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L’histoire derrière la messe face au peuple, par le p. Michaud, 1945

Ceci est un extrait de la revue La Maison-Dieu : cahiers de pastorale liturgique du 1er Janvier 1945, N°2, à l’article « La Célébration de la Messe face au Peuple », par le père M. Michaud, depuis l’archive gallica.bnf.

Image: le Pape célébrant la messe du deuxième dimanche de l’Avent, le 5 décembre 2021, au « Megaron Concert Hall » d’Athènes.  (Vatican Media)

Le problème historique : Comment a-t-on célébré au cours des siècles?

1) La haute antiquité.

La plus ancienne mention formelle de l’autel chrétien se trouve dans saint Irénée1. Elle ne nous apprend rien sur l’attitude du célébrant. Il n’y a rien non plus à tirer des fresques des catacombes romaines représentant la « fractio panis », sous forme de banquet.
Il n’est pas absolument sûr que la fresque qui est dans la chapelle dite des sacrements, au cimetière de Calliste, représente la célébration de la messe. S’il était définitivement établi que cette fresque est eucharistique, on en pourrait déduire qu’aux environs de l’an 200, époque présumée de cette composition, l’autel avait souvent la forme d’une table-guéridon à trois pieds. Peut-être alors les fidèles entouraient-ils à une distance convenable le célébrant. C’est une conjecture, sans plus.

Comment célébrait-on dans les églises que nous savons avoir existé à Rome au IIIe siècle ? Était-ce face au peuple ? Avouons simplement notre ignorance. On sait en effet qu’il y avait à Rome, lors de la paix de l’Église, en 313, vingt « tituli » qui correspondent à peu près à nos paroisses d’aujourd’hui. « En dépit d’une légende communément reçue et dont le crédit persistant est d’autant plus singulier qu’elle ne peut même pas revendiquer en sa faveur le prestige d’une haute antiquité, les catacombes ne furent jamais pour les chrétiens de Rome, même au temps des persécutions, le lieu habituel des réunions liturgiques. C’est dans la ville même, à l’intérieur des murs, que se tenaient leurs assemblées religieuses2. » Tout au plus, l’anniversaire de certains grands martyrs a-t-il été célébré dans quelques rares cryptes des catacombes et devant un public très restreint. Il n’y a pas dans tous les cimetières romains de salle ancienne pouvant recevoir plus de quatre-vingts personnes…

En outre, la dévotion liturgique aux martyrs ne paraît pas remonter, à Rome, plus haut que les environs de l’an 250… Elle semble venir d’Afrique, où elle était sûrement plus ancienne…
Dans ces cas, assez rares, de célébration dans les catacombes, si le tombeau du martyr était aménagé en « arcosolium », la célébration était sûrement dos au peuple. Si la célébration avait lieu dans un oratoire au-dessus de la catacombe du martyr vénéré, nous retombons dans le cas précité de la célébration dans les églises ou maisons de Rome.

2) De la paix de l’Eglise jusqu’à l’aube des temps carolingiens.

La discipline a évolué un peu différemment, en Italie et hors d’Italie, dans le reste de l’Occident. Cela tient à ce fait qu’en Italie on a toujours les restes d’un martyr, dans un sarcophage. Ce tombeau n’est jamais déplacé. Le corps du martyr n’est jamais divisé en reliques particulières (sauf à Milan, où l’usage des Grecs de diviser les corps saints a prévalu de bonne heure). Ce tombeau est d’ordinaire établi dans « une confession ».
En Italie, l’autel unique est établi sur une confession. On n’y touche jamais et, le voudrait-on, ce serait un travail important que de modifier les dispositions primitives.
Cependant, on peut citer des cas où l’on a fait cette transformation à une’ époque ultérieure. Il en est ainsi dans la basilique ambrosienne de Milan. Les fouilles effectuées en 1864 l’ont montré à l’évidence 3.

L’autel a été inversé. Mais c’est là exception extrêmement rare.
La disposition universelle est de célébrer face au peuple.
Tout est commandé par le tombeau inviolable. Au début, l’orientation ne paraît pas avoir joué un rôle important.

Les anciennes basiliques romaines, quand elles sont orientées, ne le sont que très approximativement. Le P. Grisar a montré4 qu’à Rome quarante-trois églises étaient orientées, quarante-cinq tournées au sud et cinquante-deux à l’ouest. Cependant, certaines anciennes basiliques étaient orientées, ainsi Saint-Paul-hors-les-Murs. Cela signifie que l’entrée était à l’est, que les fidèles regardaient l’ouest en priant et que l’évêque, leur faisant face à l’autel, priait tourné vers l’Orient. Il semble bien que la coutume de prier en regardant l’Orient ne s’est pas établie à Rome sans difficulté. Saint Léon († 461), dans un très rude sermon, reproche à certains chrétiens de se tourner vers l’Orient, avant d’entrer dans la basilique Saint-Pierre et de s’incliner vers le soleil levant comme font les païens. « Sans doute, dit le Pape, il y a là ignorance, autant que réminiscence païenne, et leurs hommages vont plutôt au créateur de la lumière qu’à la lumière elle-même qui est une créature; il faut cependant s’abstenir de cette appaTence d’idolâtrie 5. »

