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39 calomnies honteuses contre le Pape François

Matthieu 5:11: «Heureux êtes-vous quand on vous insultera […] et qu’on dira faussement contre vous toute sorte d’infamie à cause de moi.»

Cet article, mis à jour régulièrement, recueille des calomnies faites à l’encontre du Saint Père. Elle n’est bien sûr pas exhaustive (ses ennemis en créent chaque jour de façon obsessive), mais elle montre à quel point les méthodes se répètent: ses phrases sont lues hors contexte, avec un a priori biaisé, et on lui donne un sens hérétique et scandaleux quand un minimum de discernement et de charité l’écarterait facilement. Parfois, on va jusqu’à élever ses méditations, ses homélies, ses entretiens ou ses conférences à un rang magistériel autoritaire, alors qu’en vérité, tout catholique peut être en désaccord personnel et respectueux avec ses opinions. Nous réfutons ailleurs l’argument qui consiste à dire qu’autant d’accusations « prouve » que la catholicité du Pape est douteuse: mentir et juger témérairement, même 1000 fois, ne rend pas la victime coupable. C’est avant tout aux catholiques de faire preuve de charité et de s’abstenir de porter un jugement dans l’incompréhension.

Une liste bien plus complète (en anglais) est disponible ici:
https://www.patheos.com/blogs/davearmstrong/2015/07/pope-francis-defended-helpful-resources-confused-troubled-frustrated-folks.html
https://www.patheos.com/blogs/davearmstrong/2018/04/replies-to-critiques-of-pope-francis-dave-armstrong.html

SOMMAIRE:

1. Il aurait déclaré que l’enfer n’existe pas
2. Il aurait déclaré que la crucifixion du Christ est un échec
3. Il aurait reconnu la doctrine de Martin Luther
4. Il aurait dit qu’un athée vaut mieux qu’un catholique hypocrite 
5. Il aurait assuré que les athées vont au paradis
6. Il refuserait d’évangéliser les athées
7. Il aurait dit que Dieu désire la pluralité religieuse en principe
8. Il aurait dit que Dieu n’est pas un être divin
9. Il aurait contesté la possibilité d’employer la force armée
10. Il aurait nié la sainteté de l’Eglise
11. Il soutiendrait une immigration massive incontrôlée
12. Il aurait inclus les hérétiques dans le Corps du Christ
13. Il aurait porté des symboles LGBT
14. Il aurait rejeté la recherche du silence et de la prière
15. Il aurait renié le titre de vicaire du Christ
16. Il aurait approuvé l’adoration d’une idole païenne
17. Il aurait nié l’immaculée conception
18. Les pseudo-erreurs de son Encyclique Fratelli Tutti
19. Les pseudo-erreurs de son Exhortation Querida Amazonia
20. Il aurait fait acte de soumission envers les dirigeants d’un « nouvel ordre mondial judéo-maçonnique »
21. Il aurait enseigné la laïcité des Etats (au sens séculariste)
22. Il rejeterait l’évangélisation des non-catholiques
23. Il ridiculiserait l’Eglise ou la papauté en portant un nez de clown
24. Il appartiendrait à un réseau pédocriminel
25. Il aurait nié la transsubstantiation
26. Il aurait reproché aux catholiques de faire trop d’enfants
27. Il aurait approuvé les actes homosexuels
28. Il aurait nié le miracle de la multiplication des pains
29. Il aurait dit une hérésie en reconnaissant la « foi d’Abraham » des musulmans
30. Il aurait minimisé le péché de chair
31. Il aurait proféré une hérésie sur la communion des saints
32. Il aurait enseigné que tout le monde ira au Paradis
33. Il rejetterait l’idée que la religion puisse guider les lois
34. Il aurait participé à un cérémonie païenne au Canada
35. Il aurait nié le devoir de se confesser pour communier
36. Il aurait approuvé la position pro-avortement
37. Il aurait fait des signes sataniques
38. Il aurait arboré un bâton de sorcière
39. Il aurait promu le syncrétisme aux Émirats Arabes Unis


1. Il aurait déclaré que l’enfer n’existe pas 

Cette affirmation est rapportée par le journaliste socialiste athée Eugenio Scalfari, qui eut une conversation privée et non-enregistrée avec le Pape. Le Vatican a tout de suite démenti cela comme une fausse citation : « Aucune phrase mise entre guillemets ne doit être considérée comme une retranscription fidèle des paroles du Saint Père ». En 2013 Scalfari avait dans une affaire similaire reconnu qu’il était « très possible » que certains des propos publiés n’étaient pas « partagés par le pape lui-même ». L’accusation de la négation de l’enfer était déjà arrivée en 2014, propagée par des sites internet relayant un exercice de fiction ou de satire. On tire aussi parfois de son contexte une phrase d’Amoris Laetitia (297) qui dit que « Personne ne peut être condamné pour toujours, parce que ce n’est pas la logique de l’Évangile ! », dans le contexte des catholiques divorcés qui ont péché: il ne s’agissait évidemment pas de jugement dans l’au delà mais bien de la possibilité constante d’être pardonné lors de notre vivant.

En 2014, le Pape François avait déclaré que les membres des mafias italiennes iraient en enfer, loin de dire qu’il n’existait pas. En 2015, il disait aussi que fermeture toujours plus hermétique à l’égard du Christ condamnait à l’enfer :

« Ceci, de nos jours, peut être également illustré par les structures de péché liées à un modèle erroné de développement fondé sur l’idolâtrie de l’argent qui rend indifférentes au destin des pauvres les personnes et les sociétés les plus riches, qui leur ferment les portes, refusant même de les voir… Mais il existe toujours le danger qu’à cause d’une fermeture toujours plus hermétique à l’égard du Christ, qui dans la personne du pauvre continue à frapper à la porte de leur cœur, les hommes au cœur superbe, les riches et les puissants finissent par se condamner eux-mêmes à sombrer dans cet abîme éternel de solitude qu’est l’enfer. C’est alors que résonnent à nouveau, pour eux comme pour nous tous, les paroles ardentes d’Abraham : «Ils ont Moïse et les Prophètes, qu’ils les écoutent!» (Lc 16,29). Cette écoute agissante nous préparera le mieux à fêter la victoire définitive sur le péché et sur la mort de l’Epoux qui est désormais ressuscité, et qui désire purifier sa future Épouse dans l’attente de son retour… »

– Pape François, 4 octobre 2015

En 2016, il rappelait que l’enfer était un « abîme éternel de solitude ». Dans son Homélie du 13 mai 2017, il parlait de la mise en garde que faisait la vierge contre un mode de vie « sans Dieu » qui risquait à l’enfer. Dans son encyclique du 19 mars 2018 (115), le Pape citait Jacques 3:6, mentionnant encore une fois l’enfer. Un recueil de ses mentions de l’existence de l’enfer et du diable existe ici.


2. Il aurait déclaré que la crucifixion du Christ est un échec

Dans son Homélie du 24 Septembre 2015, à Cuba, il déclarait:

« si parfois il nous semble que nos efforts et notre travail échouent et ne portent pas fruit, nous devons nous souvenir que nous suivons Jésus Christ dont la vie, humainement parlant, s’est achevée dans l’échec : dans l’échec de la croix. ».

Or,  il est clair ici qu’il parle d’un échec au sens humain, c’est-à-dire, d’un point de vue pécheur. Il dit justement que, malgré nos efforts et nos souffrances, que nous considérons comme des échecs, il peut en sortir une victoire plus grande, à la manière de la crucifixion. Saint Paul prononçait lui aussi des fausses conceptions en disant qu’il parlait « à la manière des hommes » (Romains 3:5). En 2017, le Pape déclarait dans une homélie que la victoire de Jésus « passerait par la passion et la croix ».


3. Il aurait reconnu la doctrine de Martin Luther

Lors d’une rencontre œcuménique en octobre 2016, des pèlerins Luthériens étaient accueillis à la Salle Paul VI. Il y déclare que luthériens et catholiques marchent « sur la voie qui va du conflit à la communion », en mémoire des violences passées pour aller vers des relations charitables. Cependant, il n’est pas question de dire que l’union doctrinale est faite, car il précise : «Alors que les théologiens poursuivent le dialogue dans le domaine doctrinal, vous continuez à chercher avec insistance des occasions pour vous rencontrer […] ». A l’issue de cette occasion (et seulement cette occasion), une statue de Luther avait été déposée, sûrement pour représenter la présence des luthériens: Jamais il ne lui fut rendu de vénération ni de geste particulier.

Un timbre avait été émis par le Vatican au temps des rencontres œcuméniques des 500 ans de la réforme, représentant Luther et Mélanchthon auprès de la croix, mais le même jour, avec un timbre de St François de Sales ayant beaucoup prêché contre le protestantisme. Il ne s’agit donc pas de reconnaître leur doctrine, mais de la nécessité de ne pas reproduire les conflits violents passés, sur la base des désaccords théologiques. En effet, le Vatican, au sujet du timbre, déclare : « Des différences théologiques ont été accompagnées de préjugés et de conflits, et la religion a été instrumentalisée à des fins politiques. ».

Ce n’est d’ailleurs certainement pas une négation des péchés qui ont mené à la division dans cette même Réforme, comme le Pape François le rappelait: « L’étude attentive et rigoureuse, libre de préjugés et de polémiques idéologiques, permet aux Eglises, aujourd’hui en dialogue, de discerner et d’assumer ce qu’il y a eu de positif et de légitime dans la Réforme, et de prendre les distances d’erreurs, d’exagérations et d’échecs, en reconnaissant les péchés qui avaient conduit à la division. »

C’est pour cela qu’il est possible de reconnaître des erreurs mais aussi des qualités à Luther (qui n’est pas la caricature essentiellement démoniaque que l’on devrait accepter selon certains). C’est également vrai pour certains points de doctrines sur lesquels luthériens et catholiques sont accordés (notamment le salut par la grâce de Dieu et non par le mérite des oeuvres). Dans un entretien, sans poids magistériel, le Pape s’exprimait vulgairement sur l’histoire des débuts du protestantisme en reconnaissant ses bonnes intentions dans sa protestation de « la corruption dans l’Église, il y avait de la mondanité, il y avait de l’attachement à l’argent et au pouvoir » (des abus que le Pape Adrien VI avait lui même reconnu le 25 novembre 1522, évoquant les « « les abominations, les abus […] et les transgressions des commandements » dont s’était rendue coupable la cour romaine de son temps, « maladie […] profondément enracinée et développée, […] propagée de la tête aux membres» » ).

Dans ce même entretien, le Pape disait – vulgairement encore une fois, sans avoir le temps de se pencher sur les détails, qu' »aujourd’hui, luthériens et catholiques, avec tous les protestants, nous sommes d’accord sur la doctrine de la justification : sur ce point si important, lui ne s’était pas trompé. ». C’était tout simplement une référence à la déclaration conjointe entre catholiques et luthériens (non-infaillible, ça va de soi) qui accordait les théologiens sur la question fondamentale et spécifique de la justification, tout en conservant les anathèmes du Concile de Trente. Si l’Eglise Catholique avait elle-même exprimé des limites à cette déclaration, il n’est pas possible d’en conclure sans pécher que le Pape reconnait le luthérianisme en général comme une foi « véritable ». C’est juste que sur le point central de la justification, il y a eu un accord non négligeable, malgré les détails qui restent encore en débat selon l’Eglise.


4. Il aurait dit qu’un athée vaut mieux qu’un catholique hypocrite

Ouest France écrivait en gros titre « Un athée vaut mieux qu’un catholique hypocrite, suggère le pape ». Mais en vérité, ce n’est pas une phrase qu’il fait sienne: il en parlait justement comme d’une affirmation erronée, qu’il déplorait et qui était malheureusement provoquée par le comportement scandaleux de certains catholiques: « Combien de fois avons-nous tous entendu des gens dire : « Si cette personne-là est catholique, il vaut mieux être athée » ».


5. Il aurait assuré que les athées vont au paradis

Un site sédévacantiste dit que le point 254 d’Evangelii Gaudium [1] reconnaît le salut aux athées. Mais le texte ne parle pas du tout d’athée ayant rejeté en toute conscience la foi. Il parle de non-chrétiens qui, dans l’ignorance invincible et la recherche sincère, peuvent être justifiés. Le texte se réfère (note 199) à la Commission Théologique Internationale (72), qui rappelle que cela concerne ceux « qui ne sont pas coupables de ne pas appartenir à l’Église » ou encore les juifs, musulmans, « ceux qui, sans faute de leur part, ignorent l’Évangile du Christ et ne connaissent pas l’Église mais cherchent Dieu d’un cœur sincère et s’efforcent d’accomplir sa volonté connue au moyen de la conscience » et «ceux qui, sans faute de leur part, n’ont pas encore atteint la reconnaissance expresse de Dieu mais travaillent néanmoins à mener une vie droite ». Evangelli Gaudium rappelle d’ailleurs que les signes qui sont produits chez eux « n’ont pas la signification ni l’efficacité des Sacrements institués par le Christ », et qu’ils peuvent « libérer les non chrétiens de l’immanentisme athée ou d’expériences religieuses purement individuelles ».

