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Acceptation Pacifique Universelle d’un Pape

La doctrine de l’acceptation universelle soutient que, dans le cas où tous les évêques légitimes de la Sainte Eglise Catholique reconnaîtraient une personne comme Pape, alors cette personne serait certainement Pape. De là, on en déduit qu’il est impossible que tous les évêques reconnaissent universellement un antipape comme le vrai Pape.

En effet, tous les évêques ne peuvent tomber unanimement dans l’erreur. Ainsi, s’ils le pouvaient, les catholiques devraient faire face à un dilemme impossible : il faudrait soit se soumettre aux évêques et donc soi-disant être dans l’erreur, ou bien s’en détacher entièrement pour soi-disant être dans la vérité. Ainsi, la vérité se trouverait hors de l’Eglise qui serait tombée dans l’erreur, ce qui est clairement une idée hérético-schismatique : Dieu nous commande de nous soumettre aux évêques légitimes, et il serait absurde et blasphématoire de prétendre qu’Il nous obligerait à nous soumettre à l’erreur.

Dans cet article, nous verrons que nombreux sont les théologiens qui ont soutenu cette doctrine et ce comme un « fait dogmatique ». Pie IX enseignait que les fidèles ne pouvaient pas adhérer à des opinions contraires aux conclusions théologiques, même non dogmatiques, qui étaient tenues dans l’Église comme des vérités certaines. L’enseignement de l’acceptation universelle pacifique de tous les évêques, prouvant la légitimité du pontife romain, n’est donc pas contestable (nous répondons aux objections dans cet article).

« Les membres du Congrès doivent reconnaître qu’il ne suffit pas aux savants catholiques d’accepter et de respecter les dogmes de l’Église dont Nous venons de parler, et qu’ils doivent, en outre, se soumettre soit aux décisions doctrinales qui émanent des congrégations pontificales, soit aux points de doctrine qui, d’un consentement commun et constant, sont tenus dans l’Église comme des vérités et des conclusions théologiques tellement certaines, que les opinions opposées, bien qu’elle ne puissent être qualifiées d’hérésie, méritent cependant quelque autre censure théologique. »

– B. Pape Pie IX, Lettre Tuas Libenter (TRADUITE ICI)

Saint Cyprien de Carthage – Lettre à Antonianus (IIIème siècle)

« J’en viens maintenant, frère très cher, à la personne de Corneille, notre collègue, afin qu’avec nous vous connaissiez Corneille, non pas d’après les mensonges de détracteurs malveillants, mais d’après le jugement de Dieu qui l’a fait évêque, et le témoignage de ses collègues dans l’épiscopat, qui, dans le monde entier, ont ratifié son élection d’un accord unanime. »

« Corneille a été élu évêque par le Jugement de Dieu et de son Christ, par le témoignage favorable de la presque unanimité des clercs, par l’accord avec eux de la portion du peuple fidèle qui était présente, par la communauté des évêques vénérables et des gens de bien, personne ne l’ayant été avant lui, la place de Fabianus, c’est-à-dire la place de Pierre et le siège épiscopal étant vacants. Ce siège étant occupé et son occupation appuyée de la Volonté de Dieu et de notre accord à tous, il est inévitable que qui voudrait être élu évêque soit hors de l’Église, et n’ait point l’ordination ecclésiastique, puisqu’il n’est plus dans le sein de l’unité. Celui-là, quel qu’il soit, il aura beau se faire valoir, enfler ses prétentions, c’est un profane, c’est un étranger, c’est un homme du dehors. Et là où il ne peut y avoir de second après le premier, celui qui a été créé après celui qui doit être seul n’est pas second, mais n’est rien. »

(Saint Cyprien de Carthage, Lettre 55 à Antonianus, ~ 251)

Saint Bernard – Lettre aux évêques d’Aquitaine (~1132)

« Voici le temps, mes très-révérends pères, de signaler [votre vertu] (…). Vous êtes dans la nécessité, ou de céder avec infamie, ou de résister avec une vigueur infatigable. Le nouveau Diotrèphes [duc d’Aquitaine], que son ambition fait aspirer à la primauté, refusant de reconnaître avec vous celui qui vient au nom du Seigneur, et qui est reconnu de toute l’Eglise, reçoit celui qui vient en son propre nom. »

« Mais Dieu a déjà décidé ce que vous prétendez qu’on juge après coup. L’arrêt a été prononcé, c’est l’évidence du fait même. Qui sera assez hardi pour s’y opposer ? qui oserait appeler de son jugement ? Il a été reconnu et approuvé par les archevêques Gautier de Ravenne, Hildegaire de Taragone, Norbert de Magdebourg, Conrad de Saltzbourg. Il a été accepté par les évêques Equipert de Munster, Hildebrand de Pistoie, Bernard de Pavie, Landulphe d’Asti, Hugues de Grenoble et Bernard de Parme. (…) Je ne parle point d’une infinité d’archevêques et d’évêques de la Toscane, de la Campagne-de-Rome, de la Lombardie, de l’Allemagne, de l’Aquitaine, de la France, de l’Espagne, de toute l’église d’Orient. Leurs noms sont écrits dans le livre de vie, et ne peuvent être contenus dans la brièveté d’une lettre. »

« Tous, de concert, ont rejeté Pierre de Léon, se sont déclarés pour Grégoire, sous le nom du pape Innocent [II]. (…) Je ne nomme ici aucun prélat de notre France ; le nombre en est trop grand, et si j’en désignais quelques-uns en particulier, on ne manquerait pas de m’accuser de flatterie. Mais je ne dois pas passer sous silence tant de saints religieux (…). Les religieux camaldules, ceux de Vallombreuse, les chartreux, ceux de Clugni et de Marmoutier, mes frères de Citeaux, ceux de Saint-Etienne de Caen, de Tiron, de Savigni, en un mot tout le clergé et tous les ordres religieux recommandables par leur sainteté, suivent leurs évêques, comme les brebis suivent leurs pasteurs ; de concert avec eux, ils s’attachent au pape Innocent, ils le défendent avec zèle, ils lui obéissent et le reconnaissent pour le légitime successeur des apôtres. »

« Que dirai-je des rois et des princes de la terre ? Ne s’accordent-ils pas avec leurs peuples à révérer Innocent comme l’évêque de leurs âmes ? Enfin, quelqu’un, remarquable par sa dignité ou par sa vertu, qui ne fasse pas la même chose ? Après cela, il y a encore des chicaneurs opiniâtres qui réclament contre cette unanimité ! Ils font le procès à tous l’univers, leur petit nombre voudrait faire la loi à toute la chrétienté, en l’obligeant de confirmer, par un second jugement, une élection qu’elle a déjà condamnée ! »

(Saint Bernard, epist. 126 ; citée par l’abbé Rohrbacher dans Histoire universelle de l’Église catholique, t. XV, pp. 270 à 272.)

Saint Bernard – Lettre au duc d’Aquitaine (1132)

« La parenté et l’amitié qui nous unissent ne permettent pas de garde plus longtemps le silence sur votre égarement. (…) Comment avez-vous pu vous oublier jusqu’à abandonner votre mère et votre souveraine dans son affliction ? à moins que votre conseil ne vous persuade que toute l’Eglise se réduit à la famille de Pierre de Léon [l’antipape Anaclet]. Mais la vérité même confond ces imposteurs et l’antéchrist, leur chef, puisqu’elle assure, par la bouche de David, que l’Eglise s’étend à tous les confins de la terre et à toutes les familles des nations (Ps., 21:28) »

« Il est vrai que le duc de la Pouille est dans son parti, mais c’est le seul prince ; encore l’a-t-il gagné par le ridicule appât d’une couronne usurpée. Au reste, quelles sont les belles qualités de leur prétendu Pape, pour nous faire pencher de son côté ? Si je m’en rapporte au bruit commun, il n’est même pas digne de gouverner une bicoque. (…) Ainsi, mon très cher cousin, le parti le plus sûr est de reconnaître pour Pape universel celui que l’universalité s’accorde à reconnaître comme tel, celui que reconnaissent tous les ordres religieux et l’universalité des rois. Il y va de votre honneur et de votre salut. »

(Saint Bernard, epist. 127 ; citée par l’abbé Rohrbacher dans Histoire universelle de l’Église catholique, t. XV, p. 269.)

