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Les anciens Papes pour la paix mondiale

Léon XIII

A ce compte nous donnions au peuple Irlandais d’opportuns conseils, d’être conscient de leurs obligations de Catholiques, et de ne prendre part en rien qui diffère du droit naturel ou interdit par la loi Divine. Ainsi le récent Décret ne devait pas leur parvenir de façon surprenante; d’autant plus que vous-mêmes, Vénérables Frères, assemblés à Dublin en l’an 1881, aviez demandé au clergé et au peuple de faire attention à tout ce qui est contraire à l’ordre public et à la charité – tel que refuser de s’acquitter de justes obligations; empêcher les autres de s’acquitter des leurs; infliger des blessures sur quiconque soit en personne soit en propriété; resister violemment à la loi ou à ceux engagés dans l’acquittement des devoirs publics; joints en sociétés secrètes ou choses semblables. Ces injonctions, très justes en elles-mêmes et données en juste saison, ont été louées et approuvées par Nous.

[…]

Que ces choses alors, soient vues dans leur vraie lumière, et que l’Irlande lise en ce Décret Notre amour pour celle et Notre désir de promouvoir la prospérité qu’elle éspère; car rien ne heurte plus une cause, aussi juste soit-elle, que le recours à la violence et à l’injustice dans sa défense.

Encyclique Saepe Nos, 24 Juin 1888


Saint Pie X

Ainsi donc, que les hommes catholiques de France, s’ils veulent vraiment Nous témoigner leur soumission et leur dévouement, luttent pour l’Eglise selon les avertissements que Nous leur avons déjà donnés, c’est-à-dire avec persévérance et énergie, sans agir toutefois d’une façon séditieuse et violente. Ce n’est point par la violence mais par la fermeté qu’ils arriveront, en s’enfermant dans leur bon droit comme dans une citadelle, à briser l’obstination de leurs ennemis ; qu’ils comprennent bien, comme Nous l’avons dit et le répétons encore, que leurs efforts seront inutiles s’ils ne s’unissent pas dans une parfaite entente pour la défense de la religion.

Ils ont maintenant Notre verdict au sujet de cette loi néfaste : ils doivent s’y conformer de plein cœur ; et quels qu’aient été jusqu’à présent, durant la discussion, les avis des uns ou des autres, que nul ne se permette, Nous les en conjurons tous, de blesser qui que ce soit sous prétexte que sa manière de voir était la meilleure. Ce que peuvent l’entente des volontés et l’union des forces, qu’ils l’apprennent de leurs adversaires ; et de même que ceux-ci ont pu imposer à la nation le stigmate de cette loi criminelle, ainsi les Nôtres, par leur entente, pourront l’effacer et le faire disparaître.

Encyclique Gravissimo officii munere, 10 Août 1906

L’Eglise, a-t-on dit, cherche à susciter la guerre religieuse en France et elle y appelle la persécution violente de tous ses voeux. Etrange accusation, qu’une accusation pareille. Fondée par Celui qui est venu dans ce monde pour le pacifier et pour réconcilier l’homme avec Dieu, messagère de paix sur cette terre, l’Eglise ne pourrait vouloir la guerre religieuse qu’en répudiant sa mission sublime et en y mentant aux yeux de tous. A cette mission de douceur patiente et d’amour, elle reste au contraire et restera toujours fidèle. D’ailleurs, le monde entier sait aujourd’hui, à ne plus pouvoir s’y tromper, que si la paix des consciences est rompue en France, ce n’est pas du fait de l’Eglise, mais du fait de ses ennemis. Les esprits impartiaux, même lorsqu’ils ne partagent pas notre foi, reconnaissent que si l’on combat sur le terrain religieux dans votre patrie bien-aimée, ce n’est point parce que l’Eglise y a levé l’étendard la première, mais c’est parce qu’on lui a déclaré la guerre à elle-même. Cette guerre, depuis vingt cinq ans surtout, elle ne fait que la subir. Voilà la vérité. Les déclarations, mille fois faites et refaites dans la presse, dans les Congrès, dans les Convents maçonniques, au sein du Parlement lui-même, le prouvent aussi bien que les attaques qu’on a progressivement et méthodiquement menées contre elle. Ces faits sont indéniables et contre eux aucune parole ne pourra jamais prévaloir. L’Eglise ne veut donc pas la guerre, la guerre religieuse moins encore que les autres, et affirmer le contraire, c’est la calomnier et l’outrager.