Le même site exploite aussi son entretien en 2013, avec La Republicca, dans lequel il déclarait que les athées devaient « obéir à leur propre conscience ». Mais il ajoutait que cela voulait dire « se faire une idée de ce qu’est le bien et le mal ». En cela, il ne se trompe pas car la loi naturelle est accessible à la conscience humaine:    « Telle est, à la tête de toutes, la loi naturelle qui est écrite et gravée dans le coeur de chaque homme, car elle est la raison même de l’homme, lui ordonnant de bien faire et lui interdisant de pécher. Mais cette prescription de la raison humaine ne saurait avoir force de loi, si elle n’était l’organe et l’interprète d’une raison plus haute à laquelle notre esprit et notre liberté doivent obéissance. » (Léon XIII, Libertas Praestantissimum, 20 Juin 1888). C’est donc par elle que les athées pourront atteindre la foi en Dieu. Dans le même entretien, il disait que Dieu ne les pardonnerait que « s’ils l’approchent avec un cœur sincère et repentant. De plus, Le Vatican avait clairement affirmé que le Pape n’avait jamais sous-entendu que les athées pourraient être sauvés simplement par les bonnes actions, et que « ne sont pas sauvés ceux qui, sachant l’église fondée par le Christ et nécessaire au salut, refuseraient d’y entrer et d’y rester ».

On cherche parfois aussi à exploiter une audience lors de laquelle un garçon lui avait demandé: « Il y a peu de temps mon père est mort. Il était athée, mais il avait baptisé ses quatre enfants. C’était un homme bon. Est-ce que papa est au ciel ? ». Le Pape lui répondit, du fait qu’il était un homme bon, qu’il avait un bon coeur, Dieu était surement fier de lui, le fait de baptiser ses enfants étant d’autant plus difficile pour un non-croyant. Cependant, il précisait bien que « c’est Dieu qui décide qui va au paradis », ce qui fait que son affirmation n’était pas une certitude. C’était donc l’expression tout à fait saine du bon espoir que son père, ait au fond, été prédisposé en bonne conscience à accepter le Christ.


6. Il refuserait d’évangéliser les athées

Certains persistent en l’accusant de ne pas vouloir la conversion des athées, reprenant ses propos critiques à l’égard du prosélytisme. En effet, dans son dialogue « Sur le ciel et la Terre », le Pape dit que quand il dialogue avec des athées, il « ne pose pas le problème de Dieu comme point de départ. Sauf dans le cas où ils le proposent », qu’il n’approche pas la relation « pour faire de prosélytisme ou convertir l’athée », qu’il « le respecte et se montre à lui comme il est ». Il est clair dans le contexte que le Pape dit des relations avec les athées qu’elles n’ont pas à être exclusivement l’objet d’attaques théologiques. Il souligne qu’elles doivent être avant tout cordiales: « Où il y a la connaissance, alors commence à apparaître l’estime, l’affection et l’amitié » (p.12). Par prosélytisme, le Pape désigne une approche toujours frontale, manquant de respect, alors que Dieu peut être présenté de façon différente. Il poursuit plus loin: « La mission de la théologie est de refléter et d’explique des faits religieux, et parmi eux, Dieu » (p.15). On cite aussi qu’il ne dit pas à l’athée que sa vie est condamnée, car il n’a pas le « droit d’émettre un jugement ». Et il est vrai qu’il ne peut pas affirmer qui, individuellement, ira en enfer et qui n’y ira pas (Luc 6:37). Emettre un tel jugement n’est en son sens pas bon pour attirer les athées.

Pour clarifier les choses, dans la page 234 du même livre, le Pape François distingue clairement le prosélytisme de l’Evangélisation:

« L’Evangélisation est essentielle, mais pas le prosélytisme […] Il s’agit d’attraction à travers le témoignage.». Au sujet du prosélytisme, l’Eglise déclare : « Récemment le terme a pris une connotation négative comme une publicité pour sa propre religion avec des moyens et des motifs contraires à l’esprit de l’Évangile, qui ne respectent pas la liberté et la dignité de la personne. C’est dans ce sens récent que le terme «prosélytisme» est compris au sein du mouvement œcuménique. ».

La calomnie 22 aborde aussi la question de l’évangélisation en général. Voir aussi:
https://www.youtube.com/watch?v=JxYhjmwy98Y
https://archidiacre.wordpress.com/2020/05/01/le-pape-pierre-et-paul-evangelise-ne-fais-pas-de-proselytisme/


7. Il aurait dit que Dieu désire en principe la pluralité religieuse

Rappelons d’une part que sur le plan officiel et magistériel, l’Eglise rejette un pluralisme comme principe désirable: « l’annonce missionnaire de l’Église est aujourd’hui « mise en péril par des théories relativistes, qui entendent justifier le pluralisme religieux, non seulement de facto mais aussi de iure (ou en tant que principe)» »

Dans son document non magistériel sur la fraternité humaine pour la paix mondiale et la coexistence commune signé à Abou Dabi avec le Grand Imam d’Al-Azhar, le Pape écrivait:

« Le pluralisme et les diversités de religion, de couleur, de sexe, de race et de langue sont une sage volonté divine, par laquelle Dieu a créé les êtres humains. Cette Sagesse divine est l’origine dont découle le droit à la liberté de croyance et à la liberté d’être différents. »

Il est clair que si Dieu voulait toutes ces choses, il ne les voulait pas de la même façon: la diversité religieuse étant simplement permise par Dieu, expliquée par le libre arbitre auquel le Pape François se réfère dans ce même paragraphe. Il s’agit donc évidemment, pour la religion, de « volonté permissive », qui est un concept tout à fait catholique. D’ailleurs, il suffisait de le suivre honnêtement pour constater qu’il explicitait le sens de cette volonté peu après ce document: « pourquoi Dieu permet-il qu’il y ait tant de religions? Dieu a voulu permettre cela: les théologiens de la Scholastique faisaient référence à la voluntas permissiva de Dieu. Il a voulu permettre cette réalité ». Et pour ceux qui s’attachent obstinément à leur affirmation téméraire, le Pape a encore confirmé que c’était de volonté permissive qu’il parlait dans le document en question.

Dans un discours non-magistériel au gouvernement Irakien, il disait que « la diversité religieuse, culturelle et ethnique, qui a caractérisé la société irakienne pendant des millénaires, est une précieuse ressource à laquelle puiser, non pas un obstacle à éliminer ». En contexte, il faisait référence aux persécutions et aux violences de la guerre en Irak apportant « mort, destructions, ruines encore visibles ». Il ne s’agit donc pas d’un principe théologique mais politique: les différentes communautés religieuses peuvent se rendre utile en réalité à la nation Irakienne, et il est illégitime pour le gouvernement de les considérer comme des ennemis à persécuter. C’est acceptable en sachant que du point de vue catholique, leur conversion doit être libre et obtenue par la paix. Au cours de ce même voyage, il appelait les catholiques d’Irak à proclamer l’évangile. Par ailleurs, Dieu tolère nécessairement ces maux pour en tirer un plus grand bien: la diversité peut donc en théorie être considérée comme un défi positif pour les chrétiens.

Rappelons également les mots de Saint Thomas More: « Rien ne peut arriver que Dieu n’ait voulu. Et je vous assure que quoiqu’il en soit, si mauvais que cela puisse nous paraître, cela doit être en effet ce qu’il y a de mieux. » (« Nothing can come but that that God will. And I make me very sure that whatsoever that be, seem it never so bad in sight, it shall indeed be the best », dans sa lettre à Alice Arlington, 1534; The Last Letters of Thomas More, edited by Alvaro De Silva (Eerdmans Publishing, 2000), pp 72-89)


8. Il aurait dit que Dieu n’est pas un être divin

On trouve plusieurs sites affirmant que le Pape aurait déclaré que Dieu n’est pas un être divin. Mais c’est faux, ce qu’il dit en réalité c’est qu’il n’est pas un « Démiurge », concept platonicien du Créateur. Voici ce qu’il déclare dans le texte original :

« Et ainsi la création est allée de l’avant pendant des siècles et des siècles, des millénaires et des millénaires jusqu’à devenir celle que nous connaissons aujourd’hui, précisément parce que Dieu n’est pas un démiurge ou un magicien, mais le Créateur qui donne l’existence à toutes les créatures. Le début du monde n’est pas l’œuvre du chaos qui doit son origine à un autre, mais dérive directement d’un Principe suprême qui crée par amour. » [4].

Ici, il marque donc la différence entre un Dieu qui se contente de faire apparaître une chose, et un par qui toute chose continue à évoluer en son principe. Aucun rapport avec le fait de nier que Dieu soit Dieu, ce serait absurde.


9. Il aurait contesté la possibilité d’employer la force armée

Dans le livre Politique et société: Pape François, rencontres avec Dominique Wolton, p.28, il remettait en cause le terme de « guerre juste », mais c’est parce que « juste » serait plus approprié pour la paix, qui est la fin en soi. On doit aussi distinguer la « guerre » au sens large qui est une injustice à stopper et la guerre comme moyen d’arrêter les violences. Il suffit de bien lire:

« Nous devons bien penser le concept de « guerre juste ». Nous avons appris en philosophie politique que, pour se défendre, on peut faire la guerre et la considérer comme juste. Mais peut-on dire « guerre juste »? Ou plutôt une « guerre de défense »? Car la seule chose juste, c’est la paix. Dominique Wolton: Vous voulez dire qu’on ne peut pas utiliser le terme de « guerre juste », c’est cela? Pape François: Je n’aime pas l’utiliser. On entend dire « Moi je fais la guerre parce que je n’ai pas d’autres possibilités pour me défendre. » Mais aucune guerre n’est juste. La seule chose juste, c’est la paix. ».

Voir aussi le commentaire de Ronald Conte sur son homélie du 18 mars 2022 qui ne fait que répéter son rejet du terme, et non de tout usage de l’armée.

Le Saint Père n’a jamais contesté la possibilité morale d’employer les armes (ni dans dans d’autres contexte que la « guerre », comme la police ou autre. Il déclarait en outre :

« En certaines occasions, il est nécessaire de repousser de manière proportionnelle une agression en cours pour éviter qu’un agresseur ne cause un dommage et la nécessité de le neutraliser peut comporter son élimination; c’est le cas de la légitime défense (cf. Evangelium vitae, n. 55). »

Il se réfère lui-même au catéchisme sur la question, sans rejeter la possibilité de devoir utiliser la force:

« Le présupposé fondamental est que le but ultime et le plus digne de la personne humaine et de la communauté est l’abolition de la guerre6. Du reste, comme on le sait, l’unique condamnation exprimée par le Concile Vatican II fut précisément celle de la guerre7, dans la conscience que, celle-ci n’ayant pas disparu de la condition humaine, « on ne saurait dénier aux gouvernements, une fois épuisées toutes les possibilités de règlement pacifique, le droit de légitime défense »»

Dans un entretien du 5 juillet 2022, il déclarait:

« Il peut y avoir une guerre juste, il y a le droit de se défendre, mais il faut repenser la façon dont le concept est utilisé aujourd’hui. »

Il affirmait aussi le rôle protecteur de l’armée et de la police:

« Je souhaite avec joie une bienvenue aux représentants des forces armées et des polices, provenant de nombreuses parties du monde, venus en pèlerinage à Rome à l’occasion du jubilé extraordinaire de la miséricorde. Les forces de l’ordre — militaires et de police — ont pour mission de garantir un environnement sûr, afin que chaque citoyen puisse vivre dans la paix et la sérénité. Dans vos familles, dans les divers milieux dans lesquels vous œuvrez, soyez des instruments de réconciliation, des constructeurs de ponts et des semeurs de paix. En effet, vous êtes appelés non seulement à prévenir, gérer, ou mettre fin aux conflits, mais également à contribuer à l’édification d’un ordre fondé sur la vérité, sur la justice, sur l’amour et sur la liberté, selon la définition de paix de saint Jean XXIII dans l’encyclique Pacem in terris (nn. 18 sq). »

En partant de cela, impossible de conclure – sans distorsion – qu’il rejette l’usage de la force en toutes circonstances.


