
La deuxième objection vient de Jérémie 31 : « Je donnerai ma loi dans leurs viscères, et je l’écrirai dans leurs cœurs, et un homme n’enseignera plus son prochain en disant : connais le Seigneur. Car tous me connaîtront du plus petit jusqu’au plus grand. » Je réponds avec saint Augustin dans son livre de l’esprit et de la lettre, 24, que ces paroles (je donnerai ma loi) signifient la grâce du nouveau testament, c’est-à-dire la foi opérant par la charité, que le Seigneur infuse dans nos cœurs, pour que non seulement nous connaissions mais pour que nous observions les commandements divins. Ces paroles (et il n’enseignera plus) signifient la récompense de la foi, c’est-à-dire la béatitude, dans laquelle tous les élus verront Dieu face à face.
Si quelqu’un veut à tout prix que ces dernières paroles s’entendent de ce siècle, on pourra répondre que le prophète ne parle pas ici des mystères absconds de l’Écriture, mais de la connaissance d’un seul Dieu. À l’époque de l’ancien testament, ce n’était pas seulement les Gentils qui adoraient les faux dieux, le peuple de Dieu lui-même se tournait fréquemment vers les idoles et les faux dieux. Jérémie a prédit qu’il arriverait un temps, celui du nouveau testament, où tous les hommes connaîtraient le Dieu unique, ce que nous voyons maintenant accompli. Car, les Gentils se sont convertis à la foi; et même s’ils sont impies, les Juifs et les Turcs adorent un seul Dieu.