Elle ne souhaite pas davantage la persécution violente. Cette persécution, elle la connaît pour l’avoir soufferte dans tous les temps et sous tous les cieux. Plusieurs siècles passés par elle dans le sang lui donnent donc le droit de dire avec une sainte fierté qu’elle ne la craint pas et que, toutes les fois que ce sera nécessaire, elle saura l’affronter. Mais la persécution en soi, c’est le mal, puisqu’elle est l’injustice et qu’elle empêche l’homme d’adorer Dieu en liberté. L’Eglise ne peut donc pas la souhaiter, même en vue du bien que, dans sa sagesse infinie, la Providence en tire toujours. En outre, la persécution n’est pas seulement le mal, elle est encore la souffrance, et c’est une raison nouvelle pour laquelle, par pitié pour ses enfants, l’Eglise, qui est la meilleure des mères, ne la désirera jamais.

Encyclique Une Fois Encore, 6 janvier 1907


Benoît XV

Ainsi, lorsque sera rétabli l’ordre de la justice et de la charité et que les nations se seront réconciliées, il est très désirable, Vénérables Frères, que tous les Etats, écartant tous leurs soupçons réciproques, s’unissent pour ne plus former qu’une ligue, ou plutôt qu’une sorte famille de peuples, mesurée à la fois pour le maintien de leur propre indépendance et pour le maintient de l’ordre social. Ce qui tout spécialement, entre autres raisons, appelle à une telle association des nations, c’est le besoin généralement reconnu de faire tout en notre pouvoir pour abolir et réduire l’énorme fardeau de l’expansion militaire que les Etats ne peuvent plus supporter, empêchant ainsi ces guerres désastreuses ou au moins supprimant leur danger autant que possible. Ainsi chaque nation sera assurée non seulement de son indépendance mais aussi de l’intégrité de son territoire dans des justes frontières.

Encyclique Pacem Dei Munus Pulcherrimum, 23 mai 1920


Pie XI

C’est à ces convoitises déréglées, se dissimulant pour donner le change, sous le voile du bien public et du patriotisme, qu’il faut attribuer sans contredit les haines et les conflits qui s’élèvent périodiquement entre les peuples. Cet amour même de sa patrie et de sa race, source puissante de multiples vertus et d’actes d’héroïsme lorsqu’il est réglé par la loi chrétienne, n’en devient pas moins un germe d’injustice et d’iniquités nombreuses si, transgressant les règles de la justice et du droit, il dégénère en nationalisme immodéré. Ceux qui tombent en cet excès oublient, à coup sûr, non seulement que tous les peuples, en tant que membres de l’universelle famille humaine, sont liés entre eux par des rapports de fraternité et que les autres pays ont droit à la vie et à la prospérité, mais encore qu’il n’est ni permis ni utile de séparer l’intérêt de l’honnêteté : la justice fait la grandeur des nations, le péché fait le malheur des peuples (Prov. XIV, 34). Que si une famille, ou une cité, ou un Etat, a acquis des avantages au détriment des autres, cela pourra paraître aux hommes une action d’éclat et de haute politique ; mais saint Augustin nous avertit sagement que de pareils succès ne sont pas définitifs et n’excluent pas les menaces de ruine : C’est un bonheur qui a l’éclat et aussi la fragilité du verre, pour lequel on redoute que soudain il ne se brise à jamais (S. Aug. de civitate Dei, l. IV, c. 3).

Encyclique Ubi Arcano Dei Consilio, 27 décembre 1927

Il n’est pas inutile d’insister ici sur cette remarque d’une façon particulière, parce que de nos jours, où se répand un nationalisme aussi ennemi de la vraie paix et de la prospérité que plein d’exagération et de fausseté, on a coutume de dépasser la mesure dans la militarisation de ce qu’on appelle l’éducation physique des jeunes gens (et parfois même des jeunes filles, ce qui est contre la nature même des choses humaines). Souvent encore, le jour du Seigneur, cette préparation envahit outre mesure le temps qui doit être consacré aux devoirs religieux ou passé dans le sanctuaire de la vie familiale. Nous ne voulons pas, du reste, blâmer ce qu’il peut y avoir de bon dans l’esprit de discipline et de légitime hardiesse inspiré par ces méthodes, mais seulement tout excès, comme par exemple l’esprit de violence, qu’on ne doit pas confondre avec l’esprit de force ni avec le noble sentiment du courage militaire dans la défense de la patrie et de l’ordre public; comme encore l’exaltation de l’athlétisme, qui, même à l’âge classique païen, a marqué la dégénérescence et la décadence de la véritable éducation physique.