10. Il aurait nié la sainteté de l’Eglise

Dans sa lettre à l’intention des prêtres pour déplorer les cas d’abus sexuels qui ont éclaté dans l’Eglise, il déclarait que l’Eglise avait un besoin de repentir, et il réutilisait le symbole de l’épouse, disant qu’elle avait été prise à trahir Dieu:

« Je suis convaincu que, dans la mesure où nous sommes fidèles à la volonté de Dieu, les temps de purification de l’Eglise que nous vivons nous rendront plus heureux et plus simples, et seront, dans un avenir proche, très féconds. « Ne nous décourageons pas ! Le Seigneur est en train de purifier son Epouse et il nous convertit tous à Lui. Il nous fait faire l’expérience de l’épreuve, afin que nous comprenions que sans Lui nous sommes poussière. Il est en train de nous sauver de l’hypocrisie et de la spiritualité des apparences. Il souffle son Esprit pour redonner la beauté à son Epouse, surprise en flagrant délit d’adultère. »

Dans une autre homélie, on lui reprochait d’avoir prononcé: « Jésus ne veut pas que l’Eglise soit un modèle parfait, qui se satisfait de son organisation et qui est capable de défendre sa bonne réputation ». Sauf que là encore, ils font totalement fi du contexte qui précède:

« On pourrait se demander: pourquoi Jésus n’avait-il pas laissé une suggestion pour résoudre au moins cette première «grande discussion» (Ac 15, 7)? Il aurait suffi d’une petite indication aux apôtres qui avaient été avec lui chaque jour pendant des années. Pourquoi Jésus n’avait-il pas donné des règles toujours claires et résolutives? Et voilà la tentation de l’efficacité à tout prix, de penser que l’Eglise va bien si elle a le contrôle de tout, si elle vit sans secousses, avec l’agenda toujours en ordre, tout réglé… Et aussi la tentation de la casuistique. Mais le Seigneur ne procède pas ainsi; en effet, il n’envoie pas de réponse du ciel à ses apôtres, il envoie l’Esprit Saint. Et l’Esprit ne vient pas en apportant l’ordre du jour, il vient comme un feu. Jésus ne veut pas que l’Eglise soit un modèle parfait… »

On comprend donc totalement que ce qu’il entend par « modèle parfait » est une référence légaliste, livrée avec une liste de protocoles précis à suivre pour le moindre détail de l’histoire que le Christ nous aurait dressée, ce qui est factuel: le Christ n’a pas désirée une telle Eglise, car il désire que l’homme travaille et surmonte les épreuves seulement par une assistance spirituelle, non pas un ensemble de règles préécrites.

Sauf qu’à chaque fois que les Papes parlent de l’Eglise qui pèche ou imparfaite, c’est évident que le terme désigne les chrétiens qui la composent. C’est une terminologie qui existait déjà dans le catéchisme: « L’Église « , c’est le Peuple que Dieu rassemble dans le monde entier. ». En fait, le Pape François avait déjà explicitement décrit cette expression: « L’Église doit demander pardon de ne pas s’être comportée tant, tant de fois… – et quand je dis ‘‘l’Église’’ j’entends les chrétiens ; l’Église est sainte, c’est nous qui sommes des pécheurs ! ». Il n’y a donc aucune excuse pour ne pas le comprendre cette manière, et les citations de papes qui parlaient de l’Eglise en tant qu’institution divine n’ont jamais fait cette confusion: les parallèles sont donc des sophismes car ils ne tiennent pas compte des contextes ou de la rigueur catholique.


11. Il soutiendrait une immigration massive incontrôlée

Il est vrai que le Pape appelle à la charité envers les migrants dans le besoin, chose qui n’est nullement hérétique ou immorale. Néanmoins, il a à plusieurs reprises dénoncé l’immigration incontrôlée. Il déclarait en 2016:

«En théorie, on ne peut pas fermer son cœur à un réfugié. Mais il y a aussi la prudence des gouvernants: Ils doivent être très ouverts pour recevoir mais ils doivent aussi faire le calcul de savoir comment les recevoir. Parce qu’on ne doit pas seulement recevoir un réfugié mais il faut aussi l’intégrer. […] Quel est le danger? Si le réfugié n’est pas intégré, permettez-moi ce néologisme, il se ‘ghettoïse’, il devient un ghetto.», et disait que les migrants « ne doivent pas oublier qu’ils ont le devoir de respecter les lois, la culture et les traditions des pays dans lesquels ils sont accueillis».

En 2017, il rappelait que les migrants ont le devoir « de connaître, de respecter et d’assimiler aussi la culture ainsi que les traditions de la nation qui les accueille ».

Rappelant la dignité des migrants dans la société, le Pape rappellait dans son encyclique Fratelli Tutti que « L’Europe, par exemple, risque fort d’emprunter ce chemin. Cependant, « aidée par son grand patrimoine culturel et religieux, [elle] a les instruments pour défendre la centralité de la personne humaine et pour trouver le juste équilibre entre le double devoir moral de protéger les droits de ses propres citoyens, et celui de garantir l’assistance et l’accueil des migrants ». […] Nos efforts vis-à-vis des personnes migrantes qui arrivent peuvent se résumer en quatre verbes : accueillir, protéger, promouvoir et intégrer. En effet, « il ne s’agit pas d’imposer d’en haut des programmes d’assistance, mais d’accomplir ensemble un chemin à travers ces quatre actions, pour construire des villes et des pays qui, tout en conservant leurs identités culturelles et religieuses respectives, soient ouvertes aux différences et sachent les valoriser sous le signe de la fraternité humaine ».

Certains l’ont également accusé de n’accueillir que des migrants musulmans, mais c’est faux. On retrouve de nombreux cas de familles syriennes chrétiennes directement accueillies par le Pape. Il a aussi baptisé des migrants convertis. Virginie Vota a également été surprise à désinformer en disant que le Pape avait accueilli une majorité de musulmans lors du jeudi saint, ce qui s’est avéré faux: « quatre Nigérians catholiques, trois Erythréennes coptes, trois musulmans venus du Mali, de Syrie et du Pakistan, un Indien de confession hindoue. »

N’oublions par que Pie XII, dans son radiomessage au monde le 24 décembre 1948, proposait une « politique : a) Qui permette aux pays surpeuplés d’envoyer leur surcroît de population s’installer dans d’autres pays. Au lieu d’expédier à très grands frais les aliments aux populations réfugiées, amassées tant bien que mal en quelque lieu, pourquoi ne pas faciliter rémigration et l’immigration des familles, en les dirigeant vers les régions où elles trouveront plus facilement les vivres dont elles ont besoin? ». Dans sa constitution apostolique Exsul Familia, ce même Pape défendait aussi le fait de venir en aide « aux réfugiés des régions de l’Europe orientale, de quelque région ou religion qu’ils fussent », créant un Office de l’émigration pour venir en aide aux « habitants de certaines nations trop peuplées, accablés par la misère, [qui] souhaitèrent s’en aller à l’étranger ».


12. Il aurait inclus les hérétiques dans le Corps du Christ

Rappelons tout d’abord que, comme l’expliquent les « Fondements du dogme catholique » de Ludwig Ott (Ed. 1954, page 310), même publiques, les hérétiques restent spirituellement membres (« belonging spiritually to the Church ») par leur désir d’appartenir à l’Eglise, et ne peuvent pas être complètement coupés de l’Eglise en raison de leur baptême, ils sont toujours soumis à sa juridiction. Pour ce qui est des excommuniés, ils sont eux même à distinguer avec les excommunicati tolerati qui demeurent, dans un degré moindre, membres de l’Eglise. Le fait qu’ils ne bénéficient pas de tous les biens de la communion catholique ne les exclut pas complètement, à moins de la quitter formellement dans l’excommunication (voir aussi la calomnie 31). Il faut donc distinguer l’appartenance déféctueuse, et la pleine communion dans laquelle le Pape n’inclut jamais les non-catholiques. Si on ne veut pas tomber dans l’hypocrisie et la contradiction en prétendant qu’une appartenance spirituelle ou légale n’est pas une forme d’appartenance, la reconnaissance d’une union à l’Eglise (donc communion) des hérétiques avec l’Eglise dans un degré diminué est obligatoire.

Dans un discours du 17 janvier 2020 à l’église luthérienne de Finlande, le pape citait la déclaration conjointe des catholiques et luthériens:

« Le rapport du groupe de dialogue catholiques-luthériens pour la Suède et la Finlande, appelé La justification dans la vie de l’Eglise, observe à juste titre que «ceux qui sont déjà baptisés peuvent, avec leurs frères et sœurs, développer leurs opportunités de sainteté, qui viennent de leur justification commune dans le Christ. En tant que membres de l’unique et même corps mystique du Christ, les chrétiens sont unis les uns aux autres et doivent porter les fardeaux les uns des autres. Etant donné que le Christ est venu racheter le monde entier, l’Eglise et les chrétiens, tant laïcs qu’ordonnés, ont également pour mission de témoigner de la bonne nouvelle dans leur vie quotidienne» (n. 203). »

Mais ici il citait simplement la déclaration conjointe entre catholiques et luthériens, qui n’est rien d’autre dans le contexte du document original qu’une affirmation théologique neutre sur laquelle les églises s’accordent: c’est-à-dire que selon l’Evangile, il y a une église unie dans le baptême et que ses membres ont le devoir d’évangéliser. Il n’y est pas question du débat précis des séparations chrétiennes, tout simplement car ça n’était pas le sujet. Il s’agissait juste d’une exhortation à un devoir que les dénominations reconnaissent toutes.

On cite aussi un message sur les chrétiens persécutés où il disait:

« Puissent les martyrs d’aujourd’hui, appartenant à de nombreuses traditions chrétiennes, nous aider à comprendre que tous les baptisés sont membres du même Corps du Christ, son Église (cf. 1 Co 12, 12-30). Puissions-nous considérer cette profonde vérité comme un appel à persévérer sur notre chemin œcuménique vers la communion pleine et visible, en grandissant toujours plus dans l’amour et dans la compréhension réciproque. »

Mais étant donné que la phrase d’après parle de persévérer dans le chemin de l’unité, il faut comprendre qu’il ne fait qu’affirmer que par le baptême, les chrétiens sont fait membre d’un seul corps, et donc, c’est pour cela que nous devons tâcher de nous unir, et le fait que nous soyons tous martyrisés à cause du Christ nous rappelle que les chrétiens forment (en principe) un seul corps et non plusieurs. Il faut par ailleurs rappeler qu’un chrétien non-catholique de bonne foi peut être considéré comme un martyr « coram Deo » selon Benoît XIV.

Il faut rappeler aussi qu’être protestant ou orthodoxe ne suffit pas à être exclu du corps du Christ, car certains peuvent être ses membres implicites, comme le soulignaient Pie XII: « ceux qui ne seraient pas encore éclairés de la vérité de l’Evangile ni entrés dans le bercail de l’Eglise; ou qui, par une malheureuse déchirure de l’unité et de la foi, se trouvent séparés de Nous […] ceux-là mêmes qui n’appartiennent pas à l’organisme visible de l’Eglise, […] par un certain désir et souhait inconscient, ils se trouvent ordonnés au Corps mystique du Rédempteur » et le Concile Vatican II (cf. Orientalium Ecclesiarum §2, Unitatis Redintegratio §3). Les hérétiques à l’inverse, sont définis comme ceux qui la rejetent obstinément (cf. Catéchisme de St Pie X). Par ailleurs, dans une audience sur le Corps du Christ, le Pape François affirmait que pour y appartenir, il faut « demeurer unis au Pape et aux évêques qui sont des instruments d’unité et de communion », ce qui en dit suffisament long.


13. Il aurait porté des symboles LGBT

Certains prétendent que le Pape aurait repris des symboles LGBT à plusieurs reprises, en utilisant notamment ces images:

Cette photo est en fait un honteux photomontage. Voici l’originale :

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Ensuite, ils prétendent également que la croix qu’il porte sur les photographies suivantes auraient un rapport avec les LGBT :

La croix n’a absolument rien à voir avec le groupe LGBT, d’ailleurs le drapeau LGBT contient une bande violette, or elle n’est pas présente ici. En vérité il s’agit de celle de la Pastorale des Jeunes d’Amérique Latine. Les couleurs de la croix correspondent aux régions de la Pastorale des Jeunes d’Amérique Latine. Le vert représente le Mexique et l’Amérique Centrale, le jaune et l’orange les Caraïbes, le rouge la région andine, et le bleu le sud du continent, avec l’Argentine et le Chili. Elles symbolisent aussi la nature de la région, ses forêts, volcans, plages et mers.

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14. Il aurait rejeté la recherche du silence et de la prière

C’est ce qu’affirment certains sédévacantistes, tronquant une citation se trouvant dans Gaudete et Exsultate 26. En vérité, il disait qu’il ne fallait pas « Il n’est pas sain d’aimer le silence et de fuir la rencontre avec l’autre, de souhaiter le repos et d’éviter l’activité, de chercher la prière et de mépriser le service. Tout peut être accepté et être intégré comme faisant partie de l’existence personnelle dans ce monde, et être incorporé au cheminement de sanctification. Nous sommes appelés à vivre la contemplation également au sein de l’action, et nous nous sanctifions dans l’exercice responsable et généreux de notre propre mission. » (notre mise en gras). C’était donc d’aimer le silence au détriment du reste que le Pape rejetait.

Le pire est que deux paragraphes plus loin, il expliquait que la mission « n’implique pas de déprécier les moments de quiétude, de solitude et de silence devant Dieu. Bien au contraire ! » C’est donc un énième exemple de phrase tirée hors de son contexte.


