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Les deutérocanoniques de l’Ancien Testament – état des lieux de la Tradition

Introduction

Les livres deutérocanoniques de l’Ancien Testament (au nombre de sept : Tobie, Judith, Sagesse, Ecclésiastique, Baruch, 1 et 2 Macchabées) sont des livres dont la canonicité, c’est-à-dire l’inspiration par Dieu et l’inerrance, est rejetée par la majorité des chrétiens protestants. A l’inverse, l’Eglise catholique tient depuis la quatrième session du Concile oecuménique de Trente (en 1546) que ces livres font entièrement partie de l’Ecriture Sainte et sont inspirés au même titre que les autres. Cet article se propose de détailler quelle a été l’opinion des Pères de l’Eglise, des Conciles régionaux et des auteurs ecclésiastiques sur cette question, des premiers siècles jusqu’aux alentours du Concile de Trente par la compilation et l’analyse d’une centaine de ces témoins.

Bilan

On trouvera dans le tableau ci-dessous les résultats de cette enquête.
NB : Les auteurs sont classés par avis et par livres ; davantage de détails seront fournis individuellement plus loin dans l’article. La Lettre de Jérémie est incluse dans Baruch. Les avis incertains ne sont pas pris en compte dans le calcul de la proportion d’avis favorables.
La catégorie « Avis favorables à la canonicité » inclut les écrits impliquant explicitement l’inspiration prophétique du livre traité ou son autorité dogmatique. Par exemple une citation introduite par une formule du type « Le Prophète dit… » ou bien « Le Saint-Esprit dit… » ou encore « L’auteur inspiré dit… ». Y sont aussi inclus les canons où il n’est pas fait de distinction entre les protocanoniques et les deutérocanoniques.
La catégorie « Avis défavorables » regroupe les écrivains ayant listé les deutérocanoniques à part des protocanoniques ou ayant émis des réserves explicites vis-à-vis de leur canonicité. Notons que dans la pratique cela n’empêche pas la plupart de ces auteurs de citer les deutérocanoniques comme Ecriture ailleurs dans leurs écrits, par exemple saint Jérôme avec Baruch.
La catégorie « Avis incertains » contient les auteurs dont les avis sont douteux ou n’ayant pas émis d’avis sur un livre particulier, y sont également inclus les auteurs citant des livres deutérocanoniques sous le seul vocable d’Ecriture. En effet, il n’est pas toujours certain qu’un auteur citant un livre comme Ecriture le considère comme canonique, puisque comme mentionné plus haut il arrive même à des Pères ayant explicitement déclaré non canoniques les deutérocanoniques de les citer à l’occasion comme Ecriture.

Tobie1 et 2 MacchabéesJudithEcclésiastiqueSagesseBaruch
Avis favorables à la canonicité323836414242
Avis défavorables353230323212
Avis incertains252226191838
Total92 92 92 92 92 92
Proportion d’avis favorables 48% 54% 55% 56% 57% 78%
Recension de l’avis des Pères, des Conciles et des auteurs médiévaux sur la canonicité des livres deutérocanoniques.

Liste des auteurs pris en considération

Ci-dessous la liste des Pères pris en considération classée par ordre chronologique, davantage de détails sont fournis individuellement plus bas dans l’article. Le code couleur est le même que précédemment : par exemple un Père en rouge sera par défaut défavorable à l’ensemble des deutérocanoniques ; s’il y a lieu les exceptions sont signalés entre parenthèses. Un Père en jaune signifie que son avis n’est pas connu avec certitude quant à la majorité des deutérocanoniques, mais qu’il s’est prononcé dans un ou plusieurs cas particuliers indiqué(s) alors entre parenthèses.

  1. Saint Méliton de Sardes ; Asie mineure, fin du IIème siècle (exceptions : favorable à la canonicité de la Sagesse, exclut également le livre protocanonique d’Esther ; avis inconnu concernant Baruch : ce livre était souvent en appendice au livre de Jérémie, c’est pourquoi beaucoup de Pères, même parmi ceux généralement défavorables aux deutérocanoniques, l’admettaient à ce titre).
  2. Saint Irénée de Lyon ; France, fin du IIème siècle (favorable à Baruch).
  3. Le canon de Muratori ; localisation incertaine, peut-être Rome, fin du IIème siècle (favorable à la Sagesse, avis par ailleurs inconnu sur les autres livres de l’Ancien Testament).
  4. Clément d’Alexandrie ; Egypte, fin du IIème/début du IIIème siècle (favorable à Baruch).
  5. Tertullien ; Afrique du Nord, fin du IIème/début du IIIème siècle (favorable à Baruch, Sagesse).
  6. Saint Hippolyte de Rome ; Italie, milieu du IIIème siècle (Sagesse).
  7. Origène d’Alexandrie ; Alexandrie, milieu du IIIème siècle (cf. paragraphe consacré).
  8. Saint Cyprien de Carthage ; Afrique du Nord, milieu du IIIème siècle (Sagesse, Baruch).
  9. Saint Denys d’Alexandrie ; Egypte, milieu du IIIème siècle (Ecclésiastique).
  10. Eusèbe de Césarée ; Palestine, milieu du IVème siècle (Ecclésiastique).
  11. Laodicée 364 (Baruch).
  12. Saint Hilaire de Poitiers ; France, milieu IVème siècle (exception : favorable à Baruch ; avis incertain concernant Tobie, Judith).
  13. Saint Lucifer de Cagliari ; Italie, milieu du IVème siècle (Sagesse).
  14. Constitutions apostoliques ; Syrie, IVème siècle (Tobie ; Sagesse, Ecclésiastique, Baruch ; donne aussi pour canonique l’apocryphe III Macchabées).
  15. Saint Athanase d’Alexandrie ; Egypte, milieu du IVème siècle (Baruch).
  16. Saint Cyrille de Jérusalem ; Palestine, milieu/fin du IVème siècle (Baruch).
  17. Saint Grégoire de Nazianze ; Asie mineure, fin du IVème siècle (avis incertain concernant Baruch ; Grégoire omet en outre le protocanonique Esther).
  18. Saint Ambroise de Milan ; Italie, fin du IVème siècle (Tobie, Sagesse).
  19. Rome 382.
  20. Hippone 393.
  21. Saint Amphiloque d’Iconium ; Asie mineure, fin du IVème siècle (signale que Esther est contesté ; Baruch).
  22. Saint Epiphane de Salamaine ; Grèce, fin du IVème siècle (pas clair concernant Baruch, Sagesse, Ecclésiastique).
  23. Saint Jean Chrysostome ; Asie mineure, fin du IVème siècle (Ecclésiastique).
  24. Carthage 397.
  25. Saint Jérôme de Stridon ; Palestine, fin du IVème/début du Vème siècle.
  26. Rufin d’Aquilée ; Italie, fin du IVème/début du Vème siècle.
  27. Saint Innocent Ier ; Italie, début du Vème siècle.
  28. Concile général d’Afrique (= Carthage 419).
  29. Saint Augustin d’Hiponne ; Afrique du Nord, début du Vème siècle.
  30. Léonce de Byzance ; Asie mineure, début/milieu du VIème siècle (Baruch).
  31. Codex canonum Ecclesiae et constitutorum sanctae sedis apostoli ; Gaule, VIème siècle.
  32. Denys le petit ; Italie, milieu du VIème siècle.
  33. Junillius l’africain ; Afrique du Nord, milieu du VIème siècle (Ecclésiastique, place Chroniques, Job, Esdras, Esther, Baruch parmi les livres contestés, le Cantique des Cantiques parmi les livres refusés par la majorité).
  34. Primase d’Hadrumète ; Afrique du Nord, milieu du VIème siècle (compte 22 livres dans son commentaire sur l’Apocalypse, ce qui correspond au canon restreint ; Baruch).
  35. Saint Grégoire le Grand ; Rome, fin du VIème siècle.
  36. Saint Isidore de Séville ; Espagne, début du VIIème siècle.
  37. Saint Eugène III de Tolède ; Espagne, milieu du VIIème siècle.
  38. Saint Idelfonse de Tolède ; Espagne, milieu du VIIème siècle.
  39. Saint Bède le Vénérable ; Angleterre, début du VIIIème siècle (Baruch).
  40. Saint Jean Damascène ; Syrie, milieu du VIIIème siècle (Baruch ; Constitutions apostoliques incluses dans le canon du Nouveau Testament ce qui canonise indirectement I, II, III Macchabées et Judith).
  41. Ambroise Autpert ; Italie, milieu/fin du VIIIème siècle (Baruch).
  42. Alcuin ; France, fin du VIIIème siècle (Baruch).
  43. Saint Théodulfe d’Orléans ; France, début du IXème siècle.
  44. Saint Agobard de Lyon ; France, début/milieu du IXème siècle (Baruch).
  45. Raban Maur ; Allemagne, milieu du IXème siècle.
  46. Photius de Constantinople ; Asie mineure, milieu/fin du IXème siècle (III Machabées).
  47. Saint Burchard de Worms ; Allemagne, début du XIème siècle.
  48. Saint Pierre Damien ; Italie, milieu du XIème siècle (Sagesse).
  49. Bienheureux Lanfranc de Cantorbéry ; Angleterre, milieu/fin du XIème siècle (Sagesse).
  50. Bienheureux Urbain II ; Italie, fin du XIème siècle (Macchabées).
  51. Saint Anselme de Cantorbéry ; Angleterre, fin du XIème/début du XIIème siècle (Ecclésiastique).
  52. Saint Yves de Chartres ; France, fin du XIème/début du XIIème siècle.
  53. La Glose ordinaire ; France, début du XIIème siècle.
  54. Pierre de Honestis ; Allemagne, début du XIIème siècle (Ecclésiastique).
  55. Saint Bruno d’Asti ; Italie, début du XIIème siècle.
  56. Rupert de Deutz ; Allemagne, début du XIIème siècle (Macchabées ; Baruch).
  57. Cardinal Geoffroy de Vendôme ; France, début/milieu du XIIème siècle (Ecclésiastique).
  58. Hugues de Saint-Victor ; France, milieu du XIIème siècle.
  59. Pierre Abélard ; France, milieu du XIIème siècle (Sagesse).
  60. Pseudo-Yves de Chartres auteur de la Décrétale ; France, début/milieu du XIIème siècle (omet Ecclésiastique, Sagesse ; Baruch).
  61. Innocent II ; Italie, milieu du XIIème siècle (Ecclésiastique).
  62. Pierre le Vénérable ; France, milieu du XIIème siècle (cf. paragraphe consacré).
  63. Honoré d’Autun ; France, milieu du XIIème siècle.
  64. Raoul de Flaix (ou Rodolphe de Flavigny) ; France, milieu du XIIème siècle (Ecclésiastique ; Sagesse).
  65. Jean Zonaras ; Asie mineure, milieu du XIIème siècle (I, II et III Macchabées, Ecclésiastique).
  66. Alexis Aristène ; Asie mineure, milieu du XIIème siècle (I, II et III Macchabées, Ecclésiastique, Sagesse).
  67. Pierre le mangeur ; France, milieu du XIIème siècle (rejette Tobie ; admet Judith comme hagiographe ; le reste n’est pas clair).
  68. Jean de Salisbury ; France, milieu du XIIème siècle (Baruch).
  69. Pierre de Celle ; France, milieu du XIIème siècle (Judith ; Esdras ; Baruch).
  70. Philippe de Harveng ; Belgique, milieu du XIIème siècle (Baruch).
  71. Jean Beleth ; France, milieu/fin du XIIème siècle (Judith ; Baruch).
  72. Jean le chartreux ; France, fin du XIIème siècle (Sagesse).
  73. Théodore Balsamon ; Asie mineure, fin du XIIème siècle (pas clair ; accepte Baruch).
  74. Raoul ardent ; France, fin du XIIème siècle (Sagesse).
  75. Pierre de Riga ; France, fin du XIIème/début du XIIIème siècle (canonise en outre Philon d’Alexandrie).
  76. Gilles de Paris ; France, début du XIIIème siècle.
  77. Pierre de Blois ; France, fin du XIIème siècle.
  78. Cardinal Hugues de Saint-Cher ; Italie, milieu du XIIIème siècle.
  79. Vicent de Beauvais ; France, milieu du XIIIème siècle.
  80. Saint Thomas d’Aquin ; France, milieu du XIIIème siècle.
  81. Saint Bonaventure de Bagnoregio ; Italie, milieu du XIIIème siècle.
  82. Saint Albert le grand ; France, milieu du XIIIème siècle (Baruch).
  83. Pseudo-Bonaventure auteur du Centiloquium (proablement Bernard de Besse) ; France, fin du XIIIème siècle (il admet également l’apocryphe 3 Esdras parmi les livres canoniques).
  84. Guillaume d’Ockham ; Angleterre/Allemagne, milieu du XIVème siècle.
  85. Robert Holkot ; Angleterre, milieu du XIVème siècle.
  86. Nicolas de Lyre ; France, milieu du XIVème siècle (Baruch).
  87. André de Sainte-Croix ; France, milieu du XVème siècle (Macchabées).
  88. Florence 1441 ; 17ème Concile oecuménique.
  89. Saint Antonin de Florence ; Italie, milieu du XVème siècle (Baruch).
  90. Alonso Tostat ; Espagne, milieu du XVème siècle.
  91. Bienheureux Denys le chartreux ; Pays-Bas, milieu du XVème siècle.
  92. Cardinal Cajétan ; Italie, début/milieu du XVIème siècle.