Abbé Gridel – Explication du Catéchisme (1861)

« Comment un chrétien ignorant peut-il savoir que le Pape, son évêque diocésain et son curé sont pasteurs légitimes ? — Il le sait par le fait même de leur institution. Quand un Pape meurt, les cardinaux en élisent un autre qui, par son élection, devient Pape légitime. S’il n’était pas tel, le corps des pasteurs ne le reconnaîtrait pas pour chef de l’Eglise. Donc, si un fidèle n’entend aucune réclamation de ses pasteurs contre le Pape, il doit le tenir pour légitime. (…) Si donc les prêtres et les laïques instruits ont reçu comme évêque le nouveau pontife, le fidèle peut être certain qui celui-ci est pasteur légitime. »

(Abbé Gridel, Explication du Catéchisme par des comparaisons et des exemples – Troisième édition, 1861, pp. 252-253 – Approuvé par l’évêque de Nancy)

Révérend Père E. Sylvester Berry – The Church of Christ (1927)

« L’étendue de l’infaillibilité fait référence aux vérités qui peuvent être définies par l’Église avec une autorité infaillible. Certaines vérités sont directement soumises à l’autorité infaillible de l’Église par leur nature même ; d’autres seulement indirectement en raison de leur lien avec la première. L’ensemble des vérités constitue l’étendue primaire, l’autre l’étendue secondaire de l’infaillibilité. (…) »

« Cette étendue secondaire ou indirecte d’infaillibilité comprend notamment (a) des conclusions théologiques, (b) des vérités d’ordre naturel, (c) des faits dogmatiques (…) »

« FAITS DOGMATIQUES. Un fait dogmatique est un fait qui n’a pas été révélé, mais qui est si intimement lié à une doctrine de la foi que sans une certaine connaissance du fait, il ne peut y avoir de connaissance certaine de la doctrine. Par exemple, le [Premier] Concile du Vatican était-il vraiment œcuménique ? Pie IX était-il un pape légitime ? L’élection de Pie XI était-elle valide ? De telles questions doivent être tranchées avec certitude avant que les décrets émis par un concile ou un pape puissent être acceptés comme infailliblement vrais ou obligeant l’Église. C’est évident, alors, que l’Église doit être infaillible en jugeant de tels faits, et puisque l’Église est infaillible en croyant aussi bien qu’en enseignant, il s’ensuit que le consentement pratiquement unanime des évêques et des fidèles à accepter un concile comme œcuménique, ou un Pontife romain comme légitimement élu, donne une certitude absolue et infaillible du fait . »

(Berry, The Church of Christ, (Eugene, Oregon: Wipf and Stock Publishers, 2009, précédemment publié par Mount Saint Mary’s Seminary, 1955, pp. 288, 289, 290, initialement publié en 1927) – Imprimatur : Archevêque de Baltimore)

Cardinal Journet – L’Église du Verbe incarné (1955)

« Mais l’acceptation pacifique de l’Eglise universelle s’unissant actuellement à tel élu comme au chef auquel elle se soumet, est un acte où l’Eglise engage sa destinée. C’est donc un acte de soi infaillible, et il est immédiatement connaissable comme tel. (Conséquemment et médiatement, il apparaîtra que toutes les conditions prérequises à la validité de l’élection ont été réalisées.) »

« L’acceptation de l’Église s’opère soit négativement, lorsque l’élection n’est pas aussitôt combattue ; soit positivement, lorsque l’élection est d’abord acceptée par ceux qui sont présents et progressivement par les autres. »

« L’Église possède le droit d’élire le Pape, et donc le droit de connaître avec certitude l’élu. »

(Cardinal Journet, L’Église du Verbe incarné (1955), pp. 977-978)

Sylvester Hunter, SJ – Outlines of Dogmatic Theology (1895)

« Faits dogmatiques. – Mais à côté de ces vérités spéculatives, il y a certaines choses de fait sur lesquelles l’Église peut juger avec une certitude infaillible. Ceux-ci sont appelés par de nombreux écrivains faits dogmatiques […] »

« Premièrement donc, l’Eglise est infaillible lorsqu’elle déclare qui détient la fonction pontificale ; car si la personne du Pape était incertaine, l’on serait incertain de quels évêques sont en communion avec le Pape ; mais selon la foi Catholique, comme il le sera prouvé ci-après, la communion avec le Pape est une condition pour l’exercice de la fonction d’enseignement par le Collège des Évêques (n. 208) ; si donc l’incertitude ne pouvait pas être clarifiée, alors le pouvoir d’enseignement ne pourrait être exercé, et la promesse du Christ (S. Matthieu 28:20 ; et n. 199, II) serait falsifiée, ce qui est impossible. »

« Cet argument est, en substance, le même que celui s’appliquant à d’autres cas de faits dogmatiques. En outre, il apporte une réponse à une objection, très vantée, aux affirmations de l’Église catholique, avancée par des écrivains qui pensent trouver des preuves dans l’histoire que l’élection d’un certain pape avait été simoniaque et invalide, et que le successeur avait été élu par les cardinaux qui devaient leur propre nomination à l’intrus simoniaque ; d’où il est déduit que la papauté serait restée vacante depuis lors. Un volume pourrait être écrit si nous essayions d’exposer toute la fragilité de l’argument qui est censé conduire à cette conclusion surprenante ; mais il suffit de dire que si les évêques sont d’accord pour reconnaître un certain homme comme étant Pape, ils ont certainement raison, car sinon le Collège des Évêques serait séparé de sa tête, et la Divine constitution de l’Église en serait anéantie. »

(Hunter, Sylvester Joseph. Outlines of dogmatic theology, 1895 : pp. 309 et 310. – Imprimatur du Card. Herbert Vaughan, Archevêque de Westminster)

W. Wilmers – A Handbook of the Christian Religion (1891)

« La difficulté qui est parfois soulevée est qu’il est parfois impossible de savoir si un pape est légitimement élu ou non et, par conséquent, s’il a le pouvoir de diriger l’Église ou non. La réponse est simple. Si toute l’Église reconnaît une fois quelqu’un comme son chef légitime, bien que l’élection ait pu être invalide pour une cause quelconque, il reçoit par là l’approbation de l’Église, qui équivaut à une seconde élection valable ; après quoi il succède à tout ce pouvoir acquis à la tête de l’Église. Par conséquent, aucun défaut secret ne peut, en pratique, invalider une élection papale, et tout défaut dans l’élection est supprimé par la ratification de l’Église, de sorte que tout pape, universellement reconnu par l’Église, est nécessairement le véritable successeur de saint Pierre. »

(W. Wilmers, ‘A Handbook of the Christian Religion’ 3rd ed., Benziger Bros., New York, New York. 1891, page 95. – Imprimatur de Mgr Augustine, archevêque de New York)

Van Noort – Christ’s Church (1957)

« Affirmation 2 : L’infaillibilité de l’Église s’étend aux faits dogmatiques. Cette proposition est théologiquement certaine . Un fait dogmatique est un fait n’étant pas contenu dans les sources de la Révélation, [mais] dans l’admission dont dépend la connaissance ou la certitude d’un dogme ou d’une vérité révélée. Les questions suivantes concernent des faits dogmatiques: « Le [premier] Concile du Vatican était-il un concile œcuménique légitime ? La Vulgate latine est-elle une traduction substantiellement fidèle des livres originaux de la Bible ? Pie XII a-t-il été légitimement élu évêque de Rome ? » On peut facilement voir que de ces faits reposent la question de savoir si les décrets du [premier] Concile du Vatican sont infaillibles, si la Vulgate est vraiment la Sainte Écriture, si Pie XII doit être reconnu comme le souverain suprême de l’Église universelle. »

(Van Noort, Christ’s Church, (Westminster, Maryland: Newman Press, 1957, p. 153.)