15. Il aurait renié le titre de vicaire du Christ

Cette calomnie, basée sur la surinterprétation d’un changement de formatage dans l’annuaire pontifical (texte non magistériel), a été démentie et réfutée, voir la vidéo ci-dessous pour toutes les sources:

Par ailleurs, le Vatican a continué d’utiliser officiellement le titre de Vicaire du Christ (Vicario di Cristo) depuis cet annuaire:
https://www.vaticannews.va/it/vaticano/news/2021-02/vaticano-dicasteri-chiese-orientali-intervista-cardinale-sandri.html
https://www.vaticannews.va/it/papa/news/2020-11/papa-francesco-maccalli-missionario-udienza-intervista.html https://www.vaticannews.va/it/vaticano/news/2020-04/speranza-pasqua-pontefici-archivi-vaticani.html https://media.vaticannews.va/media/osservatoreromano/pdf/quo/2020/12/QUO_2020_277_0112.pdf https://www.vaticannews.va/it/vaticano/news/2021-03/hebdomada-papae-notizie-lingua-latina-radio-vaticana.html


16. Il aurait approuvé l’adoration d’une idole païenne

Cette accusation créée de toutes pièces par les médias conservateurs a été démentie à de nombreuses reprises, par les organismes officiels liés aux cérémonies ciblées, par le Vatican, par le Pape. Toutes les sources impliquées dans l’évènement (indépendamment de ce qu’en disent des clercs comme Mgr Schneider our Mgr Burke, des figures qui n’y étaient pas et passent par ces mêmes médias) sont consensuelles pour dire que la prétendue statue idolâtre n’était qu’une représentation artistique culturelle au milieu des autres. Toutes les « preuves » de l’adoration sont réfutées dans cette vidéo:

La « terre mère » est par ailleurs une métaphore employée traditionnellement dans le catholicisme:
https://archidiacre.wordpress.com/2020/04/18/la-symbolique-poetique-de-la-mere-terre-dans-le-catholicisme/


17. Il aurait nié l’immaculée conception

On accuse le Pape d’avoir nié l’immaculée conception de Marie par le fait de dire qu’elle serait « devenue sainte » dans une audience (non magistérielle) du 21 décembre 2018 dans laquelle il encourageait à la sainteté des fidèles: « Donc qui est heureux dans la scène de la Nativité? Notre Dame et Saint Joseph sont pleins de joie […] mais ne nous laissons pas penser que cela était facile pour eux: les saints ne sont pas nés ainsi, ils le sont devenus, et cela est vrai pour eux également. » Sauf qu’il est naturel ici de comprendre qu’il utilisait saint dans le sens de modèle de vertu pour les chrétiens, comme le définit le glossaire de l’Eglise Catholique de France. Marie n’a donc pas été sainte dans ce sens là du simple fait d’être conçue, mais du fait qu’elle est devenue un modèle visible en mettant en pratique le service à Dieu et en disant activement non au péché.

Certains sortent aussi une mauvaise traduction d’une Homélie du 20 Décembre 2013 par le journal Zenit, qui fait dire à Marie ‘Mensonge ! J’ai été trompée !’ » à propos d’une promesse messianique, voyant son Fils mourir sur la croix. Mais les versions anglaises et italiennes, publiées sur le site du Vatican, ne disent pas ça: on lit simplement que Marie était dans l’incompréhension face au fait que son Fils meurt dans d’atroce souffrance alors qu’il fut prophétisé dans la gloire, et ajoutait « Mais, regardez maintenant » face à la croix (But now look there” at the Cross; Ma adesso lo vedo lì). Il n’est pas fait mention de mensonge ou de tromperie.

Il est de toutes manières facilement vérifiable, pour quiconque de bonne volonté, que le Pape a déclaré la vierge immaculée et sans péché tout au long de son pontificat, avant et après ces déclarations:
https://archidiacre.wordpress.com/2020/07/23/la-profonde-devotion-mariale-du-pape-francois/
Ce ne peut donc être qu’un jugement téméraire de prétendre qu’il enseigne le contraire.


18. Les pseudo-erreurs de son Encyclique Fratelli Tutti

Un article entier est dédié aux multiples accusations faites à son encontre (sur la peine de mort, la fraternité humaine, valorisation des fausses religions, l’immigration, la guerre juste, le péché originel, la concupiscence, la propriété privée, la politique etc.):
https://archidiacre.wordpress.com/2020/10/04/refutation-des-objections-contre-lencyclique-fratelli-tutti/


19. Les pseudo-erreurs de son Exhortation Querida Amazonia

Un article entier est dédié aux multiples accusations faites à son encontre (panthéisme, syncrétisme, paganisme, immanentisme, idolâtrie etc.):
https://archidiacre.wordpress.com/2020/04/09/querida-amazonia-les-faits/


20. Il aurait fait acte de soumission envers les dirigeants d’un « nouvel ordre mondial judéo-maçonnique »

Les complotistes les moins éduqués utilisent cette image pour nous faire croire qu’il y embrasserait des dirigeants juifs:

“Fake Pope”, so much bogus on Francis

Au delà du fait que c’est un humble signe de respect qui n’engage aucune « soumission », il faut savoir que ces gens n’étaient pas des dirigeants d’un quelconque ordre, mais des personnes ayant survécues aux camps de concentration.

Il est aussi intéressant de voir le silence de certains schismatiques quand, par une action pastorale similaire, le pape Pie XII s’était entretenu avec les leaders du B’nai Brith, les accueillant au Vatican, et aussi avait reçu les représentants de l‘United Jewish Appeal.

Certains aiment aussi citer le nom de Rotschild et reprocher aux papes d’avoir des relations avec des géants de la finance. Sachez que ces relations stratégiques datent d’au moins Grégoire XVI, et ont continué sous Benoît XV et Pie XI. L’Eglise serait-elle dans les mains des grandes banques depuis aussi longtemps? C’est à cette conclusion qu’on adhèrerait si on poussait cette logique jusqu’au bout.


21. Il aurait enseigné la laïcité des Etats (au sens séculariste)

En se basant sur les extraits d’un entretien (non magistériel) avec le journal La Croix, on l’accuse d’adhérer au modèle séculariste de la laïcité, c’est-à-dire à un Etat sans religion: «Un État doit être laïque. Les États confessionnels finissent mal. » En sachant qu’il pourrait simplement faire ici un jugement conditionné par les circonstances actuelles, c’est un procès d’intention injuste. D’une part car dans ce même entretien il distingue la vraie laïcité de la laïcité telle que comprise par l’Etat Français, qui exclue les religions et la morale chrétienne: «  » La petite critique que j’adresserais à la France à cet égard est d’exagérer la laïcité. Cela provient d’une manière de considérer les religions comme une sous-culture et non comme une culture à part entière. Je crains que cette approche, qui se comprend par l’héritage des Lumières, ne demeure encore. La France devrait faire un pas en avant à ce sujet pour accepter que l’ouverture à la transcendance soit un droit pour tous. […]  C’est cela une vraie laïcité. On ne peut pas balayer les arguments des catholiques, en leur disant : « Vous parlez comme un prêtre. » Non, ils s’appuient sur la pensée chrétienne, que la France a si remarquablement développée. » »

La laïcité dont parle le Pape ne peut donc pas être celle d’un Etat séculariste (qui adhère plutôt au laïcisme). Ensuite, la laïcité et la confessionnalité sont des termes précisément définis par l’Eglise de Vatican II : la laïcité étant la simple distinction entre le pouvoir de l’Eglise et le pouvoir séculier. La non-confessionnalité est la non-immixtion du pouvoir civil dans la vie de l’Eglise et des religions (cf. Lettre St Jean-Paul II aux évêques de France). Un état laïc et non-confessionnel est donc, selon cette définition, tout à fait orthodoxe.

On peut noter d’ailleurs que dans un autre entretien, François faisait la distinction entre la laïcité et le laïcisme. En faisant cela, il reprenait exactement les termes de Pie XII qui l’a surement inspiré, pour qui la « saine laïcité » (« principe de la doctrine catholique), était la définition orthodoxe, et le distincte de celle prêchée par les Etats sécularisés (Allocution à la colonie des marches, 23 mars 1958). Pour ceux qui parlent anglais, il existe d’ailleurs un article expliquant en profondeur l’opposition du Pape François à un état hors de toute fin religieuse transcendante, « Pope Francis, True Religion, and Religious Liberty » de Joel Harrison: https://papers.ssrn.com/sol3/papers.cfm?abstract_id=3165221

D’ailleurs, même l’idée que Léon XIII défendait un « Etat confessionel » (expression qu’il n’a jamais employée!) est contestable, comme le dit Mgr Luigi Nervi: « Lorsque Léon XIII parle d’un État chrétien, il ne désigne pas un État confessionnel, dans lequel la foi catholique est nécessaire, mais indique la possibilité de l’existence d’une dimension politique qui renvoie encore à la dimension religieuse. » Léon XIII ne défendait rien de plus qu’un Etat qui, tout en se reconnaissant catholique et fidèle à l’Eglise, tenait compte de la saine laïcité et distinction des pouvoirs. Un « Etat confessionnel » est aujourd’hui reconnu comme davantage que cela, un Etat qui tend à imposer le catholicisme.


22. Il rejeterait l’évangélisation des non-catholiques

On nous dit parfois que les Papes rejettent le prosélytisme et donc, l’annonce de l’évangile. Mais le prosélytisme est aujourd’hui utilisé dans sa définition négative, qui est « une publicité pour sa propre religion avec des moyens et des motifs contraires à l’esprit de l’Évangile, qui ne respectent pas la liberté et la dignité de la personne ». N’importe qui faisant ses recherches honnêtement sait que le Pape François appelle régulièrement à évangéliser, nous n’avons pas besoin de faire une liste exhaustive (Voir « rechercher » sur vatican.va). Il rappelait dernièrement l’appel à proclamer en serviteur « que le monde se convertisse ». Sa première exhortation apostolique soulignait que l’évangile devait être proclamé à tous et proposé par attraction. L’Eglise, distingue-t-il, n’attire pas à elle par du prosélytisme mais par le témoignage et le prêche, aussi les paroles de condamnations ne viennent qu’en derniers recours. Dire qu’il s’oppose à la conversion ou à l’argumentation doctrinale est un mensonge : dans toutes les citations qui sont détournées aujourd’hui, le Pape s’oppose à l’idée qu’évangéliser est uniquement une affaire de convaincre intellectuellement ou d’attaquer des idées, comme si l’évangile n’était qu’une simple doctrine idéologique. Une vie exemplaire est le facteur le plus efficace pour amener à accepter la foi, rappelait le Saint Office le 20 décembre 1949 (« nothing more effectively paves the way for the erring to find the truth and to embrace the Church than the faith of Catholics, when it is confirmed by the example of upright living »). Le Pape François en fait également la priorité, car c’est la charité qui dispose à accueillir la foi, le dialogue n’est pas à opposer à la paix. Jamais il n’a voulu dire que vivre l’évangile s’opposait au dialogue, qu’il a lui-même affirmé, ni l’apologie, qu’il a affirmée aussi, ni la défense de la foi, qu’il a affirmée également, ce qui réfute totalement le mythe du Pape s’opposant à la persuasion intellectuelle : la vérité est qu’il défend de ne chercher qu’à faire ça, sans témoignage charitable, alors que c’est fondamental.

Cet article de Dave Armstrong répond également à cette prétention, abordant une citation hors contexte où le Pape conseillait à un jeune polonais d’évangéliser avant tout par les actions:
https://archidiacre.wordpress.com/2020/05/01/le-pape-pierre-et-paul-evangelise-ne-fais-pas-de-proselytisme/


23. Il ridiculiserait l’Eglise ou la papauté en portant un nez de clown

C’est ici l’une des attaques les plus pittoresques contre le Saint Père. Lors d’une audience où il appelait à prier pour une enfant malade, François marchait pour saluer les fidèles à la place Saint-Pierre et, abordé par un couple de clowns professionnels, accepta de mettre un nez rouge qu’ils lui tendaient, montrant qu’il partageait leur sens de l’humour:

La stupidité de cette attaque à son encontre et les bonnes relations de l’Eglise avec le cirque – qui remontent au moins aux débuts du XXème siècle – sont exposées en détail dans cet article: https://archidiacre.wordpress.com/2020/04/10/leglise-et-le-cirque/

Dans la même veine, certains catholiques se sont moqués du Souverain Pontife pour cette photo dans laquelle il rencontrait, parmi d’autres visiteurs, un homme déguisé en spider-man… dont le travail bénévole était d’amuser et de donner de la joie aux enfants malades dans les hopitaux (doit-on vraiment en dire plus pour constater leur méchanceté?) :


24. Il appartiendrait à un réseau pédocriminel

L’une des accusations les plus absurdes prétend que lors des journées mondiales de la jeunesse au Panama, le Pape aurait prouvé appartenir un à un réseau pédocriminel en portant un habit liturgique dont les ornements ressemblent à une des icones identifiées par le FBI:

Sans même savoir ce que signifient ces triangles sur un ornement liturgique, on peut déjà réfléchir et comprendre que: Premièrement, c’est un sophisme de dire que parce que les ornements se ressemblent, alors ils ont la même signification (en sachant que les icones diffèrent, sur les tuniques bleues elles ont moins de branches et sur les deux ne sont pas dans le même sens). Ce serait comme assimiler des signes de croix utilisés par des satanistes pour les assimiler à la croix retournée de Saint Pierre: on ne tire aucune conclusion rationnelle d’une ressemblance. Deuxièmement, il est absurde de croire que si le Pape appartenait à un tel réseau secret, il en donnerait la preuve de façon internationale en sachant ces icones publiques. Troisièmement, un triangle de ce style est tout simplement esthétique et utilisé à cet effet dans d’autres domaines, il suffit de chercher « spiral triangle » sur google image pour le constater (et on pourrait même dire qu’un triangle représente la Trinité, la spirale son éternité, pour un oeil bienveillant).

