que le Pontife romain, aussi bien que tous les évêques ensemble, les prêtres associés à eux dans l’unité de foi et de communion, sont tombés dans l’hérésie en acquiesçant aux définitions du concile œcuménique du Vatican et en les professant. C’est pourquoi ils nient aussi l’indéfectibilité de l’Eglise, disant avec blasphème qu’elle a péri dans l’univers entier, et que par conséquent son Chef visible et les évêques ont fait défection. »
– Pape Pie IX, Etsi Multa Luctuosa, 21 Novembre 1873 (en anglais ici (point 23); version originale en italien ici).
Il n’est donc pas permis de dire que Vatican II puisse contenir des hérésies : même si l’infaillibilité du Concile n’a pas été évoquée par les Papes, il ne peut pas contredire un point de foi défini, car l’Eglise ne peut pas cesser de croire aux points de foi définis, comme nous le verrons. De plus, non seulement, on ne peut pas pécher en acceptant tous les décrets de Vatican II, comme l’enseignent les théologiens, mais il serait aussi très imprudent et gravement peccamineux d’en refuser certains passages, et même ceux dans des documents ayant une forte autorité, comme les déclarations ou les constitutions dogmatiques.
Il est aussi important de noter que cette indéfectibilité s’applique non seulement aux matières touchant à la foi, mais également à la discipline et à la liturgie de l’Eglise :
L’Eglise enseignante ne peut pas promulguer quelque chose de néfaste ou de peccamineux à l’Eglise enseignée (par exemple lorsque le Pape promulgue un Code de Droit Canonique, ou toute autre discipline).
« Ce serait donc un attentat, une dérogation formelle au respect que méritent les lois ecclésiastiques, de blâmer, par une liberté insensée d’opinion, la discipline que l’Église a consacrée, qui règle l’administration des choses saintes et la conduite des fidèles, qui détermine les droits de l’Église et les obligations de ses ministres, de la dire ennemie des principes certains du droit naturel, incapable d’agir par son imperfection même, ou soumise à l’autorité civile. »
– Pape Grégoire XVI, Encyclique Mirari Vos (en anglais ici (point 9) ; version originale en italien)
Le saint Concile Vatican I exige l’assentiment des fidèles et des évêques non seulement en ce qui concerne la foi, mais aussi la discipline de l’Eglise :
« Les pasteurs de tout rang et de tout rite et les fidèles, chacun séparément ou tous ensemble, sont tenus au devoir de subordination hiérarchique et de vraie obéissance, non seulement dans les questions qui concernent la foi et les mœurs, mais aussi dans celles qui touchent à la discipline et au gouvernement de l’Église répandue dans le monde entier. Ainsi, en gardant l’unit de communion et de profession de foi avec le Pontife romain, l’Église est un seul troupeau sous un seul pasteur. Telle est la doctrine de la vérité catholique, dont personne ne peut s’écarter sans danger pour sa foi et son salut. »
– Concile Vatican I, Pastor Aeternus
Dans Auctorem Fidei, à la 78ème proposition, le Pape condamne la proposition disant : « dans cette discipline même, il faut distinguer ce qui est nécessaire ou utile pour retenir les fidèles dans le bon esprit, de ce qui est inutile ou trop pesant pour la liberté des enfants de la nouvelle alliance, et encore plus de ce qui est dangereux et nuisible, comme conduisant à la superstition et au matérialisme » comme étant « fausse, téméraire, scandaleuse, pernicieuse, offensive des oreilles pies, injurieuse pour l’Église et pour l’Esprit de Dieu par qui elle est conduite, et erronée pour le moins. »
Le Pape disait également :
« Par la généralité des expressions, le synode comprend et soumet à l’examen, qu’il prescrit, même la discipline constituée et approuvée par l’Église, comme si l’Église, dirigée par l’Esprit de Dieu, pouvait établir une discipline non seulement inutile et trop onéreuse pour la liberté chrétienne, mais encore dangereuse, nuisible et conduisant à la superstition et au matérialisme. »
– Pie VI, Auctorem Fidei, Proposition n° 78
L’Église a aussi le pouvoir de modifier ses rites. Ainsi, sur « le pouvoir de l’Église concernant l’administration du sacrement de l’Eucharistie », le concile de Trente déclare expressément que :
« Dans l’administration des sacrements il y eut toujours dans l’Eglise le pouvoir de décider ou de modifier, la substance de ces sacrements étant sauve, ce qu’elle jugerait mieux convenir à l’utilité de ceux qui les reçoivent et au respect des sacrements eux-mêmes, selon la diversité des choses, des temps et des lieux. »
– CONCILE DE TRENTE, session XXI, chap. 2 (DzSch1728 (en anglais ici)).
Mais l’Eglise ne peut jamais promulguer un rite peccamineux, ou pire, invalide :
« Si quelqu’un dit que les cérémonies, les vêtements et les signes extérieurs dont l’Eglise se sert dans la célébration de la messe sont plutôt des dérisions de l’impiété que des marques de piété : qu’il soit anathème »
– CONCILE DE TRENTE, session XXI, chap. 2 (DzSch1757 (en anglais ici)).
L’Eglise enseigne que celui qui dit que n’importe quel prêtre peut mépriser ou omettre des rites approuvés par l’Eglise est anathème, cela vise particulièrement les lefebvristes, qui méprisent les rites de saint Paul VI en prétendant qu’ils sont peccamineux et néfastes ; ou bien, d’une autre manière, certains sédévacantistes qui prétendent que la meilleure chose à faire est de rejeter l’usage du rite de 1955 promulgué par Pie XII, et de l’omettre dans la liturgie (bien qu’ils nient que ces rites soient peccamineux) :
« Si quelqu’un dit que les rites reçus et approuvés de l’Eglise catholique, en usage dans l’administration solennelle des sacrements, peuvent être ou méprisés ou omis sans péché, au gré des ministres, ou encore être changés en d’autres nouveaux par tout pasteur des églises : qu’il soit anathème. »
– CONCILE DE TRENTE, session VII, canon 13 sur les sacrements en général (DzSch1613 (en anglais ici)).