Van Noort – Sources of Revelation (1957)

« Notez que l’Église possède l’infaillibilité non seulement lorsqu’elle définit certaines questions de façon solennelle, mais aussi lorsqu’elle exerce tout le poids de son autorité à travers son enseignement ordinaire et universel. Par conséquent, nous devons tenir avec un assentiment absolu, que nous appelons « foi ecclésiastique », les vérités théologiques suivantes: a) celles que le Magistère a infailliblement définies de façon solennelle ; b) celles que le Magistère ordinaire dispersé à travers le monde propose sans équivoque à ses membres comme quelque chose à tenir (tenendas). Ainsi, par exemple, il faut donner un assentiment absolu à la proposition: « Pie XII est le successeur légitime de saint Pierre » ; de même […] il faut donner un assentiment absolu à la proposition : « Pie XII possède la primauté de juridiction sur toute l’Église ». Car – en passant la question de savoir comment il commence à être prouvé pour la première fois de manière infaillible que cet individu a été légitimement élu pour prendre le Siège de saint Pierre – quand quelqu’un a constamment agi en tant que Pape et a été théoriquement et pratiquement reconnu comme tel par les évêques et par l’Église universelle, il est clair que le magistère ordinaire et universel donne un témoignage tout à fait clair de la légitimité de sa succession. »

(Van Noort, Sources of Revelation (Westminster, Maryland: Newman Press, 1957, p. 265.))

Cardinal Billot – De Ecclesia Christi, tome II (1909)

« Enfin, quoi que vous pensiez encore de la possibilité ou de l’impossibilité de l’hypothèse susmentionnée [d’un Pape tombant dans l’hérésie], on doit au moins tenir fermement, comme absolument inébranlable et hors de tout doute, ceci : l’adhésion de l’Église universelle est toujours à elle seule le signe infaillible de la légitimité de la personne du Pontife, et donc de l’existence de toutes les conditions requises à cette légitimité. Et la raison de ceci n’est pas à chercher au loin. Elle se prend en effet immédiatement de la promesse et de la providence infaillibles du Christ : Les portes de l’enfer ne prévaudront pas contre Elle. Ce serait en effet la même chose, pour l’Église, d’adhérer à un faux Pontife que d’adhérer à une fausse règle de foi puisque le Pape est la règle vivante que l’Église doit suivre en croyant, et de fait suit toujours. Dieu peut permettre que, parfois, une vacance au Siège apostolique se prolonge pendant longtemps. Il peut aussi permettre qu’un doute surgisse sur la légitimité de telle ou telle élection. Il ne peut cependant permettre que toute l’Église admette comme pontife celui qui ne l’est pas vraiment et légitimement. »

« Disons ce mot, au passage, contre ceux qui, cherchant à justifier certaines tentatives de schisme faites à l’époque d’Alexandre VI, allèguent que l’instigateur de ce schisme répandait qu’il avait des preuves très-certaines de l’hérésie d’Alexandre, et qu’il serait prêt à les révéler dans un concile général. Sans donner d’autres raisons qui permettraient de réfuter aisément cette opinion, qu’il suffise de rappeler ceci : il est certain que lorsque Savonarole écrivait ses lettres aux princes [pour dénoncer cette soit disant « hérésie » d’Alexandre VI], toute la chrétienté adhérait à Alexandre VI et lui obéissait comme au vrai pontife. Pour cette raison même, Alexandre VI n’était pas un faux Pontife, mais un pape légitime. Donc, il n’était pas hérétique, au moins dans ce sens qu’un hérétique cesse d’être membre de l’Église et qu’il est privé en conséquence, par la nature même des choses, du pouvoir pontifical et de toute autre juridiction »

« Par conséquent, à partir du moment où le Pape est accepté par l’Église et uni à elle comme la tête l’est au corps, il n’est plus permis de douter d’un éventuel vice d’élection ou d’une éventuelle absence de toute condition nécessaire pour la légitimité. Car l’adhésion de l’Église susmentionnée guérit à la racine toute faute dans l’élection et prouve infailliblement l’existence de toutes les conditions requises. »

(De Ecclesia Christi, tome (I &) II, Quaestio XIV – De Romano Pontifice, Thèse XXIX, §3, p. 620, 1909)

Hervé – Manuale Theologiae Dogmaticae (1952)

 » Hervé: A quoi servirait-il de professer l’autorité infaillible des conciles œcuméniques ou des pontifes romains de façon abstraite s’il était permis d’entretenir des doutes sur la légitimité d’un concile ou d’un pontife donné ? »

(Hervé, Manuale Theologiae Dogmaticae, (Berche et Pagis, Editores, Parisiis, 1952.)

A. Tanquerey – Synopsis theologiae dogmaticae fundamentalis : Ad mentem S. Thomae Aquinatis – (1896)

« Tous admettent que l’Église jouit d’une infaillibilité quant à la légitimité d’un Souverain Pontife, et donc qu’elle ne peut pas se tromper lorsqu’elle reconnaît à l’unanimité ce Pape comme légitime. Sinon, le corps de l’Église serait séparé de sa tête. Ce serait contraire à son indéfectibilité et à son unité. »

(Tanquerey, Synopsis theologiae dogmaticae fundamentalis : Ad mentem S. Thomae Aquinatis, 1897, Caput II, No 197, p. 482 .; 1896, No 195, p. 523)

Abbé Guéranger, OSB – L’année liturgique (1875)

« Le jeu inévitable des passions humaines, interférant dans l’élection du Vicaire du Christ, peut peut-être pendant un certain temps [c’est-à-dire « pour un certain temps »] rendre incertaine la transmission du pouvoir spirituel. Mais quand il est prouvé que l’Église, détenant encore, ou remise en possession de sa liberté, reconnaît en la personne un certain Pape, jusque-là douteux , comme le véritable Souverain Pontife, cette reconnaissance même est une preuve que, à partir de ce moment du moins, l’occupant du Siège Apostolique est comme tel investi par Dieu lui-même. »

(Abbé Guéranger, OSB, L’année liturgique, Vol XII, 1875, p. 188.)

Saint Alphonse Ligouri – ‘Verita Della Fede’ (1767)

« Peu importe que, dans les siècles passés, quelque pontife ait été élu de façon illégitime ou ait pris possession du pontificat par fraude ; il suffit qu’il ait été accepté ensuite comme pape par toute l’Église, car de ce fait il est devenu le vrai pontife. Mais, si pendant un certain temps, il n’avait pas été accepté vraiment et universellement par l’Église, pendant ce temps, alors, le siège pontifical aurait été vacant, comme il est vacant à la mort du pape. »

(Verita Della Fede, Partie III, Ch. VIII, p. 720.)

Tanquerey – Tanquerey, Dogmatic Theology (1959)

« L’Église est infaillible en ce qui concerne les faits dogmatiques. Un fait dogmatique est un fait qui est tellement lié à une doctrine de l’Église que la connaissance de celui-ci est nécessaire pour comprendre la doctrine et la préserver en toute sécurité. »

« Les faits dogmatiques peuvent être triples: historiques, doctrinaux et hagiographiques. Ainsi , les faits dogmatiques sont la légitimité du Souverain Pontife , le caractère œcuménique (universel) d’un Concile. »

« Que l’Église soit infaillible à l’égard des faits dogmatiques est certain. Car si l’Église pouvait se tromper concernant l’autorité du Souverain Pontife ou d’un Concile, alors il y aurait toujours des raisons de douter que leurs décisions soient infaillibles et par conséquent de rejeter ces décisions. »

(Tanquerey, Dogmatic Theology, vol I, (New York; Tournai; Paris; Rome: Desclee Company, 1959), p. 146.)