Dans le même temps, saint Paulin de Nole († 431) montre qu’en dehors de Rome on a davantage le souci de l’orientation dans la prière. Il s’excuse de ne pas suivre la coutume : « L’aspect extérieur de la basilique ne la montre pas tournée vers l’Orient, quoique ce soit l’usage le plus habituel, mais vers la basilique de mon seigneur saint Félix, pour rappeler sa mémoire 6. »

En Occident, ailleurs qu’en Italie, l’autel était établi rarement sur un tombeau de martyr, ou une confession (Saint-Martin de Tours), mais le plus souvent sur des reliques représentatives qu’on nommait brandea. Cet usage nous est très bien connu, notamment grâce à Grégoire de Tours. Des « brandea » sont des linges ayant reposé sur des restes de martyrs ou de confesseurs; des franges des housses ornant les sarcophages vénérés, de la poudre raclée à ces tombeaux, de l’huile des lampes qui brûlent devant les restes saints. C’est de ce genre de reliques qu’envoie saint Grégoire le Grand à l’église de Saintes en Gaule.

Il résulte de cette diversité d’autels : 1° sur corps de martyrs — lesquels sont immuables, et 2° d’autels sur « brandea », qu’en dehors de l’Italie, ces derniers autels pourront beaucoup mieux être déplacés suivant les exigences de la « prière orientée » dont nous allons bientôt parler.
Mais, sans entrer ici dans les questions obscures des deux grands rites usités en Occident (rit gallican et rit romain), on peut assurer qu’en général le célébrant est face au peuple, non seulement en Italie, mais encore dans tout l’Occident latin 7.

Le rit ambrosien atteste l’usage ancien d’une façon curieuse : le prêtre est toujours censé célébrer face au peuple, de telle sorte qu’il ne se retourne point pour dire : Dominus vobiscum, ni pour bénir. Or ce rit doit remonter bien plus haut que nos plus anciens textes ambrosiens, lesquels sont du IXe siècle8. Si l’hypothèse de Duchesne (Origines, p. 92) est juste, la liturgie ambrosienne ayant conservé assez de traits gallicans pour qu’il n’y ait aucun doute sur son identité primitive avec les liturgies transalpines, la démonstration est faite : ailleurs qu’en Italie on célébrait face au peuple 9.

Quant au rit romain, notre Canon, qui n’a pas varié depuis saint Grégoire le Grand, atteste l’usage de célébrer alors face au. peuple. A cette époque, en effet, le Canon est considéré tout entier comme consécratoire, ceci explique d’ailleurs à merveille les bénédictions qui suivent la grande élévation et particulièrement la prière Supplices te rogamus, qui tient la place occupée par l’épiclèse dans les liturgies anciennes 10.

Or, quand le Canon était terminé, le pontife montrait au peuple les espèces eucharistiées en prenant l’hostie touchant le bord du calice qu’à sa droite le diacre soulevait. L’attouchement du calice par l’hostie avait pour dessein de montrer clairement l’unité du sacrifice 11. C’est notre petite élévation, dont le peuple ne voit plus rien.

Ce qu’il importe de souligner dans cette messe antique, célébrée face au peuple, c’est l’idée, et sa réalisation pratique, de l’unité de l’Église représentée par l’unité de l’autel — l’unité, l’union étroite du pontife avec ses prêtres concélébrants et les fidèles. Il n’y a pas de spectateurs. Chacun joue son rôle dans cette hiérarchie qui part du plus humble chrétien chantant les répons et les hymnes, et qui par la schola — par les ministres — aboutit au pontife…
« Unde et memores nos servi tui, sed et plebs tua sancta… offerimus praeclarae majestati tuae… Supplices te rogamus… jube haec perferri… in sublime altare tuum. »
Et chacun chante, ou entend chanter, dans sa langue maternelle. Le latin de là messe est compris d’un homme du VIe siècle — il ne le sera plus au VIIIe ou au IXe, le latin s’étant très vite désagrégé. Chacun comprend le canon, modulé par le pontife à voix haute 12.
La messe est une chose vivante — autant que nous pouvons nous la représenter. Le peuple y participe activement : il voit, car les courtines qui entourent le ciborium sont écartées à certains moments, il entend, il comprend13

Et, soit dit dès à présent, si certains demandent actuellement de revenir à cette célébration face au peuple — dans certains cas que nous préciserons plus loin — ce n’est pas tant par goût d’archaïsme que pour tâcher de rendre en pratique par un usage qui frappe nos contemporains, quelque chose de cette participation active à la prière fondamentale de la communauté chrétienne.

3) Les exigences de la prière orientée.