Grégoire XVI enseigne que l’Eglise n’est pas sujette à la défaillance ou à l’obscurcissement dans son encyclique Mirari Vos condamnant le libéralisme :
« Mais puisqu’il est certain, pour nous servir des paroles des Pères de Trente, que « l’Église a été instruite par Jésus-Christ et par ses Apôtres, et que l’Esprit Saint, par une assistance de tous les jours, ne manque jamais de lui enseigner toute vérité » (Conc. Trid. sess. XIII, decr. de Eucharist in prœm.), c’est le comble de l’absurdité et de l’outrage envers elle de prétendre qu’une restauration et qu’une régénération lui sont devenues nécessaires pour assurer son existence et ses progrès, comme si l’on pouvait croire qu’elle aussi fût sujette, soit à la défaillance, soit à l’obscurcissement, soit à toute autre altération de ce genre. »
– Pape Grégoire XVI, Encyclique Mirari Vos (en anglais ici (point 10) ; version originale en italien)
En effet, l’Eglise ne peut cesser d’enseigner la vraie foi, car cette mission lui a été donnée par Jésus-Christ comme l’enseigne Léon XIII dans son Encyclique Satis Cognitum.
« Mais comme Sa mission divine devait être durable et perpétuelle, Il s’est adjoint des disciples auxquels Il a fait part de Sa puissance, et ayant fait descendre sur eux du haut du ciel «l’Esprit de vérité», Il leur a ordonné de parcourir la terre entière et de prêcher fidèlement à toutes les nations ce que Lui-même avait enseigné et prescrit, afin qu’en professant Sa doctrine et en obéissant à Ses lois, le genre humain pût acquérir la sainteté sur la terre et, dans le ciel, l’éternel bonheur. »
– Pape Léon XIII, Satis Cognitum, 29 juin 1896 (version originale en anglais (point 3)).
Plus loin, il enseigne que le magistère doit être vivant, c’est-à-dire perpétuellement exercé par les évêques en communion avec le Pape, et qu’il est dépourvu d’erreur puisque « revêtu de l’Esprit de Vérité » :
« Il est donc évident, d’après tout ce qui vient d’être dit, que Jésus-Christ a institué dans l’Eglise un magistère vivant, authentique et, de plus, perpétuel (Richardus de S. Victore, De Trin., lib. I, cap. 2), qu’Il a investi de Sa propre autorité, revêtu de l’esprit de vérité, confirmé par des miracles. »
– Pape Léon XIII, Satis Cognitum, 29 juin 1896 (version originale en anglais (point 9)).
Dire que cette mission d’enseigner pourrait ne pas être remplie en tout temps serait comme dire que les portes de l’enfer auraient prévalu contre l’Eglise, comme l’enseigne Pie XI dans Mortalium Animos :
« Sans aucun doute, cette Eglise, si admirablement établie, ne pouvait finir ni s’éteindre à la mort de son Fondateur et des Apôtres qui furent les premiers chargés de la propager, car elle avait reçu l’ordre de conduire, sans distinction de temps et de lieux, tous les hommes au salut éternel: » Allez donc et enseignez toutes les nations » (Matth. XXVIII, 19). Dans l’accomplissement ininterrompu de cette mission, l’Eglise pourra-t-elle manquer de force et d’efficacité, quand le Christ lui-même lui prête son assistance continuelle: » Voici que je suis avec vous, tous les jours, jusqu’à la consommation des siècles » (Matth. XXVIII, 20) ?
Il est, par conséquent, impossible, non seulement que l’Eglise ne subsiste aujourd’hui et toujours, mais aussi qu’elle ne subsiste pas absolument la même qu’aux temps apostoliques; – à moins que nous ne voulions dire – à Dieu ne plaise ! – ou bien que le Christ Notre Seigneur a failli à son dessein ou bien qu’il s’est trompé quand il affirma que les portes de l’enfer ne prévaudraient jamais contre elle (Matth. XVI, 18). »
– Pape Pie XI, Mortalium Animos, 1926 (en anglais ici).
C’est pourquoi, même pendant la vacance du Siège apostolique, les fidèles demeurent enseignés et gouvernés par leurs évêques légitimes qui ont reçu du Pape la juridiction pour enseigner et gouverner (cf. Concile Trid., VII, 7 et Ad Apostolorum Principis). Ce gouvernement est indéfectible, il est encore infaillible en ce que le peuple et le corps épiscopal sont préservés d’adhérer à l’erreur, ce qui équivaudrait à la disparition de l’Eglise dans l’infidélité.
