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Nicolas de Cues sur la conception musulmane de Dieu

Extraits de « La Paix de la Foi » (1453):

Texte complet en anglais: https://archive.schillerinstitute.com/transl/cusa_p_of_f.html

Sur ce, L’Arabe se leva et prit la parole: On ne peut rien dire de plus clair et de plus vrai!

Le Verbe: Or de même qu’en tant qu’ami de la sagesse vous professez l’existence de la sagesse absolue, penserez-vous qu’il y ait des hommes doués d’intelligence qui n’aiment pas la sagesse?

L’Arabe: Je pense quand toute vérité tous les hommes désirent naturellement la sagesse puisque la sagesse est la vie de l’intelligence, qui ne peut se conserver en vie que par une autre nourriture que la vérité et le verbe de vie, c’est-à-dire le pain de son intelligence, lequel est la sagesse. De même, en effet, que tout ce qui existe désire tout ce sans quoi il ne peut exister, ainsi la vie intellectuelle désir la sagesse.

Le Verbe: Ainsi donc tous les hommes professent avec vous l’existence de cette sagesse une et absolue qu’ils présupposent, laquelle est le Dieu unique.

L’Arabe: Il en est ainsi et il n’est personne d’intelligent qui puisse penser
autrement.


Le Verbe: Pour tous ceux qui sont pourvus d’intelligence, il n’est donc qu’une
seule religion et qu’un seul culte, lesquels sont présupposés dans toute la diversité des rites.


L’Arabe: Tu es la sagesse puisque tu es le Verbe de Dieu. Je demande comment ceux qui rendent un culte à plusieurs dieux se rencontrent avec les philosophes sur l’unicité divine. Car en aucun temps on ne trouve des philosophes qui n’ait jugé impossible qu’il y eut plusieurs dieux auquel présida un seul élevé au-dessus d’eux, lequel est le principe de qui les autres tiennent tout ce qu’ils ont de façon bien plus excellente que l’unité dans leur nombre.

Le Verbe: Tous ceux qui ont jamais rendu un culte à plusieurs dieux ont présupposé l’existence de la divinité. C’est elle en effet qu’ils adorent dans tous les dieux, comme identique en ceux qui y participent. De même en effet que si la blancheur n’existe pas il n’y a pas de choses blanche, si la divinité n’existe pas, il n’y a pas non plus de dieux. Par conséquent, le culte des dieux confesse l’existence de la divinité. Et qui dit plusieurs dieux dit qu’un seul auparavant est leur principe à tous. De même celui qui affirme l’existence de plusieurs saints admet l’existence d’un seul saint des saints, par la participation duquel tous les autres sont saints. Jamais une nation ne fut stupide au point de croire à plusieurs dieux dont chacun serait cause première, principe ou créateur de l’univers.

L’Arabe: C’est ce que je pense, car c’est se contredire que de poser l’existence de plusieurs principes premiers. Le principe, en effet, puisqu’il ne peut-être issu d’un principe, en ce cas il serait lui-même son propre principe et serait avant d’être, ce qui est inconcevable. Le principe est donc éternel. Il n’est pas possible qu’il y ait plusieurs choses éternelles puisqu’avant toute pluralité il y a l’unité. Par conséquent, c’est une seule chose nécessairement qui sera principe et cause de l’univers. C’est pourquoi je n’ai pas trouvé jusqu’ici de nation qui se soit écartée de la voie de vérité.

Le Verbe: Pourvu donc que tous ceux qui honorent plusieurs dieux prêtent attention à ce qu’ils présupposent: c’est à dire à la déité qui est la cause de tout, et qu’ils en fassent -comme l’impose la raison elle-même- l’objet d’une religion manifeste, tout comme ils la vénèrent implicitement dans tous ces êtres qu’ils nomment des dieux – le procès est terminé.

[…]

Le Chaldéen: Je pense que nul ne peut-être en désaccord avec cette manière de comprendre les choses. Mais que Dieu ait un Fils et qu’il participe à la déité, voilà ce que les arabes combattent et bien d’autres avec eux.

Le Verbe: Certains appellent l’unité Père, l’égalité Fils, et le lien Esprit Saint, car ces termes, mêmes s’ils ne sont pas propres, ont cependant convenance à signifier la Trinité. Car du Père vient le Fils, et de l’unité et de l’égalité du Fils vient l’amour ou l’Esprit. La nature du Père, en effet, devient dans le Fils une certaine égalité. C’est pourquoi l’amour et le lien proviennent de l’unité et de l’égalité.

[…]

Les Arabes pourront saisir la vérité ainsi conçue beaucoup mieux qu’en disant, comme ils le font, que Dieu a une essence et une âme, à quoi ils ajoutent un Verbe et un Esprit. Car si on dit que Dieu a une âme, cette âme ne peut s’entendre que de la raison, c’est-à-dire du Verbe qui est Dieu. La raison, en effet, n’est rien d’autre que le Verbe. Et qu’est-ce alors que l’Esprit Saint de Dieu, si ce n’est l’amour qui est Dieu? Du Dieu parfaitement simple en effet, on ne peut rien dire avec vérité qui ne soit lui-même. S’il est vrai que Dieu a le Verbe, il est vrai que le Verbe est Dieu. S’il est vrai que Dieu a l’Esprit, il est vrai que l’Esprit est Dieu. « Avoir » convient improprement à Dieu parce qu’il est lui-même toute chose, en sorte qu' »avoir » en Dieu, c’est être. Dès lors l’arabe ne nie pas que Dieu soit la pensée, et que par elle soit engendrée le Verbe, c’est-à-dire la sagesse, et que des deux procèdent de l’Esprit, c’est à dire l’amour. Tel est la Trinité qu’on a expliqué plus haut, qui a été posée par les arabes, quoique la plupart d’entre eux ne se rendent pas compte qu’ils affirment la Trinité.

[…]

C’est alors que Paul, le docteur des gentils, à l’invitation du Verbe, se leva
et prit la parole.


Paul: Il convient de faire voir que le salut de l’âme ne vient pas des oeuvres, mais de la foi de l’âme. Car Abraham, père de la foi de tous les croyants chrétiens, arabes ou juifs, crut en Dieu et cela lui fut compté comme justice; c’est l’âme du juste qui héritera de la vie éternelle. Cela étant admis, ces variétés de rites ne sont pas troublantes, car elles furent instituées et reçues comme des signes sensibles de la vérité de la foi. Or les signes peuvent changer, non le signifié.

[…]

Leur examen fit voir que toute la diversité était plutôt dans les rites que dans le culte du Dieu unique, car on découvrit en rassemblant tous ces écrits, qu’un tel Dieu avait été dès l’origine toujours présupposé par tous et honoré dans tous les cultes, bien que le simple peuple, souvent séduits par la puissance adverse du Prince des ténèbres, n’ait pas pris garde à ce qu’il faisait.

Un commentaire sur “Nicolas de Cues sur la conception musulmane de Dieu

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