Une des attaques les plus médiocres à l’encontre des nos derniers Papes consiste à inventer de faux scandales vis-à-vis de la mise en valeur de la culture du cirque, notamment lorsque des troupes sont reçues au Vatican pour y présenter leurs chorégraphies artistiques. Nous verrons que cette culture a été louée et bien reçue dans l’Eglise depuis longtemps et que la traiter comme un sujet de mépris lui est contraire.
+ L’insulte de « clown »
Vous avez tous entendus des milieux schismatiques les moins charitables l’insulte récurrente de « clown » à l’égard du Pape François. Certains poussent même leur hypocrisie au point de prétendre que quand ils traitent le Pape de « clown », ils ne se moquent pas (ce qui serait un péché), mais ne font que parler d’un fait.

Bien sûr, n’importe qui doté de raison peut constater que c’est faux, et que clown désigne une profession précise que le Pape François n’exerce objectivement pas:
Artiste comique, maquillé et grotesquement accoutré, qui, dans les cirques, exécute des pantomimes bouffonnes et parfois acrobatiques.
– Dictionnaire Larousse [1]
Mais le Pape a de la reconnaissance pour ces clowns qui servent un rôle social honorable; particulièrement quand ils viennent en aide des malades.[2] Lors d’une audience où il appelait à prier pour une enfant malade, François marchait pour saluer les fidèles à la place Saint-Pierre et, abordé par un couple de clowns professionnels, accepta de mettre un nez rouge qu’ils lui tendaient, montrant qu’il partageait leur sens de l’humour.[3]

Mais a priori, c’est un sujet de mépris et de moquerie pour ceux qui se donnent le nom de catholique.
+ Les Performances à Rome
Parmis d’autres gestes, il invitait 2000 personnes démunies à rejoindre un cirque à Rome.[4] Certaines chorégraphies étaient accueillies au Vatican, à l’extérieur de la Basilique Saint Pierre ou dans la Salle Paul VI. On criait au scandale à cause d’une performance d’un cirque à Rome, dans laquelle quelques gymnastes étaient en habits légers. Sans les accabler de condamnations comme le réclameraient ses détracteurs, le Saint Père remerciait la troupe pour ses efforts. [5]

Lors des salutations en italien, le pape les a remerciés pour leur performance. « Ils font de la beauté et la beauté nous conduit à Dieu », a-t-il ajouté en improvisant quelques paroles : la beauté « est un chemin pour arriver à Dieu ». Et de lancer aux représentants du monde du cirque : « Continuez à faire de la beauté … vous nous faites du bien »
On peut dire que ces vêtements étaient tolérés car ils ne s’expliquaient pas par une volonté immodeste mais par un sens artistique et une nécessité pratique. Le professeur Ellen Donovan (Université de Middle Tennessee State), spécialiste de l’évolution des cirques dans l’histoire, écrit [6] :
« Historiquement, les artistes du cirque montraient beaucoup de peau. C’est l’une des raisons qui les rendaient discutables pour les enfants. Torse nu pour les hommes, peut être même un léger décolleté pour les femmes, ainsi que des jupes courtes (au-dessus des genoux), ont été les costume standards pendant plus de 100 ans dans le cirque Américain. […] Même quand les artistes étaient complètement couverts par des ensembles léopoards ou des collants, leurs costumes étaient souvent rose ou aux couleurs de peau pour simuler la nudité. En comparaison avec une performance du Cirque du Soleil, les costumes de la performance du Vatican sont plutôt modestes. C’est peut être un biais entre l’art noble et l’art populaire. […] Les corps et leurs capacités sont un aspect central de la chorégraphie. Donc, couvrir le corps de couches de costumes dissimulant ce que le corps est en train de faire en sape le principe. Un aspect additionnel est la sécurité: les tissus flottants dans les acrobaties, ou au trapèze, ou au fil en hauteur, ou avec des animaux, causeraient des accidents. »
© Associated Press: Un moment à couper le souffle dans une chorégraphie de cirque, tandis que Rose Gold plonge vers le trapèze dans un de ses numéros acrobatiques dangereux à Rome, Italie, le 9 Janvier 1954. Le spectacle est le Cirque Allemand Krone, dont la troupe a été bénie par le Pape Pie XII (AP Photo/Walter Attenni).[7]