Détail individuel des Pères

Suivent ci-après de brèves notices sur chaque Père recensé dans la liste.

De 1. Saint Méliton à 35. Saint Grégoire le Grand :

On se référera au très bon article du site philosophie du christiannisme :
Partie 1 : https://philosophieduchristianisme.wordpress.com/2016/11/26/les-livres-deuterocanoniques-dans-lhistoire-de-leglise/
Partie 2 : https://philosophieduchristianisme.wordpress.com/2018/05/02/les-livres-deuterocanoniques-dans-lhistoire-de-leglise-2/

7. Origène

Beaucoup d’auteurs placent traditionnellement Origène parmi les Pères défavorables aux deutérocanoniques du fait qu’il ne fournisse que le canon hébraïque. Néanmoins une vue d’ensemble de ses travaux montre qu’Origène faisait simplement la distinction entre le canon hébraïque, sûr et admis de tous, et les livres inspirés, ensemble plus large qui comprenait les deutérocanoniques. Cf. J. P. Van kasteren, s.j., L’Ancien Testament d’Origène ; in Revue Biblique, Vol. 10, No. 3 (Juillet 1901), p. 413-423 https://www.jstor.org/stable/44100582?read-now

13. Lucifer de Cagliari

Saint Lucifer de Cagliari implique clairement l’inspiration du livre de la Sagesse lorsqu’il écrit : « les forfaits desquels décrit l’Esprit-Saint par la bouche de Salomon disant : [Sagesse II, 22]. »

Saint Lucifer de Cagliari, Pro Athanasio, I ; Patrologie Latine 13, colonne 860.

Colonnes 861 et 862, il introduit à nouveau des citations du livre de la Sagesse par : « loquitur ore prophetae Spiritus Sanctus » (Le Saint-Esprit parlant par la bouche du prophète) et « Spiritus Sanctus dicit » (Le Saint-Esprit dit).

25. Jérôme de Stridon

Docteur de l’Eglise. Outre ce qu’en dit l’article cité plus haut, mentionnons qu’il établit clairement comme critère de canonicité l’usage de l’Eglise. Au sujet de l’auteur de l’épître aux Hébreux, il indique qu’il importe peu « de quelle plume elle émane, dès qu’elle a vu le jour au sein de l’Eglise et qu’elle est consacrée par l’usage constant des communautés chrétiennes. » (Lettres, CXXIX ; PL XXII, col. 1113)

29. Augustin d’Hiponne

Docteur de l’Eglise. Il emploie le second livre des Macchabées pour soutenir la légitimité de la prière pour les défunts :
« Nous lisons dans les livres des Macchabées que l’on a offert un sacrifice pour les morts ; quand bien même nous ne trouverions aucune garantie (auctoritas, que l’on pourrait aussi tranlitterer moins élégamment par « autorité ») dans les anciennes Ecritures, celle de l’Eglise universelle, qui a coutume de faire mémoire des morts dans les prières que le prêtre offre à l’autel, suffit bien. »
Saint Augustin, Du soin que l’on doit prendre des morts.

Saint Augustin, Du soin que l’on doit apporter aux morts, c. II ; PL 40, col. 593.

Dans son Miroir de l’Ecriture Sainte, où il rassemble des extraits des livres de l’Ecriture, il explique : « J’ai voulu, avec l’aide de Dieu, recueillir tous ces passages des livres canoniques, et les réunir comme dans un miroir, ou ils puissent facilement être considérés. » (préface)
Puis, avant de citer les livres de la Sagesse, de l’Ecclésiastique et de Tobie :
« Jusqu’alors nos citations ont été tirées des livres que les Juifs regardent comme canoniques, et nous en avons recueilli tout ce qui a paru convenir à notre but. Toutefois nous ne devons pas passer sous silence ces autres livres certainement écrits avant la venue du Sauveur : ceux-ci ne sont pas reçus par les Juifs cependant l’Eglise du même Sauveur les reçoit. Parmi ces livres il en est deux que beaucoup ont attribués à Salomon, probablement à cause d’une certaine ressemblance dans la diction et le style ; pour les savants il est indubitable que ces écrits ne sont point de Salomon. Quant au premier, celui de la Sagesse, on ne peut dire quel en est le véritable auteur. Pour l’autre, appelé l’Ecclésiastique, il suffit de le lire tout entier pour être convaincu qu’il a été composé par Jésus surnommé Sirach.

Saint Augustin, Speculum Scriptura Sacra, XXI ; PG 34, col. 946-947.

De même dans la Cité de Dieu, il affirme que l’Eglise reçoit les deutérocanoniques dans son canon :
« Depuis le temps que le temple fut rétabli jusqu’à Aristobule, les Juifs ne furent plus gouvernés par des rois, mais par des princes. La supputation de ces temps ne se trouve pas dans les Ecritures Saintes qui sont appellées canoniques, mais elle se rencontre dans d’autres parmi lesquels se trouvent les livres des Machabées, que l’Eglise tient pour canoniques (Ecclesia pro canonicis habet) mais non pas les Juifs. »

Saint Augustin, La Cité de Dieu, XVIII, c. XXXVI ; PL 41, col. 596.