Quoiqu’il en soit, il est plus vraisemblable que ces ornements aient été choisi vis-à-vis de la culture Panaméenne (du pays où les JMJ se sont déroulés), dans laquelle des tissus décoratifs (molas) sont brodés avec des symboles similaires:


25. Il aurait nié la transsubstantiation

Par une acrobatie malhonnête, certains mettent tous leurs efforts pour surinterpréter une homélie du 23 Juin 2019 lors de laquelle il déclarait « Devant l’Eucharistie, Jésus qui s’est fait Pain, ce Pain humble qui contient le tout de l’Église » […] « L’Eucharistie nous l’enseigne : là, il y a Dieu contenu dans un morceau de pain. » comme une négation du fait que le pain devienne le corps du Christ lors de la messe.

Premièrement le Pape ratifie dans la même homélie que c’est bien son corps dont il s’agit: « Même ce soir nous serons nourris par son Corps donné », deuxièmement, le fait qu’il soit « contenu » dans son pain est un langage d’apparence familier, de la même façon qu’on parle d’eau « dans » un nuage, il ne s’agit de toute évidence pas d’un récipient littéral. Pie XII parlait lui aussi du Verbe « fait Pain vivant » (Radiomessage aux fidèles de Belgique, 30 juin 1946). Saint Thomas d’Aquin aussi disait que le Christ entendait dire « que MA CHAIR est contenue dans la nourriture des croyants ET MON SANG dans le sacrement de l’autel » (Commentaire sur Jean 45), ce qui ne veut pas dire que sa chair est à « l’intérieur » de la nourriture comme une sorte d’impanation.

Quoiqu’il en soit le Pape réfutait cette théorie absurde dans son angélus du même jour, ratifiant que l’Eucharistie est « le sacrement de son Corps et son Sang donnés pour le salut de monde », que « Nous ne devons pas nous habituer à l’Eucharistie ni aller communier par habitude: non! Chaque fois que nous nous approchons de l’autel pour recevoir l’Eucharistie, nous devons véritablement renouveler notre «Amen» au Corps du Christ » car « C’est Jésus, c’est Jésus qui m’a sauvé, c’est Jésus qui vient me donner la force de vivre. C’est Jésus, Jésus vivant. » et que c’est « Jésus que nous adorons dans l’Eucharistie. ». Sans parler des nombreuses fois où il a ratifié ces enseignements sur le fait que le pain de l’Eucharistie est littéralement le Christ lui-même dans les années précédentes, et le Pape l’a rappelé maintes fois encore après. Quand il disait que « le pain est réellement son Corps donné pour nous, le vin est réellement son Sang versé pour nous », que « le pain qu’il donne est son propre corps et son propre sang », pourrait-on y déceler une hérésie cachée par télépathie? Apparemment, c’est la prétention de quelques uns de ses ennemis.


26. Il aurait reproché aux catholiques de faire trop d’enfants

Dans un entretien, il partageait son avis: « Certains croient que — pardonnez mon expression — pour être de bons catholiques il faut être comme des lapins. Non. Il faut une paternité responsable. » Ce que certains médias tirèrent de son contexte pour reprocher aux catholiques – qui en ont les moyens – de faire beaucoup d’enfants. Mais rien n’est plus malhonnête: dans ce même entretien, le Pape disait que dans l’idéal les familles devraient avoir 3 enfants par familles: « Je crois que le nombre de trois par famille que vous mentionnez, d’après ce que disent les spécialistes, est important pour maintenir la population. Trois par couple. Lorsque l’on va en deça de ce niveau, c’est l’autre extrême qui se produit, comme en Italie par exemple ». La vérité c’est que la citation décriée était une réponse à une femme qui avait accouché de 7 enfants par césarienne: « L’exemple que j’ai mentionné il y a peu, de cette femme qui attendait son huitième enfant et dont sept étaient nés par césarienne : il s’agit dans ce cas d’irresponsabilité. » C’est seulement après qu’il fit la comparaison de lapins. Au delà du fait qu’il ait le droit à sa propre opinion et qu’on ne puisse pas médire, il n’est clairement pas question d’un rejet des familles nombreuses mais des risques graves que peuvent entraîner les césariennes répétées, d’où la nécessité de prudence, prudence dont cette femme qu’il connaissait devait manquer (en particulier si ces césariennes n’étaient pas espacées, sécurisées etc.).

Toujours dans le même entretien, le Pape valorisait la générosité des parents de familles nombreuses, dont l’imprudence n’était pas à généraliser: « Il est vrai qu’il faut aussi se montrer prudents dans ce cas. Mais pour eux l’enfant est un trésor. Dieu sait comment les aider. Peut-être que certains d’entre eux ne sont pas prudents, c’est vrai aussi. Paternité responsable. Mais il faut également regarder la générosité de ce papa ou de cette maman qui voient chaque enfant comme un trésor. » Dans une audience du 30 Janvier 2019, il déplorait le véritable « hiver démographique que nous vivons en Europe », rappelant que les enfants sont une fierté pour la famille et une sécurité pour l’avenir. Il avait fait la même remarque en 2017 à la commission des épiscopats d’Europe: « Au rejet de ce qui provenait des pères a ainsi succédé le temps d’une stérilité dramatique. Non seulement parce qu’en Europe on fait peu d’enfants –notre hiver démographique -, et que ceux qui ont été privés du droit de naître sont trop nombreux, mais aussi parce qu’on s’est découvert incapable de transmettre aux jeunes les instruments matériels et culturels pour affronter l’avenir. L’Europe vit une sorte de déficit de mémoire. Redevenir une communauté solidaire signifie redécouvrir la valeur de son propre passé, pour enrichir le présent et transmettre à la postérité un avenir d’espérance. ».


27. Il aurait approuvé les actes homosexuels

Le Pape a toujours rappelé, sur la question de l’homosexualité, se référer au Catéchisme de l’Eglise Catholique, qu’il n’a jamais réformé ni modifié sur cette question, ce qui en fait donc la doctrine officielle de l’Eglise. Ce même Catéchisme explique que les actes d’homosexualités sont intrinsèquement desordonnés et qu’ils « ne sauraient recevoir d’approbation en aucun cas », soulignant que les tendances homosexuelles, objectivement désordonnées, constituent une épreuve, ce qui implique que l’on doit accueillir les personnes homosexuelles avec « respect, compassion et délicatesse », tout en les exhortant à la chasteté.

Dans sa conférence de presse du 28 Juillet 2013 d’où la phrase « qui suis-je pour juger? » a été tirée, il parlait en vérité d’une personne qui « cherche le Seigneur, fait preuve de bonne volonté », non pas d’homosexuel niant la nature pécheresse de ces actes. En fait, le contexte portait justement sur le repentir du péché et la confession, ce qui démontre qu’il ne niait aucunement le péché sur cette question. Dans la même conférence il rappelait que sa position sur le mariage de même sexe était « Celle de l’Église », et disait que le lobby gay était « mauvais ». On peut aussi facilement éviter le jugement téméraire au sujet d’un « rapport » d’un homosexuel ayant eu une conversation téléphonique privée avec le Pape. Même en admettant que cet homme n’ait pas mal compris le Saint Père (ce qui est fort probable), on peut facilement voir que le Pape ne considère pas que Dieu « approuve » en soi l’orientation homosexuelle.

Dans un entretien détourné plus tard par les médias (28 Mai 2019), il expliquait que les « Les homosexuels ont le droit d’être dans la famille, ils sont les enfants de Dieu, ils ont le droit à une famille. On ne peut pas expulser quelqu’un d’une famille ou lui rendre la vie impossible à cause de cela. », concluant que dire qu’une personne a le droit d’être dans sa famille ne veut pas dire « approuver les actes homosexuels ». Il expliquait aussi avoir toujours défendu la doctrine et que parler de « mariage homosexuel » était une contradiction. Plus tard, le documentaire Francesco d’Evgeny Afineevsky publiera un extrait tronqué de l’entretien montait la phrase « Ce que nous devons faire, c’est une loi de cohabitation civile [convivencia civil], ils ont le droit d’être légalement couverts. », la faisant apparaître comme une approbation d’une « union civile » (au sens de mariage ou couple de même sexe, ce dont il ne parle absolument pas dans l’entretien). Le contexte portait bien sur le fait d’être reconnu légalement comme membre d’une famille, ce qui implique des droits à l’éducation, les soins ou à l’héritage par exemple. Le fait est que les mots convivencia civil n’ont jamais été utilisés par le Pape pour parler de « mariage civil », il l’avait utilisée plus tôt (traduite « cohabitation civile », 13 Mai 2015) pour parler de paix dans le foyer familial, et sous son pontificat, la commission théologique internationale utilisait l’expression (traduite « convivance civile », 26 Avril 2019) pour parler de liberté religieuse. Au sujet de l’homosexualité, la CDF avait déjà utilisé l’expression (traduite « convivialité civile », au sujet des propositions de loi sur la non-discrimination des personnes homosexuelles, §7). Pas d’un « mariage civil ». La manipulation médiatique qui fit croire à un changement de doctrine a été officiellement réfutée par le biais de la Secrétairerie d’État du Saint-Siège.

Dans son voyage de retour du soudan le 5 février 2022, il évoquait une discussion privée qu’il avait eue avec Benoît XVI, et qui fut discutée avec des cardinaux: « Une fois j’ai discuté avec lui à propos du mariage des homosexuels, à propos du fait que le mariage est un sacrement et que nous ne pouvons pas faire un sacrement, mais qu’il y a une possibilité d’assurer une protection légale pour les droits de propriété, qui a commencé en France, [où] chaque personne peut former une union civile, pas nécessairement comme un couple. Par exemple, les femmes âgées qui sont à la retraite… car vous pouvez gagner beaucoup »
Notons plusieurs choses: 1) il s’agit d’un entretien sans poids magistériel et sans préparation particulière donc susceptible d’ambiguités 2) il parle d’une discussion, d’un débat privé, d’un échange d’opinions 3) là encore, il parle purement de la question de pouvoir assurer des droits matériels et familiaux aux homosexuels, pas d’approuver leurs pratiques sexuelles ou leurs unions intimes (et notons qu’on ne peut rien déduire de ce qu’il dit sur la pratique charnelle sans conjecturer… du jugement téméraire évident). La question précise et prudentielle des biens matériels est tout à fait débattable et n’a pas été tranchée par le Magistère que cela plaise ou non.

Notons aussi que ses commentaires positifs de la pastorale du Père James Martin (ou de New Ways Ministry, qui selon eux auraient reçu des lettres positives bien que non publiées), dans une lettre privée -donc non magistérielle- où il ne parle même pas de doctrine sur la question et ne fait que donner son avis sur sa « compassion » générale, n’implique en rien qu’il approuve tous les propos du prêtres et encore moins les actes homosexuels (extrapolation qui serait un péché grave de jugement téméraire, comme d’habitude). Ce même prêtre controversé rappelait d’ailleurs bien les enseignements du catéchisme sur la question, donc ses déclarations critiquables n’équivalent pas à l’hérésie formelle du Pape, à moins de persévérer dans un sophisme/péché de jugement téméraire. Libre à chacun d’être opposé à cette pastorale. Quant à son autre lettre privée que le Pape lui a adressée le 27 janvier 2023, elle ne dit pas que l’acte homosexuel n’est pas péché dans certaines circonstances (quoiqu’en cas de victime de traffic ou de viol, c’est possible). En contexte, il nuancait la proposition qui disait qu' »être gay est un péché ». C’est évident qu’être gay (i.e avoir une oritentation homosexuelle) en soit n’est pas suffisant pour être coupable, il faut regarder les intentions et les circonstances. C’est à cette proposition exacte qu’il se référait comme le contexte l’indique bien. Il dit même deux fois que « tout » et « n’importe quel acte sexuel en dehors du mariage est un péché ». N’importe lequel! C’est trop clair pour en faire une polémique sincère…

Dans ces controverses, il suffit en réalité pour un catholique de tenir compte du Magistère du Pape, non pas d’interventions privées qui n’ont pas d’autorité doctrinale et qui n’engagent que lui. En plus du catéchisme que le Pape maintient en vigueur, son encyclique Amoris Laetitia (§251) réaffirmait qu’ « il n’y a aucun fondement pour assimiler ou établir des analogies, même lointaines, entre les unions homosexuelles et le dessein de Dieu sur le mariage et la famille », qu' »il est inacceptable que « les Églises locales subissent des pressions en ce domaine et que les organismes internationaux conditionnent les aides financières aux pays pauvres à l’introduction de lois qui instituent le “mariage” entre des personnes de même sexe ». En février 2020, la CDF avait exigé d’un prêtre suspendu (Tony Flannery) qu’il se soumette à la doctrine sur l’illicéité des actes homosexuels et le rejet de reconnaissance légale des mariages de même sexe. En février 2021, le Pape avait aussi fait publier la réponse de la CDF rejetant la bénédiction des unions homosexuelles, expliquant que le péché ne pouvait être béni. Tout catholique sachant cela et s’imaginant qu’il y a des « doutes » sur la doctrine est donc soi de mauvaise foi, soi s’efforce d’extrapoler des controverses médiatiques qui n’ont jamais établi un quelconque changement.


