L’intelligence humaine est capable de connaissance objective :
S. Paul VI :
« Il importe, à ce propos, de rappeler qu’au-delà de l’observable scientifiquement vérifié, l’intelligence que Dieu nous a donné atteint ce qui est, et non seulement l’expression subjective des structures et de l’évolution de la conscience »
— Pape S. Paul VI, Profession de Foi, 30 juin 1968, Préambule, point 5.
S. Jean-Paul II :
« Une fois perdue l’idée d’une vérité universelle quant au Bien connaissable par la raison humaine, la conception de la conscience est, elle aussi, inévitablement modifiée : la conscience n’est plus considérée dans sa réalité originelle, c’est-à-dire comme un acte de l’intelligence de la personne, qui a pour rôle d’appliquer la connaissance universelle du bien dans une situation déterminée et d’exprimer ainsi un jugement sur la juste conduite à choisir ici et maintenant ; on a tendance à attribuer à la conscience individuelle le privilège de déterminer les critères du bien et du mal, de manière autonome, et d’agir en conséquence. Cette vision ne fait qu’un avec une éthique individualiste, pour laquelle chacun se trouve confronté à sa vérité, différente de la vérité des autres. »
— Pape S. Jean-Paul II, encyclique Veritatis splendator, 6 août 1993, point 32.
Condamnation du subjectivisme et du relativisme
Concile Vatican II :
« Au fond de sa conscience, l’homme découvre la présence d’une loi qu’il ne s’est pas donnée lui-même, mais à laquelle il est tenu d’obéir. Cette voix, qui ne cesse de le presser d’aimer et d’accomplir le bien et d’éviter le mal, au moment opportun résonne dans l’intimité de son cœur : « Fais ceci, évite cela ». Car c’est une loi inscrite par Dieu au cœur de l’homme ; sa dignité est de lui obéir, et c’est elle qui le jugera (cf. Rm 2,14-16). […] Plus la conscience droite l’emporte, plus les personnes et les groupes s’éloignent d’une décision aveugle et tendent à se conformer aux normes objectives de la moralité. »
— Concile Vatican II, constitution pastorale Gaudium et Spes, 7 décembre 1965, point 16.
S. Paul VI :
« Du reste, ce besoin de considérer les choses connues dans un acte réflexe pour les contempler dans le miroir intérieur de son propre esprit est caractéristique de la mentalité de l’homme moderne ; sa pensée se replie facilement sur elle-même et trouve certitude et plénitude à la lumière de sa propre conscience. Ce n’est pas que cette habitude ne présente de graves dangers ; des courants philosophiques fameux ont exploré et exalté cette forme d’activité spirituelle de l’homme comme définitive et suprême, bien plus, comme la mesure et la source de la réalité, poussant la pensée à de conclusions abstruses, désolées, paradoxales et radicalement fallacieuses ; mais […] cela n’empêche que, dûment uni à une formation de pensée apte à découvrir la vérité là où celle-ci coïncide avec la réalité de l’être objectif, l’exercice de la conscience révèle toujours mieux à qui s’y livre le fait de l’existence, de son être propre, de sa propre dignité spirituelle, de sa propre capacité de connaître et d’agir. »
— Pape S. Paul VI, encyclique Ecclesiam suam, 6 août 1964, point 30.
La liberté ! on en traite beaucoup aujourd’hui en manière de polémique contre l’Eglise, comme si l’Eglise était contraire à la liberté, comme si elle était seulement autoritaire, antidémocratique, etc. Et pourquoi cela ? ; avant tout, parce qu’on n’accepte pas de considérer objectivement les faits ; mais spécialement parce que l’on ignore volontairement ce que la liberté comporte originellement, c’est-à-dire sa relation avec l’obligation morale, laquelle dérive de la découverte et de la référence que l’intelligence fait et doit humainement faire à la volonté ; c’est de ce dialogue — disons-le ainsi — entre l’intelligence (fidèle à la vérité, c’est-à-dire à l’ordre des choses) et la volonté (qui, en soi, n’est pas orientée, sinon génériquement, vers le bien) que naît la liberté authentique, l’autodétermination à l’action, au choix des fins, à ce que l’esprit propose comme vrai et comme bien, et qui en des cas déterminés apparaît au regard de la conscience, comme devoir, comme obligation morale. Parole du Christ : veritas vos liberabit ; la vérité vous rend libres (Jn 8,31).