Encyclique Divini Illius Magistri, 31 décembre 1929

Rappelez-vous que tout en voulant toujours sauvegarder l’essence des droits primordiaux et fondamentaux, tel le droit de propriété, le bien commun impose parfois des restrictions à ces droits et un recours plus fréquent que dans le passé à l’application de la justice sociale. Dans certaines circonstances, pour protéger la dignité de la personne humaine, il faut dénoncer hardiment des conditions de vie injustes et indignes, mais en même temps il sera nécessaire de se garder aussi bien de légitimer la violence sous prétexte de porter remède aux maux des masses, que d’admettre et de favoriser certains changements des conditions séculières de la société, qui peuvent provoquer des effets plus funestes que le mal même auquel on voulait remédier.

Encyclique Firmissimam Constantiam, 28 Mars 1937


Pie XII

Dans le domaine d’un ordre nouveau fondé sur les principes moraux, il n’y a point de place pour l’oppression ouverte ou sournoise contre les particularités culturelles ou linguistiques des minorités nationales, par des entraves et des contraintes mises à leur capacité économique, par la limitation ou l’abolition de leur fécondité naturelle. Plus consciencieusement l’autorité compétente de l’Etat respecte les droits des minorités, plus sûrement et efficacement elle peut exiger de leurs membres le loyal accomplissement des devoirs civils qu’ils ont en communavec les autres citoyens.

Dans le domaine d’un ordre nouveau fondé sur les principes moraux, il n’y a point de place pour les étroits calculs égoïstes qui tendent à accaparer les sources économiques et les matières d’usage général, afin que les autres nations, moins favorisées par la nature, en soient exclues. A cet égard, nous voyons avec une profonde consolation s’affirmer la nécessité d’une participation de tous aux biens de la terre. Même de la part des nations qui, dans la réalisation de ce principe, appartiendraient a la catégorie qui donne et non à celle qui reçoit. Mais il est équitable que la solution de cette question, décisive pour l’économie mondiale, se réalise méthodiquement et progressivement avec toutes les garanties nécessaires, et qu’on tire des leçons des manquements et des omissions du passé. Si, dans le futur traité de paix, on ne venait point à aborder courageusement ce point, il resterait dans les relations des peuples une profonde et vaste source d’oppositions amères et de jalousies exaspérées, source fatale de nouvaux conflits. Il faut pourtant remarquer qu’une solution satisfaisante de ce problème est strictement connexe avec un autre principe fondamental de l’ordre nouveau dont nous parlons au point suivant.

Dans le domaine d’un ordre nouveau fondésur les principes moraux, il n’y a Point de Place— les foyers les plus dangereux de conflits armés une fois éliminés —, pour une guerre totale ni pour une course effrénée aux armements. On ne doit point permettre que le fléau d’une guerre mondiale, avec ses ruines économiques et sociales et ses aberrations et perturbations morales, s’abatte une troisième fois sur l’humanité. Pour la préserver d’un tel malheur, il faut que, sérieusement et honnêtement, on procède à une limitation progressive et adéquate des armements. Le déséquilibre entre l’armement excessif des Etats puissants et l’armement déficient des faibles crée un péril pour la conservation de la tranquillité et de la paix des peuples, et conseille de réduire amplement et proportionnellement la fabrication et la possession d’armes offensives.

Message de Noël de 1941

Jusqu’à quel point pourtant les représentants et les pionniers de la démocratie seront-ils convaincus dans leurs délibérations que l’ordre absolu des êtres et des fins, rappelé par Nous à plusieurs reprises, implique aussi, comme exigence morale et comme couronnement du développement social, l’unité du genre humain et de la famille des peuples ? De la reconnaissance de ce principe dépend l’avenir de la paix. Aucune, réforme mondiale, aucune garantie de paix ne peut en faire abstraction sans s’affaiblir et se renier elle même.

[…]

Les résolutions jusqu’ici connues des commissions internationales permettent de conclure qu’un point essentiel de tout aménagement futur du monde serait la formation d’un organisme chargé du maintien de la paix, d’un organisme investi d’un commun accord d’une autorité suprême et qui aurait aussi dans ses attributions d’étouffer dans son germe toute menace d’agression isolée ou collective. Personne ne pourrait saluer cette évolution avec plus de joie que celui qui a défendu depuis longtemps le principe que la théorie de la guerre, comme moyen apte et proportionné de solution pour les conflits internationaux, est désormais dépassée. Personne ne saurait souhaiter plus ardemment plein et heureux succès à cette collaboration commune, qui est à entreprendre avec un sérieux d’intention inconnu jusqu’ici, que celui qui s’est employé consciencieusement à amener la mentalité chrétienne et religieuse à réprouver la guerre moderne et ses monstrueux moyens de lutte.