Dans le même ouvrage, il explique au sujet des livres de Salomon qu’ils sont tous les cinq reçus par l’Eglise, mais que le canon juif ne comprend que les trois livres des Proverbes, de l’Ecclésiaste et du Cantique : « Ce prince est aussi reconnu comme prophète dans ses trois livres, que l’Eglise investit de l’autorité canonique : les Proverbes, l’Ecclésiaste et le Cantique des Cantiques. Quant aux deux autres, la Sagesse et l’Ecclésiastique, l’usage, sur certaines ressemblances de style, les a fait attribuer à Salomon ; mais les savants demeurent toutefois d’accord qu’ils ne sont pas de lui. L’Eglise toutefois, surtout celle d’Occident, les a dès longtemps autorisés. Dans l’un d’eux, intitulé la Sagesse de Salomon, la passion du Christ est très clairement annoncée ; les bourreaux dans la rage de leur impiété y parlent ainsi : [Sagesse 2 : 10-21]. Et dans l’Ecclésiastique, la foi future des Gentils est prédite en ces termes : [Siracide 36 : 1-5]. Ces prophéties, sous forme de souhait et de prière, nous les croyons accomplies par Jésus-Christ ; mais n’étant pas comprises dans le canon des juifs, elles ont moins de force contre l’obstination des incrédules. »

Saint Augustin, La Cité de Dieu, l. XVII, c. XX ; PL 41, col. 554-555.

Il se montre nettement en faveur de l’inspiration du livre de la Sagesse dans son De la prédestination des saints :
« Pourtant le glorieux martyr saint Cyprien montre de la manière la plus éloquente que le danger nous poursuit sans cesse en cette vie et disparaît entièrement à la mort. Il cite à l’appui ce passage du livre de la Sagesse : « Il a été enlevé de crainte que la méchanceté ne changeât son intelligence ». J’avais invoqué moi-même ce témoignage, mais vous n’apprenez que ces frères le repoussent en disant qu’il n’est point tiré d’un livre canonique. […] En présence de ces vérités, devait-on répudier la maxime du livre de la Sagesse, livre dont les pages sont lues dans l’Eglise de Jésus-Christ depuis la plus haute antiquité, et qui a toujours été vénéré, comme inspiré de Dieu même, par tous les chrétiens, depuis les évêques jusqu’aux simples fidèles, en comprenant dans ce nombre les pénitents et les catéchumènes ? Tous nos anciens commentateurs des saintes Ecritures nous fourniraient en abondance les preuves les plus explicites en faveur de cette doctrine que nous ne cessons d’opposer à l’erreur des Pélagiens […] Disons toutefois que ceux qui veulent s’approprier les opinions et les maximes des commentateurs doivent préférer à tous ces auteurs ce livre même de la Sagesse où nous lisons : « Il a été ravi par la mort, de crainte que la malice ne changeât son intelligence ». N’est-ce pas d’ailleurs ce qu’ont fait dès les temps apostoliques ces illustres docteurs qui, en citant ce livre, le regardaient comme un oracle divin ? »
Saint Augustin, De la Prédestination des saints, XIV.

Il donne également un canon complet de l’Ancien Testament :
« Le canon entier des Ecritures, auquel se rapportent les considérations que nous venons d’exposer, se compose des livres suivants : les cinq livres de Moïse : la Genèse, l’Exode, le Lévitique, les Nombres et le Deutéronome ; le livre de Josué, le livre des Juges, le petit livre de Ruth, qui semble plutôt faire partie du commencement de l’histoire des Rois, et les deux livres des Paralipomènes, qui sont, non une suite des précédents, mais comme des suppléments qui en suivent l’ordre et la marche. Tels sont les Livres historiques, où les époques s’enchaînent les unes aux autres, et où se déroule la suite naturelle des événements. Il en est d’autres dont les faits n’ont aucun lien qui les rattache à cet ordre naturel ni entre eux. Ce sont les livres de Job, de Tobie, d’Esther, de Judith, les deux livres des Macchabées, et les deux livres d’Esdras, qui semblent plutôt continuer l’histoire suivie des livres des Rois ou des Paralipomènes. Viennent ensuite parmi les prophètes, le livre des psaumes de David, les trois livres de Salomon : les Proverbes, le Cantique des Cantiques et l’Ecclésiaste. Une certaine ressemblance de forme et de style a fait attribuer à Salomon les deux livres de la Sagesse et de l’Ecclésiastique, mais une tradition constante leur donne pour auteur Jésus Sirach ; toutefois l’autorité qu’on leur a reconnue dans l’Eglise doit les faire ranger au nombre des livres prophétiques. Les autres livres sont ceux des prophètes proprement dits ; les livres des douze prophètes qu’on n’a jamais séparés ne forment ensemble qu’un seul livre. Ces prophètes sont Osée, Joël, Amos, Abdias, Jonas, Michée, Nahum, Habacuc, Sophonie, Aggée, Zacharie, Malachie. Ensuite les quatre livres des quatre grands prophètes, Isaïe, Jérémie, Daniel et Ezéchiel. Tels sont les quarante-quatre livres qui font autorité dans l’Ancien Testament. »
Saint Augustin, De doctrina christiana, l. II, c. 8, 13.


Certains protestants objectent qu’il déclare ailleurs :
« Les Juifs ne considèrent pas l’histoire des Maccabées comme la Loi, les Prophètes et les Psaumes, auxquels le Seigneur rend témoignage comme à ses témoins, disant qu’il fallait que tout ce qui y a été écrit de lui s’accomplisse. Toutefois, l’Église l’a reçu, non sans utilité, à condition qu’on le lise avec prudence. »
Contre Gaudentius, I, XXXVIII.

Néanmoins cette objection tombe à l’eau lorsqu’on lit plus loin pour quelle raison il demande à ce que l’on soit prudent à la lecture de ce livre : non parce qu’il contiendrait des choses fausses mais parce que les Macchabées illustrent en quelque sorte une guerre sainte et que ce comportement n’est plus forcémment adapté dans le cadre de la Nouvelle Alliance. Comme dirait le Concile Vatican II, l’Ancien Testament contient de l’« imparfait et du caduc » (Dei Verbum). Les dangers dont il parle et la prudence qu’il demande s’appliquent d’ailleurs dans son esprit à la lecture de tout livre des divines Ecritures, deutérocanonique ou pas :
« Quand donc nous voyons l’Écriture faire l’éloge de certains hommes, nous ne devons pas tout d’abord y donner une approbation aveugle, mais user de discernement et nous en rapporter, non pas à notre propre jugement, mais à l’autorité des divines Écritures. En effet, de ce que tel homme soit loué, nous ne devons pas toujours en conclure que nous pouvons tout imiter ou tout louer en lui, car il peut se faire que telle de ses actions ne soit pas bonne ou qu’elle ne convienne plus au temps présent. Quant aux actions qui pouvaient être bonnes, mais qui ont cessé de l’être à raison des circonstances, il est inutile de nous y arrêter davantage, car il ne s’agit entre nous que du suicide, et même du suicide commis par un homme à qui l’on permet, ou plutôt à qui on commande de conserver son existence ; or, le suicide a toujours été rangé parmi les actions qui ne peuvent et n’ont jamais pu être regardées comme bonnes ; nous l’avons suffisamment démontré. »
Ibid.

Il est donc bien établi que saint Augustin reconnaître l’inspiration des deutérocanoniques. Ceci étant posé, il devient d’autant plus intéressant de remarquer qu’il rapporte que le qualificatif de « canonique » semblait n’être employé à son époque que pour désigner les livres du canon juif.
« Depuis cette époque où le Temple est relevé, les juifs n’ont plus de roi, mais des princes jusqu’à Aristobule. Le calcul de ces temps ne se trouve pas dans les Ecritures dites canoniques, mais ailleurs, comme dans les livres des Macchabées, que les juifs ne comprennent pas dans leur canon. L’Eglise au contraire, s’en empare, glorifiant les cruelles et héroïques souffances de certains martyrs qui, avant l’avènement du Christ dans la chair, ont, pour la loi de Dieu, combattu jusqu’à la mort et enduré des tortures inouïes. »
Saint Agustin, La Cité de Dieu, l. XVIII, c. XXXVI.

30. Léonce de Byzance

Léonce de Byzance reproduit le canon restreint de saint Athanase.

Léonce de Byzance, De sectis, pars II, IV ; Patrologie Grecque 86a, col. 1204.

31. Codex canonum Ecclesiae et constitutorum sanctae sedis apostoli

Composé en Gaule au VIème siècle, canon des Ecritures au complet.

Codex canonum Ecclesiae et constitutorum sanctae sedis apostoli, XXXVI ; PL 56, col. 428.

32. Denys le petit

Denys reproduit le canon 85 des constitutions apostoliques en le corrigeant, il comprend donc les deutérocanoniques.

Denys le Petit, Codex canonum Ecclesiarum, canon 24 ; PL 67, col. 191.

34. Primase d’Hadrumète.

Ami de Junilius l’africain, il mentionne un canon scripturaire de 24 livres dans son commentaire de l’Apocalypse ce qui correspond généralement au canon protestant.

Primase d’Hadrumète, In Apocalypsim, I ; PL 68, col. 818.

36. Isidore de Séville

Docteur de l’Eglise, il énumère la canon hébraïque puis ajoute : « D’après nous (i.e. l’Eglise) il y a une quatrième catégorie de livres de l’Ancien Testament qui ne se trouvent pas dans le canon hébraïque. Desquels le livre de la Sagesse est le premier, le deuxième l’Ecclésiastique, troisièmement Tobie, quatrièmement Judith, cinquièmement et sixièmement ceux des Machabées. Ceux-ci, que les Juifs placent parmi les apocryphes, l’Eglise du Christ les honore et les prêche parmi les livres divins. »

Saint Isidore de Séville, Etymologies, VI, 9 ; PL 82, col. 229-230.

Il confirme ce jugement dans ses prologues aux livres de l’Ancien et du Nouveau Testament :

Saint Isidore de Séville, Proemia, Prologus ; PL 83, col. 157-158.