Père Wernz (Pape douteux – voir note de bas de page) (1898)

« Les auteurs anciens ont partout admis l’axiome, « Un pape douteux n’est pas un pape » et l’ont appliqué pour résoudre les difficultés qui ont surgi du grand schisme occidental. Or, cet axiome peut être compris de plusieurs manières. Par exemple, un  »pape douteux » peut être compris non pas négativement, mais positivement – c’est-à-dire lorsque, après un examen diligent des faits, des hommes compétents de l’Église catholique prononceraient:  »La validité de l’élection canonique de ce pontife romain est incertaine ». De plus, les mots  »pas un pape » ne sont pas nécessairement compris d’un pape qui a été précédemment reçu comme certain et incontestable par toute l’Église, mais dont l’élection a été révélée par la suite tant de difficultés qu’il devient  »un pape douteux » de sorte qu’il perdrait ainsi le pouvoir pontifical déjà obtenu. Cette compréhension de l’axiome concernant «un pape douteux» doit être réprimée parce que toute l’Église ne peut pas se détacher entièrement d’un pontife romain légitimement élu, en raison de l’unité promise à son Église par le Christ. »

« Mais l’autre partie de cet axiome pourrait avoir le sens qu’un pontife romain dont l’élection canonique est incertaine et reste sujette à des doutes positifs et solides après un examen attentif, n’a absolument jamais acquis [1]  la juridiction papale du Seigneur Jésus-Christ. Pour cette raison, les évêques réunis en concile général, au cas où ils soumettraient à l’examen d’un cas douteux de ce genre, ne prononcent pas de jugement sur un vrai pape, puisque la personne en question n’a pas la juridiction papale. Or, si l’axiome est compris dans ce dernier sens, la doctrine qu’il contient est entièrement saine. »

[1] Card. Franzelin 1. c. p. 232. n. 4. i. f.; Camarda 1. c. p. 253. sq. 256. sq., ubi agit de legitimis exceptionibus contra electum Rom. Pontificem recteque notat contra Papam electum et a tota Ecclesia receptum non admitti exceptionem. Qui consensus Eccl. non est electio nec vi sua non electum facit electum, quia canonice electus a Cardinalibus antece denter ad acceptationem Ecclesiae est legitimus Papa. Cfr. Franzelin l. c. p. 234. Ergo acceptatio illa Ecclesiae non est causa, sed signum et effectus infallibilis validae electionis. Vicissim si tota Eccl Papam electum dere linquat v. g. Petrum de Luna sive Bened. XIII., id certum est signum illum nunquam fuisse legitimum Papam. Cfr. Card. Hergenroether-Kirsch l. c. t. II. p. 867. sq.; Bouiae l. c. p. 684. sq.; Billot l. c. p. 144. sq.  [Par conséquent, l’acceptation universelle par l’Église n’est pas la cause , mais le signe et l’effet infaillible d’une élection valide. D’un autre côté, si toute l’Église abandonne un Pape, comme dans cas de Pierre de Lune (Benoît XIII), c’est un signe certain qu’il n’a jamais été un Pape légitime.] 

(Cf. Suarez, De Fide, Disp.10, sect.6, n.4, 19. « (Fr. Franz Xaver Wernz, Ius Decretalium ad Usum Praelectionum In Scholis Textus Canonicisive Juris Decretalium«  Tomus II, (Romae: De Propoganda Fide, 1898) Scholion 618). Ius Decretalium)

Hurter, S.J. – Theologiae Dogmaticae Compendium (1885)

« [Les faits dogmatiques] incluent des choses de ce genre : que les Écritures sacrées que nous utilisons sont authentiques; que les conciles de Nicée, d’Éphèse, de Trente, etc. étaient légitimes; que Pie IX, Léon XIII, etc. ont été  élus  légitimement et par conséquent ont été les successeurs légitimes de Pierre comme évêques de Rome.  Voyez simplement ce qui résulterait si vous laissiez l’une de ces choses être mise en doute.  Les définitions émises pendant les Conciles n’auraient pas de certitude. Il n’y aurait aucun moyen sûr de déterminer le centre de l’unité catholique. Bref, il en résulterait le déracinement de la foi elle-même et la destruction de la Révélation. »

(Hurter, S.J. Theologiae Dogmaticae Compendium (1885) I.338 (Thèse LV))

Jean de Saint-Thomas – Cours de théologie (1640)

« L’Église accepte l’élection et les élus comme une question de foi, parce qu’elle le reçoit comme la règle infaillible de la foi, et comme le chef suprême auquel elle est unie, car l’unité de l’Église dépend de son union avec lui. »

« A L’OBJECTION selon laquelle il doit y avoir quelqu’un pour proposer cette vérité à l’Église comme de fide, je réponds que l’élection et l’élu sont proposés par les cardinaux, non en leur propre personne, mais en la personne de l’Église et par son pouvoir – car c’est elle qui leur a confié le pouvoir d’élire le pape et de le déclarer élu. C’est pourquoi ils sont, à cet égard et pour cette tâche, l’Église elle-même représentative. Ainsi les cardinaux, ou quiconque d’autre l’Église (c’est-à-dire le Pape) a légitimement désigné pour faire l’élection, représenter l’Église dans tout ce qui concerne l’élection de son chef, le successeur de Pierre. »

« De même que le pape rassemble les évêques en un concile, et pourtant sa confirmation et la sentence finale en matière de foi dépendent de lui, de même la congrégation des cardinaux élit le pape et déclare qu’il a été élu, et pourtant c’est l’Église, dont ils sont les ministres, qui, par son acceptation, confirme finalement comme vérité de foi le fait que cet homme est vraiment la plus haute règle de foi et le souverain pontife.   C’est pourquoi, si les cardinaux l’élisent d’une manière douteuse, l’Église peut corriger leur élection, comme l’a décidé le concile de Constance lors de sa 41e session. Par conséquent, la proposition [c’est-à-dire qu’il est le pape légitime] est rendue de fide, comme cela a déjà été expliqué, par l’acceptation de l’Église, et cela seul, avant même que le pape lui-même ne définisse quoi que ce soit.  (…) »

« Tout ce qui reste à déterminer, alors, quel est le moment exact où l’acceptation de l’Église devient suffisante pour rendre la proposition [c’est-à-dire que cet homme est Pape] de fide. Est-ce dès que les cardinaux proposent les élus aux fidèles qui sont dans la localité immédiate, ou seulement lorsque la connaissance de l’élection s’est suffisamment répandue dans le monde entier, où que se trouve l’Église ? »

« JE RÉPONDS que (comme nous l’avons dit plus haut) l’élection à l’unanimité des cardinaux et leur déclaration s’apparente à une définition donnée par les évêques lors d’un Concile légitimement réuni. De plus, l’acceptation de l’Église est, pour nous, comme une confirmation de cette déclaration. Maintenant, l’acceptation de l’Église s’opère soit négativement, lorsque l’élection n’est pas aussitôt combattue ; soit positivement, lorsque l’élection est d’abord acceptée par ceux qui sont présents et progressivement par les autres. Dès que les hommes voient ou apprennent qu’un pape a été élu, et que l’élection n’est pas contestée, ils sont obligés de croire que cet homme est le pape, et de l’accepter. »

(Jean de St. Thomas CURSUS THEOLOGICUS, Tome 6.  Questions 1-7 on Faith.  Disputation 8. 1640 1 2 3 4 5)

Cardinal Juan de Lugo y de Quiroga – De virtuto fidei divinae (1646)

« Il est de foi, qu’un tel homme est actuellement le Pape véritable et légitime. »

« Il est aussi impossible de se tromper sur la véritable règle visible de sa foi qu’il est impossible de se tromper sur les dogmes qu’on doit croire par cette même foi… Or la règle visible, dit-il, que l’Eglise suit et doit suivre absolument pour sa foi, est son chef visible, c’est-à-dire le souverain pontife, dont elle doit embrasser la doctrine et les décisions. Donc l’Eglise ne peut être trompée, en sorte qu’elle accepte pour pontife et pour règle de foi, un homme qui ne seroit ni le vrai pontife, ni la règle de la foi, mais un faux pape et un homme particulier. »

« Je soutiens, dit-il, qu’il est révélé qu’un tel homme pris individuellement, savoir Urbain VIII, est souverain pontife, par une révélation universelle, par laquelle est révélé que l’Eglise n’errera point. Car cette révélation contient qu’elle n’erre pas en reconnoissant un tel individu pour son chef, et pour la règle de la foi catholique. »