Evidemment, le code vestimentaire pour les visiteurs est plus strict et ne permet pas cela, mais confondre les habits que doivent mettre des acrobates avec ceux des visiteurs en temps normal est un raccourci maladroit.[8]
+ Le cirque dans l’Eglise du XXème
Le mépris de la culture du cirque comme d’une chose indécente, particulièrement celle née à partir de la fin du 18ème siècle, est un sentiment que l’Eglise n’a jamais partagé. Par exemple, sans controverse avec la Curie Romaine, Monseigneur Elslander bénissait les troupes du Cirque qui collaborait avec l’églie Sainte Marthe à Sarasota (Floride, Etats-Unis). Un véritable ministère dédié aux voyageurs du cirque s’était développé depuis les années 1930 et a demeuré depuis.[9] La même année, un prêtre était assigné aux troupes de Cologne, en Allemagne. On rapportait que les troupes indiennes venaient assister à la messe à la cathédrale, en habits natifs traditionnels.[10] En Autriche, sous la direction de Monseigneur Dellepiane, un cirque allemand organisait un festival avec la participation de deux autres archevêques.[11] A Gênes, en 1957, une messe spéciale était célébrée dans un chapiteau par le Cardinal Siri.[12]
La photo postée précédemment montrait l’acrobate d’une troupe bénie par Pie XII lui-même. Il avait donné une audience privée au célèbre clown Red Skelton en 1957.[13] En 1954, il avait accueilli une troupe de 300 clowns, dompteurs de lions et cavalières, qui faisaient un spectacle à Rome.[14] Dans une audience spéciale, il les bénit et rappelait les avoir déjà salués en 1929, alors qu’il était nonce apostolique.[15] En tant qu’évêque, il avait aussi visité le Cirque Sarrasani.[16]

+ Le cirque à la messe?
Un autre mythe concerne les messes scandaleuses, quoique rares et surexploitées, durant lesquelles les célébrants seraient déguisés ou y feraient des spectacles. L’Eglise réprouve très clairement ces abus, contrairement à ce qui se dit sur internet [18]:
« 78 – Il n’est pas licite d’associer la célébration de la Messe à des réalités de nature politique ou profane, ou encore à des éléments qui ne sont pas entièrement conformes au Magistère de l’Église catholique. De plus, pour ne pas priver l’Eucharistie de sa signification authentique, il faut absolument éviter de célébrer la Messe avec le seul désir d’en faire un spectacle, ou de la célébrer en adoptant le style d’autres cérémonies, spécialement profanes. »
« – 126 – Il faut réprouver expressément l’abus suivant, qui est contraire aux prescriptions des livres liturgiques: même avec la participation d’un seul assistant, il n’est pas permis aux ministres sacrés de célébrer la sainte Messe sans revêtir les vêtements liturgiques, ou de porter seulement l’étole sur la coule monastique ou sur l’habit commun religieux, ou encore sur un vêtement civil.[216] Les Ordinaires sont tenus de corriger dans les plus brefs délais des abus de ce genre, et ils doivent veiller à pourvoir toutes les églises et tous les oratoires dépendant de leur juridiction, d’un nombre suffisant de vêtements liturgiques, confectionnés selon les normes. »
Il est donc nécessaire de signaler ces abus aux évêques en charge dans cette situation. Toutefois, ne jugeons pas témérairement de simples photos sur internet: on n’est souvent ni certain qu’elles eurent lieu durant une messe, ni dans une église fidèle à Rome, ni qu’elles ne furent pas déjà sanctionnées. Les photos en elles-mêmes, sans sources, ne veulent rien dire.
[1] https://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/clown/16684
[2] https://fr.aleteia.org/2017/02/01/la-photo-du-jour-un-nez-rouge-au-secours-des-cheveux-blancs/
[5] https://fr.zenit.org/articles/du-feu-a-laudience-generale-numeros-du-rony-rollers-circus/
[6] https://catholicherald.co.uk/when-the-circus-comes-to-rome/
[8] https://fr.aleteia.org/2017/06/01/devenir-incollable-sur-le-dresscode-dune-audience-avec-le-pape/
https://thecatholicnewsarchive.org/?a=d&d=tmon19380416-01.2.111
[10] https://thecatholicnewsarchive.org/?a=d&d=cns19301027-01.1.1&
[11] https://thecatholicnewsarchive.org/?a=d&d=cns19560716-01.1.71
[12] https://thecatholicnewsarchive.org/?a=d&d=cns19570121-01.1.143
[13] https://www.catholicstand.com/the-pope-the-clown-and-the-cross/
[14] https://trove.nla.gov.au/newspaper/article/49609485/3824808
[15] https://thecatholicnewsarchive.org/?a=d&d=cns19540104-01.1.135
[16] https://www.lanacion.com.ar/opinion/sarrasani-testigo-de-un-siglo-nid210906