Grégoire, Évêque, serviteur des serviteurs de Dieu, salue et bénit les fils bien-aimés dans le Christ ; les fidèles chrétiens, ceux d’aujourd’hui et de demain.
Même s’il n’est pas permis aux juifs dans leurs assemblées d’entreprendre avec arrogance à faire plus que ce que la loi leur permet, ils ne doivent pas pour autant être désavantagés dans les privilèges qui leur ont été accordés. Bien qu’ils préfèrent persister dans leur opiniâtreté plutôt que de reconnaître les paroles de leurs prophètes et les mystères des Ecritures, et donc d’arriver à une reconnaissance de la foi chrétienne et du Salut. Néanmoins, dans la mesure où nous avons accepté leurs requêtes et leur avons offert le bouclier de notre protection à travers la Clémence de la piété Chrétienne. En ce sens, nous suivons les traces de nos prédécesseurs bénis, les Papes de Rome Calixtus, Eugène, Clément, Célestin, Innocent et Honorius.
De plus, nous décrétons qu’aucun chrétien ne doit les obliger à reçevoir le baptême contre leur gré. Mais si l’un d’entre eux venait à se réfugier de son plein gré auprès des chrétiens, alors, une fois ses intentions manifestées, il doit être fait chrétien sans hésitation. Car, en effet, si un individu a reçu le baptême sans le désirer mais de manière forcée, il ne possède pas la foi chrétienne.
Aucun chrétien ne doit avoir la présemption de saisir, emprisonner, blesser, torturer, mutiler, tuer ou infliger quelconque violence sur eux. Par ailleurs, personne ne devrait, à l’exception d’actions juridiques provenant d’autorités étatiques, changer les bonnes habitudes sur les terres où ils vivent dans le but de prendre leurs bien ou leur argent d’eux ou d’un autre.
En outre, personne ne doit les déranger durant leurs célébrations et festivals, que ce soit de jourou de nuit. Personne ne peut exiger d’eux un quelconque service à moins qu’ils soient accoutumés à effectuer l’effectuer depuis des temps lointains.
En ce qui concerne le fait que les Juifs ne soient pas dans la capacité de témoigner contre un Chrétien, nous décrétons que le témoignage des Chrétiens à l’encontre des Juifs n’est pas valide à moins qu’il y ait parmi ces Chrétiens un juif souhaitant témoigner.
Il arrive parfois que des Chrétiens qui perdent leur enfant accusent des Juifs de l’avoir à des fins sacrificielles. Il arrive aussi que des parents cachent leur enfant dans le but de porter atteinte aux Juifs, et afin qu’ils puissent leur extorquer une certaine somme d’argent.
Et plus faussement encore, ces chrétiens proclament que les juifs ont secrètement et discrètement emporté ces enfants afin de les tuer, et de sacrifier le cœur et le sang de ces enfants. Mais la Loi Juive interdit expréssément de sacrifier, manger ou boire le sang, ou encore de manger la chair d’animaux avec des griffes. Ce fait a été démontré de nombreuses fois par des Juifs convertis au Christianisme : Malgré cela, de nombreux juifs sont injustement détenus à cause de ce préjugé répandu.
C’est pour cela que nous décrétons que les les chrétiens ne doivent pas être écoutés dans une affaire ou une situation de ce type, et nous ordonnons que les juifs saisis sous un prétexte aussi stupide soient libérés, et qu’ils ne doivent pas non plus être arrétés pour un motif aussi misérable, à moins -et nous ne le croyons pas- qu’ils soient pris dans la commission du crime. Nous décrétons que les Chrétiens ne doivent rien susciter de noveau contre eux, mais qu’ils doivent plutôt maintenir le statut des Juifs comme il était du temps de nos prédécesseurs, de l’antiquité jusqu’à aujourd’hui.
Nous décrétons, afin de stopper la méchanceté et l’avarice d’hommes mauvais, que nul n’osera dévaster ou détruire les cimetières des Juifs ou encore déterrer des corps humais dans le but de gagner de l’argent. De plus, si quiconque, après avoir pris conaissance de ce décret, décide -et nous ne l’espérons pas- d’agir contrairement à ce décret, alors qu’il soit puni à hauteur de son rang et de sa position, ou qu’il soit excommunié, à moins qu’il s’excuse à travers des dédommagements appropriés. De plus, nous espérons que seuls les Juifs qui n’ont rien tenté pour contribuer à la destruction de la Foi Chrétienne soient fortifiés par le support d’une telle protection. . . .
Donné à Orvietto par la mains du Magister Jean Lectator, vice-chancellier de la Sainte Eglise Romaine, le 7 Octobre de la première indiction de l’année 1272 de la divine incarnation, à la première année du pontificat de notre maître, le Pape Grégoire X.
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