28. Il aurait nié le miracle de la multiplication des pains

Notons d’abord que le Pape n’a jamais donné d’explication « naturaliste » de ce récit. Il l’a régulièrement présenté comme étant réellement un miracle par lequel tous avaient été nourris réellement par la portion du garçon. Mais une controverse a été fabriquée à partir de quelques unes de ses interventions dans lesquelles il déclarait « Voici le miracle : plus qu’une multiplication c’est un partage, animé par la foi et par la prière. Ils mangèrent tous et il en resta : c’est le signe de Jésus, pain de Dieu pour l’humanité. », ou encore que « Ce n’est pas de la magie, c’est un «signe»: un signe qui invite à avoir foi en Dieu ». Mais chacune de ces déclarations incluaient également la réaffirmation que tous furent rassasiés avec peu.

Quoiqu’il en soit des interprétations téméraires que l’on pourrait en faire, son insistance sur la clarification du sens de la multiplication vient en vérité de son intérêt à démontrer que Jésus n’a pas fait apparaître par magie une nouvelle portion pour chacun, mais plutôt a rendu le partage de cette même portion infinie: « de manière surprenante, dans le récit de la multiplication des pains, on ne parle jamais de multiplier. Au contraire, les verbes utilisés sont : “rompre, donner, distribuer” (cf. Lc 9, 16). En somme, on ne souligne pas la multiplication, mais le partage. C’est important : Jésus ne fait pas de magie, il ne transforme pas les cinq pains en cinq mille pour dire après : “Maintenant distribuez-les”. Non. Jésus prie, bénit ces cinq pains et commence à les rompre, en se confiant au Père. Et ces cinq pains ne finissent plus. Ce n’est pas de la magie, c’est la confiance en Dieu et en sa providence. »
C’est donc la raison pour laquelle le miracle n’était pas une « multiplication » au sens où on l’entend dans le langage commun, ou un tour de magie faisant dédoubler la même portion, mais réellement une division infinie dont la symbolique reflétait selon le Pape le partage du corps de Jésus dans l’Eucharistie. C’est là que réside le vrai miracle: non pas dans la simple abondance matérielle mais le réel partage. Mike Lewis donne une explication plus détaillée de ce message profond.

Dans un message vidéo sur la faim dans le monde en 2013, il avait rappelé ce récit, disant que « Vu qu’ils étaient eux-mêmes pauvres, ils ne trouvèrent que cinq pains et deux poissons, mais par la grâce de Dieu ils parvinrent à rassasier une multitude de personnes, recueillant même les restes et réussissant ainsi à éviter tout gaspillage. Nous nous trouvons face au scandale mondial d’environ un milliard, un milliard de personnes qui au jour d’aujourd’hui souffrent encore de la faim. Nous ne pouvons pas tourner le dos et faire semblant que ce problème n’existe pas. La nourriture disponible dans le monde suffirait à nourrir tout un chacun ». Après cela, il disait: « La parabole de la multiplication des pains et des poissons nous enseigne justement cela : si la volonté est là, ce que nous avons ne s’épuise pas, mais plutôt il en reste et rien n’est perdu. » Cette dernière phrase, prise de façon isolée, pourrait être mal comprise: mais nous voyons bien dans le message global qu’il n’en parle pas comme d’une fausse histoire, plutôt d’une histoire comparative que lui-même emploie pour refléter le partage chrétien à notre époque (parabola est aussi une comparaison illustrative en italien selon une définition donnée par Oxford Language, Université d’Oxford).


29. Il aurait dit une hérésie en reconnaissant la « foi d’Abraham » des musulmans

On lui reproche d’avoir rappelé lors de son voyage en Irak qu’Abraham était le père « commun dans la foi » des chrétiens, des juifs et des musulmans. Mais c’est tout à fait cohérent avec le fait que ces trois religions reconnaissent leur monothéisme dans la révélation originelle de Dieu à Abraham (avant la révélation Trinitaire, avant la révélation du Tétragramme, etc.). Cela fait, en toute logique, de lui le père commun de ces religions, l’ancêtre commun qui les a mené à reconnaître le Dieu unique. Par ailleurs, c’est une lecture conforme au Saint Concile Oecuménique Vatican II qui expliquait que : « le dessein de salut enveloppe également ceux qui reconnaissent le Créateur, en tout premier lieu les musulmans qui, professant avoir la foi d’Abraham, adorent avec nous le Dieu unique, miséricordieux, futur juge des hommes au dernier jour. » (Lumen Gentium 16, texte que même Mgr Lefebvre reconnaissait comme orthodoxe à l’aube de son schisme).

Avoir la foi d’Abraham, c’est simplement avoir la conception monothéiste la plus basique de Dieu (celle de l’époque du prophète où la Trinité, la procession ou la filiation n’étaient pas révélées). Nous avons déjà démontré dans une vidéo en quoi les musulmans avaient cette foi et par conséquent adoraient bel et bien le vrai Dieu dans leurs prières, ce qui a été traditionnellement reconnu (voir aussi le commentaire épinglé de la vidéo en complément):

Nous réfutons régulièrement les objections à cette vidéo dans l’article suivant:
https://archidiacre.wordpress.com/2020/04/11/le-dieu-des-musulmans-reponse-aux-objections/

La foi d’Abraham est reconnue par le Cardinal Tisserant, fait préfet de la Commission Biblique Pontificale sous Pie XI, qui disait en 1951: « A une époque où le matérialisme néo-païen nous oblige à compromettre et à abandonner nos valeurs spirituelles, l’exemple de la foi d’Abraham peut donner du courage à tous ceux qui peuvent l’admirer. Juifs, Chrétiens et Musulmans sont unis dans leur invincible confiance en l’absolue puissance de Lui qui donne à celui qui demande. » (Cahiers Sioniens, n°2, Abraham père des croyants, Préface, Juin 1951).


30. Il aurait minimisé le péché de chair

C’est une calomnie basée sur une phrase d’un entretien du 12 décembre 2021. Dans son contexte, le Pape visait à défendre la réputation de Mgr Aupetit, accusé d’avoir eu des relations avec une secrétaire de son diocèse, à la suite de quoi l’évêque demanda sa démission: « c’était un écart de sa part, un écart envers le sixième commandement, mais pas total, des petites caresses et des massages qu’il faisait à la secrétaire. Voilà l’accusation. C’est un péché mais ce n’est pas l’un des plus graves, parce que les péchés de la chair ne sont pas les plus graves. Les péchés les plus graves sont ceux qui ont le plus d’angélisme : l’orgueil, la haine. » A la suite, le Pape soulignait qu’un évêque, comme tous les autres, était pécheur, et que quand « les bavardages augmentent, augmentent, augmentent jusqu’à ruiner la renommée d’une personne, elle ne pourra pas gouverner ». Il soulignait alors avoir accepté la démission de Mgr Aupetit sur « l’autel de l’hypocrisie », car ça n’était pas en raison de l’idée qu’un évêque devrait démissionner pour cela, mais parce que ses accusateurs eux-mêmes coupables de péchés (donc hypocrites) avaient ruiné sa réputation.

Dire que le péché de chair (en l’occurrence, céder à la tentation de carresser une femme), même mortel, n’est pas le pire des péchés, est une vérité catholique. C’est également ce qu’enseignait en détail Saint Thomas d’Aquin, sans qu’on l’accuse de « minimiser » quoi que ce soit:

Les péchés de la chair sont-ils plus graves que ceux de l’esprit?
[…] Conclusion:
Les péchés spirituels sont plus coupables que les péchés charnels. Ce qui ne veut pas dire que n’importe lequel des premiers soit plus coupable que n’importe lequel des seconds, mais que, toutes choses égales d’ailleurs, si l’on considère uniquement cette différence de l’esprit et de la chair, les péchés de l’esprit sont plus graves. Trois raisons à cela […] .

Somme théologique I-IIae, q.73, article 5

La fornication est-elle le plus grand des péchés ?
[…] Cependant, S. Grégoire dit que les péchés de la chair sont moins coupables que les péchés de l’esprit.
Conclusion : La gravité du péché peut se prendre de deux points de vue : en soi, ou selon une considération accidentelle. En soi, la gravité du péché est prise en raison de son espèce, qui s’apprécie selon le bien auquel le péché s’oppose. Or la fornication va contre le bien de l’homme qui va naître. C’est pourquoi elle est un péché plus grave selon son espèce que les péchés contre les biens extérieurs, comme le vol ou autres péchés de ce genre. Mais elle est moins grave que les péchés qui vont directement contre Dieu, et que le péché contre la vie de l’homme déjà né, comme l’homicide.

Somme théologique II-IIae, q.154, article 3

Quoiqu’il en soit, le Pape n’a jamais dit ni même sous-entendu que ce péché n’était pas grave, et l’affirmer serait une calomnie (péché tout aussi mortel). Il est clair dans ce contexte qu’il s’agissait de dire que cette faute ne valait pas l’avalanche d’attaques contre Mgr Aupetit, qui a tout autant le droit au pardon.


31. Il aurait proféré une hérésie sur la communion des saints

Dans une audience du 2 février 2022, le Pape déclarait : « ceux qui ont renié la foi, qui sont apostats, qui sont les persécuteurs de l’Église, qui ont renié leur baptême : ceux-là aussi sont-ils à la maison ? ». Oui, ceux-là aussi. Tous. Les blasphémateurs, tous autant qu’ils sont. Nous sommes frères. C’est la communion des saints. La communion des saints maintient ensemble la communauté des croyants sur la terre et dans le Ciel. Et sur la terre, les saints, les pécheurs, tout le monde. » En contexte, il mettait l’accent sur le fait que l’union des membres de l’Eglise, « la communauté des pécheurs sauvés », ne pouvait être rompue par la mort, le lien « dans le Christ » ne pouvant être brisé. Les individus énumérés étaient donc des exemples de pécheurs parmi « la communauté des croyants ». Le professeur de théologie et Père Kerezsty expliquait bien d’abord que les audiences étaient un type « d’exhortation paternelle et non un document contraignant », rappelant bien l’erreur de ceux qui voudraient y voir une contradiction avec l’infaillibilité papale. Il poursuivait en réitérant que ce lien indélébile est causé par le baptême, que même le péché mortel obstiné ne peut effacer, bien que perdant sa grâce sanctifiante. Membres « morts » de l’Eglise, ils sont entourés de la prière et de l’amour de l’Eglise, le repentir leur étant ouvert. Le Pape ne précise simplement pas la distinction en ce qui concerne la question précise du caractère salvifique du baptême, n’étant pas le sujet de l’audience.  

Voir aussi l’excellente démonstration de Pedro Gabriel. La communion des saints peut désigner non pas seulement « communion entre les personnes saintes, sancti » mais aussi la « communion aux choses saintes, sancta » et la (communion des biens spirituels, CEC 948). C’est notamment la communion de la charité à laquelle la citation du Pape (et du catéchisme) de 1 Co 12 :26-27 se réfère. Cette distinction étant comprise, lui opposer le Catéchisme de St Pie X n’a aucun sens, se référant à la communion des « sancti », à laquelle les blasphémateurs ou apostats n’ont pas part. Mais il reconnaissait que les chrétiens en état de péché mortels, malgré le fait d’être « exclus de la communion parfaite des biens spirituels », pouvaient bénéficier de « quelque avantage » des biens de l’Eglise notamment en raison du caractère du chrétien « qui est indélébile », ainsi que participer aux biens extérieurs de l’Église, à l’exception de ceux qui ont encouru l’excommunication. Notons que cette exception ne concerne pas nécessairement les apostats (« ceux qui abjurent ou renient par un acte extérieur la foi catholique ») ou blasphémateurs qui pèchent contre leur héritage baptismal. Par exemple, comme l’expliquent les « Fondements du dogme catholique » de Ludwig Ott (Ed. 1954, page 310), même publiques, les apostats et hérétiques restent spirituellement membres par leur désir d’appartenir à l’Eglise, et ne peuvent pas être complètement coupés de l’Eglise en raison de leur baptême, ils sont toujours soumis à sa juridiction. Pour ce qui est des excommunicati distingués par Ott des catégories citées plus haut, ils sont eux même à distinguer des excommunicati tolerati qui demeurent, dans un degré moindre, membres de l’Eglise.

Enfin, le pire qui puisse être conclu de cette énième fausse controverse serait que le Pape ait été maladroit dans ses termes ou n’utilisait tout simplement pas une définition stricte de la communion (paroles qui ne constituent encore une fois pas une doctrine autoritaire malgré les fantasmes). Conclure à l’idée qu’il soit un hérétique est tout bonnement un péché mortel de jugement téméraire au vu des faits soulevés, l’affirmer publiquement pour nourrir une polémique un péché de scandale, la répandre par les médias publiques une attitude contraire au bien de l’Eglise (cf. Est Sane Molestum de Léon XIII). Les catholiques sauront quelle attitude adopter.