37. Eugène III de Tolède

Contemporain de saint Isidore, il est également de son avis : « La règle de la foi nous commande de connaître les livres que contient notre présente Bible. »

Saint Eugène III de Tolède, Opuscule, 59 ; PL 87, col. 394.

38. Idelfonse de Tolède

Successeur d’Eugène III sur le Siège de Tolède : « Quarante-quatre livres de l’Ancien Testament. »

Saint Idelfonse de Tolède, Annotationes de cognitione baptismi, LXXVIII ; PL 96, col. 140.

39. Bède le Vénérable

Docteur de l’Eglise. Il dénombre 24 livres de l’Ancien Testament dans son commentaire sur l’Apocalypse de Jean.

Saint Bède le Vénérable, Explication de l’Apocalypse, c. IV ; PL 93, col. 144.

40. Jean Damascène

Docteur de l’Eglise. Se référer à l’article de philosophie du christianisme.

41. Ambroise Autpert

Compte 24 livres dans son commentaire sur l’Apocalypse.

Ambroise Autpert, In Apocalypsin, c IV, 4 ; PL 17, col. 795.

42. Alcuin

Alcuin a le canon au complet.

Alcuin, Carmen, VI ; PL 101, col. 731 sq.

43. Théodulfe d’Orléans

Théodulfe a un canon complet dans ses poèmes.

Saint Théodulf d’Orléans, Carmina, II ; PL 105, col. 305-306.

44. Agobard de Lyon

Saint Agobard compte 24 livres seulement.

Saint Agobard, De privilegio et jure sacerdotii, VI ; PL 104, col. 133.

45. Raban Maur

Elève d’Alcuin, il énumère 45 livres de l’Ancien Testament, puis, en venant à expliquer leurs auteurs, affirme que le livre de la Sagesse était à l’origine dans la canon hébraïque, mais qu’ils l’en ont retiré par la suite et en ont interdit la lecture en raison de la prophétie sur la Passion du Christ trop explicite qu’elle contient :

Raban Maur, De clericorum institutione, LIII ; PL 107, col. 365.
Raban Maur, De clericorum institutione, LIV ; PL 107, col. 367.

Enfin achevant le chapitre : « Ce sont là les écrivains des livres sacrés, parlant sous l’inspiration divine, dispensés dans l’Eglise pour notre instruction sur les préceptes célestes. Il faut croire, en effet, que l’auteur de ces mêmes Ecritures est le Saint-Esprit. Car c’est lui-même qui a écrit, lui qui prescrit à ses prophètes d’écrire. »

Raban Maur, De clericorum institutione, LIV ; PL 107, col. 367.

Ibid. colonne 384, Raban Maur reproduit le commentaire de saint Isidore de Séville favorable aux deutérocanoniques : « Quartus est apud nos etc. »

46. Photius

Patriarche de Constantinople. Photius reproduit le canon du Concile de Carthage dans son Syntagma. Cf. Martin Jugié, Le canon de l’Ancien Testament dans l’Église byzantine, in : Revue des études byzantines (1907), n°64, p. 133 : https://www.persee.fr/doc/rebyz_1146-9447_1907_num_10_64_3668

Photius de Constantinople, Syntagma ; PL 104, col. 589.

47. Burchard de Worms

Saint Burchard est l’auteur d’un important code de droit canon. Concernant les livres de l’Ancien Testament, il donne le canon catholique.

Saint Burchard de Worms, Decretales, III, c 217-218 ; PL 140, col. 715-716.

48. Pierre Damien

Docteur de l’Eglise, il cite le livre de la Sagesse comme sentence de l’Esprit-Saint, ce qui implique évidemment son inspiration : « Mais Salomon dit : « issue de rejetons bâtards, elle ne poussera pas de racines profondes » (Sagesse 4 : 3). Elles sont loin, en effet, les inventions des hommes, des sentences révélées par l’Esprit-Saint (sententiis quae prolatae sunt per Spiritum sanctum), et ils ne craignent pas de répugner aux sacrés canons, promulgués, sans doute, sous l’action du même Esprit. De là Jean dans l’Apocalypse etc. »

Saint Pierre Damien, Contra intemperantes clericos, III ; PL 145, col. 402.

49. Lanfranc de Cantorbéry

De même, l’évêque de Cantorbéry fait de l’auteur de la Sagesse un homme inspiré : « Un homme plein du Saint-Esprit a dit : La bouche qui ment tue l’âme. (Sagesse 1 : 2) »

Lanfranc, Liber de corpore et sanguine Domini, c. VIII ; PL 150, col. 419.

50. Urbain II

Pape. Dans son fameux appel à la croisade au Concile de Clermont, il fait appel à l’autorité des livres des Macchabées : « Nous parlons donc à présent en vertu de l’autorité prophétique : […] Equipez-vous, dis-je, armez-vous, et soyez des braves, car il vaut mieux pour nous mourir à la guerre que voir les malheurs de notre nation et de nos lieux saints. (I Macchabées III) »

Bienheureux Urbain II, appel à la croisade au Concile de Clermont ; PL 151, col. 568.

51. Anselme

Docteur de l’Eglise. On ne connaît pas son opinion en règle générale sur les deutérocanoniques mais il déclare notamment dans une homélie sur le livre de l’Ecclésiastique : « La Sagesse donc, qui est le Christ, c’est-à-dire la Sagesse incarnée de Dieu, dit : Je cherche le repos en tous (Ecclésiastique 24 : 11). »

Saint Anselme de Cantorbéry, Homélies, I ; PL 158, col. 585.

Dans une lettre au roi d’Angleterre, insistant sur l’origine divine de sa citation, il prend la Sagesse pour écrit autoritatif et prophétique : « C’est la Sainte Ecriture, en effet, et non pas moi, qui dit : Les puissants seront puissamment tourmentés (Vulgate Sagesse 6 : 7). Que Dieu détourne cela de vous ! »

Saint Anselme de Cantorbéry, Lettres, livre III, 95 au roi Henri d’Angleterre ; PL 159, col. 134.

52. Yves de Chartres

Canoniste français. Un certain nombre d’oeuvres lui ont été attribuées à tort, mais le Panormia est très certainement authentique. Il y donne le canon catholiques des livres.

Saint Yves de Chartres, Panormia, II, c. 89 ; PL 160, col. 1101-1102.

53. La Glose

La Glose ordinaire reproduit les prologues de saint Jérôme où il relègue les deutérocanoniques au rang d’apocryphes.

54. Pierre de Honestis

Auteur ne fournissant pas de canon des Ecritures complet. Tout du moins il attribue l’Ecclésiastique au Prophète.

Pierre de Honestis, Regula clericorum, I, c. 2 ; PL 163, col. 709.

55. Bruno d’Asti

Aussi connu comme Bruno de Segni, abbé du Mont-Cassin. Il dénombre 42 livres de l’Ancien Testament.

Saint Bruno d’Asti, In Exodum ; PL 164, col. 322.

Un peu plus loin, il confirme que les livres des Macchabées sont dans le canon à bon droit.

Saint Bruno d’Asti, In Exodum ; PL 164, col. 324.

56. Rupert de Deutz

Rupert de Deutz semble avoir un canon assez étrange. D’un côté il refuse la canonicité de la Sagesse ; de Tobie et de Judith, mais de l’autre il reçoit les deux livres des Macchabées qu’il précise être « divinement inspirés ».

Rupert de Deutz, In Genesim, III, c. 31 ; PL 167, col. 318.

« Ces deux volumes (Tobie et Judith) ne sont pas dans le canon d’après les Hébreux, mais, sous l’autorité du synode de Nicée, ils servent à l’instruction de la sainte Eglise. »

Rupert de Deutz, De divinis officiis, XII, c. 25 ; PL 170, col. 332.
Rupert de Deutz, De victoria Verbi Dei, X, c. 8 ; PL 169, col. 1428.

57. Geoffroy de Vendôme

Cardinal de l’Eglise romaine. La citation parle d’elle-même :
« Et Salomon, confirmé dans l’Esprit-Saint (in Spiritu Sancto constitutus) enseigne ce que doit être le pouvoir et l’autorité du prêtre lorsqu’il dit : « Crains Dieu de toute ton âme et honore le prêtre » (Ecclésiastique 7 : 32) et de nouveau : « Honore Dieu de toute ton âme et révère ses prêtres » (Ecclésiastique 7 : 30). »

Cardinal Geoffroy de Vendôme, Lettres, XXII ; PL 157, col. 464.

58. Hugues de Saint-Victor

Hugues de Saint-Victor, théologien remarquable, s’en tient rigoureusement à l’opinion de saint Jérôme : « De même donc que l’Eglise lit les livres de Judith, de Tobie et des Macchabées, mais elle ne les reçoit pas parmi les Ecritures canoniques ; ainsi elle fait lire ces deux volumes (Sagesse et Ecclésiastique) pour l’édification du peuple, mais non pour confirmer les dogmes ecclésiaux. »

Hugues de Saint-Victor, Eruditionis Didascalicae, IV, c. VIII ; PL 176, col. 784.

59. Pierre Abélard

Un des Pères de la scolastique. On ne connaît pas son opinion générale sur les deutérocanoniques, mais il tient au moins le livre de la Sagesse pour prophétique.

Pierre Abélard, Epitome, c. X ; PL 178, col. 1711-1712.

60. Pseudo-Yves de Chartres

L’auteur du Decretum (dont s’inspirera Gratien) se réfère au Concile de Rome pour la question du canon, il donne donc lui aussi les deutérocanoniques.

Décretum, pars IV, c. 61 ; PL 160, col. 276.