« Pendant la vacance du Siège, [l’Église] est privée pour un temps de sa tête visible, mais elle maintient les privilèges ainsi que l’indéfectibilité et l’infaillibilité à la fois passives ou in credendo dans le corps des fidèles, comme actif ou in docendo dans le corps des évêques, cependant sans pouvoir définir de nouveau dogme non déclaré. »
– Zubizarreta, Theologia dogmatico scholastica, vol. 1, p. 462
Bien que tous les évêques sans pape ne peuvent définir de nouveau dogme, il est donc impossible de supposer que tous les évêques ont enseigné l’erreur, car cela reviendrait à supposer que l’Eglise enseignante a failli. Il est impossible de supposer que tous les fidèles (ou presque) ont adhéré à l’erreur, car cela reviendrait à nier l’infaillibilité de l’Eglise in credendo. Ce sont ces deux impossibilités qui font que l’Eglise ne peut errer dans l’adhésion au Pontife, car adhérer à un antipape mènerait à adhérer à une foi et à un gouvernement faux, cette adhésion universelle et pacifique de l’Eglise à son chef est donc un fait dogmatique (vérité à croire de foi, car de son existence dépendent des vérités de foi, ici l’indéfectibilité et l’infaillibilité de l’Eglise),
La situation imaginée par les sédévacantistes, dans laquelle plus personne (pas même un curé et encore moins un évêque !) ne gouverne ou n’enseigne avec une juridiction ordinaire reçue du Christ, est donc impossible. Au contraire, c’est parce que l’infaillibilité et l’indéfectibilité demeurent que Pie XI peut dénoncer ceux qui « nient que l’Eglise doive être visible et décelable extérieurement, en ce sens, du moins, qu’elle doive se présenter comme un seul corps de fidèles unanimes à professer une seule et même doctrine sous un seul magistère et un seul gouvernement. » (Mortalium Animos)
Pie XII décrétait que, même à la mort du Souverain Pontife, le gouvernement demeure dans l’Eglise :
« 4. Si certains doutes cependant naissaient sur le sens des prescriptions contenues dans Notre présente constitution, ou sur la façon dont elles doivent être mises en pratique, ou relativement à tout autre point de cette constitution, Nous ordonnons et décrétons que le pouvoir de porter sur elles une sentence appartienne uniquement au Sacré Collège des cardinaux ; pour cette affaire, Nous accordons à ce même Collège des cardinaux le plein pouvoir d’interpréter Notre présente constitution et d’en éclaircir les points douteux. En ce domaine, comme dans les autres sur lesquels il y aurait lieu de délibérer selon les directives de Notre constitution, à ‘l’exception de l’acte même de l’élection, il sera pleinement suffisant que la majorité des cardinaux assemblés soit du même avis.
5. Pareillement, dans le cas d’une affaire urgente qui, d’après le vote de la majorité des cardinaux réunis, ne peut être renvoyée à plus tard, le Sacré Collège peut et doit, selon l’avis de la majorité, fixer la solution opportune.
[…]
20. Au contraire, l’office et la juridiction du cardinal vicaire de Rome n’expirent pas à la mort du Pontife romain. Si le vicaire de Rome vient à mourir pendant la vacance du Siège, afin que les fidèles de la ville et de son district ne subissent de ce chef aucun préjudice spirituel, le vice-gérant alors en fonction aura, tant que durera la vacance du Siège, toutes et chacune des facultés, l’autorité et le pouvoir qui revenaient d’une façon quelconque au cardinal vicaire pour l’exercice de la charge du vicariat, et que le pontife lui-même, lorsque le vicariat devient vacant, sans qu’il y ait vacance du Siège apostolique, a coutume d’accorder au susdit vice-gérant pour quelque temps, à savoir jusqu’à ce qu’il ait désigné le vicaire successeur.
21. De même l’office et le pouvoir des légats, des nonces et des délégués apostoliques ne cessent pas durant la vacance du Siège. »
– Pape Pie XII, Constitution Vacantis Apostolicae Sedis.
De plus, Léon XIII enseigne que les évêques « possèdent une autorité qui leur est propre » :
« Si la puissance de Pierre et de ses successeurs est pleine et souveraine, il ne faudrait cependant pas croire qu’il n’y en a point d’autre dans l’Eglise. Celui qui a établi Pierre comme fondement de l’Eglise a aussi « choisi douze de Ses disciples, auxquels Il a donné le nom d’Apôtres » (Luc IV, 13). De même que l’autorité de Pierre est nécessairement permanente et perpétuelle dans le Pontife romain, ainsi les évêques, en leur qualité de successeurs des Apôtres, sont les héritiers du pouvoir ordinaire des Apôtres, de telle sorte que l’ordre épiscopal fait nécessairement partie de la constitution intime de l’Eglise. Et quoique l’autorité des évêques ne soit ni pleine, ni universelle, ni souveraine, on ne doit pas cependant les regarder comme de simples vicaires des Pontifes romains, car ils possèdent une autorité qui leur est propre, et ils portent en toute vérité le nom de prélats ordinaires des peuples qu’ils gouvernent. »
– Pape Léon XIII, Satis Cognitum, 29 juin 1896 (version originale en anglais (point 14)).
Dire que tous les évêques ont adhéré à un faux gouvernement serait comme dire qu’ils constitueraient par là même un faux gouvernement, ce qui revient à dire qu’il n’y aurait plus de gouvernement véritable ; ce qui est impossible.
Léon XII enseigne que ceux qui affirment qu’il ne subsisterait aucun évêque légitime ne reconnaissant leur position, comme le croyaient les schismatiques d’alors, établissent en fait que l’Eglise est tombée, et qu’un groupe n’étant en communion avec aucun évêque ne peut faire partie de l’Eglise :
« Car, comment l’Église sera-t-elle pour vous une mère, si vous n’avez pas pour pères les Pasteurs de l’Église, c’est-à-dire les évêques ? et d’où pouvez-vous vous glorifier du nom de catholiques, si, séparés du centre de la catholicité, c’est-à-dire du Saint-Siège Apostolique et du Souverain Pontife, en qui Dieu a mis la source de l’unité, vous rompez l’unité catholique ? L’Église catholique est une ; elle n’est point déchirée, ni divisée. Votre Petite Église ne peut donc en aucune manière appartenir à l’Église Catholique. Car, de l’aveu même de vos maîtres, ou plutôt de ceux qui vous trompent, il ne reste plus aucun des évêques français qui soutienne et qui défende le parti que vous suivez. Bien plus, tous les évêques de l’Univers Catholique, auxquels eux-mêmes en ont appelé, et à qui ils ont adressé leurs réclamations schismatiques imprimées sont reconnus comme approuvant les conventions de Pie VII et les actes qui se sont ensuivis, et toute l’Église catholique leur est désormais entièrement favorable. Quoi donc ? ne faut-il pas un gouvernement à l’Église catholique même, et n’établissent-ils pas qu’elle est déjà tombée ceux qui osent l’accuser ou de diminution, ou d’ignorance, ou d’erreur ? Or, les auteurs des Réclamations en sont venus à ce point de délire qu’ils osent affirmer cela même. Car ils crient que l’Église qui est contre eux et qui conserve la communion de ce Saint-Siège, doit être regardée comme dissimulant, ou comme trompée et dans l’erreur, et, pour cela, ils s’élèvent contre elle avec fureur comme schismatique. »
– Pape Léon XII, exhortation Pastoris Aeterni, 26 juillet 1826 (version originale en italien ici (point 4).