Aujourd’hui, certains disent : Si le prêtre depuis longtemps célèbre la messe, dos au peuple, c’est bien qu’on a vu assez vite les inconvénients de l’usage contraire, et qu’on y a renoncé pour de bonnes raisons. Les bonnes raisons, on les déduit des inconvénients d’aujourd’hui — que nous ne dissimulerons pas d’ailleurs — mais c’est un bel anachronisme. La vraie raison est tout autre. Ou plus exactement il y a deux raisons : a) Le souci de l’orientation dans la prière; b) les messes privées.

Voyons d’abord, sous ce numéro, les exigences de la prière orientée.

Chez les chrétiens d’Orient, nul doute qu’avant la paix de l’Eglise on ait prié face à l’orient. Vers l’an 306, à Tmuis, en Egypte, les actes du Martyre de Philéas et Philorome l’attestent 14 : « Lorsqu’on fut arrivé au lieu du supplice, Philéas étendit les mains vers l’Orient et dit d’une voix forte : « Mes petits enfants bien-aimés, vous qui cherchez Dieu, soyez vigilants, etc. »

Nul doute non plus que l’évêque pria face à l’Orient dans la basilique de Tyr 15, dont la dédicace eut lieu vers 315. Eusèbe, qui nous a conservé, non sans quelque secrète complaisance, le discours qu’il prononça en cette circonstance mémorable, dit16 : « Un grand vestibule très élevé se dresse du côté des rayons du soleil levant, et il donne à ceux qui sont loin des enceintes sacrées le désir de voir ce qui est à l’intérieur. » Donc le peuple, en prière communautaire, était face à l’Occident, mais l’évêque priait face à l’Orient.

En Occident, nous avons vu qu’à Rome, du moins, l’usage de la prière orientée ne fut pas aisément accepté… On y trouvait quelque relent de paganisme. Ce qui importait, dans la chrétienté latine, à la haute époque, c’est que, si les dispositions de la confession le permettaient, l’évêque priât tourné vers l’Orient. La preuve saisissante en est fournie par la basilique de Saint-Paul-hors-les-Murs.

En effet, la première basilique, celle de Constantin, avait son entrée à l’Orient et l’autel était lui aussi tourné vers l’Orient. Les fidèles priaient donc en regardant l’Occident, le pape leur faisant face. Dans la seconde basilique, celle dont l’édit de reconstruction est venu jusqu’à nous — il est de l’an 386 — l’entrée fut placée à l’Occident et toute la basilique inversée, sauf l’autel qui ne fut pas touché, car il importait que le pontife priât toujours face à l’Orient. Jusqu’à l’incendie de 1823, de toutes les basiliques papales, celle de Saint-Paul était la seule où le pontife célébrait dos au peuple. Nul doute que la raison décisive à l’époque ait été l’orientation 17. Dans la reconstruction de la basilique actuelle, on n’a pas touché au sarcophage de l’apôtre, mais l’autel a été inversé. Il en résulte que le pontife y célèbre bien face au peuple, mais face à l’Occident.

Autrement dit, à la fin du IVe siècle, l’exigence c’est que l’évêque prie tourné vers la région du Paradis et des premières promesses. La région de l’Occident était considérée comme le royaume de Satan. C’est vers l’Occident que le futur baptisé se tournait pour renoncer au diable, avant de descendre dans la cuve baptismale. A Milan on le faisait même cracher vers l’Occident18.


On croit que cette exigence de l’orientation s’est généralisée en Occident au VIe siècle. Or peu à peu, les fidèles ont voulu dans les églises prier, tournés vers l’Orient, comme ils priaient dans leurs maisons. Pourquoi, à la basilique, ne priaient-ils pas comme l’évêque, tournés vers l’Orient? Cette exigence du peuple chrétien s’est à ce point imposée, que lorsqu’on a construit de nouvelles églises, on a inversé l’autel, on a modifié l’entrée. Et l’évêque et le peuple étaient face à l’Orient, mais le pontife tournait le dos au peuple. La chose était aisée hors d’Italie, là où l’on n’avait pas d’autels à confession, ou très peu, mais des autels à « brandea » et autres reliques représentatives 19. Et c’est bien en effet ce que nous constatons : Le mouvement a commencé hors d’Italie.

Mais on a continué sûrement à célébrer face au peuple :
a) Sur les autels à confession — donc presque toujours en Italie.
b) Sur les autels de cathédrale, quand le trône de l’évêque était dans l’abside.
c) Sur les autels des anciennes églises tournées vers l’Occident, car l’évêque continuait à prier vers l’Orient.