32. Il aurait enseigné que tout le monde ira au Paradis

Cette accusation vient d’une déclaration du 15 septembre 2021 qu’il a faite dans un entretien (donc pas un enseignement magistériel impactant sa fonction papale…). Le contexte était son rejet de la notion de « mariage » homosexuel (voir calomnie n°27). Rappelant que les individus homosexuels nous sont égaux, il disait: « Le Seigneur est bon et nous sauvera tous. Cela, ne le dites pas à voix haute [il rit], mais le Seigneur veut le salut de tous. »
On comprend clairement, par son rire et son injonction de ne pas répéter cela, que le Pape s’est mal exprimé, et qu’il s’est corrigé immédiatement, prouvant ainsi que ça n’est pas ce qu’il voulait dire. Rien d’alarmant, et pas non plus de « lapsus révélateur » a présumer témérairement, en tous cas si quelqu’un désire avoir une interprétation charitable (catholique). Le fait est que le Pape a rappelé l’existence de l’enfer de façon répétée (voir calomnie n°1), et ce même à la suite de cet entretien.


33. Il rejetterait l’idée que la religion puisse guider les lois

Cette diffamation porte sur une homélie du 28 juillet 2022 où il expliquait que « Dieu ne veut pas que nous soyons des esclaves, mais des enfants, il ne veut pas décider à notre place, ni nous opprimer avec un pouvoir sacré dans un monde régi par des lois religieuses ». Il faisait clairement référence ici à une société quasi-théocratique, ou les lois sont calquées sur les commandements de la religion et les imposent au point de laisser aucune autonomie à la vie civile. C’est clairement une idée contraire à la saine laïcité telle que la définissait Pie XII.

Le Pape rappelait quand même qu’une société séculière ne peut justement pas se passer de la religion: « Une autre chose – distinguait saint Paul VI – est le sécularisme, une conception de la vie qui sépare totalement du lien avec le Créateur, de sorte que Dieu devient « superflu et encombrant » et que naissent des « formes nouvelles d’athéisme », sournoises et variées […] » .

Pour le Pape, rejeter le sécularisme ne revient pas cependant forcément à vouloir revenir à la pastorale passée : « comme si derrière la critique de la sécularisation se cachait la nostalgie d’un monde sacralisé, d’une société d’autrefois où l’Église et ses ministres avaient plus de pouvoir et d’importance sociale ». Mais c’est un jugement pastoral, pas une définition sur la situation qu’il faudrait en tous temps ou dans un temps idéal, donc l’accuser de contredire la doctrine ici est absurde. Rappelons l’enseignement de Saint Pie X sur les évolutions sociétales de son époque: « il faut remarquer tout de suite qu’il est aujourd’hui impossible de rétablir sous la même forme toutes les institutions qui ont pu être utiles et même les seules efficaces dans les siècles passés, si nombreuses sont les modifications radicales que le cours des temps introduit dans la société et dans la vie publique, et si multiples les besoins nouveaux que les circonstances changeantes ne cessent de susciter. Mais l’Eglise, en sa longue histoire, a toujours et en toute occasion lumineusement démontré qu’elle possède une vertu merveilleuse d’adaptation aux conditions variables de la société civile : sans jamais porter atteinte à l’intégrité ou l’immutabilité de la foi, de la morale, et en sauvegardant toujours ses droits sacrés, elle se plie et s’accommode facilement, en tout ce qui est contingent et accidentel, aux vicissitudes des temps et aux nouvelles exigences de la société. »


34. Il aurait participé à un cérémonie païenne au Canada

Le 25 Juillet 2022, le Pape fit une rencontre avec des autochtones Canadiens dans le cadre d’un voyage apostolique visant à faire repentance pour les abus qui avaient été commis contre les tribues natives par le gouvernement Canadien avec la participation d’institutions éducatives catholiques au XXème siècle. Ses discours au cours du voyage parlent du Dieu chrétien et de Jésus Christ régulièrement, ce qui démontre que le contexte était bien catholique et jamais il n’y eut de « doctrine païenne » adoptée.

Précisions que le terme « cérémonie païenne » est utilisé dans cette calomnie au sens religieux, pas au sens ethnique ou culturel. Une cérémonie qui vient d’une culture païenne, n’est pas intrinsèquement une affaire de foi en une religion païenne. C’est ce qu’expliquait clairement le père Bouvette, lui même autochtone du Canada et responsable des cérémonies au cours de ce voyage: « il y a une différence très importante entre quelque chose de « païen », qui ne signifie rien d’autre qu’une coutume par les non-baptisés, et quelque chose de blasphématoire et de sacrilège. Certaines pratiques « päiennes » seraient « sacrilège » parce qu’elle serait une moquerie pour notre foi ou mènerait dangereusement quelqu’un à l’ordre spirituel où personne n’a de contrôle sur ce qui entre ou s’attache »; expliquant avoir clairement séparé ce qui était compatible ou non compatible avec la prière chrétienne. Il expliquait aussi « Des éléments de la culture autochtone correspondent à notre manière de prier, à notre dévotion et à nos cérémonies, […] Puisque des éléments des deux cultures se rejoignent, il est naturel de les mettre en pratique lorsque le pape viendra sur nos terres« . Les interventions répétées de ce prêtre; niant les accusations de pratique anti-chrétienne, suffisent à prouver que rien de ce qui n’a été fait au cours du voyage était dirigé vers un dieu païen ou faite par adhésion à une doctrine païenne: ce n’était ni confus, ni ambigu. C’était officiel et explicité.

Mais pour nos polémistes habituels, le fait que le Pape se vit donner par les autochtones un couvre-chef de la culture native, et assista à des gestes et danses rituelles propre à la culture indigène, est un acte de foi en du paganisme! On appelle cela le sophisme de non-sequitur.

Cette fausse polémique est réchauffée: elle consiste tout simplement à assimiler tous les symboles et coutumes culturels étrangers et non occidentaux à des signes intrinsèquement païens (au sens doctrinal), et à juger le for interne des individus qui les adoptent en les accusant d’apostasier, d’adhérer à une foi païenne, et autres calomnies délirantes. C’est exactement ce qui se faisait contre Saint Jean-Paul II à chaque fois qu’il rencontrait des communautés ethniques qui mettaient en valeurs des signes divers. C’est aussi la calomnie qu’on avait fait contre les Amazoniens qui s’étaient rendus à Rome avec des symboles de leur culture (la fameuse « idole pachamama », dont le mythe médiatique persiste toujours). Le fait est que ces symboles, même s’ils ont pris naissance dans des cultures païennes, n’ont pas un sens inséparable de la croyance païenne, tout comme l’obélisque égyptien installé à la Basilique Saint Pierre en 1586, ou encore le titre de « Pontifex » qui autre fois était donné aux empereurs païens et a été adopté par les papes pour leur symbole de puissance.

A part dans les milieux déjà opposés au pape avec un agenda tout tracé contre lui, il n’y a aucune « confusion » religieuse. Il suffit que de quelques recherches pour comprendre que par exemple, le couvre-chef natif est historiquement un symbole d’autorité, de respect, porté par les chefs. Les plumes symbolisent des actes de compassion ou de bravoure. A moins d’imaginer que ces concepts soient exclusivement associés au paganisme, on peut faire usage de sa raison et concevoir qu’un pape peut le porter sans qu’il y ait une adhésion à une quelconque doctrine religieuse. Le geste symbolise pour les anciens un respect très fort pour le Pape, le couvre-chef est un symbole d’honneur. Mais le symbole d’une adhésion à une doctrine païenne ou de sa promotion? Seulement dans l’esprit des ennemis du pape dont la catéchèse est à revoir.

Notons qu’il en va de même pour les danses culturelles et cérémonies symboliques utilisées (notamment les « rituels de purification », qui sont des cérémonies symboliques, pour nous disposer à écarter l’influence du diable, des démons). A moins d’avoir un regard occidentocentré, il est facile à n’importe qui de faire le parallèle avec d’autres gestes chrétiens, par l’usage d’encens ou de bougies. Ce n’était pas des rites incompatible avec le christianisme: il s’agissait de rendre grâce à Dieu, par des coutumes issues de cultures à christianiser, mais certainement pas des professions de foi en des « dieux » ou d’autres forces spirituelles contraires à la foi. Les vidéos qui circulent les détournent clairement de leur contexte et vous ne trouverez aucun des organisateurs natifs sur les lieux affirmer qu’il s’agit d’idolâtrie ou de paganisme doctrinal, en dépit des calomnies. En fait, la calomnie a été explicitement et officiellement démentie par le père Bouvette, ce qui fait qu’il n’y a aucune excuse pour un catholique de propager un scandale: « Dans un contexte Catholique, nous pouvons voir que le rituel de purification est similaire à certains de nos sacramentaux qui ont pris naissance pour des raisons personnelles, spirituelles, comme le fait de porter un scapulaire ou d’oindre d’huile de l’Oratoire de St Joseph » [à Montréal, une pratique initée par St. André Bessette]. Le cèdre, la sauge, la « sweetgrass » et le tabac sont des « dons du Créateur et donc reviennent au Créateur ». Il en dit de même du fait de prier dans la direction des points cardinaux: « Nous ne « prions » pas quatres directions — nous prions seulement Dieu, le créateur » [Mais le mouvement est] « similaire aux appréciations chrétiennes anciennes des orientations directionnelles ».

En résumé, toutes ces pratiques étaient compatibles avec la foi chrétienne, et dans ce contexte pratiquées en l’honneur du Dieu chrétien. Un chrétien peut les conserver car il peut tout simplement les utiliser en l’honneur du Dieu unique, qui est clairement le dieu prié dans le contexte des cérémonies avec le Pape.

Rappelons les sages paroles du Pape Pie XII (2 septembre 1956): « Nous croyons aussi en être redevables à ceux qui, sans peut-être s’en douter eux-mêmes, sont déjà aux portes de l’Eglise ; de même qu’à tous ceux — en nombre toujours croissant — que l’angoisse devant les forces déchaînées de la nature, la peur de l’existence, de l’avenir et d’eux-mêmes poussent à se mettre en quête d’un appui solide. L’Eglise le leur offre : elle est elle-même cet appui. Qui lui fait confiance ne perd rien des valeurs authentiques qu’il possédait. Tout ce que les autres confessions, fussent-elles non chrétiennes, présentent de vrai et de bon, trouve sa place, son sens profond et son aboutissement dans l’Eglise catholique. »


35. Il aurait nié le devoir de se confesser pour communier

Cette accusation porte sur la phrase « Le monde ne le sait pas encore, mais tous sont invités au repas des noces de l’Agneau (Ap 19, 9). Pour être admis au festin, il suffit de porter l’habit nuptial de la foi, qui vient de l’écoute de sa Parole (cf. Rm 10, 17). » dans sa lettre apostolique Desiderio Desidarevi, prétendant lui attribuer l’idée que seule la foi, excluant la repentance et la confession, suffit pour communier. C’est évidemment une extrapolation grossière étant donné que comme le souligne le théologien Robert Fastiggi: le Pape a lui-même déjà rappelé publiquement qu’on devait d’abord approcher le sacrement de réconciliation avant de prendre part à l’Eucharistie en cas de péché sérieux; « l’habit nuptial de la foi » est une référence Biblique connue; en contexte le texte mentionne aussi sa blancheur que l’on peut donc potentiellement perdre ; cette image inclut traditionnellement l’éspérance et la charité et est aussi utilisée par le Concile de Trente ; la foi peut très bien impliquer de suivre les devoirs de catholique tout comme l’implique Saint Paul en Romains 3:28.

Plus de détails dans cet article, traduit du théologien Matthew Shadle:
https://archidiacre.wordpress.com/2022/10/07/une-lettre-des-detracteurs-du-pape-francois-echoue-encore-a-prouver-son-heresie/


36. Il aurait approuvé la position pro-avortement

Rappelons le fait que le Pape enseignait publiquement qu’avorter était comparable à employer un tueur à gage. Il a toujours condamné cet acte et n’est jamais revenu là-dessus.

Cette affirmation découle de polémiques futiles et amplifiées par scandale: elle porte sur des gestes du Pape qui n’ont aucun impact sur son Magistère légitime ni ne « représentent » son enseignement doctrinal. Un Pape, étant pécheur, peut tout à fait commettre des fautes sans « perdre sa légitimité » de fait. Les relever ne prouve alors en rien les thèses schismatiques qui considèrent que le Pape n’aurait pas d’autorité à cause de ces actes: c’est juste une manière de pécher par scandale en propageant des polémiques dont les fidèles n’auraient pas entendu parler en temps normal ou en tous cas bien moins.

Il aurait donné la communion à la politicienne « pro-choix » Nancy Pelosi: mensonge, si elle déclare avoir communié lors d’une messe pontificale, c’est un des prêtres présents à la Basilique qui a pris cette décision. On peut désirer que le Pape soit plus ferme et moins tolérant sur la question de la communion des politiciens pro-choix (c’est notre avis également), mais on ne peut rien présumer ni lire dans ses pensées. Sinon, on devrait tirer une conclusion inverse quand il n’a pas contesté non plus la décision de l’évêque du diocèse de Pelosi de la priver de communion. A ce propos, il n’a rien dit d’autres, dans un entretien, que « Quand l’Eglise perd sa nature pastorale, quand un évêque perd sa nature pastoral, cela cause un problème politique » laissant donc la question ouverte. Le débat sur la question pastorale de pouvoir présumer ou non la repentance des communiants n’est pas tranchée et nous pouvons être en désaccord là-dessus (même débat avec Joe Biden):
https://wherepeteris.com/the-problem-of-eucharistic-individualism/
https://wherepeteris.com/understanding-pope-francis-on-the-communion-wars/
Il y a au pire une autonomie trop grande laissée aux ministres de l’Eucharistie, une critique acceptable: pas un Magistère « hérétique ».