Et Léon XIII d’enseigner pareillement que si aucun évêque ne les reconnaît comme catholiques, c’est une preuve certaine et évidente qu’ils sont hors de l’Eglise :
« Absolument aucun évêque ne les considère et ne les gouverne comme ses brebis. Ils doivent conclure de là, avec certitude et évidence, qu’ils sont des transfuges du bercail du Christ. »
– Pape Léon XIII, lettre Eximia Nos Laetitia, 19 juillet 1893 (en anglais ici).
En effet, prétendre que l’Eglise subsisterait dans leur petit groupe dépourvu d’évêques serait comme dire que l’Eglise enseignante aurait disparu après être tombée dans l’erreur, qu’il n’y a plus même d’évêque pour enseigner et gouverner ; ceux qui agissent ainsi sont en état de schisme comme nous le verrons ci-après.
Par conséquent, on doit croire fermement que saint Jean XXIII et ses successeurs sont Papes (et donc qu’ils n’étaient pas hérétiques puisqu’ils possédaient toutes les conditions requises à cette légitimité), et que le Concile Vatican II est légitime, puisqu’ils ont été reconnus comme tels par l’ensemble des évêques de l’Eglise enseignante. En effet, pas un seul évêque n’a contesté la légitimité de saint Jean XXIII et saint Paul VI, ni celle du Concile Vatican II, dont chaque document se conclut par la même phrase : « Tout l’ensemble et chacun des points qui ont été édictés dans cette constitution dogmatique ont plu aux Pères. Et Nous, en vertu du pouvoir apostolique que Nous tenons du Christ, en union avec les vénérables Pères, Nous les approuvons, arrêtons et décrétons dans le Saint-Esprit, et Nous ordonnons que ce qui a été ainsi établi en Concile soit promulgué pour la gloire de Dieu. »
Il faut noter que leur silence est considéré comme un assentiment puisque les documents du concile obligent l’assentiment de soi, comme l’explique l’abbé Lucien :
« Face à ce fait, à cette promulgation, le seul moyen pour un Père d’être « irréductible et réfractaire » aurait été non seulement de ne pas signer la promulgation, mais encore de faire savoir publiquement son désaccord [23]. Car, au-delà du fait déjà parlant de la signature, demeure la réalité ecclésiale : une fois promulgué officiellement par le Pape avec le Concile, les textes engagent et obligent de soi [24] tout le monde, y compris les évêques. C’est pourquoi le pur silence ne peut en aucune façon manifester un désaccord. »
– Extrait (retranscrit dans cet article) de l’ouvrage de l’Abbé Bernard Lucien, Les degrés d’autorité du Magistère, éd. NEF, 2007. pp. 180 à 189.
Saint Thomas d’Aquin écrit que toute l’Eglise ne peut errer sur des questions relatives à la foi :
« Si on considère la Providence divine qui dirige son Église par l’Esprit Saint pour qu’elle n’erre pas, comme lui-même l’a promis en Jn 14,26, [disant] que l’Esprit, quand il viendrait enseignerait toute la vérité, c’est-à-dire ce qui concerne les choses nécessaires au salut, il est certain qu’il est impossible que le jugement de l’Église universelle se trompe sur les choses relatives à la foi »
– Saint Thomas d’Aquin, Quodl. IX, q. 8, a. 1, cité par Mgr Fernando Arêas Rifan dans Le Magistère Vivant de l’Eglise.
De même, Saint Robert Bellarmin écrivait :
« Si tous les évêques se trompaient, toute l’Église se tromperait, or le peuple est tenu de suivre ses Pasteurs, comme le dit Jésus en Luc 10,16 : “Qui vous écoute, m’écoute” et Matthieu 23,3 : “Faites tout ce qu’ils vous diront” »
-Saint Robert Bellarmin, Controversiarum de conciliis Liber tertius qui est de Ecclesiam non posse errare, in Opera omnia, éd. J. Fèvre, Paris, Vivès, 1870, t. II, p. 351., cité par Mgr Fernando Arêas Rifan dans Le Magistère Vivant de l’Eglise.
Il disait également la chose suivante aux protestants :
« il peut arriver, qu’un évêque, dans une ville et dans un temple, enseigne une hérésie, mais pas que tous les évêques, dans toutes les villes et dans tous les temples du monde enseignent une hérésie. »
– Saint Robert Bellarmin, Les Controverses de la Foi Chrétienne contre les Hérétiques de ce Temps, livre III, chapitre 16.
Le Pape Pie XII, enseigne la nécessité d’un Magistère vivant :
« En présence d’une telle confusion d’opinions, nous pourrions être sans doute un peu consolés de voir ceux qui étaient nourris jadis des principes du rationalisme désirer revenir aujourd’hui aux sources de la vérité divinement révélée, reconnaître et professer que la Parole de Dieu, conservée dans la Sainte Ecriture, est bien le fondement de nos sciences sacrées. Mais comment ne pas être affligés de voir un grand nombre d’entre eux faire d’autant plus fi de la raison humaine qu’ils adhérent plus fermement à la Parole de Dieu et repousser d’autant plus vivement le magistère ecclésiastique qu’ils exaltent plus volontiers l’autorité de Dieu révélant: ils oublient, ce faisant, que ce magistère est institué par le Christ Notre Seigneur pour garder et interpréter le dépôt divin révélé. Toutes prétentions qui sont non seulement en contradiction flagrante avec la Sainte Ecriture, mais démontrées fausses encore par l’expérience de tous. En effet ceux qui sont séparés de la véritable Eglise se plaignent souvent, et publiquement, de leur désaccord en matière dogmatique au point d’avouer, comme malgré eux, la nécessité d’un magistère vivant. »
– Pape Pie XII, Humani Generis, 1950 (en anglais ici (point 8)).
