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St Pierre Favre, Lettre à Jacques Laynez, 6 mars 1546

Jacques Laynez était un théologien qui avait participé au Concile de Trente, et il demandait peu avant des conseils à St Pierre Favre au sujet de la conversion des protestants de la réforme. La lettre est une réponse à cette demande.

Lettre

Cher frère en Jésus-Christ. Que la grâce et la paix de notre Sauveur puissent toujours être dans nos cœurs. Mon excuse pour ne pas avoir répondu plus tôt à votre lettre est que je n’ai pas eu le temps de le faire. Je n’étais pas en paix. Je pourrais aussi dire que ma main n’est pas si forte et stable selon les nécessités. Cependant, je vais vous dire quelques choses qui me sont venues à l’esprit.

La première est que celui qui désirerait réussir avec les hérétiques de ce temps doit veiller à avoir une grande charité envers eux et à les aimer en vérité, rejetant de son esprit toutes les considérations qui ont pour effet que l’on se refroidit dans l’estime que l’on a d’eux.

La deuxième est qu’il faut les gagner, pour qu’ils nous aiment et nous aient dans leur esprit comme leur appartenant. Cela s’obtient en communiquant familièrement avec eux en des points qui nous sont communs à nous et à eux, nous gardant de toute argumentation où une partie apparaît comme enfonçant l’autre. Il faut en effet communiquer plutôt sur les sujets qui unissent que sur ceux qui apparaissent comme manifestant de la diversité dans la compréhension.

Lorsque nous rencontrons un homme, non seulement pervers dans ses opinions mais mauvais dans sa vie, nous devons le persuader d’abandonner ses vices avant de lui parler de ses erreurs concernant la Foi. Il m’est déjà arrivé qu’un homme est venu me demander de le satisfaire dans certaines de ses fausses opinions, particulièrement au sujet du célibat ecclésiastique. Je l’ai traité de telle manière qu’il m’a confié sa conscience, corrompue par de nombreuses années de péché mortel de concubinage. Je lui ai persuadé d’abandonner cette vie… et à peine l’avait-il fait qu’il fut capable, par la grâce de Dieu, de vivre sans femme, qu’il avait également renoncé à ses erreurs sans en dire mot. [1]

Ces personnes ont besoin d’admonestations et d’exhortations sur la morale, sur la crainte et l’amour de Dieu, sur les bonnes œuvres, pour contrer leurs faiblesses, distractions, tiédeurs et d’autres afflictions, qui ne viennent pas principalement ou en premier lieu de la compréhension, mais des mains et des pieds du corps et de l’âme…[2]

Notes

[1] : En parlant du curé avec qui Favre avait logé à Mayence, Saint Peter Canisius a déclaré: « Il l’a transformé d’un concubin en un chartreux : je pense qu’il a passé ses jours dans la chartreuse de Cologne. » (Fabri Monumenta, 485).

[2] : Fabri Monumenta, pp. 309-402.


Source: Traduction de The Origin of the Jesuits : Brodric, James S. J. pp. 215 à 217. Traduction française partielle : Ignace de Loyola, François Xavier, Pierre Favre pp. 80-81.

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