Radiomessage de Noël 1944 au monde entier

Terrible est l’angoisse que produisent en Nous les horreurs de la guerre. Mais celle que Nous causent les perspectives incertaines de la solution finale n’est pas moindre. Réussira-t-on à organiser une paix ne portant pas dans son sein les germes de guerres nouvelles ? La nouvelle organisation des relations internationales réussira-t-elle à résoudre les conflits et à adoucir les contacts épineux qui pourront suivre la cessation des hostilités, en appliquant à tous le droit et l’équité et en ne faisant violence à personne ? L’histoire enseigne, et même très abondamment, que les mesures de sécurité techniques et juridiques sont insuffisantes. Les sécurités d’ordre spirituel sont aussi nécessaires, ou plus encore : un sentiment de la justice joint étroitement à une sage grandeur de vues, une compréhension et une bienveillance mutuelles, un esprit prompt à la conciliation, jusqu’au sacrifice de son intérêt propre si l’intérêt de la concorde et de la paix l’exige ainsi. Mais ces dispositions bienfaisantes ne pourront apparaître dans l’esprit international sans qu’aient été détruits, auparavant, des amas d’hostilités et de haines, de défiances, d’incompréhensions et de préjugés.

Discours au premier ambassadeur d’Equateur près le Saint-Sège, 27 décembre 1944

Nous devons chercher une paix véritable sincère, qui puisse rapidement mettre fin à ce conflit calamiteux et sanglant. Au milieu de telles destructions et perurbations des affaires, tandis que beaucoup sont encore en colère et ennemis à l’autre, il n’est certainement pas aisé d’achever une telle paix. La paix doit être tempérée par l’échelle impartiale de la justice, qui englobe dans la charité fraternelle tous les peuples et toutes les nations et qui ne porte pas de germes cachés de discord et de conflit.

Encyclique Communium Interpretes Dolorum, 15 Avril 1945

Sans doute, la paix ne peut se réaliser que dans la vérité et dans la justice. Cela suppose le respect des droits d’autrui, de certaines positions et traditions acquises, spécialement dans le domaine religieux, comme d’ailleurs le strict accomplissement des devoirs et obligations, auxquels chaque groupe d’habitants est astreint.

Voilà pourquoi, après avoir d’ailleurs reçu, ces jours derniers encore, de nombreux appels et réclamations de diverses parties du monde, et pour divers motifs, il est superflu de vous dire que Nous réprouvons tout recours à la force et à la violence, d’où que ce soit, comme aussi Nous condamnâmes à plusieurs reprises, dans le passé, les persécutions qu’un fanatique antisémitisme déchaînait contre le peuple hébreu. Cette attitude de parfaite impartialité, Nous l’avons toujours observée dans les circonstances les plus variées, et Nous entendons Nous y conformer aussi à l’avenir.

Mais il est clair que cette impartialité, qui Nous place au-dessus des conflits, dont la société humaine est agitée, en ce moment si difficile surtout, ne peut signifier indifférence. Aussi vous assurons-Nous que, dans la mesure où cela dépendra de Nous, et selon les possibilités, qui Nous seront offertes, Nous Nous emploierons pour que la justice et la paix en Palestine deviennent une bienfaisante réalité, créant par l’efficace coopération de tous les intéressés, un ordre, qui garantisse à chacune des parties présentement en conflit la sécurité de l’existence, en même temps que des conditions physiques et morales de vie, sur lesquelles puisse s’établir normalement un état de bien-être matériel autant que culturel.

Discours aux délégués de la Commission Suprême Arabe de Palestine, 3 Août 1946

Ici également se manifeste la responsabilité des peuples dans les problèmes capitaux de l’éducation de la jeunesse, de la formation de l’opinion publique, que les méthodes et les moyens modernes rendent aujourd’hui si impressionnante et si changeante, dans tous les domaines de la vie nationale. Actuellement cette action doit s’exercer assidûment afin de renforcer la solidarité de tous les États pour la défense de la paix. Positivement, il faut promouvoir la vraie paix par tous les moyens d’influence dont on dispose. Négativement il faut dénoncer ceux qui provoquent le trouble, générateur de guerre : Tout violateur du droit doit être mis, comme perturbateur de la paix dans une solitude infamante au ban de la société civile. C’est avant tout à l’Organisation des Nations-Unies à promouvoir cette vraie paix : Puisse « l’Organisation des Nations-Unies » devenir la pleine et pure expression de cette solidarité internationale de paix, effaçant de ses statuts tout vestige de son origine qui était nécessairement une solidarité de guerre.