61. Innocent II

Pape. Il cite l’Ecclésiastique comme écrit prophétique.

Innocent II, Lettres, XLII ; PL 199, col. 92.

62. Pierre le Vénérable

Pierre le Vénérable reçoit pleinement l’autorité des Macchabées et l’utilise pour l’intercession des saints :
« De même que cela montre que les bonnes œuvres des vivants peuvent être utiles aux morts, de même cela démontre que les bonnes œuvres des morts peuvent profiter aux vivants. Le second livre des Macchabées sus-cité rapporte, que le belliqueux mais fidèle à Dieu Judas Macchabée, tandis qu’il combattait le chef païen Nicanor, exhorta ses compagnons au combat par un divin discours, et entre autres choses il ralluma l’espoir de la victoire chez beaucoup par le récit d’un rêve qu’il avait eu le jour précédent la bataille. « Voici, dit l’Ecriture, le spectacle qui lui avait été offert : l’ex-grand prêtre Onias, cet homme de bien, d’un abord modeste et de mœurs douces, distingué dans son langage et adonné dès l’enfance à toutes les pratiques de la vertu, Onias étendait les mains et priait pour toute la communauté des Juifs. Ensuite avait apparu à Judas, de la même manière, un homme remarquable par ses cheveux blancs et par sa dignité, revêtu d’une prodigieuse et souveraine majesté. Prenant la parole, Onias disait : « Celui-ci est l’ami de ses frères, qui prie beaucoup pour le peuple et pour la ville sainte tout entière, Jérémie, le prophète de Dieu. » Puis Jérémie, avançant la main droite, donnait à Judas une épée d’or et prononçait ces paroles en la lui remettant « Prends ce glaive saint, il est un don de Dieu, avec lui tu briseras les ennemis. » (II Macchabées XV). Quel exemple pourrait plus clairement montrer que les bonnes œuvres des morts sont utiles aux vivants ? Ne te semble-t-il pas, ô lecteur, que cette vision a été octroyée à Judas Macchabée, cet homme bon, afin que par la coutume établie du temps des Juifs soit enseignés les temps chrétiens ? Voici que prie le juste, et déjà pour la justice de Jérémie le prêtre Onias est tué ; voici que prie le saint et le prophète Jérémie est lapidé pour la vérité en Egypte. Assurément ces justes déjà trépassés prient pour les Juifs vivant jusqu’à présent, et nous ne devrions pas croire que les prières des saints morts puissent servir aux vivants ? Il nous faut donc, ou bien céder au témoignage du livre devant être cru de foi divine (libro qui divinus esse creditur) et recevoir celles-ci (les bonnes oeuvres des morts) en vertu de celui-là ; ou bien, si l’on invoque l’autorité de l’Eglise pour rejeter celui-là, que l’on rejette celles-ci avec lui. Mais si l’autorité de l’Eglise défère de recevoir celui-là, alors il serait nécessaire aux fidèles de le recevoir. Ce qu’étant admis, serait alors admis ce qui a été vu dans la vision susmentionnée. »

Pierre le Vénérable, Tractatus contra petrobrusianos ; PL 189, col. 842.

Cela dit, il admettait du moins une différence de dignité ou d’honneur entre les protocanoniques et les deutérocanoniques : « Les deutérocanoniques n’ont pas la sublime dignité des authentiques, mais ils ont mérité d’être reçus par l’Eglise pour leur doctrine louable et nécessaire. »

Pierre le Vénérable, Tractatus contra Petrobrusianos ; PL 189, col. 751.

63. Honoré d’Autun

Honoré d’Autun écrit : « Suivent les livres authentiques et qui sont doivent être lus aux offices divins » parmi lesquels il donne les deutérocanoniques.

Honoré d’Autun, Genimia animae, IV, 118 ; PL 172, col. 756-758.

64. Raoul de Flaix

Parfois nommé Rodolphe de Flavigny. « En effet Tobie, Judith et les livres des Macchabées sont lus pour l’instruction de l’Eglise. »

Raoul de Flaix, In Leviticum, XIV, 1.

Plus loin, il inclue en revanche le livre de l’Ecclésiastique (et peut-être la Sagesse) parmi les livres reçus de Salomon.

Raoul de Flaix, In Leviticum, XIV, 1.

65. Jean Zonaras

Canoniste byzantin, il reproduit les canons des Apôtres, de Laodicée et de Carthage conformément aux décisions du second canon du Concile In Trullo. Etant donné que ces trois Conciles se contredisent sur la question de canon, il n’est pas impossible de savoir avec certitude auquel s’en tenait Zonaras. Il indique en effet :
« On trouve chez les Pères des énumérations différentes des livres à lire. Ce fait s’explique par l’existence de divers apocryphes et de livres où se sont glissées des interpolations, comme cela est arrivé pour les constitutions de Clément (Note : ce sont les Constitutions apostoliques, attribuées au Moyen-Âge à Clément de Rome du fait que certains manuscrits portent son nom). Certaines listes permettent de lire, outre les livres mentionnés ici, la Sagesse de Salomon, Judith et Tobie. »
Or, puisqu’on constate aujourd’hui que le canon moderne des Eglises orthodoxes consiste principalement en la superposition de ces canons antiques (donc comprenant les deutérocanoniques ainsi que III Machabées), on pourrait penser que Zonaras est également de cet avis. Néanmoins puisque cela n’est pas explicite, j’ai préféré maintenir cet auteur dans la catégorie « Avis incertains ».

Zonaras, commentaire sur le 85ème canon des Apôtres ; PG 137, col. 216.

66. Alexis Aristène

Aristène, canoniste byzantin contemporain de Zonaras, on rencontre dans son cas les mêmes difficultés qu’avec Aristène.
Il inclue cependant explicitement les livres des Macchabées et l’Ecclésiastique dans son canon : « 3 livres des Macchabées […] En outre et à part ces livres-là, la Sagesse du très érudit Sirach. »

Alexis Aristène, commentaire sur le 85ème canon des Apôtres ; PG 137, col. 216-217.

67. Pierre le Mangeur

Les avis de Pierre le Mangeur sont pour le moins incertains, dans son prologue au livre de Josué dans son Historia scholastica, il est écrit : « Les hébreux distinguent trois classes dans l’Ancien Testament : la première ils l’appellent la Loi, la deuxième les prophètes, et la troisième les hagiographes. Dans la Loi ils mettent les cinq livres de Moïse ; dans les prophètes ces huit : Josué, Juges (Ruth inclus), Samuel, Malachim (c’est-à-dire Rois), Isaïe, Jérémie, Ezéchiel, douze prophètes. Parmi les hagiographes ils rangent les neufs livres restants (ce qui fait 22 au total). Ceux-ci sont appelés hagiographes, c’est-à-dire écrits des saints ; car c’est le nom commun à tous les livres de l’Ecriture sainte. Et puisque ces neuf livres ne sont pas plus éminents que les autres, […] ils furent désignés par le nom commun, de la même manière que ce nom : confesseur, appartient généralement à tous les saints ; et cependant on attribue à d’autres le nom d’Apôtres, à d’autres celui de martyrs etc. selon la sorte d’excellence qu’ils ont. De cette manière encore le dernier chœur des Anges reçoit le nom commun à tous. […] Addition 1 : Job, les Psaumes, les trois livres de Salomon, Daniel, Paralipomènes, Esdras, Esther, Sagesse, Ecclesiastique, Tobie, Machabées, sont hagiographes, car on ne connaît pas leur auteur ; mais puisque leur véracité n’est pas remise en cause, ils sont reçus par l’Eglise. Si, en effet, on n’en connaît ni l’auteur ni la vérité, ces livres ne sont pas reçus, comme par exemple le livre sur l’enfance du Sauveur. »
Toutefois il est probable que l’addition 1, qui range certains deutérocanoniques parmi les livres hagiographes (et donc inspirés) ne soit pas de lui, car il tient une opinion différente en d’autres endroits.

Pierre le Mangeur, Historia scholastica, Josue ; PL 198, col. 1260.

Il tient Judith pour canonique : « Jérôme a traduit du chaldéen en latin cette histoire à la demande de Paul et Eustache. Ce livre est compté parmi les histoires par les Hébreux, et parmi les hagiographes, ce que dit saint Jérôme dans son prologue qui commence ainsi : « Vingt-deux lettres etc. » (C’est le prologus galeatus aux livres de Samuel) Si donc dans son prologue sur Judith, on lit par occasionnellement « parmi les apocryphes », c’est une erreur de scribe, car dans le même opuscule il se peut comprendre que le synode de Nicée l’a reçu au nombre des Ecritures Saintes. »

Pierre le Mangeur, Historia scholastica, Judith ; PL 198, col. 1475.

A l’inverse, il déclare Tobie explicite apocryphe d’après les Juifs : « Les Juifs rangent l’histoire de Tobie parmi les apocryphes. Toutefois Jérôme dans son prologue dit qu’il fait partie des hagiographes, si cela était, il ferait partie de la troisième catégorie de l’Ancien Testament ; mais puisqu’il n’en fait partie d’aucune, nous disons que Jérôme a employé le terme d’hagiographe plus largement, de sorte qu’il inclue aussi les apocryphes, et puisque la langue des Chaldéens (c’est-à-dire l’araméen) est voisine de la langue hébraïque, Jérôme étant locuteur (litt. connaisseur loquace) de ces deux langues, tout ce qu’il traduisit mot pour mot des termes hébreux, (la suite n’est pas sur le screen) il l’exposa en langue latine, après un bref travail et presque d’une seule journée. (Latino sermone exposuit, sub brevi et quasi unius diei labore.) »

Pierre le Mangeur, Historia scholastica, Tobiae ; PL 198, col. 1431.