Il faut enfin signaler que l’autel était d’ordinaire orienté dans les églises à croix grecque ou en rotonde et que cet autel était placé au centre. Il en était ainsi dans les églises qui imitaient la fameuse basilique de l’Apostoléion à Constantinople. Ainsi Saint-Nazaire de Milan autrefois église des Apôtres; ainsi l’église primitive des Saints-Apôtres à Rome 20. Dans ces églises à quatre nefs égales en longueur, il y avait quatre entrées. On peut être assuré que l’autel était également au centre des églises en rotonde. A tort ou à raison, le plan de ces églises passe le plus souvent pour dépendre de celui de l’Anastasis à Jérusalem. Ainsi San Stefano Rotondo à Rome — où le pape Théodore (642-649) fit la première translation officielle de reliques; Saint-Bénigne à Dijon, qui a été depuis remaniée; Ferrières en Gâtinais (qui est sur plan octogonal), etc.

Mais ce qui a eu une influence beaucoup plus considérable, ça été l’introduction de la messe privée et, par voie de conséquence, la multiplicité des autels. En Occident, la célébration de messes privées remonte assez haut : saint Grégoire le Grand célébrait tous les jours, mais cela était regardé comme une anomalie. Comme l’extension de la messe privée se place aux temps carolingiens, la question sera étudiée au numéro suivant.

En résumé : aux IVe, Ve et VIe siècles, l’usage général est la célébration face aux fidèles. Aux VIIe et VIIIe siècles, on s’achemine vers la célébration dos au peuple, en commençant par les églises récentes, et cela afin que les fidèles prient tournés vers l’Orient.

4) A partir de l’époque carolingienne.

La prédominance passe nettement à la célébration dos au peuple.

a) Aux messes solennelles. — Les Ordines Romani, édités par Mabillon et reproduits dans Migne 21; l’Ordo de Saint-Amand, édité par Duchesne 22, et d’autres sources ne laissent aucun doute à ce sujet. Amalaire († vers 850), dans son principal ouvrage, qui est une véritable encyclopédie liturgique, le De Officiis, suppose qu’habituellement le célébrant se retourne pour dire Pax vobis ou Dominus vobiscum (le De Officiis est dans P. L., tome 99).

Il paraît établi qu’à partir de Charlemagne, en deçà des Alpes, la pratique actuelle était devenue universelle. Rien, en effet, ne s’opposait d’ordinaire à l’inversion de l’autel, et d’ailleurs beaucoup d’églises ont été alors reconstruites ou restaurées. Les autels à confession étaient à peu près ignorés; le trône de l’évêque était sur le côté droit du sanctuaire (sauf à Lyon); enfin le sarcophage du saint était soit sous l’autel, soit au fond de l’abside. Le remaniement de cet autel majeur s’est opéré sans difficulté.

Le P. Braun, S. J., qui fait autorité dans la question (Der Christliche Altar), ne connaît que deux autels tournés vers la nef, en deçà des Alpes, pour l’époque carolingienne, à savoir : a) l’autel du monastère de Peterhausen, au diocèse de Constance, établi en 983. On a voulu copier l’usage de Saint-Pierre de Rome. Toute l’église monastique est établie sur le plan de la basilique de l’Apôtre, b) La cathédrale de Canterbury, d’après la description d’Eadmer (†  vers 1124).

Les plus notables exceptions (messe face au peuple) sont à Rome et en Italie, vers l’an 1000. Elles sont commandées par l’une des raisons suivantes : 1) Ne pas modifier l’aspect primitif de la confession. 2) Le chœur est dirigé vers l’Occident. On tient beaucoup à ce que le pontife prie tourné vers l’Orient. 3) La cathedra a été maintenue au fond de l’abside. 4) On a voulu agrandir l’espace réservé aux fidèles (exemple crypte de la cathédrale d’Anagni).

b) Aux messes privées. — La nouvelle discipline de la messe basse est très claire à l’époque carolingienne.

La multiplicité des autels n’a pas été provoquée, comme elle l’a été plus tard et jusqu’à nos jours par l’introduction d’oratoires, de chapelles appartenant à des confréries ou consacrés à des dévotions particulières. Nous ne voyons nulle part qu’on ait attaché de l’importance aux autels secondaires dans les plus anciennes églises à autels multiples que nous connaissions : Saint-Gall, Saint-Philibert de Grandlieu, Saint-Martin de Tours, etc.

Dès le VIe siècle — et l’usage ira en s’amplifiant -, en dehors de la messe épiscopale, seule messe primitive, ce fut une coutume de dévotion pour les prêtres de célébrer chaque jour une messe privée. Vers la même époque, l’usage s’introduisit d’ensevelir sous le pavé des églises. Les messes de dévotion « pro dormitione » célébrées jadis dans les cimetières le furent dans les églises.

Les conventions entre les monastères à partir du VIIIe siècle eurent une influence décisive sur la pratique de la célébration privée. Ces conventions prévoyaient que chaque monastère célébrerait un certain nombre de messes pour les religieux dont on notifiait le décès.

