Cet article a été traduit de l’anglais et réadapté depuis l’article de David Wanat publié sur wherepeteris.com.

Au fil de l’histoire du christianisme, il y a toujours eu des gens qui ont lu les Écritures, la patristique, les documents du Magistère et autres; puis ont pris les conclusions qu’ils en avaient tirées pour affirmer que l’Église – que ce soit par les enseignements du Pape ou du Concile – était décadente et que pour revenir sur le droit chemin, elle devait adopter leur propre interprétation de ces éléments.
Cela remonte aux hérésies gnostiques du premier siècle de notre ère et se poursuit à travers l’histoire jusqu’à nos jours, que ce soit sous forme d’hérésie, de schisme ou de dissidence. Mais cela implique toujours que la personne ou le groupe oublie deux choses :
- L’Église, sous le Magistère du Pape et des évêques en pleine communion avec lui, est protégée de l’erreur lorsqu’elle enseigne.
- Ceux d’entre nous qui agissent ou non avec cette autorité ne bénéficient pas de cette protection.
Lorsque nous comprenons ces deux points, il devient facile d’identifier qui nous devons écouter lorsqu’un individu ou un groupe attaque le Pape. Malheureusement, aux États-Unis et en Europe occidentale, un nombre croissant de catholiques ont perdu de vue – ou n’ont jamais compris – ces deux points et soit l’accusent d’hérésie, soit l’accusent de « semer la confusion » (pour « éviter » de commettre un acte schismatique).
Ne vous laissez pas berner. La confusion dans l’Église n’est pas causée par le Pape, mais par ceux qui s’appuient sur leur propre interprétation de ce que dit le Pape et qui ne vérifient pas s’ils l’ont interprété correctement, et encore moins les enseignements passés qu’ils mettent en contradiction avec le Pape. Ceux qui le font n’ont soit jamais eu l’autorité en premier lieu (le typique Site Internet anti-Papes ou polémiste médiatique religieusement ignorant), soit ils proposent leurs opinions personnelles non magistérielles (le prêtre, l’évêque ou même le cardinal qui n’est pas d’accord avec le Pape n’agit pas en communion avec lui, mais en tant qu’individu privé).
Rien de nouveau sous le soleil ici. Arius, Nestorius, Calvin, Luther, les Franciscains spirituels, les Donatistes, les Novatiens, la FSSPX, les catholiques de l’«Esprit de Vatican II», etc., etc., etc. ont causé la confusion dans l’Église en pointant du doigt leur interprétation personnelle de ce que le successeur de Pierre avait dit, en contraste avec leur interprétation personnelle d’autres documents. Mais leur interprétation personnelle [1] n’a aucune autorité contre l’interprétation du pape.
Blâmer le Pape pour le nombre grandissant d’interprétations erronées est tout comme blâmer les papes au XVIe siècle parce que Calvin et Luther opposaient l’enseignement de l’Église sur nos obligations personnelles d’éviter le péché à leur propre interprétation erronée des Écritures et de Saint Augustin, affirmant que l’Église était coupable de pélagianisme. Mais l’Église n’a jamais enseigné ce dont l’a accusée ce duo. L’Église ne s’est jamais contredite ni ne s’est trompée. Mais plutôt, des gens grossièrement trompés sur ce que l’Église enseignait croyaient que l’Église était auparavant dans l’erreur, ou l’est actuellement.
Il n’est pas nécessaire qu’il en soit ainsi. Une grande partie de cette confusion aurait pu être évitée si nous nous étions souvenu que le jugement téméraire et la calomnie sont des péchés. Comme le dit le Catéchisme de l’Eglise Catholique :
2477 Le respect de la réputation des personnes interdit toute attitude et toute parole susceptibles de leur causer un injuste dommage (cf. ⇒ CIC, can. 220). Se rend coupable
– de jugement téméraire celui qui, même tacitement admet comme vrai, sans fondement suffisant, un défaut moral chez le prochain.
– de médisance celui qui, sans raison objectivement valable, dévoile à des personnes qui l’ignorent les défauts et les fautes d’autrui (cf. Si 21, 28).
– de calomnie celui qui, par des propos contraires à la vérité, nuit à la réputation des autres et donne occasion à de faux jugements à leur égard.
2478 Pour éviter le jugement téméraire, chacun veillera à interpréter autant que possible dans un sens favorable les pensées, paroles et actions de son prochain :
Tout bon chrétien doit être plus prompt à sauver la proposition du prochain qu’à la condamner. Si l’on ne peut la sauver, qu’on lui demande comment il la comprend ; et s’il la comprend mal, qu’on le corrige avec amour ; et si cela ne suffit pas, qu’on cherche tous les moyens adaptés pour qu’en la comprenant bien il se sauve
— S. Ignace, ex. spir. 22
Mais ceux qui présument automatiquement que le Pape se trompe ne se demandent pas s’ils le comprennent correctement ou s’ils comprennent correctement les enseignements qu’ils pensent lui opposer, avant de l’accuser. Où est leur effort de supposer une interprétation favorable ? Où est leur effort de demander des éclaircissements ? [2] Les détracteurs sont allés directement à « ce doit être une erreur ». C’est un jugement téméraire.
La calomnie entre en scène lorsque des mensonges sont utilisés contre le pape ou l’Église. Qu’ils sachent que c’est faux ou non, ceux qui accusent le Pape de dire, de faire ou de vouloir des choses qu’il n’a pas dites, faites ou n’a pas eu l’intention de faire. Qu’ils le croient ou non, Calvin et Luther ont calomnié lorsqu’ils ont accusé l’Église d’inventer des doctrines pour justifier son désir d’argent ou de pouvoir [3]. Lorsque les détracteurs accusent le Pape de vouloir promouvoir le divorce et le remariage, ou le mariage homosexuel, ils le calomnient, qu’ils sachent que leur accusations sont fausses ou soient grossièrement dans l’erreur.
Nous devons nous rappeler que ce que nous pensons être intentionnel pourrait être une erreur. Ce n’est qu’en suivant l’Église comme un guide pour bien comprendre que nous pouvons éviter de tomber dans l’erreur. Mais dès que nous réagissons à l’enseignement du Pape en disant que l’Église se trompe mais que nous ne le faisons pas, nous nous éloignons du « pilier et le soutien de la vérité » (1 Timothée 3:15) qu’est l’Église.
[1] C’est aussi valable pour la mienne. Si quelque chose que j’écris s’avère contraire à ce que l’Église enseigne sous la direction du Pape (une telle chose ne serait pas intentionnelle), vous devez, bien sûr, écouter le Pape.
[2] Mon problème envers les « cardinaux du dubia » n’est pas qu’ils se posaient des questions sur l’interprétation à tenir. Après tout, les dubia ont été utilisés depuis des siècles pour clarifier les choses. Mon problème est que le document de leurs questions m’a donné l’impression d’un sophisme de plurium interrogationum (« Avez-vous arrêté de battre votre femme ? ») qui présumait une intention hétérodoxe du pape. Ce n’était peut-être pas leur intntion (pour éviter moi-même un jugement téméraire, j’essaie d’éviter de leur attribuer une intention et des motifs). Mais cela donne l’impression d’un manque de respect de leur part.
[3] Les fausses affirmations de Jack Chick peuvent en fait être remontées jusqu’aux fausses allégations dans les écrits principaux des fondateurs du protestantisme.