En vérité, tant dans son prologue à Judith qu’à Tobie, saint Jérôme avait rangé ces livres parmi les apocryphes (apocrypha) néanmoins le terme étant très proche d’hagiographe (agiographa, sans h), certaines corruptions du textes advinrent par la suite, « agiographa » se retrouvant à la place d' »apocrypha » dans certaines versions des prologues. D’où les commentaires quelque peu confus du Maître des histoires.

68. Jean de Salisbury

Jean de Salisbury, évêque de Chartres, se base sur saint Jérôme et saint Bède et donne à leur suite le canon hébraïque de 22 livres.

Jean de Salisbury, Lettre CXLIII ; PL 199, col. 125-126.

69. Pierre de Celle

Pierre de Celle, successeur de Jean de Salisbury comme évêque de Chartres, suit globalement son prédecesseur. Il inclue toutefois Judith dans le canon des Ecritures à la place d’Esdras. Il signale également « Ils énumèrent également quatre apocryphes, nommément Tobie, Macchabées, Philon dont le début est « aimez la justice etc. » et Jésus fils de Sirach qui commence ainsi : « Toute sagesse est de Dieu etc. » appelé aussi Ecclésiastique. Ces quatre livres-là ils ne les reçoivent pas, cependant l’Eglise les approuve car ils ont un objet semblable à ceux de Salomon, quoiqu’elle n’ait pas de certitude sur leurs auteurs. »

Pierre de Celle, Rationale divinorum officiorum, LX ; PL 202, col. 66.

70. Philippe de Harveng

Philippe de Harveng rapporte l’avis Juif selon lequel les deutérocanoniques sont comptés parmi les apocryphes.

Philippe de Harveng, De damnatione Salomonis ; PL 103, col. 659.

71. Jean Beleth

Jean Beleth compte 22 livres dans l’Ancien Testament.

Jean Beleth, Rationale divinorum officiorum, c. LX ; PL 202, col. 66.

72. Jean le Chartreux

On ne conserve de ce moine que trois lettres, parmi lesquelles il cite la Sagesse comme Parole de Dieu.

Jean le chartreux, Lettres, II ; PL 153, col. 914-915.

73. Théodore Balsamon

Canoniste byzantin, on rencontre avec lui les mêmes problèmes qu’avec Zonaras et Aristène. On est du moins certains qu’il tenait Baruch et la Lettre de Jérémie pour canoniques puisqu’il les inclue explicitement.

Balsamon, sur la XXXIXème lettre festale de saint Athanase ; PG 138, col. 561.

74. Raoul ardent

Théologien et prédicateur français. Il emploie fréquemment les deutérocanoniques dans ses sermons. En particulier ici, il attribue la Sagesse au Prophète au même titre que les Psaumes.

Raoul ardent, sermons, XXXIX ; PL 155, col. 1803.

75. Pierre de Riga

Poète français, il donne un canon des livres « que remplit l’or de la Parole de Dieu. » Celui-ci contient les deutérocanoniques mais également Philon d’Alexandrie.

Pierre de Riga ; PL 212, col. 23.

76. Gilles de paris

Disciple de Pierre de Riga, il corrige son maître vis-à-vis de Philon.

Gilles de Paris ; PL 212, col. 43.

77. Pierre de Blois

Pierre de Blois donne d’abord un canon restreint à 24 livres, mais reproduit aussitôt le commentaire de saint Isidore de Séville élevant les deutérocanoniques au rang des « livres divins » : « D’après nous (l’Eglise) il y a une quatrième catégorie de livres de l’Ancien Testament qui ne se trouvent pas dans le canon hébraïque. Desquels le livre de la Sagesse est le premier, le deuxième l’Ecclésiastique, troisièmement Tobie, quatrièmement Judith, cinquièmement et sixièmement ceux des Machabées. Ceux-ci, queles Juifs placent parmi les apocryphes, l’Eglise du Christ les honore et les prêche parmi les livres divins. »

Pierre de Blois, De divisione et sriptoribus sacrorum librorum ; PL 207, col. 1052.

78. Hugues de Saint-Cher

Cardinal de l’Eglise romaine. Caracérisitque de son temps, le cardinal de Saint-Cher, qui nous a laissé un commentaire complet de la Bible, s’en tient rigoureusement à l’avis de saint Jérôme et place les deutérocanoniques parmi les apocryphes.

Hugues de Saint-Cher, prologue au livre de Josué ; Opera, I, p. 178.

79. Vincent de Beauvais

Vincent de Beauvais est l’auteur d’une encyclopédie universelle en 9885 chapitres commandée par saint Louis : Le Speculum Maius. Il y reproduit l’avis de saint Isidore sur le canon des Ecritures.
http://sourcencyme.irht.cnrs.fr/encyclopedie/voir/165?citid=cit_id397547580279

80. Thomas d’Aquin

Docteur de l’Eglise. On a parfois rangé à tort saint Thomas parmi les auteurs « neutres ». Certes il signale que certains hommes de son temps refusent l’autorité de l’Ecclésiastique :
« Donc, on peut dire au sujet de Samuel qu’il est apparu par une révélation divine selon ce passage de l’Ecclésiastique (46, 20) : « Samuel s’endormit dans la mort, et annonça au roi sa fin. » On peut dire aussi que cette apparition fut procurée par les démons, au cas où l’on n’admettrait pas l’autorité de l’Ecclésiastique, parce que ce livre ne se trouve pas parmi les Écritures canoniques chez les hébreux. »
Saint Thomas, Summa Theologiae, Ia, q. 89, a. 8, ad 2m.

Mais d’autre part, il est évident qu’à titre personnel il tient les deutérocanoniques pour canoniques : il cite 500 fois les livres de la Sagesse et de l’Ecclésiastique dans la Somme Théologique. De même, il déclare au sujet du livre de la Sagesse qu’il ne faisait pas encore partie des livres canoniques du temps du pseudo-Denys l’aéropagite, ce qui implique qu’ils en font désormais partie : « D’où il est évident que le livre de la Sagesse ne faisait pas encore partie des Livres canoniques. » (Ex quo patet quod liber sapientiae nondum habebatur inter canonicas Scripturas.)
Saint Thomas, In Dionysii De divinis nominibus, c. IV, lect. IX.

Enfin, au début du siècle dernier, on a retrouvé le discours qu’il a prononcé en guise d’introdution à son premier cours en tant que bachelier biblique. Il y rappelle entre autres la division des livres de l’Ancien Testament : « L’Ancien Testament est divisé en trois parties d’après Jérôme dans son prologue aux livres des Rois. » Prenant alors le contre-pied du Docteur biblique, il explique que ce qu’autrefois Jérôme classait parmi les apocryphes, était néanmoins autoritatif et comptés au nombre des hagiographes : « Jérôme établit une quatrième catégorie de livres, les apocryphes, qui tirent leur nom d' »apo », qui signifie « très », et « cryphon », qui veut dire « obscur », car leurs avis (sententiis) ou auteurs sont douteux. Mais quant à certains livres, dont seuls les auteurs sont douteux mais non pas les avis, l’Eglise les reçoit au nombre des Ecritures Saintes. Non car elle ignore qui furent les auteurs de ces livres, mais parce que ces hommes ne furent pas d’une grande importance. De là qu’ils ne tiennent pas leur force de l’autorité de leurs auteurs, mais bien plus de la réception de l’Eglise. Néanmoins, puisqu’on constate qu’ils s’expriment de la même manière que les hagiographes, on les compte désormais dans la même catégorie. »

P. Francesco Salvatore, Due sermoni inedite di S. Tommaso d’Aquino (1912), cité par P. Synave, o.p., Le canon scripturaire de saint Thomas d’Aquin, in : Revue Biblique, Vol. 33, No. 4 (Octobre 1924), p. 524.

81. Bonaventure de Bagnoregio

Docteur de l’Eglise. Il donne dans ses œuvres authentiques le compte total des livres de l’Ancien Testament : 26, parmi lesquels 10 livres historiques et 5 livres sapientiaux, ce qui correspond bien sûr au canon catholique, les 10 livres historiques étant Josué, Juges (avec Ruth), Rois (4 livres comptés pour 1), Chroniques (idem 2 livres), Esther, Esdras (2 livres), Job, Macchabées (2 livres), Judith, Tobie ; quant au cinq livres sapientiaux, ce sont Proverbes, Cantique des Cantiques, Ecclésiaste, Sagesse, Ecclésiastique.

Saint Bonaventure de Bagnoregio, Breviloquium, Prologue, §1 ; Opera Omnia Quarrachi, Tome V, p. 202.

Il mentionne également l’inspiration du livre de la Sagesse dans son commentaire sur celui-ci :
« De la première cause (i.e. la cause efficiente) de ce livre, il doit être dit qu’elle est triple. Premièrement par mode d’inspiration – de par Dieu bien entendu ; de là Job XXXII (verset 8) : « L’inspiration du Tout-Puissant donne l’intelligence », de même que toute essence provient de son essence, toute vérité de sa vérité, tout bien de sa bonté. »

Saint Bonaventure de Bagnoregio, In Sapientiam, Introduction ; Opera Omnia Quarrachi Tome VI, p. 108.

82. Albert le Grand

Docteur de l’Eglise. Il n’est pas tout à fait certain qu’il admette au canon des Ecritures tous les deutérocanoniques. Pour ce qui est de Baruch en revanche, cela est clair. Commentant le prologue de saint Jérôme : « « Il ne fait pas partie du canon hébreu » c’est-à-dire du canon des Ecritures. Mais pour autant la vérité [de cette prophétie] n’est pas réfutée car elle est jointe à l’Ecriture (conjungitur). »

Saint Albert le Grand, In Baruch ; Opera Omnia, t. XVIII, p. 357.