A l’origine du monastère bénédictin, les religieux n’étaient pas revêtus du sacerdoce et n’y aspiraient pas. Il n’y avait que le nombre de prêtres nécessaire aux besoins spirituels stricts des moines, donc très petit, mais peu à peu on a élevé au sacerdoce un certain nombre de religieux de choeur au-delà des nécessités du monastère. Nous avons quelques indications sur le nombre des moines prêtres dans le haut moyen âge :
A Saint-Riquier, sous Angilbert († 814), sur 300 moines, il y avait 32 prêtres qui, en dehors des deux messes conventuelles, célèbrent en privé aux différents autels 23.
A Saint-Denis, en 838, il y a, sur 123 moines, 1 évêque, 33 prêtres, 17 diacres, 24 sous-diacres, 7 acolytes 24.
A Saint-Gall, sous l’Abbé Salomon († 920), il y a 42 prêtres, 24 diacres, 15 sous-diacres, 20 pueri 25.

On ne connaît pas de témoignage décisif sur l’époque définitive de l’introduction de la messe privée et de sa généralisation. Tout ce que l’on peut dire, c’est qu’elle était pleinement établie quand les missels furent en usage, car la rédaction des missels ne remonte pas au-delà des messes privées. Jusque-là chacun n’avait — si l’on ose dire — que le livret de son rôle : le prêtre se servait du Sacramentaire; le diacre de l’Évangéliaire; le sous-diacre de l’épistolier; les chantres des antiphonaires, mais, dans la messe basse, le prêtre avait à lire évangile, épître, antiennes, etc., puisqu’il remplaçait diacre, sous-diacre et le chœur. Le livre contenant toutes les lectures du célébrant fut nommé Missale plenarium. Le début de ce développement est visible dans certains sacramentaires du VIIe siècle. Au IXe, certaines messes quotidiennes fréquemment employées (messe du commun des saints) se rencontrent assez souvent dans les Sacramentaires, accompagnées de l’épître, de l’évangile et de la partie concernant le chœur. Le Missale plenarium complet est du Xe siècle. A partir du XIIIe, c’est le seul texte employé.

Il fallait des autels pour célébrer, car l’antique discipline subsistait : Une seule messe quotidienne sur le même autel, comme l’avait rappelé autrefois le dixième Canon du Concile d’Auxerre (en 578 ?) 28. Il y avait conflit évident entre cette règle liturgique et l’usage de la célébration quotidienne qui tendait à s’établir. Pour résoudre le conflit, il suffisait d’établir de nouveaux autels. C’est le parti qu’on prit partout.

Comment étaient disposés ces autels ? Pour les treize autels de l’église de Saintes, à laquelle le Pape saint Grégoire le Grand envoie des « brandea » 27, nous l’ignorons. Plus tard, au temps de Charlemagne, nous sommes bien renseignés par le fameux plan de l’abbaye de Saint-Gall. « C’est un dessin accompagné de légendes qui en rendent l’interprétation facile. Ce n’est sans doute qu’un projet, rien ne prouve qu’il ait jamais été exécuté; mais sa valeur n’en est pas moindre pour cela, car il nous apprend de la façon la plus claire comment on comprenait, peu après l’an 800, la construction d’un grand monastère et quelles formes et dispositions on donnait aux églises abbatiales » (Lasteyrie).

Dans l’église de Saint-Gall, outre l’autel majeur, il y a onze autels, trois dans la grande nef, et quatre dans chacune des nefs latérales. Ces autels sont chacun dans l’axe de la nef, de sorte que les fidèles, s’il y en a pour assister à ces messes privées, peuvent sans difficulté entourer chaque autel 28. Ainsi placés, au beau milieu des nefs, ces autels gênaient certainement beaucoup le passage des fidèles, et leur service devait être malaisé. Pour se délivrer de cet encombrement, on s’avisa de grouper les autels vers l’Orient, dans de petites absides bâties pour les recevoir. Il est bien clair que ces autels étaient dos au peuple.

A la fin du VIIIe siècle, le Pape Hadrien Ier (772-795) fit établir trois absides à Sainte-Marie « in cosmedin », fait qui fut noté par le Liber Pontificalis, certainement parce qu’il était nouveau. De là, les absidioles du transept de Saint-Philibert de Grandlieu, en son état primitif (819). De là sans doute aussi, les trois autels établis vers 791 par l’abbé Ithier à Saint-Paul de Cormery, en Touraine. Ainsi, le sacrifice liturgique marquait son empreinte sur le monument.

C’est alors, à partir du XIVe siècle, l’époque des confréries. Le plus souvent, dans les chapelles latérales ouvertes à cette époque, l’autel était orienté; mais les nécessités pratiques ont également fait placer des autels contre les piliers, surtout lorsque les chapelles n’existaient pas encore. C’est le cas de la primatiale de Lyon. Il y a des autels dans toutes les orientations 29.

