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L’autorité de Saint Thomas et le Magistère

En raison de la grande qualité du Docteur Angélique, Saint Thomas d’Aquin, et des éloges que lui fait l’Eglise depuis toujours, certains en viennent à s’imaginer que le Magistère ne pourrait jamais corriger ses enseignements si, en théorie, ils venaient à entrer en conflit avec les développements théologiques de l’Eglise. Mais c’est ignorer que le Magistère n’a jamais fait d’une doctrine de foi l’idée que l’oeuvre de Saint Thomas soit sans erreur. Il a en revanche toujours enseigné que les théologiens d’un quelconque degré n’avaient pas son niveau d’autorité.

Le Magistère de l’Eglise est au-dessus des théologiens

Le Pape Benoît XIV enseignait:

« Le jugement de l’Eglise est préférable à celui même d’un Docteur renommé pour sa sainteté et ses enseignements. »

Encyclique Apostolica Constitutio, 26 Juin 1749

Le Pape Pie XII l’expliquait en détail:

Il est vrai encore que les théologiens doivent toujours remonter aux sources de la révélation divine; car il leur appartient de montrer de quelle manière ce qui est enseigné par le magistère vivant  » est explicitement ou implicitement trouvé  » (4) dans la Sainte Ecriture et la divine  » tradition « . Ajoutons que ces deux sources de la doctrine révélée contiennent tant de trésors et des trésors si précieux de vérités qu’il est impossible de les épuiser jamais. C’est bien la raison pour laquelle nos sciences sacrées trouvent toujours une nouvelle jeunesse dans l’étude des sources sacrées ; tandis que toute spéculation qui néglige de pousser plus avant l’examen du dépôt sacré ne peut qu’être stérile : l’expérience est là, qui le prouve. Mais on ne peut pas, pour cette raison, équiparer la théologie, même celle qu’on dit positive, à une science purement historique. Car Dieu a donné à son Eglise, en même temps que les sources sacrées, un magistère vivant pour éclairer et pour dégager ce qui n’est contenu qu’obscurément et comme implicitement dans le dépôt de la foi. Et ce dépôt, ce n’est ni à chaque fidèle, ni même aux théologiens que le Christ l’a confié pour en assurer l’interprétation authentique, mais au seul magistère de l’Eglise.

Encyclique Humani Generis, 15 août 1950

« Si comme théologiens ils sont activement intéressés à 1’« orientation » et utilisent des arguments théologiques scientifiques, on aurait pu se demander si c’est la parole des théologiens ou celle du magistère de l’Eglise qui a le plus de poids et offre une meilleure garantie de vérité. A ce propos, on lit dans l’encyclique Humani generis : Quod quidem depositum (fidei)… nec ipsis theologis divinus Redemptor concredidit authentice interpretandum, sed soli Ecclesiae Magisterio… Quare Decessor Noster imm. mem. Pius IX, docens nobilissimum theologiae munus illud esse, quod ostendat quomodo ab Ecclesia definita doctrina contineatur in fontibus, non absque gravi causa illa addidit verba : eo ipso sensu, quo ab Ecclesia definita est. Donc pour la connaissance de la vérité, ce qui est décisif ce n’est pas Vopinio theologorum mais le sensus Ecclesiae. Sinon ce serait faire des théologiens presque des magistri Magisterii ; ce qui est une erreur évidente. »

Discours à l’occasion de la semaine italienne d’adaptation pastorale, 14 septembre 1956

Saint Thomas l’enseignait lui-même

« Aussi l’Apôtre dit-il (2 Co 10, 5) : “ Nous assujettissons toute pensée pour la faire obéir au Christ. ” De là vient que la doctrine sacrée use aussi des autorités des philosophes, là où, par leur raison naturelle, ils ont pu atteindre le vrai. S. Paul, dans les Actes (17, 28) rapporte cette sentence d’Aratus : “ Nous sommes de la race de Dieu, ainsi que l’ont affirmé certains de vos poètes. ” Il faut prendre garde cependant que la doctrine sacrée n’emploie ces autorités qu’au titre d’arguments étrangers à sa nature, et n’ayant qu’une valeur de probabilité. Au contraire, c’est un usage propre qu’elle fait des autorités de l’Écriture canonique. Quant aux autorités des autres docteurs de l’Église, elle en use aussi comme arguments propres, mais d’une manière seulement probable. »