« L’erreur de l’Eglise seroit plus nuisible si cette erreur tomboit sur la règle même de sa foi, que si elle ne tomboit sur quelques autres objets particuliers de sa foi, parce qu’alors l’erreur seroit contre le fondement de la foi même »

« Dès le moment qu’il a été révélé qu’un tel est vrai pape, il a été révélé aussi, du moins implicitement, qu’il est baptisé. Que si vous voulez que le baptême de cet homme soit renfermé dans la vérité de son pontificat, comme une partie l’est dans son tout, son baptême sera de foi, parce qu’il sera immédiatement révélé, quoique confusément, comme une partie l’est dans son tout. Mais si vous voulez que son baptême ne soit pas renfermé formellement dans la vérité de son pontificat, mais qu’elle soit essentiellement présupposée, comme une disposition nécessaire, afin que Dieu lui confère la puissance pontificale ; alors de fait du baptême de cet homme sera encore plus implicitement révélé, parce que cette proposition est une suite de deux vérités de foi ; l’un qu’un pape doit être baptisé, l’autre que cet homme est le vrai pape. »

(De virtuto fidei divinae, disp. I, sect. XXIII, §3 et 5)

Arnaldo De Salveira – (1980)

« En ce qui concerne un Pape douteux, il est nécessaire de préciser ici que l’acceptation pacifique d’un Pape par toute l’Église est « un signe et un effet infaillible d’une élection valide ». C’est l’enseignement commun des auteurs. » 

(L’Ordo Missae de Paul VI : Qu’en penser ?, Paris, 1980, p. 72).

Père Francis Connell – American Ecclesiastical Review (1965)

Dans le numéro de décembre 1965 de The American Ecclesiastical Review, le P. Francis Connell fournit une belle explication de la doctrine et l’utilise pour prouver que Paul VI a été validement baptisé (condition) et validement élu pape.

« Question : Quelle certitude avons-nous que le Pontife régnant est en fait le primat de l’Église universelle – c’est-à-dire qu’il est devenu membre de l’Église par un baptême valide, et qu’il a été valablement élu Pape ? »

« Réponse: Bien sûr, nous avons la certitude morale humaine que le Pontife régnant a été valablement élu en conclave et a accepté la fonction d’évêque de Rome, devenant ainsi chef de l’Église universelle. Le consensus unanime d’un grand groupe de cardinaux composant le corps électoral nous a donné cette assurance. Et nous avons également la certitude morale humaine que le Souverain Pontife a été valablement baptisé, car il y a une trace à cet effet dans le registre de baptême de l’église dans laquelle la Sainte-Cène a été administrée. Nous avons le même type de certitude que tout évêque est le véritable chef spirituel du Siège particulier qu’il préside. Ce type de certitude exclut toute crainte prudente du contraire. »

« Mais dans le cas du Pape, nous avons un degré de certitude plus élevé – une certitude qui exclut non seulement la peur prudente du contraire, mais même la peur possible du contraire. En d’autres termes, nous avons la certitude infaillible que l’actuel Souverain Pontife [Paul VI] a été incorporé dans l’Église par un baptême valide [condition] et a été valablement élu chef de l’Église universelle. Car si nous n’avions pas l’assurance infaillible que le souverain Pontife est vraiment aux yeux de Dieu le principal enseignant de l’Église du Christ, comment pourrions-nous accepter comme infailliblement vraies ses déclarations solennelles ? Ceci est un exemple d’un fait qui n’est pas contenu dans le dépôt de la révélation mais qui est si intimement lié à la révélation qu’il doit être dans la portée de l’autorité magistrale de l’Église de le déclarer infailliblement. Toute l’Église, enseignant et croyant, déclare et croit ce fait, et de là il s’ensuit que ce fait est infailliblement vrai. Nous l’acceptons avec une foi ecclésiastique – et non divine – fondée sur l’autorité de l’Église infaillible.  »

(American Ecclesiastical Review, vol. 153, décembre 1965, p. 422.)

Rev. Kavanagh D.D. – Le Vaticanisme et M. Gladstone (1895)

« Monsieur. Gladstone n’a pas besoin de s’inquiéter de la succession papale. Indépendamment de toutes les procédures précédentes, l’acceptation de Martin V par l’Église universelle comme pape légitime prouve que son élection était canonique et légitime; car la reconnaissance du vrai Pape est un fait dogmatique dans lequel l’Église universelle ne peut pas se tromper. »

(Rév. James Kavanagh, DD, Le Vaticanisme et M. Gladstone, Dublin, James Guffy, 1895, p. 54)

Père Edmund O’Reilly – The Relations of the Church to Society (1892)

Ce qui suit est la réponse du Père O’Reilly au même article de M. Gladstone :

« Quant au droit du pape Martin à sa position, son acceptation universelle par l’Église catholique  a réglé cela ; et l’universalité de cette acceptation n’a pas été sensiblement affectée par la persistance obstinée de Pierre de Lune avec une poignée d’adhérents. »

(P. Edmund O’Reilly, SJ, The Relations of the Church to Society (Londres, John Hodges, 1892) p. 308)

Définition de Martin V – Concile de Constance

La question suivante a été définie par le Concile pour être posée aux personnes suspectes d’hérésie :

« De même s’il croit que le pape canoniquement élu, qui est celui du moment, après la proclamation de son nom propre est le successeur du bienheureux Pierre, ayant l’autorité suprême dans l’Eglise de Dieu. »

(Inter Cunctas, Concile de Constance)

Définition de Martin V expliquée par Jean de Saint Thomas (1640)

Ce qui suit est l’explication de Jean de Saint-Thomas sur la raison pour laquelle cette définition rend l’acceptation pacifique et universelle d’un pape de fide :

« Martin V, au concile de Constance, dans la condamnation des erreurs de Wyclif, qui se trouve après les quatrième, cinquième et dernière sessions du concile, dans les interrogatoires qui doivent être faits à ceux dont la foi est suspectée, pour voir s’ils croient correctement, pose cette question : De même s’il croit que le pape canoniquement élu, qui est celui du moment, après la proclamation de son nom propre est le successeur du bienheureux Pierre, ayant l’autorité suprême dans l’Eglise de Dieu. Ces mots ne parlent pas de la vérité de cette proposition comprise dans un sens général – à savoir que quiconque est légalement élu est le Souverain Pontife – mais en particulier, concernant celui qui est pape à l’époque, en donnant son nom propre, par exemple, Innocent X. C’est à cet homme, dont le nom propre est donné, que le pape demande à la personne suspecte dans la foi de se faire demander s’il croit qu’une telle personne est le successeur de Pierre et du Souverain Pontife : il s’agit donc de l’acte de la foi – non à une inférence ou à une certitude morale; car aucun de ces deux derniers n’est une question de foi. (…) »

« Quiconque est élu par les personnes que l’Église désigne pour choisir un pape en son nom, du seul fait qu’il est accepté par l’Église comme légitimement élu, est en fait pape. C’est ce dernier sujet de la définition de Martin V, rapportée ci-dessus, ainsi que de l’acceptation de l’Église. »

« Par conséquent, nous avons la certitude de foi, par une révélation implicitement contenue dans le Credo et dans la promesse faite à Pierre, et rendue plus explicite dans la définition de Martin V, et appliquée et déclarée en acte (in exercitio) par l’acceptation de l’Église, que cet homme en particulier, élu canoniquement selon l’acceptation de l’Église, est pape. La certitude de la foi touche cela seul ; et tout ce qui est préalable au fait de l’élection ou suit celle-ci, est déduit comme une conclusion théologique tirée de la proposition qui est de fide, et est cru médiatement. »

Bulle de Martin V expliquée par Ferraris – Prompta Bibliotheca Canonica (1769)