Ces autels sont toujours dos au peuple. La mode des retables, même pour l’autel majeur, a rendu d’ailleurs cet usage à peu près universel, mais les deux disciplines ou usages n’ont jamais été oubliés, et Durand de Mende, oracle du moyen âge, quant à la symbolique — lequel a vécu presque toute sa carrière à la Curie romaine 30 – les mentionne tous les deux : « Bien que Dieu soit présent partout, cependant le prêtre à l’autel et pendant les offices divins, doit, d’après le décret du Pape Vigile, se tourner vers l’Orient pour prier. De là vient que, dans les églises qui ont leur entrée à l’Occident, le prêtre en célébrant la messe se tourne pour saluer le peuple, parce que nous présentons à Dieu ceux que nous saluons. et ensuite pour prier, il se retourne vers l’Orient. »
« Mais dans les églises qui ont leur entrée à l’Orient, comme à Rome, pour saluer, on n’a pas besoin de se retourner, et le prêtre qui célèbre dans ces églises est toujours tourné vers le peuple. 31 » D’ailleurs au moyen âge, et spécialement en France, l’orientation était de règle. A Paris, l’église de Saint-Benoît, appartenant au chapitre de Notre-Dame, dont l’abside n’était pas tournée vers l’Est, reçût le nom de Saint-Benoît « le Bestourné », c’est-à-dire « le tourné à l’envers ».

En résumé, tant par suite des exigences de la prière orientée, que surtout par l’usage des messes privées, universellement célébrées à partir du Xe siècle, presque partout le prêtre célèbre dos au peuple.

5) La dévotion du Moyen-Age, par un détour, revient à quelque chose de l’usage antique en désirant voir l’hostie consacrée.

La participation des fidèles à la sainte messe s’est réalisée au cours des siècles suivant des degrés bien différents — depuis la participation d’un seul servant de messe basse jusqu’à la participation « étagée » de la messe pontificale : peuple, schola, ministres, sous-diacre, diacre, pontife, chacun remplissant son office. Sans exagération on peut dire que dans cette participation il y a toujours eu, au moins un instant, pour tous les fidèles, une vue, une présentation des espèces consacrées. Aussi haut qu’on remonte, avant la communion, élevant l’hostie, le célébrant disait « Sancta Sanctis ». Le rite de la petite élévation est également antique : il est attesté dès l’ordo I.

Or, il est curieux que les travaux récents 32 aient montré à l’évidence, qu’en Occident, la foule du XIIe siècle a ressenti quelque nostalgie de ne rien voir du mystère divin après la consécration. La petite élévation maintenue en effet à la messe (sauf chez les Dominicains), car les gestes liturgiques durent plus encore et beaucoup plus que les formules, n’était plus vue du peuple chrétien.

Eudes de Sully (évêque de Paris de 1196 à 1208) a simplement réglementé un rite qui existait avant lui. Il a voulu éviter l’adoration du peuple, avant la consécration, et il a prescrit que le prêtre n’élève l’hostie qu’après la consécration. Cet usage d’élever l’hostie pour consacrer a dû naître au cours du XIIe siècle. Dans l’état actuel des recherches sur cette question on ne peut dire plus.

Ainsi, avant les décrets du Concile de Trente et l’institution de la Congrégation des rites, une dévotion populaire, comme le désir de voir l’hostie, pouvait s’intégrer dans la messe, eu égard aux pouvoirs liturgiques dont usaient les évêques. C’est le même désir pieux, amplifié d’ailleurs et peut-être mal dirigé par le clergé paroissial, qui a conduit en beaucoup d’endroits à la multiplication des saluts du Saint-Sacrement suivant immédiatement la célébration de la messe. C’est une forme peu liturgique assurément. On se demande si la célébration face au peuple ne répondrait pas mieux et d’une manière rigoureusement liturgique, cette fois, à ce besoin pieux.

On peut objecter les jubés 33. Quel que soit le caractère artistique de certains jubés qui ont été conservés, on peut avancer que l’établissement des jubés a été une aberration du moyen âge finissant. Le cardinal Wiseman a pu écrire, non sans quelque humour, que les jubés avaient une part de responsabilité dans le passage de l’Angleterre au schisme : la foule ne tenait plus à la messe qu’elle ne voyait plus. Derrière le jubé on a pu modifier tout ce que la reine Elisabeth a voulu.

Certes, on peut affirmer qu’il y a eu bien d’autres raisons, et décisives, au succès relatif de l’hérésie au XVIe siècle : l’ignorance du clergé, l’abandon de la prédication populaire, l’éveil des nationalités, la cupidité des princes, l’esprit de révolte et d’orgueil, les abus évidents de la curie du XVe siècle finissant et d’autres encore… Il reste que c’est au besoin de compréhension, d’intelligibilité que réformateurs hérétiques et contre-réformateurs catholiques ont couru… La contre-réforme catholique est allée au plus pressé. Elle a cherché à instruire des vérités essentielles au salut, à faire prier (catéchismes de Canisius, du Concile de Trente, etc.). Elle ne paraît pas avoir beaucoup cherché à faire participer activement les fidèles au sacrifice de la messe et à la liturgie 34.

