
Beaucoup de rumeurs infondées tournent autour de l’épiscopat de Mgr Montini, futur Saint Paul VI, voulant nous faire croire qu’il avait été plusieurs fois soupçonné voire puni de méfaits par les papes, notamment en se voyant démissionner de l’association catholique FUCI, ainsi qu’en étant assigné à l’archeveché de Milan. Mais, en dépit des théories du complot et des rumeurs tardives, les sources sérieuses démontrent que ces assignations étaient en vérité des récompenses pour son excellente réputation.
Son départ désiré de la Fédération des universitaires catholiques italiens
Le 15 Mars 1933, Monseigneur Montini reçevait une lettre de l’Archevêque Pizzardo qui disait en partie: « Considérant le travail grandissant de votre importante fonction au Secrétaire d’Etat, vous m’avez plusieurs fois demandé de vous obtenir la permission du Saint Père pour vous retirer de votre rôle d’assistant ecclésiastique aux Etudiants de l’Université Catholique (…) Le Pape (…) a gracieusement consenti à vous autoriser à dédier tous vos dons hors du commun à la tâche délicrate du Secrétariat d’Etat. (…) En vous informant de cela, je ne peux taire mes regrets en vous voyant partir d’un poste que vous avez tenu pendant huit ans et exécuté avec un véritable amour et une véritable dévotion. »
Azione Fucina, le bulletin du FUCI, rééditant toute la lettre, commentait: « Monseigneur Montini, en nous donnant la copie de la présente lettre, a exprimé le désir formel qu’elle ne fut accompagnée d’aucun commentaire, car seul le silence peut exprimer les sentiments de son coeur au moment présent. Nous ne pouvons, cependant, manquer de révéler que nous resterons toujours étroitement unis à lui, parce que nous nous sentirons toujours guidé par le même amour pour l’Eglise de Jésus Christ et de son Vicaire qui s’est répandu et nous a été manifestée de façon inoubliable dans le travail que Monseigneur Montini a dévoué durant huit années dans notre association. Parler de gratitude est superflu ».
Sa nomination à l’archevêché de Milan
Le 12 Janvier 1953, le Pape Pie XII convoqua un consistoire secret de cardinaux dans le but de leur révéler les noms de ceux qu’il avait l’intention d’élever au cardinalat dans un futur consistoire publique. Au cours de la réunion le Pape disait: « Il y a un sujet de plus que nous pouvons passer sous silence. C’était notre intention d’élever au Sacré Collège les deux prélats distingués qui président, chacun dans leur propre Sction, au Secrétariat d’Etat, et leurs noms ont été les premiers écrits sur la liste des Cardinaux-élécteurs que Nous avions déjà préparé. Cependant, ces deux prélats, donnant une preuve palpable de leur vertue, ont tant insisté pour être dispensé d’accepter une si haut dignité que Nous avons considéré opportun d’accepter leurs pétitions et désirs en cette matière. Mais en faisant cela Nous avons aussi désiré récompenser leur futur d’une certaine manière; et n fait, comme vous le savez, Nous leur avons donné un plus haut titre qui correspond plus parfaitement au champ de leur activité difficile. »
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En 1954, la santé du Saint Père provoquait l’inquiétude. Toujours impatients avec les infirmités physiques, Pius XII se forçait à travailler contre l’avis des médecins, adhérant à soixante-dix-huit ans aux horaires qui avaient été siennes pendant des années. Il semblait plus que jamais dépendant de Monseigneur Montini. Pourtant en Novembre de la même année le Pape, dans un mouvement qui causa la surprise et la spéculation au Vatican, nomma Monseigneur Montini archevêque de Milan en succession au Cardinal Schuster. Monseigneur Montini était, comme le Pape le disait graciusement, son « don au peuple de Milan ».
Monseigneur Montini était abasourdi et dépassé. Il dit au Pape, « Saint Père, pensez-vous que je suis capable de porter cette charge?? » Et le Pape lui donna une étreinte pour réponse. La lettre apostolique de nomination écrite par le Saint Père à son Pro-Secrétaire disait: « Il nous a semblé, O Fils bien aimé, que tu étais la personne la plus indiquée, parce que nous connaissons ton excellence et tes talents par une intimité presque quotidienne, ta force d’âme et ta sincère piété jointe au zèle pour le salut des âmes. Ainsi, pendant les longues années où tu nous as été proche en te dévouant aux affaires de l’Église, tu as non seulement bien mérité du Siège apostolique mais, de plus, tu as eu les moyens d’acquérir beaucoup d’expérience des hommes et de leurs affaires, tant et si bien que tu nous es apparu comme le plus préparé à assumer la gouvernance spirituelle de cette métropole ».
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Le Saint Père lui-même avait voulu consacrer le nouvel archevêque et lui avait donné sa croix pectorale, mais il était maintenant sérieusement malade, allongé dans le palais adjoint, et Monseigneur Montini reçevait la plénite de la prêtrise du français barbu, Cardinal Tisserant, doyen du Collège des Cardinaux, avec les co-consécréteurs, l’évêque de Brescia, Giacinto Tredici, et le vicaire capitulaire de Milan, Domenico Bernareggi, évêque titulaire de Famagosta.
Néanmoins le courageux Pape n’était pas absent. A un moment de la cérémonie, par les haut-parleurs installés dans la basilique, la voix basse du Pontiffe était entendue depuis son appartement. Il déclarait lui-même être présent spirituellement à la consécration épiscopale, qu’il s’était reservée en raison de son affection pour le consacré, mais la Providence ne lui permit pas de réaliser cette intention. Il dit: « C’est en effet une consolation pour le Pèr qui n’a pas été en capacité d’imposer ses mains en invoquant le Saint Esprit, les levant au moment de bénir son fidèle collaborateur, celui qui est aujourd’hui devenu son frère dans l’épiscopat. » Un cardinal de la curie qui connaissait bien Montini à cette époque: « Il y a ceux qui l’égalent en intellect, mais je n’ai rencontré personne qui lui sont supérieurs en spiritualité. Personne! »