Plus loin il enseigne que personne ne peut interpréter le dépôt de la foi, sinon le Magistère vivant de l’Eglise :
« Il est vrai encore que les théologiens doivent toujours remonter aux sources de la révélation divine; car il leur appartient de montrer de quelle manière ce qui est enseigné par le magistère vivant » est explicitement ou implicitement trouvé » (4) dans la Sainte Ecriture et la divine » tradition « .
[…]
Car Dieu a donné à son Eglise, en même temps que les sources sacrées, un magistère vivant pour éclairer et pour dégager ce qui n’est contenu qu’obscurément et comme implicitement dans le dépôt de la foi. Et ce dépôt, ce n’est ni à chaque fidèle, ni même aux théologiens que le Christ l’a confié pour en assurer l’interprétation authentique, mais au seul magistère de l’Eglise. »
– Pape Pie XII, Humani Generis, 1950 (en anglais ici (point 21)).
Le Concile Vatican I enseigne que l’Eglise catholique, « à cause aussi de son unité catholique et de son invincible fermeté », « est par elle-même un grand et perpétuel motif de crédibilité et un témoignage irréfutable de sa mission divine » (Dei Filius, Denz. 3013). En effet, les vérités définies de la foi ne pourront jamais être obscurcies, puisque l’Eglise doit toujours maintenir intact le dépôt de la foi.
Léon XIII enseignait non seulement la nécessité pour l’Eglise d’enseigner la véritable foi de manière perpétuelle (infaillibilité in docento), mais également que cet enseignement soit toujours cru, accepté et professé par l’Eglise (infaillibilité in credendo) :
« Il est donc nécessaire que d’une façon permanente subsiste, d’une part, la mission constante et immuable d’enseigner tout ce que Jésus-Christ a enseigné Lui-même ; d’autre part, l’obligation constante et immuable d’accepter et de professer toute la doctrine ainsi enseignée. C’est ce que saint Cyprien exprime excellemment en ces termes : « Lorsque Notre-Seigneur Jésus-Christ, dans Son Evangile, déclare que ceux qui ne sont pas avec Lui sont Ses ennemis, Il ne désigne pas une hérésie en particulier, mais Il dénonce comme Ses adversaires tous ceux qui ne sont pas entièrement avec Lui et qui, ne recueillant pas avec Lui, mettent la dispersion dans Son troupeau : Celui qui n’est pas avec Moi, dit-Il, est contre Moi, et celui qui ne recueille pas avec Moi disperse » (Epist., LXIX, ad Magnum, n 2).
Pénétrée à fond de ses principes et soucieuse de son devoir, l’Eglise n’a jamais rien eu de plus à cœur, rien poursuivi avec plus d’effort, que de conserver de façon la plus parfaite l’intégrité de la foi. C’est pourquoi elle a regardé comme des rebelles déclarés, et chassé loin d’elle tous ceux qui ne pensaient pas comme elle, sur n’importe quel point de sa doctrine. »
– Pape Léon XIII, Satis Cognitum, 29 juin 1896 (version originale en anglais (point 8)).
Dans la même encyclique il enseigne que les successeurs des Apôtres doivent perpétuellement garder le dépôt de la foi et nous le transmettre :
« Jésus-Christ a ordonné aux Apôtres et aux successeurs perpétuels des Apôtres d’instruire et de gouverner les peuples : Il a ordonné aux peuples de recevoir leur doctrine et de se soumettre docilement à leur autorité. »
– Pape Léon XIII, Satis Cognitum, 29 juin 1896.
De même, Vatican I enseigne infailliblement dans Dei Filius que Dieu a confié le dépôt de la foi à son Eglise afin qu’il soit fidèlement conservé :
« La doctrine de foi que Dieu a révélée n’a pas été proposée comme une découverte philosophique à faire progresser par la réflexion de l’homme, mais comme un dépôt divin confié à l’Epouse du Christ pour qu’elle le garde fidèlement et le présente infailliblement. »
– Concile Vatican I, Dei Filius (Denz. 3020)
De même, Pie IX condamnait l’idée que l’Eglise soit dépourvue d’Autorité vivante, à la manière des protestants, et enseigne que dans l’Eglise la vérité doit toujours demeurer stable et inchangé pour la conservation intact du dépôt de la foi :
« Car des sociétés pareilles étant dépourvues de cette autorité vivante et établie par Dieu qui enseigne surtout aux hommes les choses de la foi et la discipline des mœurs, et qui sert de règle en tout ce qui regarde le salut éternel, elles ont constamment varié dans leurs doctrines, et ce changement et cette instabilité dans ces sociétés ne cessent jamais. Chacun donc comprend parfaitement, chacun voit clairement et manifestement que cela est en opposition complète avec l’Église instituée par Notre-Seigneur, puisque dans cette Église la vérité doit toujours demeurer stable et inaccessible à tout changement, afin de conserver absolument intact le dépôt qui lui a été confié et pour la garde duquel la présence et le secours du Saint-Esprit lui ont été promis à jamais. »
– Pape Pie IX, lettre « Jam vos omnes », 13 septembre 1868.