Les temps n’étaient certainement pas favorables; les thèses outrancières des hérétiques faisant de tout chrétien un ministre de l’Évangile et abolissant le sacrement de l’ordre n’encourageaient guère à utiliser en pratique les textes scripturaires sur le « Sacerdoce des laïques », entendu au sens orthodoxe d’un sacerdoce, tout relatif d’ailleurs. Le sens de la communauté dans la prière liturgique était estompé, affaibli. La contre-réforme catholique si bienfaisante ne s’est pas accompagnée d’une restauration liturgique complète.

[La suite du document contenait les parties suivantes pour ceux qui veulent approfondir:]

II. Le problème canonique : Tout prêtre a-t-il le droit de célébrer face au peuple? Un curé peut-il par sa propre initiative installer un autel pour ce mode de célébration?

III. Le problème pratique: Est-il actuellement opportun de célébrer face au peuple? Quels avantages peut-on attendre? Quels sont les inconvénients?


Notes

1. Contra Haereses, lib. IV, cap. XVIII, 6; P. G., VII, 1029.
2. R. VIELLIARD, Recherches sur les origines de la Rome chrétienne, p. 13.
3. Dom DE PUNIET, Pontifical Romain, t. II, P. 240.
4. Histoire de Rome et des papes, traduction Ledos, t. I, p. 374.
5. Sermon 27, n° 4; P. L., LIV, 219.
6. Epist., XXXII, 13, ad Severum; P. L., LXI, 337.
7. DUCHESNE, Origines du culte chrétien, 5e édit., pp. 89-110.
8. Dom CABROL, dans Liturgia, p. 803.
9. Dans le rit mozarabe également, puisqu on montrait les espèces eucharistiées : « Sancta Sanctis » (cf. Dom CABROL, dans Liturgia, p. 819).
Duchesne a rallié de nombreux partisans surtout en France et notamment Lejay.
Pour les adversaires de la thèse Duchesne qui rattachent la liturgie ambrosienne à la liturgie latine, avant son évolution du IVe au VIe siècle, nous retombons dans le cas du rit romain où l’on montrait les espèces consacrées : « Sancta sanctis. » Le rit de la petite élévation est attesté dès l’ordo I.
10. C’est à partir d’Amalaire (IXe siècle) qu’on commence à expliquer les croix après la consécration au sens figuratif (Eucharistia, p. 547). Faute de sens historique, les protestants triomphaient : « A quoi servent ces bénédictions après la consécration? » Il y eut un moment de désarroi chez les théologiens et Maldonat en demanda la suppression… La bonne solution du problème repose sur une notion correcte du « développement ». Ce sont les scolastiques qui ont eu, à bon droit, le souci de préciser l’instant rigoureux de la consécration. Avant les premiers de ces scolastiques, le problème ne se pose pas dans les termes modernes.
11. D. Pius PARSCH, La Sainte Messe, pp. 222, 231; Eucharistia, p. 548.
12. Selon Dom Cabrol la récitation secrète du canon en occident remonte — peut-être, car il n’y a pas de texte décisif, du moins pour Rome, à la fin du VIIe siècle.
13. Dans Cité Nouvelle, 10 octobre 1943, pp. 695-710, « Liturgie et rechristianisation », le P. DONCOEUR écrit, p. 703 : « Sans doute, quand il ne comprit plus du tout le grec (le peuple chrétien), l’Eglise lui parla-t-elle en latin. Mais bien vite, il ne comprit plus le latin; et depuis nos origines françaises, depuis Geneviève et Clotilde…, etc. »
Ce qui laisse entendre que Geneviève (420?-500?) et Clotilde (474?-545) ne comprenaient rien au latin d’Église. Ce n’est pas si sûr, au moins pour sainte Geneviève. Ce n’est guère qu’à partir de Grégoire de Tours (544-595) qu’il n’y a plus ni clercs ni laïques s’efforçant à posséder le latin correct et que les lois, diplômes, etc…, se rédigent en bas latin.
Au VIIIe siècle, quelques gloses de Reichenau attestent l’existence de la langue romane.
Et c’est en 813 que le concile de Tours, peut-être après avoir constaté que des clercs formés aux nouvelles études latines ne se font pas comprendre des fidèles, ordonne au clergé de prêcher en langue courante, là où c’est nécessaire.
Pour sainte Clotilde, il est possible, encore qu’incertain, qu’elle n’ait pas compris le latin. Elle était burgonde et née probablement à Lyon. Les barbares paraissent bien avoir conservé longtemps leur langue, qui a d’ailleurs pénétré profondément le lexique du latin parlé en Gaule.