[…]

La vraie volonté chrétienne de paix est force et non faiblesse ou résignation fatiguée. Elle ne fait qu’un avec la volonté de paix du Dieu tout-puissant et éternel. Toute guerre d’agression contre ces biens que l’ordonnance divine de la paix oblige sans conditions à respecter et à garantir, et donc aussi à protéger et à défendre est péché, délit et attentat contre la majesté de Dieu, créateur et ordonnateur du monde. Un peuple menacé ou déjà victime d’une injuste agression, s’il veut penser et agir chrétiennement, ne peut demeurer dans une indifférence passive; à plus forte raison la solidarité de la famille des peuples interdit-elle aux autres de se comporter comme de simples spectateurs dans une attitude d’impassible neutralité. Qui pourra jamais mesurer les dommages déjà occasionnés dans le passé par une telle indifférence, bien étrangère au sentiment chrétien, envers la guerre d’agression? Combien elle a fait éprouver plus vivement le sentiment du manque de sécurité chez les « grands », et par-dessus tout chez les « petits » ! A-t-elle en compensation apporté quelque avantage? Au contraire elle n’a fait que rassurer et encourager les auteurs d’agression, mettant chacun des peuples, abandonnés à eux-mêmes, dans la nécessité d’augmenter indéfiniment leur armement.

Certains pacifistes défendent la paix pour des motifs sentimentaux ; les chrétiens défendent la paix en vertu de leur foi et de leur morale, autant les premiers sont faibles autant les seconds sont forts : Appuyée sur Dieu et sur l’ordre établi par lui, la volonté chrétienne de paix est donc forte comme l’acier. Elle est d’une bien autre trempe que le simple sentiment d’humanité, trop souvent fait de pure impressionnabilité, qui ne déteste la guerre qu’à cause de ses horreurs et de ses atrocités, de ses destructions et de ses conséquences, et non pas aussi à cause de son injustice.

Radiomessage au Monde, 24 décembre 1948

Unissons nous dans la prière, implorons la miséricorde Divine qu’un nouvel ordre, basé sur la vérité, la justice et la charité, puisse émerger de la tant attendue réstauration des moeurs Que la Lumière Céleste illumine les esprits de ceux qui ont en leurs mains les destins des peuples; qu’ils puissent réaliser que tout comme la paix est le travail de la sagesse et de la justice, la guerre est le fruit de l’aveuglement et de la haine; qu’ils considèrent qu’un jour ils doivent rendre compte non seulement à l’histoire mais au jugement éternel de Dieu.

Ceux qui sèment grandement les graines de la haine, de la discorde et de la rivalité; ceux qui secrètement ou ouvertement soulèvent les masses et provoquent des rébellions; ceux qui trompent avec de vaines promesses les masses facilement agitées, même quand ils doivent comprendre que la justice exigée par les principes Chrétiens, qui donne vie à l’équilibre et à la concorde fraternelle, est achevée non pas par la force et la violence, mais par l’application de la loi.

Encyclique Anni Sacri, 12 mars 1950

Parce que vous êtes catholiques, vous êtes beaucoup plus forts que d’autres, vous avez l’assurance indéfectible du triomphe final. Sans doute vous vous refusez à employer les moyens de violence, le mensonge, et toutes les méthodes qui, au lieu de respecter les droits de la personne, les diminuent et même les suppriment. Mais votre force est surnaturelle ; elle vous vient de Dieu, elle vous est donnée à chaque instant par l’Esprit Saint qui vous inspire et qui confère à vos actes les plus humbles une valeur spirituelle inestimable.

Discours aux délégués de la jeunesse ouvrière chrétienne, 25 août 1957


Saint Jean XXIII

L’Eglise — Nous le disions encore en accueillant les quatre-vingt-six Missions extraordinaires présentes à l’ouverture du Concile — l’Eglise n’a rien tant à coeur que la paix et la fraternité entre les hommes, et elle travaille, sans se lasser, à les établir. Nous rappelions à ce propos les graves devoirs de ceux qui portent la responsabilité du pouvoir. Et Nous ajoutions : « La main sur la conscience, qu’ils écoutent le cri angoissé qui, de tous les points de la terre, des enfants innocents aux vieillards, des personnes aux communautés, monte vers le Ciel : paix ! paix ! ».