Pie VI condamnait comme hérétique cette proposition du synode de Pistoia dans sa Constitution Auctorem Fidei :
« 1. La proposition qui affirme : « Dans ces derniers siècles un obscurcissement général a été répandu sur des vérités de grande importance relatives à la religion et qui sont la base de la foi et de la doctrine morale de Jésus Christ » (est) hérétique. »
– Pape Pie VI, Constitution Auctorem Fidei, 1794 (en anglais ici).
Mgr Vincent Gasser, secrétaire de la Députation de la Foi lors du Concile Vatican I, a écrit aux Pères conciliaires :
« Croyant le Pape infaillible par l’assistance du Saint Esprit, nous croyons par le fait même que l’assentiment de l’Eglise ne saurait faire défaut aux définitions pontificales. La vérité que le Pape enseigne sous l’influence du Saint Esprit ne peut pas manquer d’être reçue comme révélée par Dieu par tous les fidèles que le même Esprit assiste pour adhérer à l’enseignement divin. Autrement l’Eglise toute entière défaillirait dans la foi et se réaliserait sur les vérités les plus importantes de la foi cet obscurcissement général dont parlait le Pseudo Synode de Pistoie »
Le Père MR Gagnebet (disciple du Père Garrigou-Lagrange), citant Mgr Gasser, explique :
« Mais il a pris soin d’ajouter que les définitions infaillibles du Pape ne manqueront pas de l’assentiment de l’Église tant du corps des pasteurs que du groupe des fidèles. Car l’Esprit qui assiste le Pape dans la définition de la vérité révélée aide aussi toute l’Église à faire adhérer à la vérité divine … Ces explications très claires de Mgr Gasser inspirent la touche finale apportée au texte conciliaire au dernier moment sur les points qui nous intéressent « .
– P. Gagnebet, L’Infaillibilité du Pape et le consentement de l’Eglise au Vatican I, Angelicum, Vol.47, No.3 (Iul. – Sept. 1970), pp. 267-307.
Le P. Guéranger va dans le même sens :
« En vertu des promesses de Jésus-Christ il fait que le corps enseignant (le Pape et les évêques définissant simultanément), est infaillible; parce que le Sauveur l’a promis. Il fait que le Pontife romain définissant du haut de sa Chaire est infaillible; parce que le Sauveur l’a promis. Il fait que le corps épiscopal, quand le Pape définit seul, adhère à la sentence dans une infaillibilité passive ; parce que le Sauveur a promis à son Eglise la permanence. Il fait enfin que l’Eglise enseignée n’est jamais sans la vérité professée, avant comme après la définition ; parce que le Sauveur a promis de maintenir ses fidèles dans la vérité jusqu’à la consommation des siècles. Non, il n’y a pas, il n’y a jamais eu, il ne peut y avoir de définition de Foi qui ne soit accueillie par le consentement de l’Eglise »
– R. P. Guéranger, Réponse aux dernières objections contre la définition de l’infaillibilité du pontife romain, 1870, p. 9
C’est pourquoi Vatican II (ayant repris l’enseignement de Mgr Gasser) enseigne qu’aux définitions infaillibles du Pape, « l’assentiment de l’Église ne peut jamais faire défaut, étant donné l’action du même Esprit Saint qui conserve et fait progresser le troupeau entier du Christ dans l’unité de la foi » (Lumen Gentium, n° 25).
Saint Jean-Paul II enseignait également : « Garder le dépôt de la foi, telle est la mission que le Seigneur a confiée à son Église et qu’elle accomplit en tout temps » (Fidei Depositum).
Saint Pie X enseignait substantiellement la même chose dans son serment antimoderniste, lorsqu’il ordonnait aux séminaristes de jurer de « [garder] très fermement […] la foi des Pères sur le charisme certain de la vérité qui est, qui a été et qui sera toujours « dans la succession de l’épiscopat depuis les apôtres »« .
Ainsi, l’unanimité des évêques ne peut non plus pas se tromper dans leur croyance dans la foi. Tous les évêques n’auraient donc pas pu accepter les pseudo-hérésies enseignées par le Concile Vatican II et les successeurs de Pie XII, à cause de la nécessité de ce Magistère vivant et de la nécessité de garder le dépôt de la Foi intact.
II – Obéissance due à l’Eglise enseignante
« L’Église catholique, en effet, a toujours considéré comme schismatiques ceux qui résistent opiniâtrement à ses légitimes prélats, et surtout au Pasteur suprême, et qui refusent d’exécuter leurs ordres et même de reconnaître leur autorité. »
– B. PAPE PIE IX, QUARTUS SUPRA, § 12 (en anglais ici).
Puisque l’Eglise enseignante est exempte d’erreur comme l’enseignent de multiples pontifes, Léon XIII en fait la déduction suivante :
« Il a voulu et très sévèrement ordonné que les enseignements doctrinaux de ce magistère fussent reçus comme les Siens propres. Toutes les fois donc que la parole de ce magistère déclare que telle ou telle vérité fait partie de l’ensemble de la doctrine divinement révélée, chacun doit croire avec certitude que cela est vrai ; car si cela pouvait en quelque manière être faux, il s’ensuivrait, ce qui est évidemment absurde, que Dieu Lui-même serait l’auteur de l’erreur des hommes. « Seigneur, si nous sommes dans l’erreur, c’est Vous-même qui nous avez trompés » (Conc. Vat. sess. III. cap. 3). »
– Pape Léon XIII, Satis Cognitum, 29 juin 1896 (version originale en anglais (point 9)).
Avant cela, il enseignait que :
« ce n’est qu’aux apôtres et à leurs légitimes successeurs qu’Il a ordonné de paître le troupeau, c’est-à-dire de gouverner avec autorité tout le peuple chrétien, lequel est en conséquence obligé, par le fait même, à leur être soumis et obéissant. »
– Pape Léon XIII, Satis Cognitum (version originale en anglais (point 3)).