« Il est de foi que Benoît XIV, par exemple, légitimement élu et accepté comme tel par l’Église, est le vrai Pape (doctrine commune parmi les catholiques). Cela est prouvé par le Concile de Constance, avec les décrets de la Constitution Inter Cunctas, décrétant qu’il sera demandé à ceux qui reviennent de l’hérésie à la foi, entre autres: « s’il croient que le pape canoniquement élu, qui est celui du moment, après la proclamation de son nom propre est le successeur du bienheureux Pierre, ayant l’autorité suprême dans l’Eglise de Dieu ». Car par là il suppose qu’il s’agit d’un article de foi, puisque ceux qui abjurent l’hérésie ne sont « interrogés que sur les vérités de la foi. »  (…) »

« Par le simple fait que l’Église le reconnaisse comme légitimement élu, Dieu nous révèle la légitimité de son élection  (quoque est certa, quia eo ipso quod Ecclesia ipsum recepit ut légitime electum, revelat Deus ipsius electionem esse legitimam), le Christ ayant promis que Son Église ne sombrerait jamais en matière de foi ; or elle errerait dans une telle matière si ce principe était faux, car l’Église, en reconnaissant l’élu comme le vrai pape, le reconnaît comme une règle infaillible de foi ; tandis que [s’il n’était reconnu comme tel], il serait faillible. Les définitions de Benoît XIV lorsqu’il parle ex cathedra sont de fide ; mais l’assentiment ne serait pas de fide , si ce n’était de fide que Benoît est le vrai Pape. Il n’est pas valable [de dire] : ce n’est pas de fide que Benoît XIV soit valablement baptisé et élu canoniquement, puisque cela n’est pas révélé ; donc, ce n’est pas de fide que c’est le vrai Pape. Ce n’est pas valable, dis-je, car bien que cela ne soit pas explicitement révélé, il se révèle implicitement par l’acceptation pacifique et universelle de l’Église ; puisque par ce fait Dieu a révélé qu’il était le Pape légitime, il a ainsi implicitement révélé que toutes les conditions nécessaires pour qu’il devienne Pape étaient réunies . »

(Père Ferraris, Louis, Prompta Bibliotheca Canonica Iuridica Moralis Theologica, vol. VI (Romae: SC De Propaganda Fide, 1764) article Papa, nos 67-71, p. 224).

Bulle de Martin V expliquée par Antonio Arbiol – Selectae Disputationes Scholasticae, Et Dogmaticae (1702)

« La légitimité de l’élection de Benoît XIV est de fide, il est le vrai Pape, le Vicaire du Christ, et le Successeur de Pierre, tel qu’accepté par l’Eglise. Tenu de manière commune par les théologiens. »

« La bulle de Martin V, au concile de Constance, détermine qu’il faut demander aux hérétiques de retour dans l’Église s’il croient que le pape canoniquement élu, qui est celui du moment, après la proclamation de son nom propre est le successeur du bienheureux Pierre ; et sinon ils doivent être punis comme hérétique et disciple de l’hérésiarque Jean Hus ; mais cela ne serait pas le cas, si ce n’était de fide ; donc, etc. » 

Ce qui suit répond à l’objection selon laquelle la légitimité d’un pape ne peut être de fide, car ce n’est pas de fide qu’il a été élu canoniquement, ou baptisé, etc.

«… Après avoir été pacifiquement et universellement accepté, comme nous l’avons vu plus haut, non seulement l’élection est canonique et de fide; mais aussi qu’il a été baptisé, ainsi que beaucoup d’autres choses qui n’étaient pas auparavant de fide; car puisque la Divine Providence ne permettra pas que l’Église puisse se tromper [en acceptant universellement un faux pape], tout cela est implicitement révélé dans la promesse du Christ: « Voici, je suis avec vous tous les jours, même jusqu’à la fin du monde. » (…) Par conséquent, après l’acceptation pacifique et universelle, la proposition [qu’il est le vrai Pape] n’est pas seulement probable; c’est de fide. Aucun auteur catholique ne dit le contraire. En effet, tous enseignent que par l’acceptation pacifique et universelle de l’Église, toutes les conditions connexes deviennent aussi de fide, qui auparavant n’étaient pas de fide. »

(Arbiol, Antonio OFM, Selectae disputationes scholasticae, et dogmaticae, Quest. III, pp. 300 à 310, Caesar-Augustae: Emm. Roman Univ, 1702,Disp II, Art XII.)

Explication de la définition de Martin V par le Père Smith, SJ (1895)

Le Père Sydney Smith, SJ, cite le canoniste italien renommé, Lucius Ferraris (Bibliotheca – 1764), qui explique pourquoi cette définition rend la légitimité d’un pape, qui a été pacifiquement et universellement accepté, de fide :

« Le principe qui vient d’être énoncé, à savoir que l’Église qui reconnaît un faux pape ne peut être qu’une fausse Église, loin de nous alarmer, nous indique le chemin sûr et facile dans le dédale qui nous est préparé. Il est vrai qu’une Église ayant reconnu un faux pape ne peut être une vraie Église, et pourquoi cela, sinon parce que la vraie Église ne peut reconnaître un faux pape ? Aussi, étant donné que nous savons pour des motifs certains et indépendants quelle est la vraie Église, tout ce qu’il nous reste à faire, c’est de nous interroger quant au pape auquel nous devons obéir, ou quant à un autre pape de l’histoire dont nous nous demandons si la vraie Église le reconnaît ou l’a reconnu ; si ce n’est pas le cas, nous pouvons savoir avec certitude, immédiatement et indépendamment de toute investigation historique détaillée, si le titre par lequel il a accédé au Siège de Pierre est valide ou non. De la même manière, s’il s’avère que la vraie Église s’est entièrement séparée d’un quelconque prétendant à la papauté, cet enseignement aisément acquis nous offre immédiatement la certitude qu’un tel prétendant n’avait pas un titre valide au Siège. Les seuls cas où l’application de ce principe est inutile sont ceux des papes dont les règnes furent si courts que l’Église universelle a difficilement eu le temps de donner des signes évidents d’adhésion ou de rejet, ou ceux des papes dont la vie a été trop courte pour montrer clairement si l’Église les a regardés comme légitimes ou comme des intrus. Mais ces exceptions sont rares et peu importantes »

« Il est parfaitement clair que la grande majorité des papes (…), allant non seulement jusqu’au seizième siècle mais jusqu’à nos jours, ont reçu cette loyale adhésion et obéissance de la part de l’Église universelle, que Léon XIII reçoit actuellement, ce qui en soi est un signe si certain de la légitimité de son titre que nous pouvons même faire acte de foi qu’il est le vrai Vicaire de Jésus-Christ. Ce n’est pas une simple théorie, mais c’est la doctrine commune des théologiens catholiques, comme il apparaîtra suffisamment dans le passage qui va suivre, de Ferraris Bibliotheca, ouvrage de la plus haute autorité. Dans son article sur le pape, Ferraris dit : il est de foi que Benoît XIV, par exemple, légitimement élu et accepté comme tel par l’Église, est le vrai Pape (doctrine commune parmi les catholiques). Cela est prouvé par le Concile de Constance, avec les décrets de la Constitution Inter Cunctas, décrétant qu’il sera demandé à ceux qui reviennent de l’hérésie à la foi, entre autres« s’il croient que le pape canoniquement élu, qui est celui du moment, après la proclamation de son nom propre est le successeur du bienheureux Pierre, ayant l’autorité suprême dans l’Eglise de Dieu ». Car ainsi il [Ferraris] suppose qu’il s’agit d’un article de foi, puisque ceux qui abjurent l’hérésie ne sont « interrogés que sur les vérités de la foi. » »

Le Père Smith continue en citant l’explication de Ferraris sur ce qui est requis pour être « canoniquement élu » :

« On dira : « Oui, mais [Ferraris] parle seulement d’un pontife canoniquement élu, et comme tel accepté par l’Église ; son autorité ne peut donc être invoquée dans le cas d’une élection dont le caractère canonique est mis en doute. » »