Il aurait nié que l’embryon soit une personne: Calomnie. Voici la citation complète, qui commentait la situation américaine: « Sur l’avortement, je peux dire ces choses, que j’ai déjà dites. Dans n’importe quel livre d’embryologie il est dit que peu avant un mois après la conception les organes et l’ADN sont déjà délimitées dans le petit foetus, avant même que la mère n’en devienne consciente. Il y a donc un être humain vivant. Je ne dis pas une personne, parce que c’est débattu, mais un être humain vivant. Et je pose deux questions: est-ce juste de se débarasser d’un être humain pour résoudre un problème? Deuxième question: est-ce juste d’engager un « tueur à gage » pour résoudre un problème? Le problème survient quand la réalité de tuer un être humain est transformé en une question politique, ou quand un paster de l’église utilise des catégories politiques. »
La notion de personne étant objectivement débattue en philosophie, il ne fait que souligner qu’elle n’est pas nécessaire dans le débat précisément parce que la vérité scientifique et biologique établit clairement l’humanité de l’embryon. On peut relativiser autant que l’on veut la notion de personne sans pouvoir nier ces faits. C’est donc le critère le plus pertinent puisque sa dignité est fondée par le fait même. Plus d’arguments et de citations du pape réfutant cette calomnie: https://wherepeteris.com/pope-francis-and-the-personhood-debate/

Une autre controverse porte sur l’intégration de l’économiste Mariana Mazzucato à l’Académie Pontificale pour la Vie, sur le conseil d’académiciens concernés par les atteintes à la vie causées par les inégalités. Il ne s’agissait pas de question d’avortement, son opinion personnelle erronée sur la question (dans des tweets pro-choix) ne regardant strictement qu’elle. L’Académie n’est en effet pas centrée spécifiquement sur l’avortement mais de manière générale sur « la défense et la promotion de la valeur de la vie humaine et de la dignité de la personne » (elle comprend les inégalités, la malnutrition, la peine de mort, l’euthanasie, la maltraitance des enfants, etc.). L’Académie n’est pas composée non plus que de catholiques, mais de membres pouvant contribuer à ces causes selon leurs compétences et expertises professionnelles. Son président Mgr Paglia l’a bien rappelé, « l’Académie est définitivement contre l’avortement, absolument », ce qui prouve qu’il n’y a aucun changement de principe pour l’institution. Et la raison pour laquelle Mazzucato y fut admise, c’était purement pour ses compétences en économie, Mgr Paglia évoquant les problèmes de famines tuant des milliers d’enfants et reconnaissant que des lois et politiques pouvaient aussi réduire le recours à l’avortement. « Notre examen a montré que dans son travail scientifique, elle n’a jamais pris de position contre la vie ». Une décision critiquable, si l’integrité de la personne est en jeu, mais accuser l’Eglise d’un « changement de doctrine sous jacent » serait un péché grave de calomnie.


37. Il aurait fait des signes sataniques

Cette calomnie grave tient sa source dans ces photographies tirées hors de leur contexte:

Celles-ci ont été prises lors d’une rencontre avec les familles aux Philippines le 16 Janvier 2015, lors de laquelle le Pape rencontrait un groupe de sourds qui lui apprirent, avec le cardinal Tagle, à parler en langage des signes. Ce n’était pas un « signe des cornes ». Ce que l’on voit sur ces photos, c’est le signe qui signifie « je t’aime », tout simplement. N’importe qui se renseignant au sujet du langage des signes pourra conclure que c’est exactement le même signe de main.


38. Il aurait arboré un bâton de sorcière

Cette calomnie porte sur une crosse au style atypique qui lui fût offerte par des jeunes pélerins italiens à l’issue du Synode pour les Jeunes, le 11 Août 2018. Au delà de toute critique esthétique discutable, ce n’était donc pas un objet magique ou satanique, mais un cadeau que le Pape décidait d’accepter de porter pour ce Synode dédié… aux jeunes qui le lui ont offert. On peut comprendre, comme un père reçevant un cadeau par ses enfants, qu’il n’ait pas voulu le condamner hystériquement comme le feront certains anticatholiques sur internet, il avait compris que l’intention était bonne.

De par le fait que le bâton ait deux petites branches au bout, on l’a assimilé, gratuitement et purement sur la base d’une ressemblance, à des bâtons utilisés dans les milieux wiccans ou ésotériques (donc dans un contexte totalement différent). Ceux-ci n’ont cependant jamais été la représentation abstraite, artistique, du Christ dont le visage a été taillé, avec un clou pour représenter la crucifixion. C’était bel et bien le cas de ce cadeau comme on l’a rapporté (« the figure of Jesus on the cross, his arms nailed above him, is carved into the bamboo staff »). Un symbole artistique chrétien insolite, mais en aucun cas un « bâton de sorcier », c’est de la calomnie pure et simple, à réparer et à confesser pour les catholiques qui l’auraient exclamée. A 15:37 de la cérémonie (vidéo « Papa Francesco – Roma – Incontro e Veglia di Preghiera » du 11 août 2018 sur la chaîne Vatican News), une jeune femme déclarait au nom des jeunes:

« En ces jours, nous avons expérimenté que chaque voyage a besoin de son bâton, et propre à cette occasion spéciale, nous lui donnons un bâton pastoral, en bois sculpté. Dans le cœur transpercé de Jésus, sur la croix, une petite graine est conservée, une graine qui meurt, pour porter son fruit, et notre espérance, et nous révèle le secret pour faire fleurir la vie et l’amour. Comme ce serait beau si cette crosse pastorale l’accompagnait lors du synode des jeunes. Nous tous réunis ici avons pu nous sentir à ses côtés et raviver dans nos cœurs et dans nos mémoires, cette rencontre extraordinaire. Au Saint Père, nous sommes venus jusqu’ici pour lui dire que nous l’aimons et que nous désirons avancer, ensemble ». »


39. Il aurait promu le syncrétisme aux Émirats Arabes Unis

Cette calomnie porte sur « la Maison de la famille abrahamique à Abu Dhabi », un projet fondé à l’initiative du président Mohamed bin Zayed Al Nahyan, inspiré du document non magistériel sur la fraternité humaine signé entre le Grand imam d’Al-Azhar et le Pape François. Ce lieu réunit une église (« l’église de Saint François« ), une synagogue et une mosquée sur un espace commun:

Le fait de base est donc que cela n’engage pas la doctrine ou le Magistère de l’Eglise Catholique, et que tirer de la tolérance du Pape une nouvelle doctrine n’aurait objectivement aucun sens du point de vue catholique. Ce serait pourtant une approbation dy syncrétisme de sa part, selon ses ennemis et calomniateurs habituels. Cependant, en faire un seul et même lieu de culte serait malhonnête et trompeur: les bâtiments ont été spécifiquement séparés en raison du fait que ce culte ne peut pas être partagé ou mélangé. Ce simple fait détruit toute allégation de syncrétisme, puisque le syncrétisme consiste précisément en une fusion des croyances et des pratiques. Le fait aussi est que le document sur lequel il se base ne dit absolument nulle part qu’un syncrétisme ou relativisme entre les confessions est permis.

Sur le site de l’édifice, on peut lire que la mission du groupe associé « est d’inspirer tous les peuples à vivre les valeurs de la fraternité humaine. Nous croyons que les valeurs du Document sur la Fraternité Humaine sont des valeurs clés pour promouvoir la paix à tous les niveaux: entre individus, organisations, nations, et même entre l’humanité et son environnement. » Aucun mot sur la présumée « égalité » entre les doctrines. Dans les mots du Cardinal Fitzgerald présent à la messe d’inauguration, le pape encourageait plutôt à « continuer dans cette culture du dialogue comme notre chemin; d’adopter une coopération mutuelle comme code de conduite; et de désirer faire de la compréhension réciproque une méthode constante de nos entreprises ». Mgr Martinelli ajoutait, réaffirmant la foi chrétienne: « Que la mémoire du Christ Jésus, que nous considérons être l’agneau de Dieu qui enlève le péché du monde, fils du Très Haut et rédempteur du monde, soit une bénédicition pour tous. Que l’Evangile soit la source d’engagement pour la paix et la justice, et qu’il contribue au progrès du peuple et à la joie de tous. » Le but du lieu était donc de promouvoir la paix, et c’est notamment cette paix qui pastoralement aidera les chrétiens à vivre décemment dans les pays musulmans, menacés par les persécutions et le terrorisme (actes que condamne principalement le texte sur la fraternité humaine). Toute concession sur l’apparence des édifices, le choix de réunir des lieux de cultes différents ou les choix architecturaux approuvés par le président, est compréhensible sur le plan stratégique, quand on a réellement en vue la paix entre les hommes, le bien du peuple chrétien au long terme, ainsi que la liberté dans le dialogue et donc, le témoignage de l’Evangile. A moins d’extrapoler par pur procès d’intention, ou de ne pas comprendre des phrases simples, rien de cela n’implique de « mélanger les doctrines », de compromettre la foi, d’établir une religion unique, de relativiser la véracité des religions en dialogue etc. A aucun moment non plus la déclaration sur la Fraternité Humaine, qui a inspiré ces édifices, n’invite à du relativisme, universalisme ou syncrétisme religieux, ni ne l’implique (quant à l’accusation de « pluralisme » voulu comme une fin, nous la réfutions au point 7).

En novembre dernier, le même Pape enseignait d’ailleurs que l’homme de paix ne devait céder « à des relativismes ou à des syncrétismes d’aucune sorte » dans la voie de la fraternité et du dialogue. En septembre, il ajoutait que « Ne cherchons pas de faux syncrétismes conciliants – ils sont inutiles –, mais gardons nos identités ouvertes au courage de l’altérité, à la rencontre fraternelle. ». Il n’y a donc aucune excuse morale pour lui attribuer une position doctrinale différente. Il serait évidemment souhaitable que ces principes soient encore rappelés, non pas en raison d’un « manque » puisque le catéchisme explique déjà ces choses publiquement, mais surtout en raison des scandales quotidiens que les medias anti-François, indépendants ou non, créent par leurs accusations diverses.

Il s’agissait doncd’un appel à la paix entre les communautés religieuses, la reconnaissance d’une fraternité qui nous lie et à la possibilité de collaboration dans les bonnes oeuvres. Ces choses, n’en déplaise à ceux qui se servent d’une énième polémique pour salire le Pape, sont traditionnelles: « il est très désirable, […] que tous les Etats, écartant tous leurs soupçons réciproques, s’unissent pour ne plus former qu’une ligue, ou plutôt qu’une sorte famille de peuples » (Benoît XV), « tous les peuples, en tant que membres de l’universelle famille humaine, sont liés entre eux par des rapports de fraternité » (Pie XI), « La paix doit être tempérée par l’échelle impartiale de la justice, qui englobe dans la charité fraternelle tous les peuples et toutes les nations » (Pie XII), « l’Eglise n’a rien tant à coeur que la paix et la fraternité entre les hommes » (St Jean XXIII). Les catholiques peuvent collaborer avec les non-catholiques pour le bien de la société: « Nous Nous adressons à tous ceux qui Nous sont unis au moins par le lien spirituel de la foi en Dieu, à tous ceux enfin qui aspirent à se libérer des doutes et des erreurs et qui désirent ardemment une lumière et un guide. Nous vous exhortons avec toute l’insistance suppliante d’un coeur paternel […] à vous unir pour travailler tous ensemble au renouvellement de la société en esprit et en vérité. » (Pie XII). Ce dernier Pape avait reçu et encouragé une Conférence visant à promouvoir « la justice, l’amitié, la compréhension et la coopération entre protestants, catholiques et juifs ». Voir aussi notre vidéo qui démontre le bien fondé du dialogue interreligieux et de la reconnaissance de valeurs communes.

Le choix esthétique, propre au style de son architecte renommé David Adjaye, est quant à lui tout à fait critiquable. L’architecture moderne appliquée aux églises, telle qu’elle a commencé au début du XXème siècle, propose une conception douteuse du beau quant aux lieux de cultes. Le choix de garder les mêmes tailles, est quant à lui compréhensible et pastoralement approprié, pusiqu’il évite des controverses inutiles sur qui « aura la plus grosse ». Aucun progrès dans l’évangélisation ne peut se faire si on ne peut pas même concéder des centimètres de hauteur. Quoiqu’il en soit, aucun représentant officiel n’a dit ni insinué que du point de vue de chacun, ces doctrines étaient « égales », ce serait une interprétation malhonnête et conjecturée. S’il existe une égalité dans un dialogue équitable, sans lequel on ne serait pas écouté, il n’y a là aucun compromis dans la foi chrétienne.

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