Les schismatiques sont définis par saint Pie X dans son Catéchisme comme « les chrétiens qui, ne niant explicitement aucun dogme, se séparent volontairement de l’Église de Jésus-Christ ou des légitimes pasteurs. ».
Le pape Pie XII enseignait dans Mystici Corporis Christi que :
« celui qui refuse d’écouter l’Eglise doit être considéré, d’après l’ordre du Seigneur, comme un païen et un publicain (S. MATTH. XVIII, 17.). Et ceux qui sont divisés pour des raisons de foi ou de gouvernement ne peuvent vivre dans ce même Corps ni par conséquent de ce même Esprit divin.
[…]
Ceux-là se trompent donc dangereusement qui croient pouvoir s’attacher au Christ Tête de l’Eglise sans adhérer fidèlement à son Vicaire sur la terre. Car en supprimant ce Chef visible et en brisant les liens lumineux de l’unité, ils obscurcissent et déforment le Corps mystique du Rédempteur au point qu’il ne puisse plus être reconnu ni trouvé par les hommes en quête du port du salut éternel. «
– Pape Pie XII, encyclique Mystici Corporis Christi, 29 juin 1943 (en anglais ici (point 22 et 41))
Mgr Fernando Arêas Rifan souligne dans son ouvrage qu' »aucun hérétique ou schismatique d’aucune époque n’a jamais pensé qu’il se trompait. » Il ajoutait : « Tous pensaient que c’était l’Église qui se trompait et eux qui avaient raison. Et ils se vantaient d’avoir conservé la saine doctrine.« .
C’est également ce qu’a fait remarquer le Pape Léon XIII en parlant des schismatiques de la Petite Eglise :
« Qu’ils ne s’appuient ni sur l’honnêteté de leurs mœurs ni sur leur fidélité à la discipline, ni sur leur zèle à garder la doctrine et la stabilité de la religion. L’apôtre ne dit-il pas ouvertement que tout cela ne sert de rien sans la charité (I. Cor., XIII, 3.) ? »
– Pape Léon XIII, Eximia Nos Laetitia, 19 juillet 1893 (en anglais ici)..
Ce même pontife avait déjà admirablement veillé au respect de l’autorité des évêques, qui est divine :
« C’est Notre premier devoir de veiller, unissant Nos efforts aux vôtres, à ce que la divine autorité des évêques demeure inviolable et sacrée. Il Nous appartient aussi de commander et de faire que partout elle reste forte et honorée, qu’en tout elle obtienne des catholiques la juste soumission et le juste respect qui lui sont dus. En effet, le divin édifice qui est l’Église s’appuie véritablement, comme sur un fondement manifeste à tous, d’abord sur Pierre et ses successeurs, et ensuite sur les apôtres et leurs successeurs les évêques. Les écouter ou les mépriser, c’est écouter ou mépriser Notre Seigneur Jésus-Christ lui-même. Les évêques forment la partie la plus auguste de l’Église, celle qui instruit et gouverne, de droit divin les hommes ; aussi quiconque leur résiste et refuse opiniâtrement d’obéir à leur parole s’écarte de l’Église (Math. XVIII, 17). »
– Pape Léon XIII, Est Sane Molestum, 17 décembre 1888 (version originale en latin ici).
Il enseigne par la suite que « l’obéissance ne doit pas se renfermer dans les limites des matières qui touchent la foi« , comme le pense à tort la plupart des membres de la FSSPX, mais que :
« son domaine est beaucoup plus vaste ; il s’étend à toutes les choses qu’embrasse le pouvoir épiscopal. Pour le peuple chrétien, les évêques ne sont pas seulement des maîtres dans la foi, ils [s]ont aussi placés à sa tête pour régir et gouverner, responsable du salut des hommes que Dieu leur a confiés et dont un jour ils devront lui rendre compte. C’est pour cela que l’apôtre saint Paul adresse aux chrétiens, cette exhortation : « Obéissez à ceux qui sont à votre tête et soyez leur soumis ; car ils veillent sur vous et doivent rendre compte de vos âmes » (Hebr. XIII,17.) »
– Pape Léon XIII, lettre Est Sane Molestum, 17 décembre 1888 (version originale en latin ici).
Il a auparavant déjà imposé aux fidèles la docilité aux jugements de l’Eglise enseignante, comme l’Eglise l’a toujours fait, et il enseigne que si les fidèles se permettraient de juger leurs pasteurs, alors ils renverseraient l’ordre :
« Aux pasteurs seuls a été donné l’entier pouvoir d’enseigner, de juger, de diriger ; aux fidèles a été imposé le devoir de suivre ces enseignements, de se soumettre avec docilité à ces jugements, de se laisser gouverner, corriger et conduire au salut. Ainsi, il est d’absolue nécessité que les simples fidèles se soumettent d’esprit et de cœur à leurs pasteurs propres, et ceux-ci avec eux, au Chef et au Pasteur suprême. De cette subordination, de cette obéissance, dépendent l’ordre et la vie de l’Église. Elle est la condition indispensable pour faire le bien et pour arriver heureusement au port. Si, au contraire, les simples fidèles s’attribuent l’autorité, s’ils prétendent s’ériger en juges et en docteurs ; si des inférieurs préfèrent ou tentent de faire prévaloir, dans le gouvernement de l’Église universelle, une direction différente de celle de l’autorité suprême, c’est, de leur part, renverser l’ordre, porter la confusion dans un grand nombre d’esprits et sortir du droit chemin. »
– Pape Léon XIII, lettre Epistola Tua, 17 juin 1885.