Cette manière, ce processus de libération moyennant la vérité sont originaux dans l’Evangile et semblent à première vue, contradictoires. Parce que, de par elle-même, la vérité enchaîne ; comment peut-elle être libératrice ? Elle est libératrice parce qu’elle affranchit de l’erreur qui, si elle devient un principe d’action, entraîne la volonté à des options erronées, à la fin nuisibles et oppressives pour l’homme comme le sont les options guidées non pas par la lumière de la vérité, mais par d’autres motifs, comme la passion, l’intérêt égoïste, le manque de volonté, la peur, l’opportunisme, le conformisme, etc. La pure indétermination, à laquelle souvent l’on tend comme si elle était une véritable émancipation, n’est pas une liberté authentique ou n’est pas, tout au moins, une liberté complète. La liberté purement physique n’est pas une pleine expression de l’homme ; la liberté morale, c’est-à-dire celle qui, spontanément et vigoureusement suit la lumière de la vérité, voilà l’homme vrai. Nous parlons de la liberté psychologique, en ce moment ; c’est à elle que l’Eglise nous éduque avec sa magistrale sagesse.
– Discours du 10 Juillet 1974
S. Jean-Paul II :
« Dans certains courants de la pensée moderne, on en est arrivé à exalter la liberté au point d’en faire un absolu, qui serait la source des valeurs. C’est dans cette direction que vont les doctrines qui perdent le sens de la transcendance ou celles qui sont explicitement athées. On a attribué à la conscience individuelle des prérogatives d’instance suprême du jugement moral, qui détermine d’une manière catégorique et infaillible le bien et le mal. A l’affirmation du devoir de suivre sa conscience, on a indûment ajouté que le jugement moral est vrai par le fait même qu’il vient de la conscience. Mais, de cette façon, la nécessaire exigence de la vérité a disparu au profit d’un critère de sincérité, d’authenticité, d’« accord avec soi-même », au point que l’on en est arrivé à une conception radicalement subjectiviste du jugement moral. »
— Pape S. Jean-Paul II, encyclique Veritatis splendator, 6 août 1993, point 32.
Catéchisme de l’Eglise catholique :
« 1792. L’ignorance du Christ et de son Évangile, les mauvais exemples donnés par autrui, la servitude des passions, la prétention à une autonomie mal entendue de la conscience, le refus de l’autorité de l’Église et de son enseignement, le manque de conversion et de charité peuvent être à l’origine des déviations du jugement dans la conduite morale. »
— Catéchisme de l’Eglise Catholique, promulgué par le Pape S. Jean-Paul II en 1992.
Benoit XVI :
« Dans la pensée moderne, la parole « conscience » signifie qu’en matière de morale et de religion, la dimension subjective, l’individu, constitue l’ultime instance de la décision. Le monde est divisé dans les domaines de l’objectif et du subjectif. A l’objectif appartiennent les choses qui peuvent se calculer et se vérifier par l’expérience. La religion et la morale sont soustraites à ces méthodes et par conséquent sont considérées comme appartenant au domaine du subjectif. Ici, n’existeraient pas, en dernière analyse, des critères objectifs. L’ultime instance qui ici peut décider serait par conséquent seulement le sujet, et avec le mot « conscience » on exprime justement ceci : dans ce domaine peut seulement décider un chacun, l’individu avec ses intuitions et ses expériences. La conception que Newman a de la conscience est diamétralement opposée. Pour lui « conscience » signifie la capacité de vérité de l’homme : la capacité de reconnaître justement dans les domaines décisifs de son existence – religion et morale – une vérité, la vérité. La conscience, la capacité de l’homme de reconnaître la vérité lui impose avec cela, en même temps, le devoir de se mettre en route vers la vérité, de la chercher et de se soumettre à elle là où il la rencontre. La conscience est capacité de vérité et obéissance à l’égard de la vérité, qui se montre à l’homme qui cherche avec le cœur ouvert. Le chemin des conversions de Newman est un chemin de la conscience – un chemin non de la subjectivité qui s’affirme, mais, justement au contraire, de l’obéissance envers la vérité qui, pas à pas, s’ouvre à lui. »
— Pape Benoit XVI, Discours à la Curie romaine du 20 décembre 2010.