83. Pseudo-Bonaventure

L’auteur du Centiloquium, probablement Bernard de Besse, secrétaire de saint Bonaventure, donne un canon comprenant les deutérocanoniques ainsi que l’apocryphe 3 Esdras.

Pseudo-Bonaventure, Centiloquium, pars III, sectio XXXII ; in : Bonaventure, Opera Omnia, édition Peltier, t. VII, p. 400.

84. Guillaume d’Ockham

Le philosophe anglais rejoint saint Jérôme et saint Grégoire.
http://publications.thebritishacademy.ac.uk/pubs/dialogus/wtc.html

Guillaume d’Ockham, Dialogus, partie III, tractatus 1, livre III, c. 16.

85. Robert Holkot

Dominicain anglais, assez fameux durant la Renaissance. Il argumente en faveur de la canonicité du livre de la Sagesse, qu’il attribue par ailleurs à Salomon.
« Je dis quatrièmement que le livre de la Sagesse doit être placé parmi les livres canoniques. Cela est prouvé par saint Augustin dans son De Doctrina Christiana, où il énumère tous les livres canoniques et conséquemment de la Bible, et où il parle ainsi des livres de la Sagesse et de l’Ecclésiastique. Ils méritèrent d’être reçu comme autorité, car ils sont comptés parmi les livres prophétiques. Ces mots sont de saint Augustin. De là que ce livre est compté par l’Eglise parmi les livres canoniques, quoique les Juifs s’y opposent. D’où, quoique les livres de la Sagesse de Salomon et de l’Ecclésiastique ne sont pas reçus par les Juifs au nombre des livres sacrés, cependant les fidèles les tiennent pour grande autorité. »

Robert Holkot, Postilla super librum Sapientiae, article III.

86. Nicolas de Lyre

Commentateur biblique qui influencera notamment Luther. Il suit saint Jérôme à la lettre. Par exemple : « Et en premier lieu il faut remarquer que les livres des Macchabées ne sont pas dans le canon, mais ils sont lus en vertu d’une constitution de l’Eglise romaine. »

Nicolas de Lyre, prologue aux Macchabées.

87. André de Sainte-Croix

Débatteur catholique au Concile de Florence lors des débats organisés avec les orthodoxes. Il utilise la Sagesse, l’Ecclésiastique et les Macchabées durant ces controverses. Le cas des Macchabées est le plus explicite, puisqu’il en fait un argument en faveur de la croyance au Purgatoire.
https://www.persee.fr/doc/rebyz_1146-9447_1907_num_10_64_3668

Le canon de l’Ancien Testament dans l’Église byzantine, Martin Jugié, Revue des études byzantines (1907), n°64, pp. 129-135.

88. Florence 1441

Le Concile général de Florence joint dans la bulle d’union avec les Jacobites une liste des livres sacrés : « [Le Concile] professe que le même et unique Dieu est l’auteur de l’Ancien et du Nouveau Testament – c’est-à-dire la Loi, les prophètes et l’Evangile – attendu que les saints des deux testaments ont parlé sous l’inspiration du même Esprit-Saint. Il reçoit et vénère leurs livres dont suivent les titres : » suivi de la même liste qu’au Concile de Trente.

Concile de Florence, 11ème session, 4 février 1442.

89. Antonin de Florence

Malgré le Concile de Florence, les quatre auteurs qui suivent continuent de s’en tenir grosso modo aux opinions de saint Jérôme. Vis-à-vis des deutérocanoniques, saint Antonin déclare : « ces livres ont donc une autorité semblable à celle qu’on les dires des Docteurs approuvés par l’Eglise. » (approuvés se référant grammaticalement à dires et non pas à Docteurs).
https://www.google.fr/books/edition/_/YsNiAAAAcAAJ?hl=fr&gbpv=1

Saint Antonin de Florence, Summa Theologica, III, 18, 6 ; col. 1043 de l’oeuvre.

90. Alonso Tostat

Tostat reproduit lui aussi saint Jérôme et dit que les deutérocanoniques ne doivent pas servir à trancher des questions théologiques : « Il y a également d’autres livres, qui appartiennent (pertinent) à l’Ecriture sainte, qui ne font pas partie du canon, mais qui forment quatre fragments : nommément Judith et les Macchabées ; le livre de la Sagesse et de Jésus Sirach ; Tobie. Ceux-ci appartiennent au rang des apocryphes. »

Alonso Tostat, In Librum Josue, q. II ; Opera Omnia 8.

91. Denys le chartreux

Le Docteur extatique s’en tient lui aussi à l’opinion de l’ermite de Béthléem. Il explique sa position en détail dans sa préface au livre de Tobie :
« Enfin, ce livre n’est pas compté parmi les Ecritures canoniques, cependant notre mère l’Eglise ne doute pas de sa véracité, ce pourquoi elle le reçoit et demande à ce qu’il soit lu, non pas pour confirmer ou prouver ces choses qui sont discutées, mais pour l’édification des moeurs. […] Contre cet avis sont soulevées deux objections. Premièrement, Jérôme dans le prologue de ce livre, dit que les Hébreux révèrent le livre de Tobie parmi les hagiographes (par là on comprend que Denys avait sous les yeux une version corrompue de la préface de Jérôme car Jérôme dit justement que les Juifs classent Tobie parmi les apocryphes et non pas les hagiographes), or les livres de l’Ancien Testament appartenant aux hagiographes sont canoniques car l’Ancien Testament est divisé en trois parties : la Loi, les prophètes et les hagiographes. La seconde objection est que ce livre n’est pas de plus petite autorité que celui de Judith, dont Jérôme nous apprend dans son prologue que le Concile de Nicée l’a rangé au nombre des Ecritures Saintes. Or les Ecritures Saintes sont appelées canoniques, et donc ce livre doit être mis parmi les écrits canoniques (Note : on voit ici que Denys accorde l’autorité suffisante à un Concile pour décréter ce qui est canonique et ne l’est pas puisqu’il préfère répondre à cette objection plutôt qu’à une du type : tel saint Père, par exemple Augustin, a reçu les deutérocanoniques dans son canon). A la première de ces instances, le Maître des histoires (Magister in historiis, référence à Pierre le Mangeur) répond en disant que ce que Jérôme a reçu comme hagiographe, il l’entendait au sens large, de sorte à inclure les apocryphes. […] A la seconde on doit répondre similairement, que si par divines Ecritures on entend au sens large tous les écrits contenus dans la Bible et traitant de Dieu, alors ce livre comme le livre de Judith peuvent être comptés parmi les divines Ecritures. »

Bienheureux Denys le Chartreux, Ennarationes in libros Job Tobiae Judith etc., p. 325.

Toutefois au sujet du livre de Baruch il fait la remarque suivant : « Aussi le livre de Baruch est compté par les Hébreux au nombre des apocryphes, dans lequel furent consignées bien des choses remarquables et aucunement dignes de mépris (nihilo minus), et certaines à propos du Christ. » Il est donc possible que le bienheureux Denys lui accordait un caractère de prophétie authentique, et donc d’inspiration, quoique ce ne soit pas parfaitement clair.

Bienheureux Denys le Chartreux, Préface au livre de Baruch ; In Prophetas majores, p. 508.

92. Cajétan

Cardinal de l’Eglise romaine. Affirmation qui peut surprendre, mais en effet à la veille du Concile de Trente la chrétienté doutait plus que jamais de la canonicité des deutérocanoniques comme on a pu le voir chez les commentateurs sus-cités. Le cardinal Cajétan, grand opposant à Luther, n’échappa pas à cet écueil.
« Le cardinal Cajétan. ln Esther, Lyon, 1639, t. II, p. 400, rejette les deutérocanoniques ; il se range, d’ailleurs, à l’avis du même saint docteur. »
Dictionnaire de Théologie Catholique, Tome 2 partie 2, col. 1582.