Dans son encyclique Saptientae Christianae (sur les principaux devoirs des chrétiens), il enseignera à nouveau la nécessité de ce devoir de « se laisser gouverner » par l’Eglise enseignante :
« Lorsqu’on trace les limites de l’obéissance due aux pasteurs des âmes et surtout au Pontife Romain, il ne faut pas penser qu’elles renferment seulement les dogmes auxquels l’intelligence doit adhérer et dont le rejet opiniâtre constitue le crime d’hérésie. Il ne suffirait même pas de donner un sincère et ferme assentiment aux doctrines qui, sans avoir été jamais définies par aucun jugement solennel de l’Eglise, sont cependant proposées à notre foi, par son magistère ordinaire et universel, comme étant divinement révélées, et qui, d’après le Concile du Vatican, doivent être crues de foi catholique et divine. Il faut, en outre, que les chrétiens considèrent comme un devoir de se laisser régir, gouverner et guider par l’autorité des évêques, et surtout par celle du Siège Apostolique. »
– Pape Léon XIII, lettre encyclique Saptientae Christianae, 10 janvier 1890 (version anglaise ici (point 24))
De même, Pie XI enseignera dans son encyclique Casti Connubii que les vrais chrétiens doivent « se laisser gouverner » par l’Eglise :
« Rien ne convient moins en effet à un chrétien digne de ce nom que de pousser l’orgueilleuse confiance en sa propre intelligence, jusqu’à refuser son assentiment aux vérités dont il n’aurait pu acquérir personnellement une connaissance directe ; jusqu’à regarder l’Eglise, envoyée par Dieu cependant pour enseigner et régir toutes les nations, comme médiocrement informée des choses présentes et de leurs aspects actuels, ou même jusqu’à n’accorder son assentiment et son obéissance qu’aux définitions plus solennelles dont Nous avons parlé, comme si l’on pouvait prudemment penser que les autres décisions de l’Eglise sont entachées d’erreur ou qu’elles n’ont pas un fondement suffisant de vérité et d’honnêteté. C’est au contraire, le propre des vrais chrétiens, savants ou non, de se laisser gouverner et conduire, en tout ce qui concerne la foi et les mœurs, par la sainte Eglise de Dieu, par son suprême Pasteur, le Pontife romain, qui est lui-même dirigé par Notre-Seigneur Jésus-Christ. »
– Pape Pie XI, lettre encyclique Casti Connubii, 31 décembre 1930 (version anglaise ici (point 104)).
Il est important d’ajouter que la vertu d’obéissance (a fortiori celle due à l’Eglise enseignante) a toujours été enseignée et pratiquée par les saints, dont voici quelques exemples :
- Saint Ignace de Loyola :
« Pour ne nous écarter en rien de la vérité, nous devons toujours être disposés à croire que ce qui nous paraît blanc est noir, si l’Église hiérarchique le décide ainsi. Car il faut croire qu’entre Jésus-Christ, notre Seigneur, qui est l’Époux, et l’Église, qui est son Épouse, il n’y a qu’un même Esprit qui nous gouverne et nous dirige pour le salut de nos âmes, et que c’est par le même Esprit et le même Seigneur qui donna les dix commandements qu’est dirigée et gouvernée notre Mère la sainte Église. »
– Saint Ignace de Loyola, Exercices spirituels, Traduction du texte espagnol par le Père Pierre Jennesseaux de la Compagnie de Jésus
- Sainte Catherine de Sienne :
« 5.-L’obéissance est une lumière pour l’âme ; elle montre qu’elle m’est fidèle et qu’elle est fidèle à l’Ordre et à ses supérieurs. Dans cette lumière que lui donne la foi, elle s’oublie et ne se cherche pas pour elle-même ; car, dans l’obéissance acquise par la lumière de la foi, elle a prouvé que sa volonté est morte à ce sens particulier qui s’occupe des affaires d’autrui plutôt que des siennes. Ainsi fait le désobéissant qui examine la volonté des supérieurs, et qui la juge avec ses bas sentiments et ses vues obscures, ne se mettant pas en peine de sa volonté corrompue qui lui donne la mort.
6.-Celui qui obéit véritablement à la lumière de la foi juge toujours bien-la volonté de ses supérieurs ; il n’écoute pas la sienne et incline seulement la tête, en nourrissant son âme des parfums d’une véritable et sainte obéissance. Cette vertu grandit à mesure que s’y répand la sainte-lumière de la foi ; car c’est à cette lumière de la foi que l’âme se connaît et me connaît, qu’elle m’aime et qu’elle s’humilie ; et plus elle aime et s’humilie, plus elle est obéissante. L’obéissance, et sa sœur la patience, montrent que l’âme est véritablement revêtue du vêtement nuptial de la charité, avec lequel on entre dans la vie éternelle. »
– Sainte Catherine de Sienne, Traité de L’obéissance, CLXIII
- Saint Robert Bellarmin :
« Le pontife est le pasteur et le docteur de toute l’Église. L’Église en entier est tenue de l’écouter et de lui obéir. S’il errait, toute l’Église serait donc dans l’erreur. On répondra que l’Église a l’obligation de l’écouter s’il enseigne la vérité. Autrement, il vaut mieux obéir à Dieu qu’aux hommes. Mais qui jugera que le pontife enseigne la vérité ou pas ? Car, il n’appartient pas aux brebis de juger si le pasteur se trompe, même pas dans les choses les plus douteuses. Et les brebis chrétiennes n’ont pas un docteur ou un juge supérieur auquel recourir. Car, comme nous l’avons montré plus haut (livre 2, chapitres 13 et 14), on peut en appeler de toute l’Église au pontife. Mais on ne peut pas en appeler du pontife lui-même. Il sera donc nécessaire que toute l’Église erre si le pape erre. On répondra qu’on peut recourir à un concile général. Mais, comme nous l’avons démontré plus haut, non seulement le pape est au-dessus des conciles, mais les conciles généraux se sont souvent trompés, et se sont vus refuser l’approbation du souverain pontife, comme les conciles d’Éphèse II, d’Ariminensis et d’autres. »
– Saint Robert Bellarmin, De Romano Pontifice, Livre IV, Chapitre 3