« Toutefois, c’est une objection que Ferraris lui-même anticipe, et il y répond ainsi : par le simple fait que l’Église le reconnaisse comme légitimement élu, Dieu nous révèle la légitimité de son élection, le Christ ayant promis que Son Église ne sombrerait jamais en matière de foi ; or elle errerait dans une telle matière si ce principe était faux, car l’Église, en reconnaissant l’élu comme le vrai pape, le reconnaît comme une règle infaillible de foi ; tandis que [s’il n’était reconnu comme tel], il serait faillible. »

« L’Église ne peut errer lorsqu’elle reconnaît son chef. Elle ne peut pas plus reconnaître un faux chef, ni se séparer du vrai chef. Les motifs de cette affirmation nous ont été indiqués par Ferraris, mais il peut être utile de reprendre ses explications plus en détail. En vertu des promesses fondamentales de Notre-Seigneur, elle [l’Église] détient deux prérogatives : l’indéfectibilité et l’immunité contre l’erreur, ainsi que la présence permanente du Saint-Esprit, qui prévaut sur les mouvements du cœur et de l’esprit, et sur le cours des événements, afin d’assurer la continuité de ces deux prérogatives. Or le pontificat est un élément essentiel de la constitution de l’Église. Par conséquent, si le pontificat sombrait, l’Église perdrait ses caractéristiques essentielles et se révélerait non-indéfectible. Encore une fois, l’Église est préservée de l’erreur religieuse par sa dépendance à la voix infaillible de son Souverain Pasteur. Mais si elle pouvait errer en échouant à distinguer le vrai chef d’un faux, avec pour résultat de reconnaître ce dernier, elle serait désespérément exposée au risque d’errer dans la doctrine religieuse, en la recevant de lèvres fausses et dépourvues d’assistance [divine] ».

(Père Sydney Smith, S.J., “ Dr. Littledale’s Theory of the Disappearance of the Papacy,” Catholic Truth Society, Vol. XXVI, London, 1895.)

Canoniste Boni – Beyond a Resignation. The Decision of Pope Benedict XVI and The Law (2015)

« Enfin, Antonio Socci dit ceci : « Même si la validité des procédures suivies que le 13 mars 2013 n’exprimait qu’un jugement douteux, on peut supposer que le conclave doit être refait car la doctrine enseigne que « dubius pape habetur pro non papa » (un pape douteux est considéré comme n’étant pas pape), comme l’écrit le grand docteur de l’Église et cardinal jésuite saint Robert Bellarmin dans le traité  » De conciliis et ecclesia militante » (p. 7, 122). »

« Au contraire, même si ce qui a été rapporté s’était produit, la procédure suivie, comme démontré, aurait été entièrement « ad normam iuris » (comme le prévoit la loi) : l’élection du Pape François, ayant atteint la majorité attendue dans la cinquième scrutin (le premier, je me souviens, a eu lieu le 12 mai), il serait valable, il n’y aurait rien à guérir, il n’y aurait aucun doute, encore moins « positif » et « insoluble » (comme le postule la loi), sur sa validité. »

« Compte tenu de l’innocuité juridique totale de ces suppositions, même pour vouloir rendre hommage aux informations sur lesquelles il prétend s’enraciner, l’homme de paille – imprudemment agité – des occupants actuels sur la chaire de Pierre d’un pape douteux disparaît également. Cependant, les canonistes ont constamment et généralement répété que la « pacifica universalis ecclesiae adhaesio » est le signe et l’effet infaillible d’une élection valide et d’une papauté légitime : et l’adhésion au pape François du peuple de Dieu ne peut être mettre en doute de quelque manière que ce soit. »

(Dr Boni, professeur de droit canonique à l’Université de Bologne et conseiller du Conseil pontifical pour les textes législatifs. « Beyond a Resignation. The Decision of Pope Benedict XVI and The Law », Bologne, 2015.)

Mgr Lefebvre – La nouvelle messe et le pape (1980)

« L’éloignement des cardinaux de plus de 80 ans et les conventicules qui ont préparé les deux derniers Conclaves ne rendent-ils pas invalide l’élection de ces Papes ? Invalide, c’est trop affirmer, mais éventuellement douteux. Toutefois l’acceptation de fait postérieure à l’élection et unanime de la part des Cardinaux et du clergé romain suffit à valider l’élection. C’est l’opinion des théologiens. »

« La question de la visibilité de l’Eglise est trop nécessaire à son existence pour que Dieu puisse l’omettre durant des décades. Le raisonnement de ceux qui affirment l’inexistence du Pape met l’Eglise dans une situation inextricable. Qui nous dira où est le futur Pape ? Comment pourra-t-il être désigné puisqu’il n’y a plus de cardinaux? Cet esprit est un esprit schismatique du moins pour la plupart des fidèles qui s’attacheront à des sectes vraiment schismatiques comme : celle de Palmar de Troya, de l’Eglise Latine de Toulouse, etc… (…) »

« Par conséquent, la Fraternité Sacerdotale Saint Pie X, ses prêtres, frères, sœurs et oblats, ne peuvent tolérer parmi ses membres ceux qui refusent de prier pour le Pape ou affirment que le Novus Ordo Missae est en soi invalide. »

(Mgr Lefebvre, La nouvelle messe et le Pape, Fideliter n° 13 de février 1980, d’après Cor unum de novembre 1979)

The Catholic Encyclopedia – Sur les faits dogmatiques (1909)

« Les questions suivantes impliquent des faits dogmatiques au sens large: Pie X, par exemple, est-il vraiment et véritablement Pontife romain [1909], dûment élu et reconnu par l’Église universelle ? Ceci est lié au dogme, car c’est un dogme de foi que tout pontife dûment élu et reconnu par l’Église universelle est le successeur de Pierre. Encore une fois, tel ou tel concile était-il œcuménique ? Cela aussi est lié au dogme, car tout concile œcuménique est doté d’infaillibilité et de juridiction sur l’Église universelle. La question de savoir si les saints canonisés meurent réellement dans l’odeur de la sainteté est liée au dogme, car quiconque meurt dans l’odeur de la sainteté est sauvé. »

« On dirait techniquement qu’il est théologiquement certain que l’Église est infaillible dans ces définitions ; et cette infaillibilité ne peut être légitimement remise en question. Le fait que tous sont tenus de donner leur assentiment interne aux définitions des faits dogmatiques de l’Eglise est évident à partir des devoirs corrélés de l’enseignant et des personnes enseignées. Comme il appartient au devoir du pasteur suprême de définir le sens d’un livre ou d’une proposition, corrélativement, il est du devoir des sujets qui apprennent à accepter ce sens. »

(The Catholic Encyclopedia. Vol. 5. New York: Robert Appleton Company, 1909.)

Auguste Boulanger – La doctrine catholique (1930)

« Il faut entendre par « fait dogmatique » tout fait qui, sans être révélé, est en connexion si étroite avec le dogme révélé que, le nier, c’est du même coup ébranler les fondements du dogme lui-même. Dire, par exemple, que tel concile œcuménique est légitime, que tel pape a été régulièrement élu, que telle version de la Sainte-Ecriture (v. g. la Vulgate) est substantiellement conforme au texte original, que telle doctrine hérétique est contenue dans tel livre : voilà autant de faits dogmatiques. Bien que les conclusions théologiques et les faits dogmatiques s’imposent à notre croyance comme garantis par l’enseignement infaillible de l’Eglise, ces vérités ne sont pas des dogmes. »

(La doctrine catholique, 1930, p. 13)

Cardinal Pie – Lettre aux dissidents de la Petite-Eglise (1851)

« Premièrement, N. T.-C. F., dites-nous quels sont ceux que l’Esprit-Saint a placés au milieu de vous pour gouverner votre Église, pour vous distribuer le pain de la doctrine et de la grâce ? L’Église, votre catéchisme vous l’avait appris avant votre séparation, c’est l’assemblée de tous les fidèles chrétiens gouvernés par notre Saint-Père le pape, vicaire de Jésus-Christ, et par les évêques. Or, le pape, vous le rejetez, et vous dites que depuis le commencement de ce siècle le siège apostolique n’a été occupé par aucun successeur légitime du prince des apôtres. Ou bien, si vous reconnaissez dans les divers pontifes qui ont occupé la chaire de Pierre les véritables chefs de l’Église, que pouvez-vous penser de vous-mêmes, puisque tous ces papes ont solennellement déclaré que vous étiez dans l’erreur et dans le schisme ? Cependant, vous le savez, c’est sur Pierre que Jésus-Christ a bâti Son Église ; et toute construction qui ne repose pas sur ce fondement n’est qu’une ruine détachée de l’édifice divin. Votre assemblée, qui n’est point gouvernée par notre Saint-Père le pape, n’est donc pas l’Église chrétienne ; et saint Jérôme vous dira que c’est être disciple de l’Antéchrist, et non de J.-C., antichristi esse, non Christi (S. Hier. Epist. xv, ad Damasum), que d’être séparé de la communion de Pierre.