(Cf. BRUNOT et BRUNEAU, Précis de grammaire historique de la langue française, pp. VII et VIII), Sur le concile de Tours de l’an 813, voir HEFELÉ-LECLERCQ, t. III, ,2E partie, p. 1143, canon 17e : « Chaque évêque doit avoir une bonne collection d’homélies qu’il traduira, pour que tous puissent les comprendre « in rusticam Romanam linguam aut Testiscam (le tudesque) ».
14. Il n’y a pas d’édition satisfaisante des « actes proconsulaires » de ces deux martyrs. Le passage cité est emprunté aux Acta Martyrum de Dom RUINART, et à la traduction du P. Pierre Hanozin, S. J. (cf. HANOZIN, Geste des Martyrs, pp. 231-237).
« Réserve faite de maints détails, la critique du document, écrit Hanozin, conclut en faveur de son historicité et le considère comme indépendant d’un récit fait par Eusèbe dans son Histoire Ecclésiastique. »
15. Cette basilique a été retrouvée grâce aux fouilles de Sepp. Voir le plan dans J. STRZYGOWSKI, L’ancien art chrétien en Syrie (Paris, de Boccard, 1936), p. 24, fig. 9. Entourée d’un mur d’enceinte la basilique a cinq nefs, avec son atrium et son porche qui font saillie en avant de la paroi du téménos.
16. Histoire ecclésiastique, traduction Grapin, 1. X, ch. IV, n. 3K t. III, p. 107.
17. Cela infirme les lignes suivantes de BATIFFOL (Leçons sur la messe, p. 78-79) : « La liturgie romaine du VIIIe siècle n’avait pas accepté cette innovation (la prière tournée vers l’orient) : à la messe papale, le célébrant à l’autel garde le visage tourné vers l’assistance, quelle que soit l’orientation de la basilique. » A Saint-Paul-hors-lesmurs, il n’en était rien.
18. Dict. Arch., XII, 2667; S. AMBROISE, De Mysteriis, P. L., XVI, 108; DANIÉLOU, Le Symbolisme des Rites baptismaux, dans Dieu vivant, I, pp. 17-28.
19. En Occident, on recevait également des parcelles de corps saints que cédaient les chrétientés d’Asie. Voir JEAN HUBERT, L’art pré-roman, Paris, 1938, pp. 169-170, et la carte (fig. 189) des apports de reliques de martyrs qui furent faits, vers la fin du IVe siècle, pour dédier les autels des nouvelles églises épiscopales de la seconde narbonnaise et de la viennoise.
20. GRISAR, Analecta Romana, pp. 612-627.
21. P. L., LXXVIII, 937 et suiv.
22. Origines du culte chrétien, 5e édition, pp. 475-501.
23. HARIULFE, Chronique, II. 2.
24. D. FÉLIBIEN, Histoire de l’abbaye royale de Saint-Denis, pp. LVIII-LIX, preuves n° 77.
25. MABILLON, Annales, 1. XLII, 40, t. III, p. 368.
26. HEFÈLÉ-LECLERCQ, Histoire des Conciles, t. III, Ire partie, p. 216; ce Xe canon a passé dans le Corpus Juris, dist. II, cap. 97, de consecratione : « On ne doit pas dire le même jour deux messes à un même autel, et lorsque l’évêque a dit la messe à un autel, aucun autre prêtre ne doit y célébrer ce jour-là. »
27. P. L., LXI, 834.
28. Le plan de Saint-Gall est dans R. DE LASTEYRIE, L’architecture religieuse en France à l’époque romane, 2e éd., 1929, p. 141, fig, 124. Sur toute cette question du plan des églises, nous suivons le livre remarquable de G. PIAT, L’art de bâtir en France, des Romains à l’an 1100, Paris, 1939, pp. 53 et suiv., et aussi JEAN HUBERT. L’Art préroman, Paris, 1938, notamment pp. 51-53.
29. Cf. le plan de Saint-Jean au XIVe siècle dans SACHET, Pardon annuel, reproduit dans D. BUENNER, Le rite lyonnais, pp. 120-121.
30. Cf. BATIFFOL, Etudes de liturgie et d’archéologie chrétienne, pp. 13-19.
31. Rationale divinorum off., lib. V, cap. II, n° 57, édit. Barthélémy, t. III, p. 42.
32. P. THURSTON, S. J., DUMOUTET et d’autres : Bibliographie, dans Eucharistia, p. 360.
33. « Pendant la première moitié du XIIIe siècle, les jubés étaient rares. Ce fut seulement vers la fin de ce siècle et surtout pendant le siècle suivant (XIVe) qu’on les établit. Aux XVe et XVIe siècles on les plaça aussi dans les églises paroissiales les plus importantes, on construisit encore parfois des jubés pendant la période de la Renaissance : celui de la cathédrale de Tournai, élevé vers 1573, est un des plus beaux de cette époque. Le plus ancien jubé belge (qui subsiste) est celui de l’église Saint-Pierre à Louvain, il remonte à l’année 1490.
Cf. REUSSENS, Archéologie chrétienne, t. II, pp. 249-251. Le défenseur des jubés, au XVIIe siècle (car on commençait à les abattre), est J.-B. THIERS, Dissertationssurles Jubés, Paris, 1688, 296 pp. in-18.

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