Quelques remarques en guise de conclusion

En guise de conclusion, j’aimerais formuler quelques remarques d’ordre plus général.
D’abord, il faut être conscient que les Pères retenus dans cet article sont seulement ceux chez qui il est manifeste qu’ils tiennent les deutérocanoniques pour pleinement inspirés de Dieu. Toutefois à côté de ceux-là, c’est l’Eglise toute entière qui fait ordinairement usage des deutérocanoniques : les citant comme Ecriture au hasard d’une lettre ou d’un traité, les entendant lire quotidiennement lors de la liturgie, s’en servant comme prophétie pour illustrer tel ou tel passage de la vie du Christ etc. (Sagesse chapitre 2 vis-à-vis de la Passion de Notre-Seigneur en est un très bon exemple mais on pourrait aussi mentionner Baruch pour la Résurrection, Judith pour la Vierge Marie etc.). A ce titre, beaucoup d’autres noms pourraient être mis en avant : Saint Germain de Constantinople, Nicée II, Etienne le diacre, Saint Théodore Studite, Constantinople IV, Nicétas le Paphlagonien, Siméon Métaphraste, Théophylacte, Nicolas Ier, Othloh de Saint-Emmeran, Arnolf de Milan, Bernard le chartreux, Hériman de Tournai, Hervé de Déols, Saint Bernard de Clairvaux, Robert Pullen, Orderic Vital, Gilbert Foliot, Herbert cardinal de Bosham, Pierre Lombard, Garnier de Saint-Victor, Gerhoch de Reichersberg, Alain de Lille, Absalon de Springiersbach, Innocent III etc.
Chez tous ces auteurs, les citations des deutérocanoniques comme Ecriture Sainte abondent. Or, pour expliquer cet état de fait, la « pirouette » opérée par Denys le chartreux semble nettement insuffisante. Si dans les premiers temps de l’Eglise certains Pères ont pu effectivement citer comme Ecriture Sainte de « vrais » apocryphes (le Pasteur d’Hermas chez saint Justin le martyr par exemple), cet usage n’a pas perduré longtemps et est resté confiné à quelques auteurs épars. A l’inverse, l’usage universel des livres deutérocanoniques comme Ecriture, tant pour illuster un propos que pour argumenter en faveur de dogmes ou de positions doctrinales (quoiqu’en dise saint Jérôme) est toujours allé croissant avec les siècles, confirmant la place spéciale des deutérocanoniques. Saint Thomas d’Aquin par exemple, qui connaissait très bien les Pères pour son époque, cite 500 fois les livres sapientiaux deutérocanoniques dans les rubriques « Sed contra » de la Somme Théologique.
A la vérité, il semble que ce soit l’influence juive sur des Pères quelque peu trop partisants de la veritas hebraica qui aie peu à peu institué une sorte de fausse dichotomie entre les protos et les deutérocanoniques. De fait, on ne voit pas très bien ce que voulaient dire les Pères défavorables à la canonicité de ces derniers. Certes, certains d’entre eux comme saint Jérôme, Rufin d’Aquilée ou encore Hugues de Saint-Victor expliquent que la différence entre ces deux sortes d’Ecritures consiste en ce que la première peut aussi servir à démontrer des dogmes, tandis que la seconde n’est lue que pour l’édification de l’Eglise quoiqu’elle soit également véridique en tout point et que pour cette raison l’Eglise la reçoive. Mais alors encore une fois où est la différence concrète entre les protos et les deutérocanoniques ? Si tous deux sont vrais en tous points, c’est-à-dire inerrants, alors ils sont inspirés. Comme le dit très bien saint Thomas, que l’autorité des livres de la Bible vienne de l’autorité de leurs auteurs ou de l’autorité de l’Eglise qui les approuve, ils n’en demeurent pas moins Ecriture Sainte, Parole sacrée et innerante constituant la regula fidei. Si la canonicité d’un livre ne consiste pas en une simple étiquette mais se traduit dans des critères concrets tels que l’inspiration, l’inerrance, la prophétie authentique et l’usage liturgique, alors il nous faut conclure que les deutérocanoniques sont bel et bien canoniques au même titre que les autres livres précisemment car ils remplissent ces critères.
A l’inverse si les deutérocanoniques n’avaient vraiment rien de plus que de simples livres profanes, pourquoi les conserver dans les Bibles ? Pourquoi continuer de les lire ? Depuis le temps des Juifs, des auteurs profanes n’ont-ils pas écrit mille histoires tout autant édifiantes ? Pourquoi alors ne pas remplacer Judith par un récit de martyr chrétien par exemple ?, nous nous sentirions certainement plus proches des protagonistes. Si l’Eglise a toujours conservé précieusement ces livres à part des livres profanes, c’est bien qu’ils avaient quelque chose en plus que n’ont pas les auteurs de ces derniers, même approuvés par l’Eglise. Ils doivent posséder un caractère propre, une sacralité qui rende positivement compte de leur érection au rang d’Ecriture Sainte, et ce caractère ne peut être que l’inspiration divine.
Eu égard à l’usage liturgique des deutérocanoniques, tous les liturgistes médiévaux font état de la lecture constante de ces livres dans les assemblées. Peut-on vraiment penser que l’on soit allé à l’Eglise de Dieu pendant 1500 ans pour entendre la parole des hommes ?
On constate finalement une grande diversité parmi les avis des Pères : les grandes tendances favorables/défavorables aux deutérocanoniques ne souffrent que très rarement d’aucune exception. Face à ce constat, il est proprement impossible de conclure quel est le bon canon uniquement à partir de la Tradition. Au fond, la conclusion catholique s’impose comme une évidence : il nous faut nécessairement recourir à une autorité infaillible extérieure aux Ecritures pour trancher ce débat. Sous cet angle, on comprend alors toute l’importance du Magistère de l’Eglise excercé solennellement à Trente. Lorsque le Concile affirme contre l’erreur protestante l’inspiration et la canonicité des deutérocanoniques, il ne fait que sanctionner l’usage répandu partout depuis des siècles : dans les faits rien ne change. Au contraire, la position protestante engendre nombre de nouveautés : les livres deutérocanoniques sont relégués à la fin des Bibles, leur usage liturgique s’estompe puis disparaît, ils ne sont plus médités, plus cités, plus commentés. C’est cette nouveauté, je crois, qui démontre peut-être le mieux l’ecueil de la position protestante, qui a cru pouvoir avoir raison contre l’Eglise.

8 commentaires sur “Les deutérocanoniques de l’Ancien Testament – état des lieux de la Tradition

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  1. Excellent travail, très rigoureux et clair, su run sujet très intéressant.
    Une bonne base qui mériterait d’être diffusée,
    Bravo !

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  2. Très bon article, merci.
    Je ne comprends pas cette affirmation :
    « l’Eglise catholique tient depuis la quatrième session du Concile oecuménique de Trente (en 1546) que ces livres font entièrement partie de l’Ecriture Sainte et sont inspirés au même titre que les autres.  »
    Il me semble que c’est le cas depuis le décret du pape Damase en 382.

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  3. Bonjour, il y a certainement des travaux des qui ont été faits sur l’histoire du canon du NT mais à vrai dire cela a moins d’intérêt puisqu’ils ne sont vraiment contestés par aucune branche significative du christianisme. Vous pouvez néanmoins vous référer au travail du Père Lagrange, je pense que c’est une très bonne base : https://mj-lagrange.org/wp-content/uploads/2016/04/Canon-du-Nouveau-Testament-LA-FORMATION-DU-CANON-DU-NT.pdf

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  4. Le décret du Pape Damase est désigné par « Rome 382 » dans l’article. Mais comme vous pouvez le constater cet avis de Rome n’a pas été tenu pour dogmatique par tout le monde dans l’Eglise. Des Pères et des Eglises locales avaient leur propre tradition, leurs propres opinions sur ce sujet. L’uniformisation ne se fait définitivement qu’au moment du Concile de Trente.

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  5. D’accord, merci. C’est un argument des protestants et autres de dire que le canon de la bible n’a été défini qu’au XVIè siècle.

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  6. Bonjour, c’est vrai, le canon du NT n’est pas contesté, mais la manière dont il a été défini, elle, l’est.
    Un exemple :

    C’est donc Dieu qui a déterminé quels livres seraient dans la Bible, et le peuple de Dieu a simplement découvert quels étaient ces livres. Les croyants ne leur ont pas conféré d’autorité, c’est Dieu qui l’a fait. Comment le peuple de Dieu a-t-il découvert que seuls ces soixante-six livres étaient inspirés de Dieu ? Parce que seuls ces livres portaient les « empreintes digitales » de Dieu. Ces « empreintes » de Dieu comprennent des caractéristiques reflétées dans les réponses aux questions suivantes : (1) A-t-il été écrit par un prophète de Dieu, tel que Moïse (Ex 4:1-9) ou Paul (1Co 9:1) ? (2) A-t-il été confirmé par des actes de Dieu (He 1,1 ; 2,3-4) ? L’auteur humain a-t-il dit la vérité de Dieu connue par d’autres révélations et faits (Dt 18.20-22) ? (3) Avait-il la puissance de Dieu pour édifier (2Tm 3:16-17 ; He 4:12) ? (4) A-t-il été accepté et recueilli par le peuple de Dieu ?

    Les livres du Nouveau Testament ont également été écrits par des apôtres et des prophètes de Dieu (Ep 2:20), qui ont été confirmés par des actes de Dieu (2Co 12:12 ; He 1:1 ; 2:3-4), et leurs livres ont été immédiatement acceptés dans le canon croissant des Écritures. Luc a reconnu que d’autres récits avaient été écrits (Lc 1,1) à son époque (peut-être Matthieu et Marc). Dans 1 Timothée 5:18, Paul a cité l’Évangile de Luc (10:7) comme « Écriture » aux côtés de l’Ancien Testament. L’apôtre Pierre a qualifié les épîtres de Paul d' »Écritures », tout comme l’Ancien Testament (2Pt 3,16). L’Église du premier siècle lisait et diffusait publiquement les livres écrits par les apôtres et les prophètes (Col 4:16 ; 1Th 5:27). Qui plus est, les premiers pères chrétiens, dès le premier siècle, ont rassemblé chacun des vingt-sept livres du Nouveau Testament et ont cité presque chaque verset et plus de trente-six mille citations ! À partir du deuxième siècle de notre ère, il y eut des recueils de ces livres et des traductions dans d’autres langues, comme le syriaque et le vieux latin. Tous les groupes de la chrétienté, y compris les catholiques romains, les orthodoxes orientaux et les protestants, acceptent tous et seulement les vingt-sept livres du Nouveau Testament comme la Parole inspirée de Dieu, à côté des trente-neuf livres de l’Ancien Testament.

    Au cours des dernières années, j’ai rencontré toutes sortes d’arguments visant à saper la centralité et l’autorité ultime de la Bible. Un argument populaire fait remarquer que les premiers chrétiens ne disposaient pas de la Bible complète et qu’il a fallu près de quatre siècles pour que le canon des Écritures soit finalement et officiellement reconnu.

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