« A défaut du pape, avez-vous au moins des évêques pour vous régir ? Non ; depuis longtemps vous ne possédez dans votre communion aucun évêque. Celui qui, avant la révolution, gouvernait l’évêché voisin, dont le Concordat vous a détachés pour vous rendre à celui de saint Hilaire (auquel vous aviez du reste appartenu plus anciennement et pendant plus de mille ans), l’évêque de La Rochelle, devenu archevêque de Reims, a formellement déclaré qu’il n’avait jamais approuvé l’excès de votre rébellion ; et, en acceptant de Pie VII, c’est-à-dire du pontife même qui avait ratifié le Concordat, l’institution canonique qui le portait sur le siège de saint Remy, il a fait tomber jusqu’à l’ombre même de toute opposition raisonnable au nouvel ordre de choses. Tous les autres évêques qui avaient d’abord refusé leur démission, ont enfin ouvert les yeux à la lumière ; et celui qui s’était montré le plus opiniâtre de tous, l’évêque de Blois, est mort dans le sein de l’Église romaine, après avoir rétracté ses erreurs et demandé l’absolution des peines encourues par sa résistance. Ainsi, de votre propre aveu, vous n’avez point d’épiscopat. Donc, dirons-nous encore, vous n’êtes pas une assemblée chrétienne, puisque l’Église de J.-C. est bâtie sur le fondement des apôtres, et que, selon la parole célèbre de Cyprien, il faut nécessairement et indispensablement un évêque pour qu’il y ait une Église : Episcopum in Ecclesia esse, et Ecclesiam in Episcopo (Lib. De Unitate Eccl.). Relisez votre catéchisme, votre catéchisme d’avant le Concordat, votre catéchisme de La Rochelle ; il vous dira : L’Eglise est l’assemblée de tous les fidèles chrétiens gouvernés par notre saint-père le pape, vicaire de J.-C. sur la terre, et par les évêques. Puis, considérez votre état, et voyez que vous n’avez ni pape, ni évêques pour vous gouverner. Et concluez que vous n’êtes pas de l’assemblée des chrétiens fidèles, et que vous ne faites pas partie de l’Église. La conséquence est inévitable, en même temps qu’elle est affreuse. Car c’est un principe fondamental que nul n’aura Dieu pour père, s’il n’a l’Église pour mère. »

(Cardinal Pie, Première lettre pastorale aux dissidents de la Petite-Eglise, à l’occasion du jubilé demi-séculaire, 1851)

Les Papes Léon XII et Léon XIII ont rappelé aux schismatiques que si aucun évêque n’approuvait leur position, c’était la preuve évidente qu’ils n’étaient pas la vraie Eglise.

Pape Léon XII – Exhortation « Pastoris æterni » (1826)

« …Car, comment l’Église sera-t-elle pour vous une mère, si vous n’avez pas pour pères les Pasteurs de l’Église, c’est-à-dire les évêques ? et d’où pouvez-vous vous glorifier du nom de catholiques, si, séparés du centre de la catholicité, c’est-à-dire du Saint-Siège Apostolique et du Souverain Pontife, en qui Dieu a mis la source de l’unité, vous rompez l’unité catholique ? L’Église catholique est une ; elle n’est point déchirée, ni divisée. Votre Petite Église ne peut donc en aucune manière appartenir à l’Église Catholique. Car, de l’aveu même de vos maîtres, ou plutôt de ceux qui vous trompent, il ne reste plus aucun des évêques français qui soutienne et qui défende le parti que vous suivez. Bien plus, tous les évêques de l’Univers Catholique, auxquels eux-mêmes en ont appelé, et à qui ils ont adressé leurs réclamations schismatiques imprimées sont reconnus comme approuvant les conventions de Pie VII et les actes qui se sont ensuivis, et toute l’Église catholique leur est désormais entièrement favorable. Quoi donc ? ne faut-il pas un gouvernement à l’Église catholique même, et n’établissent-ils pas qu’elle est déjà tombée ceux qui osent l’accuser ou de diminution, ou d’ignorance, ou d’erreur ? Or, les auteurs des Réclamations en sont venus à ce point de délire qu’ils osent affirmer cela même. Car ils crient que l’Église qui est contre eux et qui conserve la communion de ce Saint-Siège, doit être regardée comme dissimulant, ou comme trompée et dans l’erreur, et, pour cela, ils s’élèvent contre elle avec fureur comme schismatique. »

« Ce qui est comme s’ils prétendaient de leur faction… qu’en elle seule se trouve la véritable Église. Mais, comme leur prétendue Petite Église, loin d’avoir aucune note de l’Église catholique, porte au contraire tous les caractères d’une secte schismatique, il ne leur reste plus qu’à dire – que l’Église catholique n’est plus… Et voilà donc la Religion que vous donnent, ou plutôt le gouffre où vous précipitent ceux qui dominent votre religion et auxquels vous confiez si imprudemment vous âmes. Ils vous arrachent à l’Église votre mère, et par là ils vous enlèvent, en quelque sorte, Dieu le Père ; car, dit saint Cyprien : « Celui-là ne peut avoir Dieu pour Père, qui n’a pas l’Église pour mère ». »

(Léon XII, exhortation « Pastoris æterni », 26 juillet 1826, aux dissidents de France, principalement du diocèse de Poitiers, appelés communément anticoncordalistes)

Léon XIII – Lettre « Eximia Nos laetitia » (1893)

« Il ne peut donc y avoir aucune cause prouvée en droit, pour que ces hommes, quels qu’aient été d’ailleurs les premiers chefs de ceux dont il s’agit aujourd’hui, se soient séparés de la très sainte communion de l’univers catholique. Qu’ils ne s’appuient ni sur l’honnêteté de leurs mœurs ni sur leur fidélité à la discipline, ni sur leur zèle à garder la doctrine et la stabilité de la religion. L’apôtre ne dit-il pas ouvertement que tout cela ne sert de rien sans la charité ? Absolument aucun évêque ne les considère et ne les gouverne comme ses brebis. Ils doivent conclure de là, avec certitude et évidence, qu’ils sont des transfuges du bercail du Christ. Qu’ils entendent ce cri de saint Ignace, homme des temps apostoliques et martyr illustre : « Je vous écrirai de nouveau si, par faveur de Dieu, j’apprends que vous tous et chacun sans aucune exception, vous êtes unis dans une même foi sous le seul Jésus-Christ, obéissant à l’évêque et à ses prêtres, rompant dans l’unité d’un même esprit le pain unique dans lequel se trouve la source de l’immortalité. » Ou encore: « Abstenez-vous des herbes nuisibles que ne cultive point Notre-Seigneur Jésus-Christ ; elles n’ont point été plantées par le Père. Quiconque est, de Dieu et de Jésus-Christ est avec l’évêque, et quiconque revient, conduit par la pénitence, à l’unité de l’Église, est de Dieu et est selon Jésus-Christ. Ne vous y trompez pas, mes Frères, si quelqu’un suit les fauteurs du schisme, celui-là n’est point héritier du royaume de Dieu. » »

(Léon XIII, lettre « Eximia Nos laetitia », 19 juillet 1893, à l’évêque de Poitiers)

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