Somme Théologique Ia, Question 1, Article 8

« Ce qui possède la plus haute autorité, c’est la pratique de l’Église à laquelle il faut s’attacher jalousement en toutes choses. Car l’enseignement même des docteurs catholiques tient son autorité de l’Église. Il faut donc s’en tenir plus à l’autorité de l’Église qu’à celle d’un Augustin ou d’un Jérôme ou de quelque docteur que ce soit. »

Somme Théologique IIae, Question 10, Article 12

« Aussi faut-il plutôt s’en tenir à la décision du pape (à qui il revient de déterminer de la foi) qu’il exprime en jugement, plutôt qu’à l’opinion de tous les experts en Écritures »

Questions quodlibétiques, Quodlibet IX, q. 8.

« Je Te reçois, le prix de ma rédemption, pour Celui dont j’ai regardé, étudié, et mis en oeuvre l’amour. Jamais je n’ai dit quoique ce soit contre Toi: si quelque chose n’était pas bien dite, cela doit être attribué à mon ignorance. Je ne souhaite pas non plus être obstiné dans mes opinions, mais si j’ai écrit quoique ce soit d’erroné en ce qui concerne les sacrements ou d’autres sujets, je les soumet entièrement au jugement et à la correction de la Sainte Eglise Romaine, en l’obéissance de laquelle je quitte maintenant cette vie. »

Traduit de Dominic Prummer, O.P., Fontes Vitae S. Thomae Aquinatis, notis historicis et criticis illustrati (1911), éditant la vie de St Thomas par Pierre Calo (1300).


Pourquoi Aeterni Patris n’a jamais contredit cela

Certains voudraient ériger l’oeuvre de Saint Thomas au niveau d’une source infaillible dans ses moindres détails sous les prétextes que sa doctrine était proposée aux académies et aux grandes écoles, par certains papes tels que rapportés dans Aeterni Patris, « comme un modèle et un maître qu’elles pouvaient suivre sans crainte d’erreur ». Léon XIII poursuivait en disant:

« Et, à ce propos, les paroles du bienheureux Urbain V à l’académie de Toulouse méritent d’être rappelées ici :  » Nous voulons et, par la teneur des présentes, Nous vous enjoignons de suivre la doctrine du bienheureux Thomas, comme étant véridique et catholique, et de vous appliquer de toutes vos forces à la développer (34). » A l’exemple d’Urbain V, Innocent XII impose les mêmes prescriptions à l’université de Louvain, et Benoît XIV au collège dionysien de Grenade. Pour couronner ces jugements portés par les Pontifes suprêmes sur saint Thomas d’Aquin, Nous ajoutons ce témoignage d’Innocent VI :  » La doctrine de saint Thomas a, plus que toutes les autres, le droit canon excepté, l’avantage de la propriété des termes, de la mesure dans l’expression, de la vérité des propositions, de telle sorte que ceux qui la possèdent ne sont jamais surpris hors du sentier de la vérité, et que quiconque l’a combattue a toujours été suspect d’erreur (35). » »

Bien qu’aucun de ces éloges ne soient des dogmes, et que les prescriptions étaient des disciplines temporelles faisant de lui une référence pratique de l’orthodoxie pour les milieux universitaires, ça n’a jamais signifié que l’on pouvait se rattacher à lui si le Magistère le contredisait vraisemblablement sur un point. Saint Thomas est resté orthodoxe toute sa vie et sa doctrine peut être gardée comme une référence de manière générale: l’hérésie est l’adhésion obstinée à une erreur et non l’expression d’une opinion valide en son temps. Il est évident qu’en cas de correction du Magistère, on pourrait toujours suivre Saint Thomas « sans crainte d’erreur »: car lui-même aurait rétracté ses opinions face à l’Eglise, et donc, les rétracter serait rester conforme à sa doctrine.

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