Nous renouvelons aujourd’hui cette solennelle adjuration. Nous supplions tous les Gouvernants de ne pas rester sourds à ce cri de l’humanité. Qu’ils fassent tout ce qui est en eux pour sauver la paix. Ils éviteront ainsi au monde les horreurs d’une guerre, dont nul ne peut prévoir quelles seraient les effroyables conséquences.

Message pour la paix, 25 octobre 1962

111 – Et ainsi les populations vivent dans une appréhension continuelle et comme sous la menace d’un épouvantable ouragan, capable de se déchaîner à tout instant. Et non sans raison, puisque l’armement est toujours prêt. Qu’il y ait des hommes au monde pour prendre la responsabilité des massacres et des ruines sans nombre d’une guerre, cela peut paraître incroyable ; pourtant, on est contraint de l’avouer, une surprise, un accident suffiraient à provoquer la conflagration. Mais admettons que la monstruosité même des effets promis à l’usage de l’armement moderne détourne tout le monde d’entrer en guerre ; si on ne met pas un terme aux expériences nucléaires tentées à des fins militaires, elles risquent d’avoir, on peut le craindre, des suites fatales pour la vie sur le globe.

112 – La justice, la sagesse, le sens de l’humanité réclament par conséquent, qu’on arrête la course aux armements ; elles réclament la réduction parallèle et simultanée de l’armement existant dans les divers pays, la proscription de l’arme atomique et enfin le désarmement dûment effectué d’un commun accord et accompagné de contrôles efficaces. « Il faut empêcher à tout prix, proclamait Pie XII, que la guerre mondiale, avec ses ruines économiques et sociales, ses aberrations et ses désordres moraux, déferle une troisième fois sur l’humanité (59). »

113 – Mais que tous en soient bien convaincus : l’arrêt de l’accroissement du potentiel militaire, la diminution effective des armements et – à plus forte raison – leur suppression, sont choses irréalisables ou presque sans un désarmement intégral qui atteigne aussi les âmes : il faut s’employer unanimement et sincèrement à y faire disparaître la peur et la psychose de guerre. Cela suppose qu’à l’axiome qui veut que la paix résulte de l’équilibre des armements, on substitue le principe que la vraie paix ne peut s’édifier que dans la confiance mutuelle. Nous estimons que c’est là un but qui peut être atteint, car il est à la fois réclamé par la raison, souverainement désirable, et de la plus grande utilité.

114 – D’abord il s’agit d’un objectif voulu par la raison. Pour tous la chose est évidente ou du moins elle devrait l’être : tout comme les rapports entre les particuliers, les relations internationales ne peuvent se régler par la force des armes ; ce qui doit les régir, c’est la norme de la sagesse, autrement dit la loi de vérité, de justice, de solidarité cordialement pratiquée.

115 – Objectif souverainement désirable. Qui ne voudrait voir les risques de guerre éliminés, la paix sauvegardée et toujours mieux garantie ?

116 – Enfin, rien de fécond comme un tel résultat. La paix rend service à tous : individus, familles, nations, humanité entière. Il résonne encore à nos oreilles, l’avertissement de Pie XII : « Avec la paix, rien n’est perdu ; mais tout peut l’être par la guerre (60). »

Encyclique Pacem in Terris, 11 avril 1963

Au moment où un témoignage de haute valeur humaine et sociale est rendu à l’Église en Notre personne, vous ne serez pas surpris que Nous évoquions la mémoire des inoubliables Pontifes que Nous avons connus personnellement au cours de Notre vie, et qui ont tant contribué à faire grandir partout l’estime pour l’action bienfaisante de la papauté. Léon XIII, saint Pie X, Benoît XV, Pie XI, Pie XII : tous les cinq, vrais amis de l’humanité, bons et courageux artisans de la vraie paix, qu’ils ont travaillé sans relâche à maintenir, à développer, ou à rétablir parmi les hommes.

Celui qui a recueilli leur succession assiste, pour sa part, avec une émotion profonde, à la manifestation de ce grand dessein du Dieu Tout-Puissant, « origine de toute paternité au ciel et sur la terre » (Eph. 3, 5), source aussi de toute fraternité entre les hommes, la véritable fraternité de la paix.

Discours lors de la remise du prix Balzan pour la Paix, 10 mai 1963

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